1. La proposition institutionnaliste : connaissance et transformation/invention
L’institutionnalisme est un mouvement pluriel qui englobe divers savoirs et pratiques, sans se restreindre à une école. Il y a plusieurs courants institutionnalistes ayant des affinités et des différences théoriques, méthodologiques et politiques. Baremblitt (1922) les classe ainsi : d’un côté, la Sociopsychanalyse de Gérard Mendel, qui fait une jonction de la psychanalyse avec le matérialisme dialectique, se proposant de travailler les régressions institutionnelles du politique vers le psychique, ayant en vue une guérison collective, de manière à permettre que chaque classe reprenne son pouvoir institutionnel. De l’autre côté, l’Analyse Institutionnelle de René Lourau et Georges Lapassade, également dénommée Socioanalyse, qui, à partir de la dialectique de Hegel, centre son travail sur les dispositifs analyseurs pour faire surgir l’instituant ; et, finalement, la Schizoanalyse, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui cherche à libérer le processus productif-désirant-révolutionnaire, par le biais de pratiques singulières, en y configurant ce que les auteurs appellent la micropolitique.
Parmi ces courants, les plus usuels au Brésil sont l’Analyse Institutionnelle et la Schizoanalyse. En présentant René Lourau et son œuvre, lors d’une conférence dans l’événement réalisé à l’ Université de l’État de Rio de Janeiro UERJ « Le legs de René Lourau », en mai 2001, Hess (2004) fait la distinction suivante : l’Analyse Institutionnelle concerne la théorie faite par Lourau aux côtés de Georges Lapassade, alors que la Socioanalyse concerne la méthode de l’Analyse Institutionnelle en situation d’intervention. Dans ce texte, j’utilise le terme Analyse Institutionnelle, quoique ma proposition relève aussi des situations d’intervention. À leur tour, les idées de Gilles Deleuze et Félix Guattari reçoivent également plusieurs noms, parmi lesquels la Philosophie de la Différence, la Pragmatique Universelle, le Paradigme Esthétique, le Paradigme Éthico-Esthétique, et non pas seulement la Schizoanalyse, mon option dans ce texte, une fois que les auteurs n’avaient pas le souci de la reproduction des noms et des concepts. J’ai fait l’option d’utiliser ce terme parce qu’il est utilisé par Baremblitt (1992), l’un des promoteurs de ces idées au Brésil.
Dans ce pays, étant donné la grande étendue de son territoire aux fortes différences, ce mouvement compte des histoires et des pratiques singulières qui varient selon les régions. Rodrigues (2005) souligne encore que, outre ces diversités régionales, l’Instituionnalisme au Brésil se présente comme un « paradigme sans passé », puisque, malgré le fait que cette perspective ait produit et produit toujours une série d’études et de pratiques, la référence à la proposition institutionnaliste dans les études et les publications brésiliennes est peu fréquente.
Selon Baremblitt (1992), pour les institutionnalistes l’institution est le constituant central des sociétés, désignant à la fois ce qui maintient l’existant et ce qui le transforme. Ouverte aux lectures transversales et mettant l’accent sur la problématisation collective, en vue non seulement de produire de la connaissance, mais aussi d’étayer des actions institutionnelles visant des transformations effectives, cette perspective est, en soi, transdisciplinaire. Benevides de Barros & Passos (2000) signalent que la transdisciplinarité a comme proposition épistémologique l’inclusion de la complexité et de la processualité, déstabilisant les divisions entre les spécialités, analysant et bouleversant les rapports de pouvoir, appelant à la production d’une autre réalité. Cela veut dire que l’enjeu institutionnaliste cherche à démonter les dichotomies sujet-objet, théorie-pratique, en s’opposant aux frontières rigides dans la définition des disciplines, de ses méthodes et objets de recherche. Dans ce contexte, aborder l’institution implique de s’ouvrir à sa multidétermination, qui s’exprime sur des questions macropolitiques et micropolitiques, sur des contextes historiques, des insertions sociales, des traversements économiques, entre autres. Il est évident que toute cette problématique nous pénètre, parle à travers nous en produisant des effets sur notre quotidien.
Pour saisir ces forces et ces es effets, l’institutionnalisme a comme modalité de production scientifique la recherche-intervention, une étude qui est réalisée conjointement avec la population cible de la recherche, visant la modification processuelle de l’objet de recherche, par le moyen d’interventions sur le quotidien (Romagnoli, 2012). Dans un moment où la science contemporaine prétend, de plus en plus, s’occuper de la complexité, comme nous l’indique Santos (1987/2002), ses cadres de recherche se présentent indissociés d’une intervention, qui s’engage à contribuer effectivement à la construction d’une société plus digne. Cette intervention engagée s’oppose donc à l’objectivisme qui poursuit l’illuminisme, basée sur une posture apolitique et rationnelle. Il faut rappeler que devant les enjeux vécus actuellement par la Psychologie, domaine dans lequel je travaille, tel l’accroissement de ses champs d’insertion ou l’activité dans les politiques publiques, la pratique associée à la promotion de la santé et à la prévention, entre autres, il devient nécessaire de faire avancer la connaissance autour des situations quotidiennes, qui sont, en soi, complexes et déterminées par une hétérogénéité de facteurs et de rapports. Cette même exigence émerge d’autres disciplines et domaines de la connaissance.
Sous cette perspective, selon les institutionnalistes, la science doit contribuer non seulement à l’espace académique, mais surtout aux demandes sociales et aux pratiques réelles qui s’effectuent et qui sont étayées sur elle. Dans cette conjoncture, un effort ardu est en train de se faire pour élever les recherches participatives au statut scientifique et pour rompre l’hégémonie des recherches traditionnelles en vigueur, comme l’examine Romagnoli (2009). Parmi les recherches participatives se trouve la recherche-intervention d’orientation institutionnaliste, qui essaye de soutenir la non-séparation sujet/objet, qui prend en compte l’implication du chercheur, la complexité et l’indissociabilité entre la production de la connaissance et l’action/intervention. En analysant les institutions et en agissant dessus, ces chercheurs ont en commun la poursuite de la complexité, la posture critique, le combat contre le réductionnisme, la quête de la dénaturalisation et, surtout, un grand souci de la transformation des domaines dans lesquels ils sont insérés.
Dans le mouvement institutionnaliste, les tentatives de transformer les institutions ont été menées à l’intérieur de celles-ci, en analysant les actes quotidiens, leurs dispositifs et ses rapports, comme nous le rappelle Monceau (2010). Pour connaître une institution et intervenir dedans, il faut travailler à partir de ce qui nous lie à elle, c’est-à-dire, à partir de notre implication. Ce concept affronte ouvertement les propositions apolitiques et rationnelles qui étayent le paradigme moderne, tel que le souligne Veiga-Neto (2002). Coimbra (1995), en analysant l’insertion des cours de Psychologie dans les années 1970 au Brésil, signale que ceux-ci avaient également comme fonction la neutralisation des questions politiques et sociales, qu’ils étaient centrés sur l’individu et ses questions subjectives, intérieures et familiales, enfin, qu’ils constituaient une approche qui prétendument comprenait des réponses à tous les malaises du sujet. Avec ce fort héritage imprégné dans sa formation et dans sa pratique, la Psychologie et ses recherches visent la neutralité et l’explicitation de vérités concernant son objet d’études, même si elles opèrent, dans la pratique, des coupures avec cette réalité, ainsi que des réductionnismes sauvegardés par des courants théoriques et des méthodologies rigoureuses. C’est dans la tentative d’opérer dans le sens inverse à cette tendance, qui est encore majoritaire dans le scénario académique, qu’émerge le chercheur impliqué. Il s’agit d’une implication à de laquelle nous ne pouvons pas échapper, d’un défi dont l’analyse est circonstancielle et provisoire. Il s’agit là d’une analyse étayée sur un paradigme éthico-politique, dans lequel il n’y a pas de neutralité et où il n’est pas possible de faire une recherche à partir « du dehors ». Ainsi, le chercheur occupe une place privilégiée pour analyser les rapports de pouvoir, y compris ceux qui le traversent.
Nous observons, toutefois, qu’il reste encore une certaine confusion concernant le concept d’implication sur le territoire brésilien. Dans ce sens, il faut souligner qu’en France, pays d’origine des courants en question, l’institutionnalisme et la recherche-intervention ont une autre forme d’insertion : elle s’est développée en étroite association avec le domaine de la sociologie, alors qu’au Brésil elle est composée plutôt de psychologues, comme l’affirme Altoé (2004). À mon avis, cette différence se reflète dans la compréhension du concept d’implication, qui porte souvent un risque de psychologisation, ainsi que d’un amalgame avec le sens ordinaire. Par ce biais, le concept peut être confondu avec engagement, investissement, et s’écarter ainsi de sa proposition scientifique. Je propose d’analyser ce concept, je présente ci-dessous sa conception selon la Socioanalyse et la Schizoanalyse.
2. Socioanalystes et schizoanalystes : des chercheurs impliqués
En analysant l’histoire du mouvement institutionnaliste au Brésil, dans une étude historico-généalogique, Rodrigues (1999) situe son implantation par des Argentins, au cours de la fin des années 1970. L’institutionnalisme a été introduit de manière systématique à Rio de Janeiro et dans d’autres villes du Sud-est, et s’est d’abord engagé dans les domaines de la santé mentale, soutenant une pratique groupaliste, avec une articulation interdisciplinaire et associée à des secteurs populaires. Dans les années 1980, à partir de travaux théoriques et d’intervention, les approches soulignées dans ce texte se sont imposées. Il faut signaler que ce mouvement a eu et a toujours une insertion hétérogène dans le domaine « psy » brésilien, en se faisant présent non seulement dans la santé mentale, mais également dans la santé, l’éducation et dans l’assistance sociale, parmi d’autres domaines.
Quel que soit le domaine d’insertion, il est certain que l’implication étaye la proposition institutionnaliste de recherche-intervention, et certains auteurs reconnaissent son émergence au sein de l’Analyse Institutionnelle, l’associant également à la cartographie, proposition de recherche-intervention de la Schizoanalyse (Kastrup, 2008 ; Paulon, 2005 ; Rocha & Aguiar, 2003). Selon Kastrup (2008), cette association est faite par la notion d’implication proposée par René Lourau dans l’Analyse Institutionnelle. Selon l’auteur, « (...) ce que le concept d’implication apporte de plus important est le fait de dévoiler qu’il n’y a pas de pôles stables sujet-objet, mais que la recherche se fait dans l’espace du milieu, en déstabilisant ces pôles et répondant de sa transformation » (Kastrup, 2008, p. 466). Il est certes possible de faire cette association, mais j’aimerais souligner la différence de la notion de « milieu ». Si pour Lourau (2004b), à partir d’un raisonnement dialectique, le « milieu » et la transformation émergent dans la réalité étudiée à travers les conflits identifiés par les analyseurs, pour Deleuze & Guattari (1980/1995), la réalité est approchée par l’immanence et l’extériorité et le « milieu » émerge comme étant la dimension qui étaye les devenirs et qui va produire les agencements, faisant éclore le nouveau.
Lourau (1970/1975) examine les rapports sociaux et les processus institutionnels en mettant l’accent sur l’articulation entre l’institué et l’instituant, un champ de forces analysé non seulement sur le plan conceptuel, par le biais des trois moments de la dialectique hégélienne, à savoir, l’universalité, la particularité et la singularité, mais également associé à la dynamique du quotidien. L’approche du quotidien insère ces moments dans un registre actif, et rend possible la corrélation suivante : au moment de l’universalité correspond la suprématie du pôle institué, en tant que forme abstraite instituée et vraie ; au moment de la particularité correspond la base sociale du concept, transfigurée en forme sociale concrète, produisant les conditions pour faire agir l’instituant et, finalement, au moment de la singularité correspond l’institutionnalisation proprement dite, dont le produit, situé dans un substrat physique, compte une organisation fonctionnelle concrète. Ce qui veut dire que l’institution intègre à la fois le révolutionnaire de l’instituant et le conservateur de l’institué ; contre les forces instituantes et sa rébellion, l’institutionnalisation cherche des formes plus stables, rigides et durables, et contre l’institué et son immuabilité, il cherche des transformations innovatrices dans les formes utilisées jusqu’alors. Il doit être clair que cette séparation n’est que didactique, une fois que pour l’auteur en question l’institution est un mouvement perpétuel, un processus étayé par ces forces dialectiques.
Les éléments de la réalité sociale qui manifestent avec une plus grande véhémence les contradictions des institutions et du système social sont dénommés analyseurs, terme initialement créé par Félix Guattari dans la Psychothérapie Institutionnelle, expliquée ci-dessous, quoiqu’il ait été incorporé et très utilisé dans l’Analyse Institutionnelle louraldienne. Par conséquent, les analyseurs peuvent être entendus comme étant des effets ou des phénomènes qui émergent comme le résultat d’un champ de forces contradictoire et incohérent, faisant apparaitre des conflits contredisant l’impression d’harmonie et de stabilité qui caractérise l’institué comme signalent Lamihi & Monceau (2002) en faisant une présentation de l’œuvre de René Lourau. Les analyseurs surgissent dans les organisations en montrant que celles-ci ne font pas que de reproduire ce qui était déjà prévu, mais elles produisent également l’impensé, le conflictuel, dévoilant l’action de l’instituant, rendue possible par l’effleurement du négatif non intégré dans l’équilibre institutionnel.
Pour Lourau (2004b) il faut toujours mettre en question les institués cristallisés dans les champs de l’investigation/intervention, puisqu’il n’est pas possible d’effectuer une analyse neutre et apolitique d’une institution n’existe pas. Dans ce sens, l’auteur défend l’importance de l’implication, qui rompt avec la science instituée fondée sur le paradigme moderne. Il faut souligner que l’implication ne concerne pas la notion de compromis, de motivation ou de rapport personnel avec le domaine de la recherche/intervention, au contraire, explorer l’implication revient à parler des institutions qui nous traversent.
Ce qui nous traverse, selon Lourau (1990), va bien au-delà de notre perception subjective, de notre histoire individuelle et des jugements de valeur destinés à mesurer la participation et l’engagement dans une situation déterminée. L’analyse de l’implication montre que ce que l’institution produit en nous est toujours l’effet d’une production collective, de valeurs, d’intérêts, d’attentes, de souhaits, de croyances qui sont imbriquées dans cette relation. C’est donc l’analyse de l’implication qui permet d’avoir accès à l’institution, de produire de la connaissance à partir de ses contradictions : « Pour agir sur les institutions, il faut travailler à partir de ce que nous relie à elles, nos implications » (Monceau, 2010, p. 14).
En étudiant le concept de l’implication dans l’œuvre de René Lourau, Guillier & Samson (1997) examinent son parcours historique sur trois moments : l'idéologico-moraliste ; le subjectiviste-volontariste ; le techniciste. Le moment idéologico-moraliste correspond aux années 1960-70, période sur laquelle on cherchait à apaiser la scission entre l’académie et les pratiques sociales, très en évidence à l’époque. À ce moment-là, l’implication était théorisée comme étant l’extension du concept de contre-transfert institutionnel provenant de la Psychothérapie Institutionnelle. La Psychothérapie Institutionnelle est un mouvement qui a eu lieu après la Seconde Guerre Mondiale en France et qui a fortement influencé l’Analyse Institutionnelle, en proposant une autre manière de traiter la maladie mentale et en repensant l’établissement psychiatrique avec l’objectif d’améliorer les conditions de traitement des malades mentaux. Elle a débuté dans les années 1940 à Saint-Alban, avec François Tosquelles, et a continué en région parisienne, dans les années 1950, dans la clinique La Borde avec Jean Oury et Félix Guattari, en affirmant que l’institution elle-même produisait la maladie mentale, avec ses rapports hiérarchiques entre travailleurs et usagers. À l’époque, les concepts de transfert et de contre-transfert institutionnel étaient très utilisés. Basés sur la psychanalyse et sur la lecture de l’inconscient, ces mécanismes vont au-delà de la problématique subjective et familiale, pour englober des questions sociales, historiques et culturelles. En partageant cette lecture, René Lourau, qui à ce moment du concept de l’implication, était encore associé à Georges Lapassade, soutenait que toute pratique sociale et de recherche est constituée d’un ensemble d’insertions institutionnelles passées et présentes qui se mettent à jour selon les circonstances dans lesquelles elles sont exercées. À ce moment-là, l’implication correspond au contre-transfert institutionnel. Pour analyser l’implication, il fallait faire émerger le non-dit et restituer les éléments qui y étaient réunis.
Le moment subjectiviste-volontariste a eu lieu dans les années 1980, sous le gouvernement de François Mitterrand, lorsque la gauche en France passe d’une insertion de contestation à une insertion de gestion. Il faut souligner que le monde académique a accordé, au cours de cette période, une grande importance à la subjectivité, avec une forte influence de la sociologie compréhensive, de la phénoménologie et de la psychanalyse elle-même. De cette manière, si le sujet est impliqué avec l’acte de choix lui-même, ce qui lui permet d’exercer sa liberté, il fait en même temps partie d’une construction collective permanente de la société. Les manières d’agir et de donner sens à ses choix sont les manières dont le sujet dispose pour s’impliquer, pour s’engager. C’est à cette époque-là que René Lourau et ses disciples sont effectivement devenus membres de l’Université, et une grande partie de leur production s’est faite sous forme de thèses et d’articles scientifiques.
L’écart de la production collective et l’augmentation de l’usage du terme implication ont conduit au moment techniciste, dans lequel on insiste sur la dialectique du champ implicationnel, avec également la création du concept de surimplication, défini par Lourau (1990) comme le refus d’analyser les implications à partir d’un grand engagement au travail, du besoin de « s’impliquer », ordinaire chez les intellectuels. La surimplication, un autre pôle de l’implication, concerne le mouvement intentionnel par lequel nous nous engageons dans une institution. La surimplication empêche que l’implication soit analysée, anesthésiant les effets dynamiques et processuels de nos appartenances idéologiques, libidinales et institutionnelles dans les situations auxquelles nous participons. En somme, elle masque l’implication elle-même.
Il faut souligner que, comme nous l’avons vu ci-dessus, l’implication est, pour l’Analyse Institutionnelle, un champ conceptuel dans lequel les frontières ne sont ni figées ni rigides. Ces limites sont souvent réaménagées par sa genèse théorique, qui remet au cadre conceptuel et philosophique, ainsi que par sa genèse sociale associée aux mouvements et aux faits sociaux concrets, dans une composition dialectique qui imprime un caractère processuel et historique indéniable et qui instaure des connexions et des arrangements toujours provisoires.
D’un autre côté, la Schizoanalyse écrite à quatre mains par Gilles Deleuze et Félix Guattari a dans ce dernier, son articulation avec le mouvement institutionnaliste. Psychanalyste de formation et militant politique, Guattari insiste sur la dimension analytique des pratiques institutionnelles, ayant même forgé le terme Analyse Institutionnelle, repris avec une signification propre par René Lourau. Sa rencontre avec Gilles Deleuze lui a également permis de théoriser et de réfléchir à propos de son parcours de pratiques thérapeutiques et militantes. Sauvagnargues (2008) affirme que Guattari a fait usage de sa vie et de sa production philosophique ayant l’objectif de remplacer la conception classique du sujet, entendu comme étant universel et anhistorique, par les modes de subjectivation collectifs, dynamiques et toujours politiques.
Cette lecture lance la subjectivité dans la dimension de la production, en insistant sur la multiplicité de composantes de subjectivation qui ne passent pas nécessairement par l’individu. Ces composantes sont intégrées par des flux transversaux qui s’agencent rhyzomatiquement à d’autres flux. La subjectivité, entendue comme registre humain et non-humain, se présente indissociable des dimensions historiques et sociales. Le sujet fonctionne à travers les flux qui le traversent et dont il est également le résultat. Cette compréhension du subjectif s’oppose aux épistémologies rationnelles et centrées, en misant sur ce qui s’établit « entre » ces dimensions. Sur ce parcours, l’agencement est essentiel, car il retire la subjectivité de l’intériorité et de la rigidité, en la jetant dans le collectif et dans la processualité, en associant des plans distincts.
Deleuze & Guattari (1980/1996) abordent la réalité et les institutions à travers des plans simultanés de formes et de forces. Visant à se libérer d’une matrice transcendante de penser, ces plans, qui sont faits de la même matière, les flux, mais qui ne partagent pas le même régime de fonctionnement, coexistent sans détermination et hiérarchie. Le plan des formes ou des modèles, également dénommé plan d’organisation, fonctionne de manière dichotomique et dissociative, en ordonnant les flux en segments et en strates homogènes et en désignant ce qui est socialement institué de manière molaire. D’un autre côté, le plan des forces ou de l’invention, également dénommé plan de la consistance, étaye l’hétérogénéité et les connexions entre les flux, étant composé par les forces moléculaires et invisibles qui traversent le champ social. C’est sur ce plan que se trouvent les rencontres et les agencements qui engendrent de nouveaux sens, de nouvelles formes d’expression, favorisant la résistance à ce qui tend à se reproduire sur le plan des modèles.
Il faut rappeler que la distinction de régime a lieu selon la forme de fonctionnement des flux : segmentaire, stratifiée, sur le plan de l’organisation, et fluide, connective, sur le plan de la consistance.
L’immanence est présente dans toutes les réalités, dans n’importe quel domaine de recherche, elle intègre non seulement les institutions, mais tout procès, tout rapport de l’individu aux groupes et à la société, elle établit des rapports incessants entre modèles, formes et forces. Ces plans sont simultanés et dans certaines situations l’un peut prévaloir sur l’autre, mais jamais l’exclure. Entre les deux plans, il y a des interfaces, des combinaisons à double articulation : d’un côté, la strate cohésive et momentanément étanche, mais, d’un autre côté, il est lui-même composé par des flux qui peuvent effectuer des agencements et devenir des singularités ou pas, selon les forces qui le déstabilisent. Dans ce sens, il est indispensable de cartographier le lien entre les plans, entre la persistance des modèles et l’émergence de l’invention, point nodal pour le chercheur dont le centre d’intérêt est le processus de production de la connaissance. Mettre en question et faire attention au processus de reproduction et de création dans une réalité donnée, en fonction de l’aménagement des formes et des forces dans son objet de recherche, tout en examinant dans quelles circonstances et avec quelles coupures et connexions elles ont lieu, ce sont autant d’outils opportuns et fondamentaux de la cartographie, proposition méthodologique de la Schizoanalyse.
Dans la juxtaposition des plans, dans « l’entre », surgit l’agencement en produisant des alliances et des passages entre les modèles institués et les inventions instituantes, les strates et les connexions, les blocages et les flux. Cet agencement s’engendre dans les variations d’un continuum de relations à double face : la face machinique du désir et la face collective de l’énonciation. Chacune d’entre elles est tournée, à tour de rôle, vers les formes ou vers les forces, ou encore vers les modèles institués ou vers les inventions instituantes, selon les compositions établies, ou pas, par les flux dans les situations qui font l’objet de la recherche. La rencontre du chercheur avec le terrain met en jeu cette pluralité de fragments, de disjonctions, de connexions transversales, captées à travers leur implication, qui, à son tour, lie le chercheur aux plans et aux agencements.
Détenteur d’un caractère productif et machinique, l’agencement donne lieu à l’effleurement du désir, dans une prolifération ininterrompue de positivité. Il faut souligner que le désir, pour la Schizoanalyse, n’est pas pensé à partir de la lecture dominante dans le champ « psy » brésilien, celui de la Psychanalyse, surtout dans son courant structuraliste, dans laquelle il est encadré sur le plan domestique à partir de formes codifiées du triangle familial, qui correspond au manque insistant. Il est, en effet, pensé comme désir productif et non-restitutif, ayant comme propriété primordiale la capacité de connexion. Tout en mettant en question les réductionnismes de la subjectivité proposés par la Psychanalyse et en analysant les processus de contrôle instaurés par le capitalisme, Deleuze & Guattari (1972/s/d) projettent le désir dans le domaine social, en affirmant leur vocation libertaire et leur capacité d’effectuer des actes révolutionnaires. Formé par des flux, par des paquets énergétiques, le désir est régi non pas par la logique représentative, mais par la logique des intensités, des sensations, son fonctionnement étant machinique. Ainsi, dans cette perspective, l’un des grands défis pour le chercheur est celui d’établir et d’étayer un agencement machinique et productif avec le terrain de recherche, c’est-à-dire, celui de fournir de la consistance à un agencement, ce qui revient à donner le passage au désir, au machinique, et à permettre que de nouvelles connexions se fassent, en transformant et en étant transformé par son objet d’étude.
Pour atteindre ces déplacements, la recherche-intervention, également dénommée cartographie selon cette approche, s’appuie sur l’invention et sur l’implication du chercheur, en supposant que la connaissance processuelle est inséparable du mouvement même de la vie et des affects qui l’accompagnent, comme nous le rappelle Rolnik (1989). L’invention a lieu lorsqu’il y a une irruption du plan des forces qui se connectent dans les rencontres « entre » le chercheur et son objet d’étude, dans les agencements effectués qui se consolident dans la tessiture du quotidien de la recherche. L’implication du chercheur, à son tour, est l’un des dispositifs de travail les plus précieux sur le terrain, car c’est à partir de sa subjectivité que surgissent des flux, que des agencements gagnent de l’expression, que des sens sont donnés et que quelque chose est produit. En effet, l’implication concerne le mouvement même de la recherche, qui, sous cet aspect, équivaut à se lier au « dehors » des situations, c’est dire agencer.
L’agencement correspond à un « entre » collectif, qui invite les institués à s’exprimer d’une autre manière, autrement que sous la configuration dominante, en provocant la convergence de l’hétérogénéité, des différences. Ce dispositif travaille tous les flux sémiotiques, matériaux et sociaux, se caractérisant par un devenir et remplaçant le système de représentation et d’idéologies présentes dans les modèles institués par une réunion de singularités, de forces, associées par un mouvement collectif, connectif. L’agencement, dans la mesure où il correspond à une zone de circulation du désir, rend possible l’agencement avec d’autres forces, puisque nous sommes tous faits également de forces, et non seulement de formes, de modèles, en générant de nouvelles formes d’expression ; l’agencement collectif de l’énonciation étaye les flux de vie dans des zones collectives anonymes et puissantes, pour se faire devenir en échangeant les formes.
Les rapports établis dans les situations de recherche dénoncent l’extériorité des forces qui retombent sur le chercheur et la réalité que celui-ci se propose d’étudier, et agissent comme un rhyzome, de manière transversale, en liant processuellement la subjectivité à des situations, au collectif, à l’hétérogène, par le biais des agencements. Sous cette perspective, l’implication permet de capter l’aspect « trans » des plans qui composent l’objet de l’étude, moyennant le pistage des effets que celui-ci provoque sur le terrain et des (dés)tabilisations que le terrain produit sur le chercheur, car Guattari (1992) affirme que la subjectivité est auto affirmation développant des rapports particuliers d’altérité. Une fois que le chercheur est doté d’une subjectivité également complexe et hétérogène, composée non seulement par son intériorité, mais surtout par les rapports qu’il établit, il peut affecter et être affecté, il peut capter les différences et les homogénéisations par le biais des rencontres avec le terrain à travers l’altérité.
C’est exactement le soutien de ce plan de forces et de l’altérité qui fait en sorte que le chercheur produise de la connaissance. Soutenir ces plans revient à élucider, dans les circonstances singulières et provisoires de chaque recherche, les compositions et leurs fonctionnements qui peuvent agir en faveur de la reproduction, de l’anti-production et/ou opérer en faveur d’agencements productifs, qui entraînent l’invention de nouveaux états. C’est la détection de cette complexité qui permet au chercheur de désarticuler les pratiques, les discours institués et les rapports affaiblissant la potentialisation qui empêchent la production. C’est entre la stabilisation et la chaotisation que s’exerce la pensée, que les réalités sont produites, que la transversalité s’engendre et met en cause les modèles, toujours classiques et classificatoires, qui supposent obéissance et reproduction. De cette manière, la cartographie est toujours une recherche-intervention, car il est impossible, dans la rencontre avec l’objet d’étude, qu’il n’y ait pas de zones d’interférences et d’indéterminations, qui peuvent – ou pas – mener à des déstabilisations. Produire de la connaissance c’est déstabiliser, ce qui revient à intervenir. Dans ce sens, faire de la recherche équivaut toujours à transformer, à inventer.
3. Considérations finales
Il faut souligner que sur les deux versants que je présente dans cet article, l’analyse de l’implication est un dispositif de production de connaissance et de transformation. Pour l’Analyse Institutionnelle, selon Lourau (2004a), l’analyse de l’implication instaure une dimension de traversements et de transformations dans les formes subjectives et objectives, avec la certitude que « (...) l’observateur est déjà impliqué dans le champ d’observation, que son intervention modifie l’objet d’étude, le transforme » (Lourau, 2004b, p. 82). Ainsi, l’important pour le chercheur est ce qui lui est donné à percevoir/intervenir pour ses rapports sociaux et collectifs, dans le réseau institutionnel. En contrepartie, pour la Schizoanalyse, l’analyse de l’implication essaye de capter la dessubjectivation, l’extériorité des forces qui agissent dans la réalité, en mettant l’accent sur les connexions, les agencements comme compositions révolutionnaires, pour mettre en analyse, au plan micropolitique, les effets des pratiques dans le quotidien institutionnel. Dans ce sens, « (...) l’intervention est une action d’intervenir ou de produire de l’interférence, et le cartographe y joue le rôle d’un intercesseur » (Kastrup, 2008, p. 747). Une fois que le chercheur ne peut s’insérer qu’à partir de son implication, qui remet aussi à sa capacité de dessubjectiver, de se lier à l’altérité, il rend aussi possible que quelque chose se passe « entre », en catalysant des agencements.
Ces distinctions épistémologiques sont encore nécessaires, d’une certaine manière, car je remarque que les chercheurs qui travaillent avec la recherche-intervention et agissent dans le quotidien des institutions soutiennent une production de connaissance souvent conflictuelle et angoissante. Dans mon expérience comme chercheuse/guide de cette modalité de recherche et dans les échanges d’expériences avec d’autres chercheurs, je peux affirmer que les enjeux quotidiens sont nombreux. Parmi eux, je peux témoigner de l’existence de conflits qui mènent, sur le terrain, à des reproductions, à des empêchements qui maintes fois surgissent de la communauté faisant l’objet de la recherche et qui rendent impossible l’accomplissement de la programmation prévue pour la recherche. Dans ce cadre, le surgissement d’analyseurs n’entraîne pas la construction d’alternatives instituantes, mais plutôt une anti-production, ainsi que la difficulté de convoquer et de maintenir des interventions qui soutiennent le collectif. Pour faire face à ces difficultés, il nous faut parfois une plus grande rigueur et précision théorique et méthodologique, aussi bien face à la communauté scientifique que face à la communauté étudiée. Nous rencontrons souvent, dans l’institution scientifique, des critiques sur la scientificité ou la naïveté de ces études. Et en même temps, il y a toujours le risque d’un certain relativisme, car il n’est pas facile de rompre avec les recherches instituées et dominantes, qui nous assurent de la sécurité et des certitudes, en s’écartant de la complexité. Dans ce contexte, des études autour de cette modalité de recherche sont, à mon avis, indispensables, car elles travaillent avec des formes de productions scientifiques distinctes : d’un côté, tout un apparat de réduction et de sécurité, étayé sur le paradigme moderne ; de l’autre côté, le maintien de la complexité et des obstacles, soutenu par les paradigmes les plus émergents de la science, comme l’examine Santos (1987/2002).
Cependant, quoique je me sois centrée sur la démarcation des différences de l’approche de l’implication, il faut souligner que, dans le quotidien du processus de recherche lui-même, les frontières entre ces différentes formes de recherche-intervention ne sont parfois pas très précises, et souvent elles se superposent. Certaines postures, et non seulement le concept d’implication, ont des résonnances, même si, épistémologiquement, les références philosophiques et théoriques sont distinctes. À mon avis, ces résonnances ont lieu, notamment, sur les points suivants : sur la prémisse selon laquelle la réalité n’est pas donnée, mais construite à travers nos pratiques ; dans l’usage de l’intervention pour rendre possible la transformation/invention ; dans la mise en évidence dans les rapports entre le chercheur et le terrain ; dans la poursuite du dévoilement des rapports de pouvoir et d’assujettissement, entre autres. Dans ce contexte, nous pouvons nous demander si le concept d’implication lui-même ne serait par un intercesseur qui associe les dimensions du « dehors » de chaque théorie, en formant un hybridisme qui suggère la non-séparation entre les courants institutionnalistes examinés dans cet article. La notion d’intercesseur investit sur l’hybride comme espace de création et d’invention, selon Deleuze (1992). Il s’agit d’un hybride créé de manière active par les chercheurs brésiliens, à partir des rencontres avec leurs domaines de recherche, avec leurs auteurs de référence, en ensemble avec les populations étudiées.
En analysant les traversements du mouvement institutionnaliste français, surtout de l’Analyse Institutionnelle de René Lourau et des pratiques groupales au Brésil, Rodrigues et Benevides de Barros (2003) soutiennent la puissance affirmative de l’hétérogenèse, de laquelle ce courant a fait partie, ainsi que le groupalisme argentin, en association à la singularité brésilienne. Cette hétérogenèse a favorisé la création de stratégies originales, d’agencements qui ont eu pour effet la dénaturalisation des institutions mises en analyse, en constituant le versant d’intervention et d’analyse groupaliste-institutionnaliste, dispositif singulier au Brésil. Dans ce sens, en réaffirmant l’impossibilité de maintenir les dichotomies théorie-pratique, sujet-objet, chercheur-champ de recherche, le concept d’implication réalise également une hétérogenèse, comme celle relevée par les auteurs. Cette hétérogenèse instaure une déstabilisation des versants institutionnalistes, dont les effets essayent de récupérer le collectif et la singularité des réseaux de rapports construits. Ce mouvement peut être à partir des contradictions entre institué et instituant, ou à partir des agencements et de la transversalité qui peut en surgir. Nous y voyons encore une forme particulière de travail sur la recherche-intervention, en associant, de manière productive et inventive, des lectures distinctes, tout en dévoilant les différences que le quotidien s’obstine à associer, au-delà des divisions disciplinaires de l’Université.
Des problématisations et des études à propos de la recherche-intervention qui insistent sur la coexistence de la production de connaissance et de l’intervention, en approchant un peu trop le champ théorique du champ pratique, renvoient à des questions proprement scientifiques, dans le sens où la science doit produire de la connaissance pour la transformation de la réalité. Les impasses qui en découlent nous mènent à ne pas insister sur le maintien des ruptures et des réductionnismes, généralement dans l’objectif de rétroalimenter ce circuit. Cette indissociabilité contribue à la formation de professionnels attentifs aux demandes de notre temps, à la réalité sociale et ses tensions, ainsi qu’aux effets éthico-politiques de leurs insertions. Persévérer sur l’hétérogénéité du concept et sur la façon dont celui-ci se dessine, non seulement dans la théorie, mais surtout dans nos pratiques et nos recherches, revient à témoigner de la vie qui devient de plus en plus précarisée dans l’espace académique et à insister sur un positionnement politique du chercheur en tant qu’agent social. Dans les universités, et surtout dans les programmes de doctorat, nous observons que ceux-ci ont une tendance à suivre une logique productiviste et quantitative, sans évaluer les effets politico-sociaux de cette production de connaissance, au détriment même d’une discussion politique plus vaste, comme nous le dit Castro (2010).
Dans ce contexte, j’espère avoir contribué, dans cette brève étude, « (...) à la solution de certaines impasses politico-épistémologiques auxquelles font face les ‘institutionnalistes’ brésiliens » (Rodrigues, 1999, p. 171). Ces impasses, même ayant été relevées par Heliana Conde Rodrigues, à la fin des années 1990, ne sont en aucun cas anachroniques, au contraire, elles signalent la nécessité de faire une production de connaissance de manière procédurale et singulière, soutenant la complexité, dessinant les forces présentes, analysant les effets des rencontres.
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