N°21 / Résistances et altérité Juillet 2012

Argumentum. Journal of the Seminar of Discursive Logic

Argumentation Theory and Rhetoric, AXIS Academic Foundation Press, January 2012, volume 10, Issue 1/2012

Ioan-Alexandru Gradinaru, Camelia Gradinaru

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Compte rendu

Ayant à la base une substantielle tradition de recherche du phénomène de la discursivité, une sélection rigoureuse des textes et des sujets et un comité scientifique d’élite constitué par des professeurs universitaires provenant d’institutions prestigieuses comme Université de Neuchâtel – Denis Miéville, Université Libre de Bruxelles – Michel Meyer, Université de Caen – Alexandre Dorna, la revue scientifique Argumentum. Revue du Séminaire de Logique discursive, Théorie de l’argumentation et Rhétorique propose, dans sa première apparition en 2012, un numéro consistant et intéressant. L’actuel volume de la revue (qui fête la dixième année de son existence, grâce aux efforts soutenus scientifiques, managériaux et spécialement grâce à l’implication corps et âme de Constantin Sălăvăstru, professeur à l’Université « Alexandru Ioan Cuza », Iassy) réunit 11 articles et 5 comptes rendus. Les articles sont groupés dans 4 sections : « Discours et temps historique », « Communication et démocratie », « Participation et espace publique », « Rhétorique et philosophie de la science ».

Dans la première section sont présentés deux travaux de recherche, lʼun appartenant à George Bondor (« Nietzsche, le langage et le pouvoir ») et lʼautre appartenant à Andrei Sălăvăstru (« Maladie du corps, maladie de lʼEtat : une métaphore du discours politique dans lʼAngleterre du XVI-ème siècle »). Dans son article, George Bondor analyse les aphorismes tardifs de Nietzsche qui met en scène le problème du langage. Dans le contexte quʼoffre la généalogie, on peut comprendre mieux le fait que les structures conceptuelles avec lesquelles nous sommes habitués et qui offrent, en fait, lʼéchafaudage de la métaphysique européenne sont des illusions ou des formes de lʼapparence. Les principes logiques ou le principe cartésien du cogito ne sont rien d´autre que des parties de notre routine grammaticale. Dans ce sens, George Bondor explique que „a cause de la routine grammaticale, on s'imagine l'existence du moi parce qu'on se voit obligé de concevoir l'existence d'un donné premier du processus de réflexion. Bien que l'on n'observe pas que le processus, on s'imagine qu'il y a un sujet à lui, un actant dont il dérive, une cause à lui : « quelque chose qui pense »” (p. 14). Andrei Sălăvăstru est préoccupé par une forme spéciale du discours politique qui a influencé considérablement le Moyen Age et le début de la modernité. Il sʼagit de lʼidée de maladie politique, basée sur lʼanalogie entre le corps humain et lʼEtat vu comme « un corps politique ». A. Sălăvăstru se concentre sur lʼoeuvre de Thomas Starkey (1495-1538), qui essaie de lier le bon fonctionnement du „commonwealth” à la démographie, « en proposant une perspective plus pragmatique que ses prédécesseurs, à l’exception de John Fortescue, qui avait déjà utilisée cette analogie organique » (p. 25).

La deuxième section commence avec lʼarticle de Mihaela Lupu, intitulé « Les ressources langagières au service des stratégies stylistiques et argumentatives dans le discours des politiques », où lʼauteur fait une analyse du discours politique roumain à travers les figures du langage et à travers dʼautres instruments linguistiques employés par les hommes politiques pour informer, mais aussi pour persuader. La recherche entreprise par M. Lupu prend en considération des articles parus dans la presse électronique roumaine dans la période juillet – octobre 2011. Viorel Țuțui re-visite le sujet de la démocratie délibérative dans lʼarticle « Comment devrait-on délibérer ? Entre la dimension argumentative et celle représentative de la délibération démocratique ». En se servant de la contribution théorique de James Fishkin, Viorel Țuțui soutient quʼil y a un conflit essentiel entre les deux dimensions : la tentative dʼaccroître la valeur de lʼargumentation suppose une diminution de la dimension représentative et vice-versa. A lʼorigine de ce conflit, se trouve le paradoxe de la délibération démocratique, la sortie du paradoxe étant assurée éventuellement par la possibilité dʼassumer une conception modérée sur le rôle de la délibération en démocratie. Dans lʼarticle « Roșia Montană et ses publics : administration et démocratie participative au niveau communautaire et corporatif », Sorina Chiper sʼoccupe dʼun sujet actuel et controversé en même temps. La chercheuse est intéressé par les cadres et les actions discursives par lʼintermédiaire desquelles divers publics ont essayé de construire des arguments forts pour légitimer les propres positions politiques et socio-discursives assumées (on y a impliqué des campagnes sociales, des actions de responsabilité sociale corporatiste, des mécanismes pour gouverner, des pratiques de la démocratie participative au niveau des communautés offline et online).

Olivier Glassey et Jean-Philippe Leresche ouvrent la troisième section avec leur recherche intitulée « La participation politique (re)visitée par les TIC : la réinvention des échelles du débat public ». La question fondamentale de départ des deux auteurs est la suivante : dans quelle mesure les TIC permettent une reconfiguration des espaces politiques et des modèles participatifs traditionnels ? La dimension empirique de leur étude est donnée par lʼanalyse de trois exemples des élections fédérales en Suisse, déroulées en automne 2007. Le problème de la participation politique est aussi le sujet central de lʼarticle suivant de la section. Dans « Le paradoxe de la participation. Le pouvoir de dominer et le pouvoir de changer », Ioan-Alexandru Grădinaru discute les reconfigurations actuelles de la démocratie participative à travers les buts que les divers acteurs politiques assument quand ils introduisent ou soutiennent des projets participatifs. Dans ce contexte, les processus dʼinnovation, de modification du design et de sélection des participants sont importants et ils doivent bénéficier de lʼattention des chercheurs. Corina Barbaros, dans lʼarticle « Explorer les débats politiques télévisés : stratégies et problèmes », fournit une analyse critique de la littérature contemporaine de spécialité ayant comme sujet les débats politiques télévisés, tout en abordant des problèmes comme les effets des débats politiques, le format des débats ou lʼétendue médiatique.

La section dédiée à la « Rhétorique et à la philosophie de la science » est ouverte par Bruno Leclercq avec son article « Lieux et schèmes d’argumentation : logique ou rhétorique ? ». Tel quʼon le voit du titre, le chercheur de Liège est préoccupé dʼapporter de nouvelles éclaircissements (selon les lignes de distinction entre logique formelle – logique informelle ou des développements contemporaines de la logique dialogique) des concepts dʼAristote qui ont eu une si grande influence dans lʼhistoire de la pensée occidentale. Ioana Grancea, dans lʼarticle intitulé « Un nouveau regard sur le contenu diégétique de la publicité et sur ses fonctions rhétoriques » argumente que les études rhétoriques actuelles nʼemploient pas de procédés adéquats dans lʼanalyse du contenu de la publicité. Les effets rhétoriques des réclames sur lʼaudience ne proviennent pas seulement des caractéristiques du produit et de ses qualités esthétiques, mais il faut obligatoirement étudier lʼimpact du contenu diégétique sur lʼimportance, le pouvoir persuasif et la crédibilité dʼun produit publicitaire. Enfin, Horia-Costin Chiriac, dans son article « La mythologie scientifique et la dynamique des conceptions scientifiques » étudie la relation entre la dynamique de lʼimaginaire scientifique et les théories de la compréhension populaire de la science, lʼinstrument utilisé étant le concept de lʼimaginaire descriptif. H.-C. Chiriac est intéressé par le rapport qui sʼétablit entre les moments essentiels de la physique moderne et le développement dʼune mythologie scientifique parallèle, la dernière influençant à son tour lʼévolution de lʼimaginaire social.

Le chapitre dédié aux comptes rendus contient des textes de Camelia Grădinaru (qui commente le livre dʼAbdelaziz Ayadi, La philosophie claudicante. Humanisme tragique et joie de la finitude, L'Harmattan, Paris, 2011), Georgiana Alexandrescu-Fieraru (Greg Myers, Discourse of Blogs and Wikis, Continuum International Publishing Group, London/New York, 2010), Sorina Chiper (Paul Chilton, Analysing Political Discourse: Theory and Practice, Routledge, London, New York, 2004), Corina Barbaros (Jeffrey Jones, On the Impact of Satiric Television over Political Engagement, Rowman & Littlefield Publishers Inc., Plymouth, 2010) et Cornelia Cozmiuc (Dan Ariely, Predictably Irrational. The hidden forces that shape our decisions, Harper Collins Publishers, Revised and expanded edition, New York, 2010).

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Colère et temps, Peter Sloterdijk

Frédéric Rousseau

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