N°22 / La psychologie politique en Amérique Latine Janvier 2013

L’Université moderne entre crainte et espoirOu l’espoir d’une renaissance

Conférence à l’Université Alexandru Ioan Cuza

Denis Miéville

Résumé

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Seul le pouvoir découpe le savoir. A l’état paisible il est dense. Je suis à la recherche de la PAIX. Michel Serres

Monsieur le Recteur, honorés invités, chers collègues, chers amis,

C’est me faire un grand honneur que de m’accorder le privilège de m’adresser à vous en ce jour festif qui marque le 150ème anniversaire de l’Université Alexandru Ioan Cuza de Iasi. Je veux vous l’avouer, c’est avec beaucoup d’émotion que j’honore cette invitation. Cette émotion est d’autant plus grande que je suis parvenu à l’automne de ma vie, et donc de ma vie universitaire, et que les relations que j’ai établies avec votre université qui est un peu la mienne, aussi, y ont joué un rôle important. Je tiens donc à vous remercier publiquement et sincèrement pour ce privilège que vous m’accordez aujourd’hui.

Le thème de mon propos peut paraître étrange, mais il s’est naturellement imposé à moi et cela, pour deux raisons principales. La première est associée à l’anniversaire que nous célébrons aujourd’hui ! Porter cent cinquante ans, c’est avoir un âge plus qu’honorable et estimable ; c’est l’âge où l’on peut analyser son histoire et penser son présent, pour préparer avec lucidité l’avenir, avec ses défis et ses obstacles, entre crainte et espoir. La deuxième raison est liée à ma propre histoire universitaire : profondément inscrit dans le monde académique européen, tant au niveau politique que scientifique et pédagogique, j’ai passionnément aimé cet univers qui a su privilégier et défendre un espace de réflexion et de pensée, fort et vivant, pour favoriser la compréhension du monde de la connaissance libre et désintéressée. Comment pense-t-on ? Comment sait-on ce qu’on sait ? Qu’est-ce qu’est la vérité, la sagesse, la liberté ? Qu’est-ce qu’est le savoir et comment porter la responsabilité de sa diffusion ? Qu’est ce qu’est la sagesse des nations ? Comment anticiper les conséquences des événements qui conditionnent la vie des citoyens du monde et de quelle manière répondre aux blessures de l’histoire ?

Mais les temps changent ! Et le temps du temps d’aujourd’hui modifie la perception de nos missions. Nous vivons, sous l’emprise de la communication-mondialisation, une véritable révolution technologique et culturelle, qui a de redoutables conséquences sociales et politiques. J’irai jusqu’à l’audace de penser que cette révolution est à l’image de celle associée à l’avènement de l’imprimerie au XVième siècle, une innovation qui a généré une véritable ouverture offrant progressivement la possibilité de transmettre largement les nouvelles idées de la renaissance, de confronter et développer de nouveaux savoirs et d’installer les bibliothèques comme l’âme de la société.

Aujourd’hui, nous quittons l’ère de l’écrit pour celui de l’écran, sacrifiant une fois encore au temps !

Aujourd’hui, les Etats d’Amériques se fragilisent, la chute du mur de Berlin a ouvert les portes à une redistribution des valeurs, l’Europe balbutie dans un éclatement économique dangereux et dans laquelle certains de ses membres partagent une attitude humainement et éthiquement contestable et condamnable par rapport à une frange de ses ressortissants.

La Chine s’est réveillée et consolide une suprématie économique incontestée.

Le climat change avec son cortège de drames et de désolation.

L’avènement de la technologie de la communication d’une puissance considérable permet l’accès à une connaissance extrêmement diversifiée et complexe, quasi ineffaçable, une connaissance parfois très relative et fragile, une connaissance trop souvent empreinte de subjectivité !

L’immédiateté de la connaissance de la connaissance ne nous permet guère de dérouler le temps d’une réflexion sage et sereine par rapport au contenu qu’elle véhicule et aux conséquences qu’elle peut induire !

L’espace internet devient le corps des archives non classées dans lesquelles même les morts parlent !

La culture de la pensée est entrée dans le règne d’une rentabilité immédiate.

Il faut l’admettre, nous sommes entrés dans la société et la culture de l’instant !

L’université s’incline ! Elle est, à sa manière, condamnée au changement !

D’emblée, pourriez-vous le penser, je donne un ton amer, sinistre et pessimiste à cette journée d’anniversaire ! Il n’en est rien, car, comme l’a écrit Antonio Gramsci :

Le pessimisme de la raison, c’est l’optimisme de la volonté

Je sais et je sais que vous le savez, nous traversons des temps d’une grande fragilité pendant lesquels il va falloir mettre en œuvre beaucoup de volonté pour relever les défis à venir !

Mes cheveux gris et parsemés l’attestent, j’ai vécu ces temps qui ont préparé ce monde universitaire d’aujourd’hui sous le sceau de la réforme dite de Bologne ! Je les ai partagés en tant que recteur, vice-recteur et doyen et vice-doyen d’une institution universitaire suisse, je les ai traversés en tant que membre du conseil d’administration des universités de la francophonie. Je les ai parcourus en vivant le monde académique de l’ancien et du nouveau monde. Je les ai également vécus en tant que directeur du Centre de Recherches Sémiologiques de l’Université de Neuchâtel, et en tant que professeur de logique.

J’ai participé à cette transformation profonde des mentalités, j’ai vécu des temps où l’université se devait de se situer et défendre sa personnalité dans un mouvement historique puissant. J’ai lutté pour défendre une institution dont j’estimais que le rôle était fondamental, j’ai parfois résisté à des décisions politiques peu fondées et j’ai observé le jeu des acteurs de cette révolution, parce que cela en est une. Et c’est au nom de ma propre expérience académique et politique dans le monde des universités de l’Europe occidentale que je construirai mon propos.

Dans la suite de mon exposé, j’analyserai les raisons et les conséquences de ces institutions universitaires qui cèdent à la logique de la mondialisation et du libéralisme scientifique, et qui se contentent de faire ce que le monde politique leur demande de faire. Puis je rappellerai les principes fondamentaux qui doivent prévaloir au sein de l’université considérée comme un pôle de sagesse indispensable au bonheur des peuples.

J’ancrerai mon analyse en abordant la réforme dite de Bologne. Mon propos n’est en aucun cas une plaidoirie en faveur ou contre la réforme de Bologne. Je constate simplement que cette réforme est intervenue au moment où le monde universitaire était confronté à une radicale mise en cause entre un passé à dépasser et un avenir à maîtriser.

La réforme dite de Bologne est paradigmatique à plus d’un titre : elle porte le principe de générosité d’une institution qui doit s’ouvrir à la mobilité, elle caractérise l’attitude des professeurs et des chercheurs face au changement et, enfin, elle stigmatise la vision d’une politique universitaire contemporaine violente et coupée des valeurs humanistes associées aux débats et à l’esprit critique.

Je salue l’initiative de Bologne dans ce qu’elle a comme objectif déclaré : elle a posé le cadre juridique permettant une ouverture facilitée à l’espace universitaire européen ; elle est un passeport symbolique autorisant les échanges et la reconnaissance des diplômes ; elle voulait également fracturer les féodalités universitaires trop souvent arrogantes et fermées à une certaine forme de générosité intellectuelle.

Si le rôle d’une Haute Ecole de type académique a pour objectif d’augmenter les capacités culturelles et scientifiques de la société qu’elle sert, d’en aiguiser l’esprit critique et de dégager les élites qui doivent la servir, la démarche suscitée par l’initiative de Bologne était propice à une réflexion renouvelée sur notre rôle, sur la pertinence des principes académiques partagés alors, sur nos compétences à analyser les prémices d’une révolution en marche, et sur les onguents et les propositions de sagesses à élaborer pour conduire la société à se bien conduire. Nous ne pouvions plus défendre sans autre forme de procès la séculaire université européenne, nous ne pouvions pas échapper, en interne, à une réflexion sans concession sur le rôle et les fonctions de cette université qui s’ouvre à la globalisation et à la mobilité.

Hélas, ceux par qui la raison prévaut n’ont pas su ou n’ont pas voulu faire l’effort de bien penser pour proposer des solutions aux problèmes posés ! Nous n’avons pas su casser l’histoire et dépasser les préjugés qu’elle a inscrits en nous. J’ai découvert alors que nous traversions une crise de l’atonie des universitaires, absents d’une réflexion en profondeur sur la mission de leur institution. L’université semblait perdre la parole qu’on lui accordait encore alors que nous devions expliciter et défendre nos projets, nos passions, nos raisons d’être ! Nous avions alors à créer une nouvelle génération d’universités accueillant une nouvelle race d’étudiants, et ceci, dans un contexte de révolution technologique et sur fond d’énormes enjeux économiques !

Hélas, nous nous sommes trop souvent contentés de modifier la terminologie d’une structure ancienne, à nos dépens ! Au lieu de perdre beaucoup de temps à nous occuper de petites choses, nous aurions dû nous consacrer à la discussion des questions fondamentales telles que penser notre responsabilité par rapport aux développements de connaissances et de techniques nouvelles, et anticiper les conséquences de savoirs nouveaux intégrés à la société des hommes qui a permis leur édification.

Je réalise que la logique du système s’est érodée ; je perçois cette période de changement comme celle associée à la capitulation de l’humanisme.

Mais, ne suis-je qu’un vieil homme amer et nostalgique d’un passé universitaire qui s’habille des atours d’une vieille dame honorable ?

Qu’est-ce qui a été choisi, et pourquoi ? Et quelles sont les conséquences de ces choix ?

On peut l’admettre sans grand risque de se tromper, le modèle de Bologne-Lisbonne, dans son organisation et dans son esprit, a repris le modèle anglo-saxon ! Il y a quelque chose du rêve américain et de sa suprématie dans la mesure où, pour entrer dans l’espace de ses accréditations, il fallait habiter les paramètres caractérisant ses institutions. Cette métamorphose a eu, et a des conséquences considérables sur la politique de la science de nos Hautes Ecoles, sur la vie des chercheurs et des enseignants, et sur la qualité de la pensée critique qui est l’apanage de l’Université. Observons cela :

L’approche top-down qui la caractérise aujourd’hui et que le monde politique lui a imposée, ainsi que toutes les contraintes subies au nom du sacro saint « controlling » bureaucratique, ont eu des conséquences fâcheuses :

Les exigences administratives en termes de contrôle qualité, de descriptifs d’enseignements, de rapports de recherches et les dossiers de planifications scientifiques, sont chronophages et cela, au détriment du temps consacré à l’enseignement et à la recherche.

Les thèmes de recherche deviennent de plus en plus dirigés par des contraintes de nécessité politique, brisant l’élan de fertilité de toute une recherche libre et fondamentale.

Les programmes d’études se structurent au gré des promotions du super marché de la connaissance ; on y va remplir son panier de crédits et cela, sans coordination ni grand fondement épistémologique. Les disciplines deviennent étanches l’une à l’autre, l’université abandonnant ainsi ses principes d’organicité, de générosité, de transversalité et d’universalité, et nonobstant, son pouvoir de veille critique.

La reconnaissance académique vit sous le joug de la compétitivité à outrance dont les critères sont :

Nombre de publications, préférablement en anglais.

Nombre de citations reconnues et attestées.

Liens avec des objectifs de rentabilité immédiate.

Savez-vous qu’il existe à ce jour quelque 26`000 revues scientifiques et qu’il s’en crée chaque jour ?

Savez-vous que plus de 1,6 millions d’articles scientifiques sont publiés chaque année, et ce chiffre ne prend pas en compte les monographies scientifiques ?

Cette fuite en avant n’est pas sans conséquences :

Une publication perd son statut marquant le partage d’une connaissance nouvelle et peut-être prometteuse, pour devenir le vecteur d’une promotion et d’une reconnaissance personnelle.

La course aux publications, notamment et dramatiquement dans les grandes revues scientifiques qui ont soif de résultats spectaculaires (je pense à Nature ou à Science), conduit les chercheurs à survendre leurs travaux et à annoncer des découvertes révolutionnaires démenties par la suite, parce qu’elles sont incorrectes ; il s’agit là, de faux conjoncturels !

Et qu’est devenu notre rapport à la recherche ?

Le chercheur reconnu est conduit à habiter le rôle de manager !

Il va être contraint à trouver des fonds pour alimenter son équipe (fundraising), il aura à rédiger de nombreux rapports de planification, de justifications socio-économico-scientifiques ; il devra subir de nombreuses rencontres de coordination. Il va être contraint de séduire, pour vendre ses résultats et trouver des promoteurs pour porter le développement de ces travaux ! Ainsi, la séduction (effet bling-bling) s’est installée dans le domaine de la science.

À cet égard et en Suisse, il n’est pas inutile de citer toute l’excitation promotionnelle associée aux succès de Alinghi, des nano tubes, de Impulse, l’avion solaire…, et aujourd’hui d’un bateau solaire, du développement des alicaments au sein d’une haute école qui hérite ainsi, de la part de grandes chaînes alimentaires, des laboratoires somptuaires…. Alicament : aliments-médicaments, un effet spectaculaire pour du vent au service des nantis et de l’économie. Que dire, alors, de l’indépendance d’une institution soumise aux dictats d’une puissance économique mondiale ?

Tous ces développements portent haut les symboles de la science spectacle, ils incarnent la poursuite de rêves pécuniaires immédiats et caractérisent le mélange dramatique entre le développement de la science et ceux qui ont les moyens de conduire son orientation.

Ainsi, la recherche est associée, par son développement, au progrès, dit-on, qui se calcule à l’aulne de millions de dollars !

Ainsi, la rentabilité à outrance prime la réflexion élémentaire et aboutit avec fracas au tsunami des subprimes.

On exploite de manière éhontée la nature et on le fait sans aucun sens des responsabilités : British Petroleum, un Danube pollué et un climat déréglé se manifestent de manière dramatique à notre conscience et stigmatisent notre inconscience !

La science : finances et économie

La science des finances et celle, économique, conduit ses réflexions sans éthique ni anticipation des conséquences de ce qu’elles cautionnent ; on en vient ainsi à spéculer financièrement sur des pays sans considération aucune pour la famille citoyenne qui les constitue. Un pays devient une valeur marchande qui au gré des fluctuations boursières peut se retrouver dans la corbeille des agioteurs et de l’histoire.

Le bénéfice du développement de la recherche n’est pas distribué de manière équitable : on pourrait aujourd’hui éradiquer la lèpre, mais, économiquement parlant, on n’y voit aucun avantage ; alors, on laisse le temps poursuivre ses ravages !

Je le répète, je ne suis pas pessimiste en décrivant sans complaisance un panel d’universités que je connais et qui n’ont pas su ni n’ont voulu penser le changement. Je reste tout simplement lucide. Les universités, comme je l’ai déjà dit, ont été appelées et aspirées par le chant des sirènes d’un capitalisme scientifico-financier débridé qui soutient la réflexion immédiate au détriment d’une pensée humaniste, constructive et critique ! Cela est particulièrement manifeste dans la redistribution des moyens financiers de l’espace de la pensée humaniste vers celle de la science technique.

Mon propos n’est pas non plus une condamnation de la recherche technique et orientée ! En aucun cas ! Je tiens seulement à souligner avec le moine lettré Rabelais que

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, et j’ajouterai, la ruine de la société.

Je veux simplement mettre en cause la course folle de nos sociétés, course incarnée par la vie de certaines de nos universités ; je veux non pas retenir le temps, mais lui donner du temps pour contribuer à comprendre vers où on se dirige. Je veux qu’on restitue au travail de la pensée son rôle fécond et responsable de gardien de l’honneur humain. Je veux que tout enseignant et tout chercheur habite à nouveau la responsabilité sociale et éthique qui le rend digne de la fonction qui lui a été conférée.

J’ai une faiblesse pour le Moyen Age trop souvent considéré comme une période noire et peu créative. Et pourtant, ce temps voit progressivement la vérité se libérer des contraintes dogmatiques que lui impose l’Eglise. J’aime cette émergence douloureuse d’une raison indépendante. Je salue les constructeurs astucieux et ingénieux des cathédrales. Je suis surtout tout particulièrement sensible à la transformation de la perception du temps que cet âge connaît. Au temps cyclique des saisons se substitue progressivement la perception d’un temps linéaire, séquentiel et mesurable. Ce temps saccadé et précipité est celui qui annonce le capitalisme et la révolution industrielle. Et je partage avec l’écrivain Ernest Jünger (Le traité du sablier) le jugement que cette modification de l’appréhension de la perception temporelle est plus importante et probablement plus décisive que l’invention de l’imprimerie ou que la découverte du Nouveau Monde !

Soyons attentifs, très attentifs, aujourd’hui également une modification de notre perception du temps vient sournoisement transformer l’espace que nous habitons. Je l’évoquais au début de mon exposé, nous sommes entrés dans l’ère de l’instant en partageant la culture du « tout de suite ». A force d’immédiateté nous occultons l’avenir, et un temps sans avenir n’est plus le temps et n’a plus d’espoir !

L’immédiateté, c’est l’immobilité à terme ! Et le monde académique de l’instant en est une conséquence. Il faut ainsi apprendre à déployer nos activités scientifiques avec ce paradoxe consistant à associer la réflexion à court terme avec la pensée à long terme. L’université, lieu même par excellence du travail de la pensée, a à conjuguer cette apparente contradiction ; par ce travail elle retrouvera la flamme qu’elle a perdue. Pour casser cette anomie qui la caractérise, l’université devra apprendre à habiter à nouveau cette conviction qui fonde la sagesse de la connaissance : innover et développer de nouvelles connaissances, de nouvelles technologies en les apprivoisant de telle manière à les rendre propre, aux deux sens du terme, pour le bonheur des sociétés. Il s’agit donc d’une approche critique, interdisciplinaire, humaniste et respectueuse.

Il ne faut pas que la république des professeurs ne devienne la réserve d’une sorte d’espèce en voie de disparition ! Nous n’avons pas à nous opposer au pouvoir, mais à nous poser face à tous les pouvoir, technologique, politique, économique, dogmatique, …) et à affirmer en conscience notre volonté de retrouver un humanisme de droit, de cœur, de passion et de raison.

Il nous faut retrouver le pouvoir et la force des mots justes et raisonnables en ayant conscience que, même si le sens du monde est que les choses sont sans espoir, il faut tout entreprendre pour les modifier. Et qu’à l’absurde on ne peut qu’opposer l’entreprise de l’espérance sans cesse renouvelée.

Je connais l’Université Alexandru Ioan Cuza depuis de nombreuses années. Elle m’a honoré en m’accordant sa confiance. Je l’ai connue traversant des temps difficiles. Je l’ai vue réagir pour survivre à des conditions financières pas toujours sereines. Je l’ai vue penser, trouver des solutions innovantes : la formation à distance, de nouvelles formations au service de nouveaux étudiants, créer des écoles doctorales, inventer des laboratoires théoriques et virtuels pour compenser des temps de pénurie matérielle, s’ouvrir aux autres universités en privilégiant la mobilité, établir des conventions et des actions de collaborations nationales et internationales. Je l’ai vue prendre en main son destin pour reconstruire des pans de son histoire quelque peu brutalisés par des vents contraires, je l’ai vue prendre des risques, et donc penser avec lucidité, tant pour porter haut l’oriflamme de l’universitas responsable et critique, que pour préserver ses projets humanistes. J’y ai rencontré des personnalités d’exception qui m’ont fait l’honneur de m’accorder leur confiance et leur amitié ; et je ne peux pas m’empêcher ici de remercier Mme la Professeure Maria Carpov et M le Vice-Recteur, le Professeur Constantin Savalastru.

Votre université, Monsieur le Recteur, est de celles qui portent cette part de la civilisation qui nous habite quand on veut croire à l’élaboration d’un monde meilleurs, un monde responsable des innovations qu’il engendre et des savoirs qui le structurent. Vous contribuez à incarner l’espoir d’une renaissance nécessaire et indispensable, je crois en l’université Alexandra Ioan Cuza de Iasi qui a su perpétuer la tradition d’excellence qui la caractérise. Je suis fier d’appartenir, à ma manière, à cette institution qui a promu, et je reprends vos termes Monsieur le Recteur, un « forum des idées libres, une communion de l’instruction dans l’esprit de vérité, du bien et du beau, et un repère emblématique de cet espace ». Je suis convaincu qu’«  elle est ainsi prête à assumer avec confiance, (conviction, cœur, lucidité et responsabilité), les voies imprévisibles de l’avenir ». Qu’elle vive donc encore longtemps en portant haut et fort sa devise « Fides et Ratio » ! Foi et raison, foi dans la raison !

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Jean-Léon Beauvois

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