Au prime abord, on ne boude pas son plaisir. Grâce à l’auteur nous croyons devenir un moment familiers de nos importants. Tels des journalistes introduits, nous nous régalons de leur mesquinerie et de leur cynisme. FOG nous gave de leurs turpitudes et lui-même se prend au jeu et donne de vilains coups de talon dans le corps à terre du Président, au point qu’on finit par prendre Jacques Chirac en pitié plutôt qu’en grippe. M. Giesbert n’épargne personne, même Bérégovoy n’en sort pas vivant. Sauf Nicolas Sarkozy.
Mais vite on déchante. Les propos « off » ici rapportés en (sur)abondance ne sont guère plus croustillants, après tout, que ceux de la fameuse page 2 du Canard Enchaîné. En outre, le livre a été vite écrit, livre de journaliste, et vite relu si l’on en juge par les répétitions et ce tic verbal : le mot « avatar » revient presque toutes les dix ou vingt pages. Ainsi Nicolas Sarkozy, par exemple, serait un avatar de Clemenceau… le rapprochement entre deux personnages aussi dissemblables prêts à sourire.
Plutôt que des méchancetés souvent gratuites (à des fins commerciales ?), on aurait aimé une analyse en profondeur de l’immobilisme maladif de nos gouvernants, cette « tragédie nationale » justement dénoncée par l’auteur. Ainsi plus qu’une rupture orléano-bonapartiste, n’est-ce pas d’une rupture républicaine que la France aurait besoin ?