Les 8 volumes selon l’ordre historique de leur parution successive, sont : La crise de la psychologie à l’université en France, L’Harmattan, 2004 ; La psychanalyse et la psychologie aujourd’hui en France. Pour un livre blanc de la psychanalyse, Vuibert, 2006 ; Wallon et Piaget. Pour une critique de la psychologie contemporaine, L’Harmattan, 2006 ; La guerre des psys continue. La psychanalyse française en lutte, ibid., 2007 ; Critique de la raison en psychologie. La psychologie scientifique est-elle une science ? ibid.; La Guerre de la psychanalyse. 1. Hier, aujourd’hui, demain ; 2. Le front européen, ibid., 2008.
Voici un résume sous la forme de propositions faites par l’auteur lui-même.
1. La crise de la psychologie à l’université en France
1. Origine et déterminisme. Paris, L’Harmattan, 2004, 530 pages
A propos de cette « crise de la psychologie à l’université », deux ouvrages répondent au même titre mais avec des sous-titres et selon des angles différents. Complémentaires mais indépendants, ils peuvent être lus séparément. Dans ce premier volume, on s’interroge sur le réseau des toutes premières raisons historiques d’une telle crise dès 1945 puis 1968, tandis que dans un second, on étudiera ses mécanismes agissants dans la période plus récente depuis 1990.
Pour chacun de ces volumes, en dehors d’une lecture globale du livre, on peut centrer l’intérêt sur des perspectives variées, si l’on peut dire « à la carte », en utilisant les deux Index des matières et des noms.
Proposition 1 : la mésentente évidente et profonde entre psychologie scienti-fique et psychologie clinique est due dans le cadre universitaire français à des circon-stances historiques particulières, et encore relativement peu connues.
Des documents inédit en possession de l’auteur permettent de mieux com-prendre actuellement pourquoi le psychanalyste Lagache a créé un système institu-tionnel où la psychanalyse s’entend si mal dans le cadre universitaire avec la psycho-logie objective. Élu non sans difficulté à La Sorbonne, il avait dû lancer un projet de licence en fait déjà préparé par son prédécesseur Guillaume (ch. 1, 2, 3, 4).
On le sait mieux aujourd’hui : c’est la psychanalyse qui s’est enchaînée elle-même voici quelque soixante années dans l’espace étroit de son actuel assujettissement universitaire.
Proposition 2 : Le niveau scientifique et culturel de nombre d’ouvrages de formation est d’une faiblesse vraiment inquiétante
Aujourd’hui, hors de l’université, la psychologie clinique et la psychanalyse préservent une certaine vitalité en recourant à l’auto-formation continue. Mais dans l’espace universitaire, les difficultés ne manquent pas pour la psychologie au niveau tant de l’enseignement que de la recherche : ainsi dans des livres produits depuis quelque temps en vue de la formation des étudiants, on relève avec incrédulité nom-bre de propos presque dignes parfois des trop fameuses « perles du baccalauréat » (ch. 16).
Proposition 3 : L’imitation des sciences dures par la psychologie objective a pour corollaire naturel le rejet ruineux pour elle de toute perspective historique, dont la fécondité des premières peut à la rigueur se passer sans dommage important.
De fait, la psychologie objective reste confrontée à l’incapacité d’atteindre un objet toujours convoité peu ou prou sur l’inaccessible modèle des sciences dures, et aussi à l’obstination malheureuse de rejeter toute référence ayant dépassé à peu près les dix ans (ch. 8, 9, 10) : la stérilité scientifique se joint alors inévitablement à l’in-culture historique.
Proposition 4 : On recense dès lors des formes bizarres de répétition d’un passé mort qui mériteraient mieux le terme de copillage que celui de plagiat (ch. 12).
Proposition 5 : On peut voir aussi des laboratoires importants où l’on travaille encore avec des préjugés méthodologiques vieillis et critiqués depuis des décennies (ch. 14). Vu ce bilan malheureusement sévère, la jeune génération est dans la position inconfortable de devoir aller de l’avant, en inventant son propre avenir. Il faudrait s’y faire : des erreurs irréversibles ont été commises qui ne permettront plus de repriser le tissu détérioré et dès l’origine mal taillé des institutions antérieures.
Proposition 6 : Cependant, des causes d’ordre plus général pèsent aussi sur l’ensemble de l’espace universitaire : le « choc financier » provoqué à long terme par le décret Savary de 1984 a introduit le phénomène très réel de la secondarisation de l’université (ch. 5, 6, 7).
Proposition 7 : S’y ajoute depuis quelques années une idéologie officielle, d’accent technologique et de tonalité bureaucratique, étouffante aussi bien pour les sciences de la nature que pour les sciences humaines, et qui vide progressivement l’espace institutionnel de toute espèce de signification, sans autre issue que toutes espèces imaginables de divertissement (ch. 17). L’ouvrage peut être lu « à la carte » au moyen de deux index des matières et des noms. Un second ouvrage étudie les mécanismes actuels, mis en jeu dès la décennie 1990, de la « crise de psychologie » dans le cadre particulier de l’université française ». Tous deux peuvent être lus indépendamment l’un de l’autre.
2. La crise de la psychologie à l’université en France
1. Etat des lieux depuis 1990. Pour une critique de l’université. Paris, L’Harmattan, 2004, 514 pages, avec 17 tableaux de données numériques, Index des Matières et des Noms.
Proposition 8 : Il existe aujourd’hui un contraste entre la vitalité expansive de la psychologie en dehors de l’université et sa situation critique à l’intérieur de l’université. Ce problème doit d’abord être traité par des moyens spécifiques, à partir d’un réforme de l’espace institutionnel de la psychologie universitaire, et ce n’est pas l’organisation des professions de psychologues, pourtant nécessaire, dans l’espace extérieur à l’université qui pourra y aider. Les praticiens et les étudiants sont les premiers à avoir intérêt à prendre conscience de cette grosse difficulté.
Proposition 9 : La baisse de la productivité scientifique des universitaires psychologues, mesurable par des indices quantitatifs précis dans tous les domaines principaux : articles, livres, directions de doctorats, est régulière depuis trente ans. L’imposition d’un carcan autoritaire dans le profilage des carrières depuis une dizaine d’années a encore joué un rôle accélérateur tout aussi mesurable dans cette détérioration de pente continue.
Proposition 10 : L’arrière-fond de cette crise spécifique à l’espace universi-taire, est une lutte acharnée, épuisante, et surtout stérile et sans résultat de qualité viable, entre la psychologie cognitive et la psychologie clinique. Cependant, celle-ci qui représente 30 % des psychologues à l’université et produit 60 % des publications et organise 60 % de colloques, se présente dans un état de sujétion doctrinale et politique de plus en marquée.
Proposition 11 : La formation universitaire des psychologues fonctionne aujourd’hui dans une institution de structure « dissymétrique » - en image inversée et contradictoire -, entre les deux espaces universitaire et professionnel, structure vicieuse construite au détriment durable de la psychologie clinique, et largement inadaptée aux besoins réels de la demande sociale.
Proposition 12 : Par ailleurs, la crise de la « psychologie à l’université » (PAU) peut servir de modèle d’essai utile pour aborder l’analyse de la crise de l’ensemble de l’université, un problème délicat et beaucoup moins étudié jusqu’ici que la crise dans les autres secteurs, primaire et secondaire, de l’Éducation nationale. Il s’agit proba-blement d’une crise répandue d’une manière inégale, selon un modèle « en peau de léopard », un état de choses qui requiert une étude par secteurs et repousse tout tentative de solution administrative standard et préformée, dont toutes les versions ont échoué depuis des années.
Proposition 13 : Un des aspects de la solution consisterait d’abord dans la réforme du modèle de carrière très démotivant imposé depuis 1984, et qui a fait subir une perte d’au moins 20 % de pouvoir d’achat à 75 % des professeurs d’université. Autrement rien n’y fera. À cet égard, la politique annoncée de réduction du personnel secondaire et à terme universitaire ne représenterait rien autre chose qu’une sorte de passage à l’acte supplémentaire de caractère encore plus fatal et même létal.
3. La psychanalyse et la psychologie aujourd’hui en France
1 : La psychanalyse - 2 : La psychologie,Paris, Vuibert, 2006, 495 pages
Proposition 14 : La psychanalyse (1ère partie) est la seule « psychologie » qui ait réellement compté en France depuis 1950. De source et d’esprit européens, c’est en notre pays, sans négliger non plus l’Angleterre, qu’elle a connu pendant un demi-siècle ses développements les plus importants. Illustrée, outre Lacan et Anzieu, par une trentaine de créateurs de premier plan, elle s’y est développée largement en dehors de l’espace universitaire, alors que son implantation a toujours été mineure dans les études de psychologie à l’université.
Proposition 15 : En revanche, la psychologie objective (2ème partie), et ses diverses sous-disciplines : cognitive, sociale, développementale, différentielle, dès longtemps et de plus en plus sous l’obédience de la culture nord-américaine, dominent depuis soixante ans le champ de la psychologie universitaire, bien que de signification plutôt latérale dans les pratiques professionnelles, de couleur surtout clinique. Sans en être tout à fait absentes encore dans les années 50 à 80, les impulsions de langue française l’ont à peu près complètement désertée depuis.
Proposition 16 : Aujourd’hui, même si la psychologie clinique a beaucoup de vitalité professionnelle, on peut dire aussi que le souffle théorique novateur de la psychanalyse française a tendance à s’éteindre depuis une trentaine d’années. D’un autre côté, malgré la demande grandissante et décidée qu’en font les instances médiatique et politique, le paradigme des neurosciences, où cherche désormais abri la psychologie objective, présente souvent, à l’insu même de ses défenseurs, bien des résurgences d’une philosophie démodée du 19ème siècle.
Proposition 17 : À l’orée de la construction européenne, l’avenir des sciences psychologiques en France demeure incertain, assurément problématique. En tout cas, les réduire à la médecine ne serait qu’une trop ancienne et stérile tentation. Reste à attendre le printemps, dont le gage demeurerait l’intérêt constant aussi bien des médias que d’un vaste public. Dans une telle situation, qui laisse encore ouverte la perspective de voir renaître une psychologie de tradition européenne, notre ouvrage, plutôt que de tourner les choses au noir, préférerait se présenter comme Le livre blanc de la psychanalyse.
Proposition 18 : Notre ouvrage n’a pas jusqu’ici de précédent à plus d’un titre. En effet, il représente une perspective « encyclopédique » à plusieurs niveaux. Tout d’abord il n’est pas coutume de traiter dans le même ouvrage ce qui concerne respectivement la psychanalyse et la psychologie. Ce parti pris scissionniste présente l’inconvénient de compromettre toutes les possibilités de dialogue objectif entre ces deux « camps » : or celui-ci reste nécessaire même s’il n’est pas toujours agréable. En deuxième lieu, il n’existait pas non plus d’ouvrage traitant de l’ensemble des courants de la psychanalyse française, qui a été et demeure d’une certaine manière un très riche secteur de la culture internationale, et dont la diversité liée à l’œuvre d’une trentaine de créateurs de qualité notoire est mal connue, même en France. Enfin le camp de la psychologie objective est lui-même divisé en plusieurs sous-disciplines, en diverses écoles et tendances aussi, qui n’ont plus guère l’habitude, si elles l’ont jamais eu, de s’exposer et d’être confrontées dans le cadre du même ouvrage.
Proposition 19 : Par ailleurs, l’ouvrage en question représente pour l’auteur une étape dans la tentative plus vaste d’une critique générale des disciplines psychologiques, en particulier de la psychologie objective. S’il est facile de critiquer la psychanalyse, il l’est moins de critiquer la psychologie scientifique, dont un examen attentif montre que la scientificité est pour le moins à questionner de la façon la plus sérieuse.
Proposition 20 : Ce n’est qu’en apparence que l’affaire du « Livre noir de la psychanalyse », en septembre 1995, a concerné la question relativement limitée des psychothérapies, de types soit psychanalytique soit cognitivo-comportemental. En réalité cette affaire touche aussi à la confrontation entre la psychanalyse et l’ensemble des sciences cognitives-neurosciences - dont la psychologie et la nouvelle psychopathologie cognitive liée elle-même à la récente psychiatrie biologique -, et plus largement entre deux conceptions différentes de la culture occidentale, l’une de type anglo-américain, l’autre de souche européenne. C’est ce que les péripéties laborieuses de la construction européenne risqueraient de montrer progressivement de mieux en mieux.
Or, il est clair, de ce dernier point de vue, aussi que le dialogue entre encore très actuel entre Wallon et Piaget, dont il va être question dans le prochain ouvrage, est impliqué dans ce débat.
4. Wallon et Piaget. Pour une critique de la psychologie contemporaine, Paris, L’Harmattan, 2006, 497 pages
Proposition 21 : Wallon et Piaget sont les deux plus grands psychologues de la culture francophone et aussi européenne. Leur dialogue fécond qui a duré une cinquantaine d’années a posé toutes les grandes questions fondamentales de la psychologie moderne dont la négligence depuis une trentaine d’années est source pour la psychologie cognitive moderne de difficultés de plus en plus insolubles.
Ces points concernent le rôle des facteurs du développement de la personnalité, des rôles respectifs dans celui-ci de la maturation biologique et de l’environnement social, du langage et de la pensée, de l’affectivité et de la cognition.
Proposition 22 : Le point probablement le plus intéressant de ce dialogue, et jamais mis en évidence jusqu’ici, consiste dans l’étroite complémentarité au plan des applications pédagogiques : Wallon analyserait plutôt la composante « littéraire », et Piaget davantage le composante « scientifique », d’où se forme le courant unique de la pensée de l’enfant puis de l’adulte.
5. La guerre des psys continue. La psychanalyse française en lutte, Paris, L’Harmattan, 2007, 512 pages
Proposition 23 : La guerre des psys qui a été relancée plutôt que déclenchée par la parution en 2005 du Livre noir de la psychanalyse a déjà connu et connaîtra encore d’autres rebondissements.
Proposition 24 : Un retour à certains textes fondamentaux longtemps négligés de Freud devrait d’abord permettre à la psychanalyse française de mieux ajuster sa réplique à la publicité de la nouvelle biopsychiatrie DSM-TCC-Psycho-tropes, en situant plus clairement son attitude à l’égard de partenaires tels que la psychologie, la médecine et la philosophie (ch. 1-5).
Proposition 25 : On présente ensuite une analyse critique des principaux ouvrages et autres contributions qui ont proposé une réponse au Livre noir (ch. 6-8) : É. Roudinesco : Pourquoi tant de haine ? Navarin, 2005 ; Philosophes dans la tourmente, Fayard, 2005 ; J.-A. Miller et col : L’Antilivre noir de la psychanalyse, Seuil, 2005 ; T. Nathan et col. : La guerre des psys, Les empêcheurs de penser en rond, 2005, F. Chaumon et col. : Psychanalyse : vers une mise en ordre ? Paris, La Dispute, 2006 ; Y. Brès : Freud en liberté, Paris, Éllipses, 2006 (ch. 6, 7, 8).
Proposition 26 : Cette analyse permettrait de mieux comprendre en quoi et pourquoi le nouveau biopouvoir généticien et comportementaliste de source états-unienne qui se propose aujourd’hui a pour allié naturel le fondamentalisme cognitiviste. De ce point de vue, l’ouvrage envisage de poursuivre de manière conséquente la tâche essentielle, même si ce n’est pas la seule, d’une critique généralisée de la psychologie objective contemporaine, amorcée par nos précédents ouvrages et qui se poursuivra dans les suivants.
Proposition 27 : Une partie de la psychiatrie française de tradition psychanalytique présente encore un front de résistance vestigial, qu’il y a lieu de prendre en considération dans le conflit actuel avec le nouveau paradigme biologisant (ch. 9).
Proposition 28 : On évoque également certaines figures célèbres, anciennes et récentes, de la culture européenne : Descartes, Wallon, Althusser, Deleuze, Derrida, Canguilhem (ch. 10). Car ce sont bien nos racines culturelles européennes qui sont aujourd’hui menacées par le nouveau bio-pouvoir cognitiviste de source états-unienne (ch. 11).
6. Critique de la raison en psychologie. La psychologie scientifique est-elle une science ? Paris, L’Harmattan, 2007, 511 pages
Proposition 29 : L’ouvrage se situe dans la ligne d’une critique de la raison scientifique de type kantien, mais appliquée au champ d’étude considérable de la psychologie moderne. Kant a produit ses trois critiques de la raison (1, 2, 3) dans le cadre des sciences de la nature, surtout de la physique classique de Newton (1), de la biologie naissante (3), de la psychologie encore en projet (1), de l’art de vivre aussi (2,3)°et enfin de l’art (3) tout court. Son entreprise ne pouvait pas alors s’appliquer aux sciences humaines et parmi elles à la psychologie scientifique encore à naître. Ce livre poursuit l’entreprise d’une critique généralisée des disciplines psychologiques commencée dans nos précédents ouvrages surLa crise de la psychologie à l’Université en France ; 1. Origine et déterminisme ; 2. État de lieux depuis 1990 (L’Harmattan, 2004) ; La psychanalyse et la psychologie aujourd’hui en France. Pour un livre blanc de la psychanalyse (2006) ; Wallon et Piaget. Pour une critique de la psychologie contemporaine (L’Harmattan, 2006) ; La Guerre des psys continue. La psychanalyse française en lutte (ibid., 2007).
Proposition 30 : Il s’agit pour nous essentiellement de démonter la Tour Eiffel du cognitivisme, qui, tout en se présentant comme une science, est à bien des égards une nouvelle et excessive philosophie. Piaget avait déjà écrit une Épistémologie des sciences humaines, mais dont le contenu, antérieur à l’apparition du cognitivisme, remonte aujourd’hui à une soixantaine d’années.
Proposition 31 : Une critique de type kantien dénonce trois modes de dysfonctionnements dans la psychologie contemporaine : chosification, discours an-tinomique, transposition du possible en réel, dont un cas particulier est la prophétie auto-réalisatrice, la fameuse self-filfulling prophecy.
Proposition 32 : Kant distingue ces trois types d’argumentation sophistique dans sa Critique de la Raison pure (1781), dont le premier seul concernerait la science de l’esprit (psychologie), le second la science de la nature (cosmologie), et le troisième la doctrine de l’être suprême ou Idéal transcendantal (théologie). Or il nous a paru intéressant d’en démontrer l’application concernant de nombreux exemples dans le cadre de la psychologie scientifique moderne.
Proposition 33 : Le premier mécanisme, bien repéré aussi par Bergson, substantifie les processus en entités abstraites dont la référence au réel échappe, par exemple avec les facteurs de personnalité de Cattell, etc. Le second engendre des modélisations divergentes jusqu’à la contradiction et dont la synthèse n’est a priori jamais garantie (modèles cognitivistes de la mémoire et de la compréhension du langage), le troisième présuppose le résultat dans l’hypothèse et projette les prémisses dans la conclusion, ainsi dans les multiples cas dénoncés d’ « attente de l’expérimentateur ».
Proposition 34 : Le troisième mécanisme, découvert d’abord par le socio-logue R. B. Merton, puis le psychologue social Orne, et repris en économie par Keynes s’avère par ailleurs comporter une illustration majeure dans la grande crise financière mondiale qui s’annonce et s’approfondit sans remède apparent dans la période actuelle : l’anticipation de la baisse des marchés boursiers est entre autres le méca-nisme fatal qui en produit la réalisation.
7. La guerre de la psychanalyse 1. Hier, aujourd’hui, demain,Paris, L’Harmattan, 2008, 449 pages.
La guerre de la psychanalyse, celle qu’on lui fait mais celle aussi qu’elle a à faire, met un terme à notre Critique générale de la psychologie contemporaine, parue en 8 volumes depuis 2004. Notre ouvrage actuel se compose de deux volumes, coor-donnés mais qui peuvent être lus de manière indépendante.
Proposition 35 : Dans celui-ci, avec le sous-titre Hier, aujourd’hui, demain (tome 1), tout d’abord pour « aujourd’hui », on s’attache à recenser diverses perspectives en relation réciproque sur un champ de bataille très étendu : la phase finale du désastre de la psychologie clinique, opposée au bulletin de santé paradoxal d’une certaine psychanalyse orthodoxe (ch. 1, 2)
Proposition 36 : puis les perspectives actuelles sur la crise à l’université (ch. 3),
Proposition 37 : enfin le dialogue récent tissé entre un certain secteur des neurosciences en France - proposant un nouvel inconscient - et la psychanalyse (ch. 4).
Proposition 38 : Pour le passé - « hier », on envisage la question des antécédents de la psychanalyse et de la psychologie à travers toute l’histoire de la culture en Occident (ch. 5, 6, 7), celle aussi du thème du miroir dans l’histoire de la philosophie (ch. 8).
Proposition 39 : Pour ce qui est du futur - « demain », on soutient que l’avenir de la psychanalyse en France, si elle en avait encore un, dépendra surtout de sa capacité critique, dans les divers champs de la psychologie scientifique, ceux aussi des autres sciences humaines et sociale (conclusion).
8. La guerre de la psychanalyse 2. Le front européen, Paris, L’Harmattan, 2008, 544 pages.
Proposition 40 : Dans ce deuxième volume, muni du sous-titre Le front européen (tome 2), on développe un propos d’apparence paradoxale mais vrai : à la thèse classique, juste mais partielle, selon laquelle la pénétration de la psychanalyse s’est heurtée à une forte résistance surtout dans l’université française, s’oppose aussi l’antithèse. La psychanalyse a été accueillie avec intérêt, critiquée de manière positive, et intégrée de façon créative, non seulement par les deux grands repré-sentants de la psychologie francophone, Wallon (ch. 9, 10, 11) et Piaget (chapitre 12),
Proposition 41 : mais aussi dans le vaste et multiforme territoire d’une psychologie de la personnalité, développée entre 1920 et 1980 environ (ch. 13).
Proposition 42 : Enfin, les développements nouveaux et originaux donnés aux techniques projectives par l’École française (Shentoub, Chabert et col.) issue principalement de Daniel Lagache et Didier Anzieu représentent également l’une des applications les plus conséquentes et les plus riches de la pensée psychanalytique depuis les années 1980 (ch. 14 et 15).
Proposition 43 : Un versant particulier de notre démarche critique, et qui forme un fil continu à travers nos ouvrages depuis le début, concerne un certain nombre d’aspects cruciaux de la sociologie de la discipline : certains travers particuliers de la mentalité professionnelle de la recherche en psychologie - mise à contribution systématique de débutants mal formés dans la mise en œuvre concrète des pratiques expérimentales, répétitions monotones et reprises de seconde main, interventions trop précoces dans l’appareil de décision des revues -, mais aussi le statut inconsistant et sans rigueur de la vérité scientifique dans la psychologie objective, la psychologie comme science à l’appui de l’ordre établi du monde naturel et social, et au-delà la nouvelle critique dans les sciences de la nature et les sciences de l’esprit, sans compter aussi un aspect rarement souligné, à savoir le recours à une certaine forme de discours rhétorique propre à l’argumentation scientiste des psychologues : argument d’autorité, abus du raisonnement analogique, présentation raccourcie et médiatique, pratique d’un discours « moyen », passe-partout à l’endroit d’un public non spécialiste et curieux « suffisamment informé » (good enough), procédés à fin de conviction et à forme de prestidigitation variés.
Proposition 44 : Si les relations entre la psychologie et la psychanalyse sont loin d’être bonnes, celles entre ces deux corps du savoir et la philosophie le sont peut-être encore moins aujourd’hui, encore que ce soit la rupture entre la psychanalyse et la philosophie qui se soit produite la dernière, déjà dès les années 70. Or, du fait de ce divorce, si la psychologie, et même la psychanalyse, ont perdu en grande partie leur « âme », la philosophie y aurait perdu de son côté une grande partie de son « corps ».
Proposition 45 : En fait, personne ne semble clairement se rendre compte de ce qui a été perdu, état de choses qui contribue entre autres à la formidable aliénation des sciences humaines et de la culture européennes dans le paradigme empiriste, sensualiste, atomiste, élémentariste, associationniste, positiviste, pragmatiste, conventionnaliste, artificialiste, mécaniciste, réductionniste, techniciste, actualiste, opportuniste, anti- et même irrationnaliste, coloré enfin d’un dogmatisme éthico-religieux et politique naïf, de type états-unien.
Proposition 46 : Les trois objets de la philosophie ont été dès l’origine de la culture grecque le Moi, le Monde et Dieu, soit justement la psychologie (Hegel : Geisteswissenschaft), la cosmologie (Id. : Narurwissenschaft), et la théologie (Kant, 1781).
Mais s’il est vrai que « Dieu » ne soit, à plus d’un égard, qu’une hypostase, ou même plutôt une « extase » du Moi (Feuerbach), ce que Kant appelle l’Idéal transcendantal devrait bien être envisagé comme la prémonition de ce que la psychanalyse appellera pour son compte Moi idéal, Idéal du moi, soit encore Sur-moi. La psychologie et la psychanalyse concerneraient donc inconsciemment - bewusstlos - la majeure partie du champ originel de la philosophie - deux sur trois de ses champs d’objets - et c’est pourquoi la psychanalyse aurait bien fait de s’intéresser, mais il n’est jamais trop tard, entre autres à l’immense chapitre très important de la pensée religieuse couvrant l’énorme période forclose du IIIe siècle au XVIe siècle environ. Car « il y a de l’or dans ce fumier », - inest aurum in isto stercore - comme disait déjà Leibniz à propos d’Aristote.
Proposition 47 : Un certain nombre de comptes rendus sur nos travaux en ont souligné la dimension paradoxale et intéressante que la dimension archéologique tournée vers l’histoire la plus ancienne de la discipline n’en excluait pas non plus l’aspect inverse de « reprendre l’actualité à chaud », par exemple à propos de la double ql à l’intérieur de cette crise d’ensemble.