n°45 — Soumission des résumés avant le : 29/04/2024

Normes et normalités

Pierre-Antoine Pontoizeau

Normes et normalités

Normes et normalités

De nombreuses normes émanent d’institutions internationales non-élues, telles les religions, qui possèdent de ce fait un pouvoir de prescription et de régulation, par-delà la souveraineté législative des peuples constitués en nations et Etats. Cette présence des normes dans de très nombreux domaines complète, mais aussi contourne, les législateurs nationaux, jusqu’à imposer des normes construites par des experts au sein de ces institutions. Cette réalité pose la question de la vérité axiologique implicite à cette autorité des normes. Elle pose la question des places relatives d’une législation démocratique à côté de ces institutions normatives supranationales qui incarnent une vérité universelle, un bien désirable, une règle supranationalev (?).

Les normes sont aussi celles des stéréotypes sociaux et du conformisme social qui s’ensuit. Les médias, les entreprises ou des associations d’influence développent des modèles ou des icônes au nom de modes et d’évolutions sociétales qui doivent guider les populations vers des comportements normés. Ceux-ci viennent tendanciellement enrégimenter les modes de vie par une intrusion croissante de ces modèles dans toutes les composantes de la vie quotidienne : mœurs, alimentation, sexualité, etc. Ces prescriptions sociales sont nombreuses au travers de codes explicites ou implicites et elles semblent, elle aussi, témoigner d’une normalisation de la vie publique, mais aussi d’ordre politique ou idéologique, dans l’intimité de ce qu’il convient de faire ou de penser, l'université devenant le lieu de la construction des futures normes sociales avec ses constructeurs de normes à prescrire.

Mais la norme émerge aussi dans les groupes sociaux par des règles communes, des signes de reconnaissance qui font l’appartenance au groupe dans les respects des usages, normes implicites de ce qui se fait ou ne se fait pas. C’est la normalité admise, la normalité d’identification des uns aux autres dans la tradition des pratiques : « on a toujours fait comme ça ». Ces normes sont là, données, parfois historiques alors que d’autres sont construites, transformantes, prescriptives, voire autoritaires. C’est l’autonomie des normes émergentes dans le groupe ou l’hétéronomie des normes pensées par des institutions ou minorités en vue de leur adoption générale contraignante.  

L’analyse psychologique et sociale de cette appétence pour les normes est à comprendre. La quête de la normalité est-elle normale ? L’emprise de la normalité s’oppose à l’anormal, l’original, avec ces phénomènes d’inclusion et d’exclusion de qui est ou n’est pas dans la norme du temps. Or que dire d’une société politique qui étend indéfiniment l’empire des normes ou d’une autre qui en limite l’extension ? Où est la liberté face à la normalité ? La démocratie ne pose-t-elle pas là ses normes, celle de la reconnaissance de l’altérité comme le préalable et la raison du dialogue ? La démocratie n’est-elle pas la traduction d’une volonté de se respecter mutuellement dans sa dignité et le secret de sa conscience ? Comme les liberté de conscience, liberté de penser, liberté d’expression, avec le risque que la norme contredise brutalement le libre exercice de la démocratie.

La culture des normes et le primat des institutions normatives, l’idéal démocratique et son humanisme ne sont-ils pas en opposition, avec le risque de faire sombrer les civilisations dans la monotonie d’une identité normative et universelle ?

Que veut dire de nos sociétés et de nos politiques, ce désir croissant de la normalisation ?

Quelle place faut-il accorder aux normes ?

Qu’est-ce que la liberté démocratique dans une société tendanciellement normative ?

Qu’est-ce que les normes et leurs institutions disent d’un rapport au pouvoir et à l’autorité politique ?

Que dit la norme de la psychologie de son auteur ?


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Coordinateurs du numéro

Pontoizeau Pierre-Antoine

Président de l'Institut de Recherche de Philosophie Contemporaine

Calendrier du numéro

  • Soumission des résumés : 29/04/2024
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  • Retour des évaluateurs : 11/07/2024
  • Envoi des articles finaux : 18/07/2024
  • Publication envisagée : 30/07/2024

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