N°42 / Langues et politique en Afrique - Janvier 2023

Représentations sociales et rapports au parler Nouchi chez les populations à Abidjan

François-Joseph Azoh, Kouakou Daniel Yao

Résumé

La littérature scientifique atteste que les représentations sociales des populations sur leurs langues influencent leurs pratiques langagières. L’objectif du travail est d’analyser les représentations sociales que les populations associent au nouchi et qui organisent leurs différents rapports face à ce sociolecte. La méthodologie intègre un guide d’entretien semi-structuré, 2 questionnaires d’évocations hiérarchisées liées au nouchi et à ses finalités, 1 échelle d’émotion liée à l’usage du nouchi, 1 échelle de réaction physiologique et de disposition à l’action liée au nouchi et 1 échelle d’esthétique liée au nouchi. Après la projection d’un extrait filmique où les acteurs s’exprimaient en nouchi, les participants au nombre de 245 obtenus par choix raisonné à l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan, ont fourni des éléments de réponses. Au final, les logiques sociocognitives qui expliquent l’usage ou non du nouchi sont adossées à la fonction performative de ce sociolecte et à des limitations spécifiques aux locuteurs.

Mots-clés

Plan de l'article

Télécharger l'article

REPRESENTATIONS SOCIALES ET RAPPORTS AU PARLER NOUCHI CHEZ LES POPULATIONS A ABIDJAN

AZOH François-Joseph est Enseignant-Chercheur à l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan et Directeur du Groupe d’Etudes et de Recherches sur les Représentations Sociales. Il est Professeur Titulaire en charge des cours de psychosociologie de l’éducation à l’ENS et chargé de cours au Département de Psychologie de l’Université de Felix Houphouët Boigny et au Centre Ivoirien d’Études et de Recherche en Psychologie Appliquée. Il est membre fondateur de l’Association Ivoirienne de Recherche en Éducation (A.I.R.E). Il exerce des activités dans le champ de la Psychothérapie. Ses centres d’intérêts sont les représentations sociales, le contrôle interne des performances sociales et scolaires, l’éducation inclusive et les comportements de violence dans l’espace éducatif.

YAO Kouakou Daniel est Enseignant-Chercheur à l’Université Jean L. Guédé_ Daloa au sein de l’UFR Sciences Sociales et Humaines. Ancien de l’ENS (Conseiller d’orientation), Il est criminologue, Maitre-assistant et membre du Groupe d’Etudes et de Recherches sur les Représentations Sociales (GERS-Abidjan), du Laboratoire d’Etudes et de Prévention en Psychoéducation (LEPPE) ou encore de A.I.R.E. Ses travaux de recherche portent sur les représentations sociales, les violences urbaines, les addictions toxicomaniaques, les marginalités et déviances juvéniles ou encoure le système éducatif.

INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire, à l’image des anciens territoires français, a érigé la langue du colonisateur au rang de langue officielle à son accession à l’indépendance. Il s’agissait de susciter selon les dirigeants, dans un contexte plurilinguiste, un État fort pour arraisonner les polémiques, conflits interethniques et velléités de sécession à l’instar de celle de la région du Sanwi mitoyenne du Ghana anglophone dans le Sud-est du pays (Boni, 1982 ; N’Guessan, 2008 ; Leclerc, 2002). La langue française, ainsi investie du statut d’élément cohésif, ayant prééminence sur les langues locales, devait favoriser le fonctionnement de l’Administration et l’acquisition des outils de développement par l’instruction à l’école française (N’Guessan, 2005 ; Wald, 1994).

Pourtant, l’enracinement dans le tissu linguistique ivoirien du français n’a pu étouffer l’émergence d’autres langues dites urbaines comme le Fpi[1] et le nouchi. Si le Fpi constitue une rupture d’avec les règles grammaticales et syntaxiques du français, propres aux personnes illettrées (Mel et N’Guessan, 1990), le nouchi quant à lui semble bénéficier d’un statut ambigu qui fait polémique. Il est considéré tantôt comme un sociolecte ou un moyen pour une classe sociale de s’affirmer et de revendiquer son identité (Calvet, 1997 ; Grah, 2015 ; Kouamé, 2013 ; N’Cho-Atsé, 2014) ; son expansion à toutes les couches de la société et son ancrage dans les milieux, jusqu’ici sanctuarisés par le français standard, notamment l’Administration, l’Ecole et le champ politique le consacre dans son statut privilégié (Boutin et N’guessan, 2015). Il est perçu tantôt aussi comme un argot marqueur de l’identité de jeunes marginaux, souvent « fâchées avec l’école », voire des délinquants ou Nushi (Aboa, 2011 ; Boutin et Dodo, 2016).

La prégnance du nouchi est adossée au fait qu’il présente un code graphique spécifique qui le rend accessible aux populations par la dérogation aux règles contraignantes de la grammaire française (Ahua, 2007), une créativité lexicale dynamique (Atsé N’Cho, ibid; Dodo, 2015), une réappropriation par les politiques au fin de créer une forme de connivence avec les populations, surtout en période électorale (Aboa, 2009 ; Ahua et Coulibaly, 1986 ; Grah, 2014), et en tant que parler trans-ethnique qui s’enrichit des apports de diverses langues vernaculaires locales (N’Guessan, ibid ; Lafage, 1998).

L’agencement de tous ces éléments nous fonde à constater l’existence néanmoins d’un paradoxe car le nouchi peine à acquérir un statut officiel alors que ce parler véhiculaire tient une place centrale en Côte d’Ivoire :

« (…) Certains idiomes comme le “nouchi”, ne sont même pas reconnus comme langue nationale. Or sur le plan fonctionnel, selon un certain nombre de statistiques et de faits concrets observables sur le terrain, le nouchi est la langue la plus parlée et la plus utilisée en Côte d’Ivoire. Il occupe la position de langue hypercentrale par rapport à la langue française et aux autres langues locales. » (Grah, ibid. :17).

Les prises de positions différentes, voire antagonistes face au nouchi questionnent dès lors un réseau d’opinions, de croyances, d’attitudes et de pratiques inhérentes aux représentions sociales. Les représentations sociales sont définies entre autres comme « une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée ayant une visée pratique, concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1989, p.36). Elles assurent une fonction d’orientation des comportements et des pratiques car elles correspondent à :

« une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s’y adapter, de s’y définir une place » (Abric, 1994 :13).

Le lien entre représentations sociales et langage par ailleurs est établi par plusieurs travaux (Lafage, 1980 ; Py, 2004 ; Varoqueaux, 1995 ; Yao et Djè bi Kahou, 2019). La relation entre le sujet et l'objet social, en l’occurrence, le nouchi, est socialement médiatisée et des processus de communication interindividuels et intergroupes s’élaborent chez les populations abidjanaises de façon permanente. Une représentation sociale étant collectivement produite grâce à un processus de communication collective, nous pouvons à la suite de Moliner et al., (2002), postuler que ces communications collectives se font grâce au langage (nouchi) et sont médiatisées par le langage (nouchi) qui les inscrits dans une culture spécifique au groupe, avec ses codes verbaux et non-verbaux, ses normes, ses références et ses valeurs.

Dans l’approche structurale, les représentations sociales possèdent une structure ayant un noyau central et un système périphérique. Le noyau central donne à la représentation, sa signification et organise les relations entre ses éléments (Moliner, Rateau et Cohen-Scali, 2002).

Sur cette base, mobiliser la théorie des représentations sociales constitue une démarche pertinente pour analyser les rapports au parler nouchi chez les populations à Abidjan.

L’objectif de notre travail est d’analyser ainsi, les représentations sociales que les populations associent au nouchi et qui organisent leurs différents rapports face à ce parler spécifique.

Cet objectif se décline en des objectifs spécifiques notamment :

ü Identifier le contenu et l’organisation des représentations sociales associées au nouchi par les sous-groupes enquêtés ;

ü Distinguer les émotions, réactions physiologiques et les dispositions à l’action suscitées par la pratique du nouchi chez les sous-groupes enquêtés ;

ü Examiner les finalités associées au nouchi par les sous-groupes enquêtés.

1. METHODOLOGIE DE L’ETUDE

Notre étude est inscrite dans une approche mixte qui exploite aussi bien la technique de l’entretien que celle du sondage (questionnaires et échelles).

1.1. Procédure

1.1.1. Matériel

Nous avons utilisé comme matériel un DVD, un vidéoprojecteur et des haut-parleurs pour la projection dans les salles de travaux dirigés (TD) d’un extrait filmique qui présentait une mise en scène où les acteurs s’expriment en nouchi. Nous avons retenu également un guide d’entretien semi-structuré explorant les logiques sociocognitives qui organisent les représentations sociales du nouchi chez les enquêtés. Cet outil reprend en partie les grands axes d’échange identifiés au niveau des questionnaires et des diverses échelles.

1.1.2. Echantillon

Le recrutement des participants a été fait par les 2 enquêteurs principaux aidés en cela d’enquêteurs juniors. Cette phase de l’étude s’est déroulée au sein de l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan (ENS). Les caractéristiques qui ont guidé la sélection des participants sont celles de la filière de formation, du niveau d’étude et l’âge en lien avec la technique du choix raisonné (Guéguen, 2005). Il s’agissait d’intégrer ces variables dans le panel afin de tendre vers une représentativité catégorielle de la population d’étude. Les filières concernées sont Allemand, Espagnol, Géographie, Lettres Modernes, Mathématiques, Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) et Sciences de l’Education. Nous avons pu obtenir ainsi, 224 enquêtés dont l’âge varie entre 23 et 56 ans pour une moyenne de 39,11 ans et un écart type de 7,19 pour les questionnaires. Pour le guide d’entretien, nous comptons 21 interviewés parmi les élèves de l’ENS ; ce qui donne un total de 245 participants.

Passation

L’extrait filmique sélectionné selon certains critères (peu de bruits indésirables, images nettes, discours audibles, absence de sous-titrage en français, etc.), et projeté dans une salle appropriée, a une durée de 02 minutes 28 secondes et s’intitule : « explication entre nouchi ».

Il est disponible sur la plateforme YouTube à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=CzNSwVAICXk

Après la projection du film, un outil conçu comme une batterie de tests est administré aux participants à l’étude et il intègre :

ü 2 questionnaires d’évocations hiérarchisées liées au nouchi et à ses finalités ;

ü 1 échelle d’émotion liée à l’usage du nouchi ;

ü 1 échelle de réaction physiologique et de disposition à l’action liée au nouchi ;

ü 1 échelle d’esthétique liée au nouchi.

La durée moyenne de chaque séance est de 45 minutes pendant les 4 focus-group hétérogènes.

1.2. Traitement

Les données obtenues sont traitées selon deux grandes approches : une analyse de contenu de type lexico-sémantique (Dany, 2016), sur les productions langagières issues du guide d’entretien semi-structuré et une analyse statistique sur les réponses aux échelles ou questions fermées. Les discours sont retranscrits en format Word puis soumis au processus de délimitation, de codage, de formatage selon l’extension texte brut (*txt.), de structuration et de balisage selon les inputs du logiciel Iramuteq (Pélissier, 2016). Des algorithmes spécifiques aux analyses lexicométrique et représentationnelle sont alors mobilisés (Leblanc, 2017). La classification descendante hiérarchique (CDH) a permis ainsi d’identifier des classes statistiquement indépendantes de mots (de formes) par rapport au corpus nouchi. Ces classes interprétées grâce à leurs profils (dendrogrammes) contribuent à discriminer les formes spécifiques corrélées entre elles et qui donnent sens aux discours des enquêtés (Ratinaud et Déjean, 2009 ; Salone, 2014). L'analyse factorielle des correspondances (AFC) a contribué à l’étude l'association entre des variables qualitatives (sexe, niveau d’étude, émotion, réaction physiologique, etc.) et type de cognitions activées au sein des discours produits. L’analyse prototypique sur les données du questionnaire d’évocations hiérarchisées a permis d’extraire le contenu et l’organisation des items représentationnels associés par les populations à la pratique du nouchi. Ces différentes opérations ont été effectuées grâce aux logiciels Evoc, Sphinx Plus2 et Iramuteq (Ratinaud et Déjean, ibid.).

2. RESULTATS DE L’ETUDE

2.1. Identification des représentations sociales du nouchi par les enquêtés

Il s’agit ici de savoir les raisons pour lesquelles, certains sous-groupes de populations utilisent le nouchi. La lecture s’opère à travers le quadrant en haut et à gauche (case grisée) qui comprend les mots à la fois très fréquents et cités dans les premiers rangs (présumés centraux dans la représentation). Le quadrant en haut et à droite et celui en bas et à gauche comprennent les mots pour lequel, il y a une contradiction entre le critère du rang et de la fréquence. Le dernier quadrant en bas et à droite comprend enfin, les mots les plus « périphériques ».

Tableau 1 : répartition des évocations en fonction du rang et de la fréquence pour l’ensemble de la population sur les raisons d’usage du nouchi

Fréquence >= 26 et Rang Moyen <2,5

Fréquence >= 26 et Rang Moyen >2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Analphabétisme

 

Communiquer

 

Non-maîtrise- langue-

française

39

 

69

 

29

1,897

 

2,087

 

2,448

Difficultés- exprimer-

correctement

Effet-mode

Accessible

Moyen-expression

 

26

 

52

62

35

 

2,962

 

2,635

2,790

2,743

Fréquence <= 26 et Rang Moyen <2,5

Fréquence <= 26 et Rang Moyen >2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Accessible-tous

Coder-communication

Coder- conversation

11

 

20

 

10

2,455

 

2,200

 

2,300

Affirmer- appartenance-

groupe

Langage propre-

ivoiriens

 

12

 

 

11

 

2,833

 

 

2,909

Nombre total de mots différents: 383. Nombre total de mots cités: 1176. La Fréquence minimale des mots est 5.

Pour l’ensemble des répondants, les logiques sociocognitives qui expliquent l’usage du nouchi renvoient d’une part, à la fonction performative de la langue « Communiquer » et d’autre part, à des limitations spécifiques aux locuteurs « Analphabétisme & Non-maîtrise langue française ». Ces 2 grands nœuds logiques identifiés sont prégnants également à la 1ère périphérie avec « difficulté-exprimer-correctement » et un « effet-mode » inhérent surtout au fait que ce sont les jeunes de la rue dans l’imaginaire collectif qui manipulent le nouchi.

Dans la zone des éléments contrastés enfin, nous notons que le nouchi posséderait la capacité de préserver le secret de la communication avec le verbe « coder ». Après cette analyse globale du corpus sur l’ensemble des participants, il convient d’opérer des analyses comparées afin de statuer sur l’influence ou non de certaines variables sur les prises de position par rapport au nouchi.

Tableau 2 : répartition des évocations en fonction du rang et de la fréquence selon les groupes d’âge sur les raisons d’usage du nouchi

Groupe de répondants âgés de 23-39 ans

Groupe de répondants âgés de 40-56 ans

Fréquence >= 17 et Rang Moyen <2,4

Fréquence >= 26 et Rang Moyen <2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Analphabétisme

Coder-conversation

Communiquer

12

13

23

2,083

2,077

2,304

Communiquer

Se-faire-comprendre

20

25

2,000

1,840

 

 

La variable « âge » permet de discriminer une représentation plus complexe chez les moins âgés [23 ans-39 ans] comparativement aux plus âgés des répondants [40 ans-56 ans]. Les raisons d’utiliser le nouchi selon les premiers sont adossées à la fonction performative de la langue « Communiquer », au besoin de maintenir l’intimité du message transmis « Coder-conversation » et à des limitations spécifiques aux locuteurs « Analphabétisme ». Cette représentation est de type fonctionnel (inscription de l’objet nouchi dans des pratiques sociale et/ou opératoires) et normatif (nouchi est lié à l’histoire collective de la vie urbaine à Abidjan avec un système de valeurs et de normes inhérent au groupe social). Chez les seconds conjointement, le recours au nouchi s’explique essentiellement par son aspect performatif « Communiquer & Se-faire-comprendre ». Il s’agit ici de la dimension fonctionnelle de l’objet social sous étude.

Au demeurant, la variable âge dichotomisée ici apparait comme un élément différenciateur des prises de positions des participants par rapport aux raisons d’utiliser le nouchi à Abidjan.

Tableau 3 : répartition des évocations en fonction du rang et de la fréquence selon les niveaux d’étude sur les raisons d’usage du nouchi

 

Groupe de répondants Licences (1-2-3)

Groupe de répondants Masters (M1-M2)

Fréquence >= 10 et Rang Moyen <2,5

Fréquence >= 10 et Rang Moyen <2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Communiquer

Se-faire-comprendre

12

 

11

1,571

 

1,909

Communication

Complexité- français

Etre-tendance

11

10

12

2,273

2,100

2,333

 

Le « niveau d’études » opère à l’image de la variable « âge » sur les modulations observées sur les représentations sociales du nouchi chez les répondants. Ainsi, selon les apprenants du 1er cycle (L1, 2 & 3), les raisons d’utiliser le nouchi sont d’ordre performatif « Communiquer & Se-faire-comprendre ». Ils s’inscrivent dans une visée fonctionnelle de l’objet nouchi.

Pour les seconds (M1 & 2), la représentation est plus fine car elle convoque aussi pour expliquer le maniement du nouchi chez certains groupes, un élément performatif « Communication », des caractéristiques perçues de la langue de la colonisation « Complexité-français » et à des besoins spécifiques aux locuteurs « Être-tendance ». Cette représentation questionne les dimensions fonctionnelle et normative du nouchi.

Tableau 4 : répartition des évocations en fonction du rang et de la fréquence selon les types de filières de formation sur les raisons d’usage du nouchi

Groupe de répondants des filières SHS

et LLC

Groupe de répondants des Sciences dites « dures »

Fréquence >= 10 et Rang Moyen <2,5

Fréquence >= 10 et Rang Moyen <2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Analphabétisme

Complexité-français

Se-faire-comprendre

10

15

28

1,700

2,400

2,036

Analphabétisme

Se-faire-comprendre

13

37

2,154

1,973

 

 

Pour les apprenants des filières SHS-LLC, les logiques sociocognitives qui légitiment l’usage du nouchi sont d’ordre performatif « Se-faire-comprendre », intrinsèque à la langue française « Complexité-français » et à des besoins spécifiques aux locuteurs « Analphabétisme ». Cette représentation est en lien avec les dimensions fonctionnelle et normative du nouchi. Les répondants inscrits dans les filières des sciences dites « dures », estiment pour leur part que le fait de recourir au nouchi consacre un besoin de « Se-faire-comprendre » chez des individus non-instruits « Analphabétisme ». Ils adoptent ainsi une visée fonctionnelle de l’objet nouchi.

Qu’en est-il des usagers du nouchi selon les participants de la présente étude ?

Tableau 5 : répartition des évocations en fonction du rang et de la fréquence pour l’ensemble des enquêtés sur les catégories de personnes qui utilisent le nouchi

 

Fréquence >= 16 et Rang Moyen <2,5

Fréquence >= 16 et Rang Moyen >2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Apprentis-Gbaka[2]

Délinquants

Enfants-rue

106

 

121

167

1,925

 

2,381

2,024

Artistes-

coupé-décalé [3]

Chauffeur-Gbaka

Commerçants-

ambulants-black

Personnes-fumoirs

26

 

52

107

25

3,538

 

2,808

2,869

2,960

Fréquence <= 16 et Rang Moyen <2,5

Fréquence <= 16 et Rang Moyen >2,5

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Mots

Fréquence

Rang Moyen

Analphabètes

Loubards

Malfaiteurs

12

12

13

2,417

2,167

2,462

Adolescents

Braqueurs

Gnambros [4]

12

13

13

2,583

3,000

2,692

Nombre total de mots différents : 167. Nombre total de mots cités : 1055. La Fréquence minimale des mots est 5.

Pour l’ensemble des participants, les usagers du nouchi sont les acteurs des activités marginales et du secteur économique informel à Abidjan : « Apprentis-gbaka, Délinquants & Enfants-rue ». Cette construction à valence négative se proroge à la 1ère périphérie avec d’autres acteurs non moins dépréciés à l’instar « Artistes-coupé-décalé, Chauffeur-gbaka ».

Ainsi le nouchi tend à être associé de manière prégnante à l’identité des individus œuvrant à la périphérie de la société conventionnelle, aux frontières de la loi pénale « Commerçants-ambulants-black & Personnes-fumoirs » comme l’atteste la zone des éléments contrastés « loubards & malfaiteurs ».

Qu’en est-il des émotions, réactions physiologiques et dispositions à l’action associées à l’usage du nouchi selon les participants de la présente étude ?

2.2. Distinguer les émotions, réactions physiologiques et dispositions à l’action suscitées par le nouchi

Les participants sont conviés à prendre position par le bais des échelles appropriées, sur les émotions, réactions physiologiques et dispositions à l’action lorsque le nouchi est pratiqué dans leur environnement.

Figure 1 : radar lié aux sentiments éprouvés par les participants face à l’usage du nouchi dans leur environnement immédiat

La figure 1 indique que les participants ressentent significativement (différence avec la répartition de référence est très significative, Chi2 = 432,04, ddl = 17, 1-p = >99,99% avec un intervalle de confiance à 95%), de manière décroissante, de « l’amusement- du sérieux- de la colère- de l’attention- de la tristesse et de la peur ».

Cette série de réactions traduit deux grands pôles : « Ludique » et « Dégoût ». Ces éléments de réponses sont en résonnance avec ceux identifiés au niveau de l’analyse prototypique.

Figure 2 : AFC conduite sur « fréquence d’utilisation du nouchi », « réaction physiologique face à l’usage du nouchi » et « compréhension des dialogues de l’extrait filmique » chez les enquêtés

 

 

La lecture de l’AFC (figure 2), indique la coexistence de 3 blocs distincts liant « fréquence d’utilisation du nouchi » et « réaction physiologique face à l’usage du nouchi » chez les enquêtés. Nous obtenons ainsi :

ü Bloc ovale

Les répondants qui affirment utiliser le nouchi « Souvent & Très souvent » associent à ce parler urbain, les caractéristiques esthétiques « Harmonie + Modernisme ».

Ils représentent également ceux qui soutiennent avoir compris tous les discours échangés par les acteurs dans l’extrait filmique.

 

ü Bloc losange

Les répondants qui affirment utiliser le nouchi « Rarement » associent à ce parler urbain, les caractéristiques esthétiques « Originalité + Beauté + Inspiration ».

Ils représentent aussi ceux qui postulent avoir compris l’essentiel des discours échangés par les acteurs dans l’extrait filmique.

ü Bloc carré

Les répondants qui affirment « ne jamais » utiliser le nouchi associent à ce parler urbain, les caractéristiques esthétiques « Excentricité + Laideur + Anticonformisme ».

Ils représentent également ceux qui soutiennent n’avoir pas compris les discours échangés par les acteurs dans l’extrait filmique.

Ces distributions statistiques rendues par l’AFC et qui conjuguent les variables, « fréquence d’utilisation du nouchi », « réaction physiologique face à l’usage du nouchi » & « compréhension des dialogues de l’extrait filmique » chez les enquêtés, traduisent une forme de distance à l’objet.

Plus les participants présentent une forte fréquence en termes d’utilisation du nouchi, plus ils lui associent en effet, des qualificatifs valorisants sur l’échelle d’esthétique mobilisée dans le travail. Par ailleurs, ce sont ces mêmes répondants qui affirment avoir compris tous les mots utilisés dans l’extrait filmique par les acteurs inversement aux autres.

En somme, les prises de positions face à l’usage du nouchi chez les participants de la présente étude induisent des émotions, réactions physiologiques et dispositions à l’action qui sont en cohérence avec leurs systèmes représentationnels respectifs.

2.3. Examiner les finalités associées au nouchi par les sous-groupes enquêtés

L’ultime partie des résultats est destinée à l’analyse des finalités associées au parler urbain nouchi par les participants. Cette démarche s’appuie sur le traitement des entretiens semi-directifs conduits dans le cadre des focus-group.

Les résultats sont traduits via le dendrogramme et l’AFC conduit sur le tableau lexical agrégé (TLA) des productions langagières obtenues.

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 3 : dendrogramme relatif au « nouchi » suite à la classification selon la méthode de Reinert sur l’ensemble du TLA

Figure 4 : AFC conduite sur le TLA associé au « nouchi » par les enquêtés

 

ü Fonction performative et de communication du nouchi

Les finalités associées au parler nouchi par les participants à notre étude traduites par les figures N°3 et 4 qui exposent les productions langagières. Le dendrogramme obtenu après 3 partitions successives du texte indiquent 5 classes lexicales où le nouchi est instrumenté pour « par les gens du milieu, de la rue mais aussi par es universitaires (classe 2_24,7%) pour comprendre, faciliter la communication chez les apprentis-gbaka (classe 1_19%).

ü Fonction de préservation de l’identité de groupe du nouchi

Le nouchi se présente selon les participants comme un marqueur identitaire car il est spécifique « à la Côte d’Ivoire ; il est l’identité du pays par opposition à la langue officielle qu’est le français légué par la France (classe 5_15,50%) de la figure 3 et. Il est semblable au verlan et il est le bienvenu avec son fonctionnement simple et accessible qui peut le disposer à l’enseignement (figure 4_ quadrant en bas à gauche) ».

 

ü Aspect fonctionnel spécifique au monde des acteurs du secteur informel du nouchi

En plus de servir à communiquer, « le nouchi sert aussi aux acteurs du secteur économique informel à se distinguer des autres groupes sociaux. Ce parler urbain permettrait également à coder le sens des messages et à se construire une forme d’originalité afin d’être à la mode chez les jeunes » (figure 3, classe 4_20,1% et figure 4, quadrant supérieur gauche et droit).

Son expansion au sein de toutes les couches sociales pose néanmoins, « des questions liées à sa formalisation, la stabilisation d’un dictionnaire associé et à l’image de désordre qui semble l’accompagner au sein de l’imaginaire collectif » (figure 3, classe 4_20,1%).

ü Nouchi comme élément de mise en danger de la langue française en Côte d’Ivoire

Le nouchi est utilisé selon certains répondants pour mettre en péril, la langue française en Côte d’Ivoire « avenir-danger-langue-français » (figure 3, classe 3_23,7%). Cette mise en danger du legs colonial « tuer », au plan linguistique, pourrait contribuer a contrario pour d’autres, à l’avènement d’une « culture ivoirienne » et cette « promotion » est portée par la « jeunesse ».

3. DISCUSSION DES RESULTATS

La présente étude portait sur les rapports des populations au parler urbain nouchi à Abidjan. Elle a pris appui sur la théorie des représentations sociales pour faire saillir les logiques sociocognitives qui légitiment ou pas, l’usage de ce sociolecte chez les sous-groupes de la population. Elle avait pour objectif d’analyser les représentations sociales que les populations associent au nouchi et qui organisent leurs différents rapports face à ce parler spécifique.

La discussion est conduite ainsi en fonction des 3 objectifs spécifiques retenus dans le travail.

ü Identifier le contenu et l’organisation des représentations sociales associées au nouchi par les sous-groupes enquêtés

Les participants, les logiques sociocognitives qui expliquent l’usage du nouchi sont adossées aussi bien à la fonction performative de la langue « Communiquer » qu’à des limitations spécifiques aux locuteurs « Analphabétisme & Non-maîtrise langue française ». Sur ce point, l’étude s’inscrit dans les acquis d’autres travaux qui caractérisent le nouchi comme le sociolecte le plus utilisé de manière privilégié par les populations ayant un faible niveau d’instruction (Lafage, ibid. ; N’Guessan, ibid.).

Cette prise de positions sur les raisons d’utiliser le nouchi est affectée par des paramètres tels que l’âge, le niveau d’instruction et la filière de formation du répondant. Ces éléments permettent de discriminer et de moduler les représentations identifiées qui sont plus complexes chez uns [23 ans-39 ans], Master 1 & 2, et « Sciences dures » comparativement aux plus âgés des répondants [40 ans-56 ans], L1, 2 & 3 et « SHS-LLC ». La fonction performative de la langue « Communiquer », au besoin de maintenir l’intimité du message transmis « Coder-conversation » et l’illettrisme « Analphabétisme » demeurent des aspects saillants des logiques identifiées chez les sous-groupes de répondants (N’Cho Atsé, ibid.). Cette représentation est en lien avec les dimensions fonctionnelle (inscription de l’objet nouchi dans des pratiques sociale et/ou opératoires) et normative (le nouchi est lié à l’histoire collective de la vie urbaine à Abidjan avec un système de valeurs et de normes inhérent au groupe social) (Abric, 1994, p.46 ; N’Guessan, ibid. ; Py, ibid.).

Pour l’ensemble des participants, les usagers du nouchi sont les acteurs des activités marginales et du secteur économique informel à Abidjan : « Apprentis-gbaka, Délinquants & Enfants-rue ». Cette construction à valence négative se proroge à la 1ère périphérie avec d’autres acteurs non moins dépréciés à l’instar « Artistes-coupé-décalé, Chauffeur-gbaka ».

Au final, les représentations sociales liées aux raisons expliquant l’utilisation du nouchi font saillir des items à valence positive « Communiquer » et négative « Non-maîtrise-langue-française; Analphabétisme » (Grah, ibid. ; Kouamé, 2013). Les représentations des usagers du nouchi consacrent la prégnance d’acteurs construits de manière dépréciative (Apprentis-gbaka, délinquants, Enfants-rue, Personnes-fumoirs-Malfaiteurs- Loubards) (Aboa, ibid.).

ü Distinguer les émotions, réactions physiologiques et dispositions à l’action suscitées par la pratique du nouchi

Les émotions exprimées par les participants sont en correspondance positive avec les types de représentations sociales présentés au niveau de l’analyse prototypique. Ainsi, les items à valence négative du nouchi notamment « Excentricité + Laideur » sont liés à ceux qui ne pratiquent pas ce sociolecte. Les items à valence positive au contraire sont associés à « Harmonie + Modernisme » chez les usagers réguliers du nouchi.

Cette mise en lien des représentations avec les émotions et les sentiments nous renvoient sous réserve de quelques spécificités aux travaux qui postulent que les attitudes constituent le pôle affectif des représentations sociales. Ce modèle participe à l’évaluation et à la validation psychologique d’un objet selon un certain degré de faveur ou de défaveur (Azoh, ibid.). Ainsi pour Hellriegel & al., (1992), les attitudes sont des sentiments relativement durables, des croyances et des tendances comportementales manifestées à l’égard de personnes particulières, de groupes ou d’objets. Dans notre étude les réactions physiologiques les plus prégnantes face au nouchi sont pour l’essentiel marquées par deux grands pôles : « Ludique » et « Dégoût » : « Amusement, Sérieux, Colère, Attention, Tristesse, Peur, Tension ».

La composante affective (sentiments ; humeurs ; émotions éprouvées vis-à-vis d’une personne ; d’une idée, d’un évènement ou d’un objet), est au cœur de la réaction comportementale (l’intention d’agir ou la prédisposition à agir) (Doise, 2003 ; Yao et Kahou, ibid.).

ü Examiner les finalités associées au nouchi par les sous-groupes enquêtés

Les finalités du nouchi mises en exergue dans la présente sont semblables aux fonctions des représentations sociales à savoir : une fonction de savoir (comprendre et expliquer le vécu et la réalité des acteurs en interaction) (Abric, 2003; Yao et Kahou, ibid.). Il s’agit d’une visée fonctionnelle des représentations sociales identifiées.

Le nouchi remplit également une fonction identitaire (Calvet, 1997), car elle contribue selon les participants à se définir une identité et à sauvegarder la spécificité du « groupe » d’utilisateurs notamment les ivoiriens et spécifiquement les jeunes marginaux, voire les délinquants (Ahua et Coulibaly, 1986 ; Boutin et N’guessan, ibid. ; Queffelec, 1992).

Le nouchi est investi d’une fonction d’orientation des conduites puisqu’il est le produit d’un système d'anticipations et d'attentes, et constitue ainsi, une action sur la réalité (Abia-Aboa, 2017 ; Varoqueaux, 1995). Le nouchi justifie ou légitime les pratiques et permet d’anticiper des attentes réciproques dans le champ social (Castellotti et De Robillard, 2001). A ce niveau, l’étude met en relief, la dimension normative du nouchi chez les participants Grah, ibid.).

4. CONCLUSION

Les représentations sociales des populations sur leurs langues influencent leurs pratiques langagières. La présente étude, en investiguant sur les rapports des Abidjanais au sociolecte nouchi met en lumière, les sentiments ambivalents de fierté et de rejet qui coexistent au sein du corps social face à sa propagation. Les craintes de voir, le français classique (construit souvent à tort ou à raison comme un avatar de la colonisation), disparaitre, semblent peser bien peu face à la volonté d’asseoir un langage vernaculaire, trans-ethnique et typiquement ivoirien qui fédère la mosaïque des dialectes nationaux.

Cette ambition qui participerait de la promotion de la culture ivoirienne, avec pour substrat linguistique le nouchi, peut-elle contribuer à instaurer la cohésion sociale entre les populations dans notre contexte plurilingue marqué par des suspicions interethniques suite à la violente crise militaro-politique de 2002 à 2011 ?

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

aboa, Abia Alain, Les avatars du discours politique, Revue de Littérature et d’Esthétique Négro-Africaines, 2009, Abidjan, EDUCI, p. 84-94.

aboa, Abia Alain, Le nouchi a-t-il un avenir ? 2011, Sudlangues, vol. n°16, p. 44-54.

abric, Jean-Claude, Les représentations sociales : aspects théoriques, in Jean-Claude abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations, 1994, Paris, PUF, p.278-292.

abric, Jean-Claude, La recherche du noyau central et de la zone muette des représentations sociales, in Jean-Claude (dir.), Méthodes d’étude des représentations sociales, 2003, Ramonville Saint-Agne, Erès, p.59-80.

ahua, Blaise Mouchi, Élaborer un code graphique pour le nouchi : une initiative précoce ? , 2007, Le Français en Afrique, n°22, p. 183-198.

azoh, François-Joseph, Attitudes et représentations sociales face aux pratiques corruptives ou comment éduquer à la citoyenneté, 2011, Revue Africaine de la Recherche en Education, n°3, p.13-20.

biloa, Edmond, et fonkoua, Paul, Imaginaires linguistiques ou représentations du français et des langues identitaires autochtones au Cameroun, 2010, [consulté le 26 janvier 2021] http://www.unice.fr/ILF-CNRS.

boni, Joachim, La Côte d’Ivoire sous la colonisation française. Genèse d’une nation. 1920-1947, 1982, Paris, Thèse d’Etat, Université Paris 1.

boutin, Akissi Béatrice et dodo, Jean-Claude, L’actualisation du lexique et des expressions du Nouchi comme participation sociale des jeunes à Abidjan, 2016, Cheminements Linguistiques » (Mélanges en hommage à N’Guessan Jérémie Kouadio), Berlin, Éditions Universitaires Européennes, p.514-532.

boutin, Akissi Béatrice et n’guessan, Kouadio Jérémie, Le nouchi c’est notre créole en quelque sorte, qui est parlé par presque toute la Côte d’Ivoire, in Peter. BLUMENTHAL (éd.), Dynamique des français africains : entre le culturel et le linguistique. 2015, Berne, Peter Lang, p.251-271.

calvet, Louis-Jean, Le nouchi, langue identitaire ivoirienne ?, 1997, Diagonales, n°42, p.33.

dany, Lionel, Analyse qualitative du contenu des représentations sociales, in Gregory Lo monaco, Sylvain delouvee Patrick. rateau (Eds.), Les représentations sociales, 2016, Bruxelles, de Boeck, p.80-102.

dodo, Jean-Claude, Le nouchi : étude linguistique et sociolinguistique d’un parler urbain dynamique, 2015, Thèse de doctorat unique, Département des Sciences du Langage, Abidjan, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire. En ligne, Url: http://www.ltml.ci/files/articles10/Jean-BaptisteATSeNCHO.pdf [visité le 24 novembre 2021]

doise, Willem, Attitudes et représentations sociales, in Denise jodelet (Ed.), Les représentations sociales. 2003, Paris, PUF, 7ème édition, p. 240-258.

GRAH, Brice Lopez, Le nouchi : une langue en devenir ? 2014, Mémoire pour le grade de Master, Trondheim, Université des Sciences et Techniques de Norvège, Faculté des langues et littératures.

GRAH, Brice Lopez, Le Nouchi : enjeux d’une officialisation, 2015, Master en linguistique française, Trondheim, NTNU, Université des Sciences et Techniques de Norvège. http://www.diasporasnoires. [visité le 24 novembre 2021]

hellriegel, Don, siocum, John Webley Junior et woodman, Richard Management des organisations, 1992, Bruxelles, De Boeck-Wesmae.

jodelet, Denise, Représentation sociale : phénomènes, concept et théories, in Serge moscovici (Ed.). Psychologie sociale, 1984, Paris, PUF, p. 358-379.

kouame, Koia Jean-Martial, Vers une généralisation du parler jeune de Côte d’Ivoire, 2013, La revue des Lyriades de la Langue française, n°1, p.70-76.

lafage, Suzanne, Petite enquête sur la perception du français populaire ivoirien en milieu estudiantin, 1980, Bulletin du Centre d’études sur le plurilinguisme, p.6-80.

lafage, Suzanne, Hybridation et « français des rues » à Abidjan, Alternances codiques et français parlé en Afrique, 1998, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, p.279-291.

leclerc, Jacques, Côte d’Ivoire - Les religions dans l’aménagement linguistique dans le monde, 2002, TLFQ, Québec, Université Laval [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/cotiv.htm] [visité le 13 juin 2021]

loubere, Lucie et ratinaud, Pierre, Documentation IRaMuTeQ 0.6 alpha 3 version 0.1, 2014, repéré à http://www.iramuteq.org/news) [visité le 17 mars 2018]

mel Gnamba Bertin et N’GUESSAN, Kouadio Jérémie, Variétés lexicales du français en Côte d’Ivoire, in André clas benoit ouoba, (dir.), Visages du français. Variétés lexicales de l’espace francophone, 1990, Edition Jogn Libbey Eurotext – AUPELF, Coll. Actualités scientifiques, p.51-58.

moliner, Pascal, Cinq questions à propos des représentations sociales, 1993, Cahiers internationaux de psychologie sociale, n°20, p.5-14.

moliner Pascal, ratinaud, Pierre et cohen-scali, Valérie, Les représentations sociales, Pratiques et études de terrain, 2002, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

n’cho-atse, Jean Baptiste, Francophonie ivoirienne et créativité lexicale : comment « fabrique-t-on » les mots en nouchi ? , in Rachele raus et Laurentiu bala, (coord.), Sur l’argot au XXIème siècle, 2016, Craiova, Editura Universitaria Craiova, p.93-109.

N’GUESSAN, Kouadio Jérémie, Le Nouchi abidjanais, naissance d’un argot ou mode linguistique passagère ? in Gouaini THIAM, (éds.), Des langues et des villes, 1990, Paris, ACCT/Didier Erudition, p.373-383.

N’GUESSAN, Kouadio Jérémie, La carte des langues en Afrique crée-t-elle des frontières identitaires ? in Hélène velasco-graciet et Christian bouquet, (dir.), Tropisme des frontières. Approche pluridisciplinaire, 2005, tome 1, Paris, L’Harmattan, p.163-177.

N’GUESSAN, Kouadio Jérémie, Le nouchi et les rapports dioula / français, 2006, Le français en Afrique, 21, p.177-191.

N’GUESSAN, Kouadio Jérémie, Le français en Côte d’Ivoire : de l’imposition à l’appropriation décomplexée d’une langue exogène, 2008, Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, p. 40-41.

negura, Lilian, L’analyse de contenu dans l’étude des représentations sociales, 2006, SociologieS, Théories et Recherches, vol. 1 n°1, p.46-62.

pelissier, Daniel, Comment préparer l’analyse de textes de sites Web grâce à la lexicométrie et au logiciel Iramuteq ? 2016, Présence numérique des organisations, https://presnumorg.hypotheses.org/187. [visité le 17 mars 2019]

py, Bernard, Pour une approche linguistique des représentations sociales, 2004, Langages, Représentations métalinguistiques ordinaires et discours, n°154, p.6-19. http:// https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_2004_num_38_154_943 [visité le 12 juin 2020]

queffelec, Ambroise, La langue française en Afrique noire avant les Indépendances : diffusion, pratiques et représentations, 1992, Lyon, Actes du colloque du 13-12-1991, La littérature francophone d’Afrique noire et de Madagascar (jusqu’à 1960), Lyon, CEDIC, p. 34-49.

ratinaud, Pierre et dejean, Sylvain, IRaMuTeQ : implémentation de la méthode Alceste d'analyse de texte dans un logiciel libre, 2009, http://repere.no-ip.org/Members/pratinaud/mes-documents/articles-et-presentations/presentation_mashs20 09.pdf [visité le 17 mars 2018]

salone, Jean-Jacques, Analyse textuelle avec IRaMuTeQ et interprétations référentielles des programmes officiels de mathématiques en quatrième, 2014, Sciences-Croisées, n°13, p.1-13.

soro, solo, Zouglou et nouchi, les deux fleurons pervertis de la culture urbaine, 2003, Africultures, n°56, p.123-124.

varoqueaux, Drevon Isabelle, Sentiments et comportements linguistiques : la représentation de la langue française en tant que langue de scolarisation en Côte-d'Ivoire : résultats provisoires, in Daniel barreteau (Ed.). Traitement et emploi des langues : nouvelles techniques, nouvelles applications, 1995, Cahiers des Sciences Humaines, vol. 31 n°1, p. 83-101.

wald, Paul, L’appropriation du français en Afrique noire : une dynamique discursive, 1994, Langue française, n°104, p.115-124.

yao, Kouakou Daniel et kahou, Albert Djè, Représentations sociales, types de communication et réaction sociale des populations face au phénomène des « enfants microbes » à Abidjan, 2019, Revue des Sciences du Langage et de la Communication (ReSciLaC), Vol. 2, n°8, p.115-134.

 

[1] FPI : français populaire ivoirien

[2] Gbaka : minicar de transport collectif ralliant les différentes communes de la ville d’Abidjan.

[3] coupé-décalé : genre musical populaire urbain caractérisé par « l’exubérance » de ses artistes et utilisation de l’argot nouchi.

[4] Gnambros : individus opérant dans le secteur du transport urbain (taxis intercommunaux et gbaka), et se présentant comme des syndicalistes. Des affrontements violents les opposent régulièrement entre eux-mêmes et aux chauffeurs des véhicules de transport qui se soldent par des pertes en vies humaines du fait des « rackets » qu’ils effectueraient auprès des transporteurs abidjanais.

Continuer la lecture avec l'article suivant du numéro

L’impact de l’usage socio-économique du nouchi dans le développement de la Côte d’Ivoire

Jean-Claude Dodo

Longtemps marginalisé, parce que vu comme un argot de la délinquance et du banditisme, le nouchi se défait progressivement de cette carapace. Ce parler urbain s’est généralisé à toutes les couches sociales au point de devenir incontournable dans le quotidien de l’ivoirien. Subséquemment, les zones de prédilection s’étendent (rue, marché, publicité, politique…). Le nouchi est actuellement indispensable et indissociable aux activités économiques de la Côte d’Ivoire eu égard à son influence grandissante. C’est un outil très puissant de propagande et...

Lire la suite

Du même auteur

Tous les articles

Aucune autre publication à afficher.