N°8 / Violences privées, publiques et sociales Janvier 2006

De la psychologie au politique Zamolxis : une personnalité  charismatique de l’Antiquité au nord du Danube Inférieur

Marius Grec

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Dans la plupart des études qui ont abordé la question complexe de la religion des Géto-Daces, c’est Zamolxis (ou Zamoxis) qui s’en révèle le personnage central, et les auteurs modernes l’en considèrent la divinité suprême de ce peuple. Le sujet reste pourtant d’un abord difficile, à défaut de sources écrites ou suffisamment claires. C’est d’ailleurs la raison qui a déclanché la dispute concernant le caractère de la religion géto-dace (polythéiste, dualiste, hénothéiste à valences de monothéisme) et le principal personnage de celle-ci: Zamolxis.

Nous rappelons quelques-uns des  ouvrages de synthèse des plus importants, traitant de la religion géto-dace: I. I. Russu, Religia geto-dacilor. Zei, credinţe, practici religioase [Religion des Géto-Daces. Dieux, croyances, pratiques religieuses], in Anuarul Institutului  de Studii Clasice, V, 1944-1948, p. 61-139; H. Daicoviciu, Dacii [Les Daces], Bucureşti, 1965; H. Daicoviciu, Dacia de la Burebista la cucerirea romană [La Dacie de Burébista à la conquête romaine], Cluj, 1972; M. Eliade, De la Zalmoxis la Genghis-Han (Studii comparative despre religiile şi folclorul Daciei şi  Europei Orientale) [De Zamolxis à Gengis-Khan (Etudes comparatives sur les religions et le folklore de Dacie et de l’Europe Orientale)], Bucureşti, 1995; N. Gostar, V. Lica, Societatea geto-dacilor de la Burebista la Decebal [La société des Géto-Daces au temps deBurébista et de Décébal], Iaşi, 1984; I. H. Crişan, Spiritualitatea geto-dacilor [La spiritualité des Géto-Daces], Bucureşti, 1986; V. Lica, Scripta dacica, Brăila, 1999; Istoria Românilor [Histoire des Roumains], Academia Română (Secţia de ştiinţe istorice şi arheologice), vol. I (Moştenirea timpurilor îndepărtate [Héritage des temps lointains] – coordonnateur M. Petrescu Dâmboviţa), vol. II (Daco-romanii, romanici şi alogeni [Les Daco-Romains, romains et allogènes] – coordonnateur D. Protase, Alex. Suceveanu), Bucureşti, 2001; D. Oltean, Religia Dacilor [La religion des Daces], Bucureşti, 2002; M. Grec, Zamolxis sau religia geto-dacilor între mit şi realitate [Zamolxis ou la religion des Géto-Daces entre le mythe et la réalité], Arad, 2002.

A cela on doit ajouter bon nombre d’autres ouvrages de plus ou moins grande étendue (articles, volumes – dont une partie sera mentionnée dans la suite de notre étude), tous ayant comme point de départ les sources de l’histoire ancienne, leur intérprétation ou réinterprétation, selon les progrès des recherches archéologiques devenues plus intenses. Tous ces ouvrages sont complémentaires et élargissent de plus en plus notre compréhension sur un phénomène particulièrement complexe: LA SPIRITUALITÉ GÉTO-DACE. L’appartenance des Géto-Daces à la grande spiritualité indoeuropéenne devient de plus en plus claire, malgré l’insuffisance documentaire manifestée surtout dans l’historiographie occidentale. Certains auteurs de prestige, comme G. Dumézil et E. Benveniste, qui ont fondé les recherches sur les Indoeuropéens, n’ont abordé ni la question de la civilisation des Géto-Daces ni celle de la religion de ceux-ci.

Voici quelque-uns des principaux textes antiques mentionnant des aspects importants de la civilisation et de la religion géto-dace:

"Les Gètes se croient immortels, et pensent que celui qui meurt va trouver leur dieu Zamolxis, que quelques-uns d'entre eux croient le même que Gébéléisis. Tous les cinq ans ils tirent au sort quelqu'un de leur nation, et l'envoient porter de leurs nouvelles à Zamolxis, avec ordre de lui représenter leurs besoins. Voici comment se fait la députation. Trois d'entre eux sont chargés de tenir chacun une javeline la pointe en haut, tandis que d'autres prennent, par les pieds et par les mains, celui qu'on envoie à Zamolxis. Ils le mettent en branle, et le lancent en l'air, de façon qu'il retombe sur la pointe des javelines. S'il meurt de ses  blessures, ils croient que le dieu leur est propice: s'il n'en meurt pas, ils l'accusent d'être un méchant. Quand ils ont cessé de l'accuser, ils en députent un autre, et lui donnent aussi leurs ordres, tandis qu'il est encore en vie. Ces mêmes Thraces tirent aussi des flèches contre le ciel, quand il tonne et qu'il éclaire, pour menacer le dieu qui lance la foudre, persuadés qu'il n'y a point d'autre dieu que celui qu'ils adorent." (Hérodote, Histoires, IV, 94)

(Zamolxis) "… il fit bâtir une salle où il régalait les premiers de la nation. Au milieu du repas, il leur apprenait que  ni lui, ni ses conviés, ni leurs descendants à perpétuité, ne mourraient point; mais qu'ils iraient dans un lieu où ils jouiraient éternellement de toutes sortes de biens. Pendant qu'il traitait ainsi ses compatriotes, et qu'il les entretenait de pareils discours, il se faisait faire un logement sous terre. Ce logement achevé, il se déroba aux yeux des Thraces, descendit dans ce souterrain, et y demeura environ trois ans. Il fut regretté et pleuré comme un mort. Enfin la quatrième année, il reparut, et rendit croyables, par cet artifice, tous les discours qu'il avait tenus" (Hérodote, Histoires, IV, 95)

"Rentré dans son pays, (Zamolxis) aurait joui du respect des commandants et du peuple en égale mesure, puisqu'il faisait des prophéties d'après les signes célestes.

En fin de compte, il persuade au roi de l'associer au règne, car il pouvait lui prédire la volonté des dieux. Tout d'abord, il (Zamolxis) aurait été prêtre du plus honoré de leurs dieux; plus tard, il a reçu lui-même le statut de dieu, vivant dans une grotte qu'il avait occupée, inaccessible pour les autres.

Il advenait rarement qu'il vît les gens du dehors, sauf le roi et ses serviteurs. Le roi travaillait en accord avec lui, car il voyait bien que ses sujets étaient devenus (grâce à lui) plus obéissants qu'auparavant. Les sujets étaient persuadés que les dieux mêmes leur commandaient à travers le roi. Cette coutume continue aujourd'hui encore car il y a toujours quelqu'un prêt à conseiller le roi, et alors les Gètes l'appellent dieu. La montagne  (où se trouvait la grotte) fut considérée sainte et nommée ainsi. Ils l'appelaient Cogaionon et la rivière voisine de même."  (Strabon, Géographie, VII, 3, 5)

"Les Daces parlent la même langue que les Gètes. Ceux derniers sont mieux connus aux Grecs, car ils traversent souvent le fleuve d'Istros et ils se sont mêlés avec les Thraces et les Missii." (Strabon, Géographie, VII, 3, 13) 

"Il en est de même, o Charmides, de notre incantantion. Je l'ai apprise là-bas, à l'armée, d'un médecin thrace, un de ces disciples de Zalmoxis qui, dit-on, savent rendre les gens immortels. Ce Thrace me dit que les Grecs avaient raison de parler comme je viens de le rappeler; mais Zalmoxis, ajouta-t-il, notre roi, qui est un dieu, affirme que si les yeux ne peuvent être guéris indépendamment de la tête, ni la tête indépendamment du corps, ce corps à son tour ne peut être gueri qu'avec l'âme, et que, si les médecins grecs sont impuissants contre la plupart des maladies, cela tient à leur ignorance de l'ensemble qu'ils ont à soigner; de sorte que le tout étant malade, la partie ne peut guérir. Il disait que l'âme est la source d'où découlent pour le corps et pour l'homme entier tous les biens et tous les maux, comme la tête l'est pour les yeux; qu'il fallait donc s'attaquer d'abord et surtout à la source du mal pour assurer la santé de la tête et de tout le reste du corps. Or le remède de l'âme, disait-il, ce sont certaines incantations. Celles-ci consistent dans les beaux discours qui font naître dans l'âme la sagesse. Quand l'âme possède une fois la sagesse et la conserve, il est facile alors de donner la santé à la tête et au corps entier. En même temps qu'il me disait connaître ce remède et ces incantations, il ajoutait: Que nul ne te persuade de soigner sa tête tant qu'il n'aura pas confié son âme à l'action salutaire de l'incantation. L'erreur présente répandue parmi les hommes, disait-il, est de vouloir entreprendre séparement l'une ou l'autre guérison."

(Platon, Charmides, 156a - 157c)

 "Et l'on a tellement vanté les Goths (Gètes), au point de dire que Mars, celui devenu dieu de la guerre par la tricherie des poètes, y était né. Aussi Virgile dit-il «l'infatigable père, qui possède les champs des Gètes». C'est bien ce Mars que les Goths (Gètes) ont toujours apprivoisé par un culte sauvage (car les captifs tués étaient ses victimes), persuadés que le chef des guerres avait besoin de sang humain. C'est à lui qu'on vouait les premières proies, pendues dans les troncs des arbres; il y avait, à la différence des autres dieux, un sentiment religieux profond, car on l'invoquait comme si on s'adressait à un parent."

(Jordanes, Getica, 40-41)

"Décène est devenu à leurs yeux (des Gètes) un être miraculeux, car il a commandé non seulement aux gens du peuple, mais aussi aux rois."

(Jordanes, Getica, 71)

"…(Zamolxis) leur a ecrit les lois, aussi le prennent-ils pour le plus grand des dieux."

(Jamblique, Vie de Pythagore, XXX, 173)

"… Dans Getica Criton dit: «C'est par tricherie et magie que les rois des Gètes imposent à leur sujets la crainte des dieux et la bonne entente et par acela ils arrivent à faire grandes choses»"

(Suidas, sub voce, "la crainte des dieux")

Georges Dumézil1, en analysant les œuvres portant sur les coutumes scythes, est surpris par le puissant  impact qu’avait sur la société scythe le culte des aïeux ;  nous ne doutons pas que ce culte était aussi puissant chez tous les peuples de leur zone de contact, y compris dans le monde géto-dace. Si, par ailleurs, assez souvent les auteurs antiques n’arrivent pas à faire une nette distinction entre les peuples qui vivaient dans les zones limitrophes du Danube (surtout du Danube Inférieur), c’est justement à cause des coutumes apparentées de ces peuples. Il suffit, à cet effet, de rappeler deux affirmations exprimées dans l’antiquité à ce sujet. Hellanicos – un contemporain plus jeune d’Hérodote – déclarait dans son ouvrage "Coutumes barbares" que le Scythe (c’est-à-dire Zamolxis), après avoir vécu en esclave chez Pythagore (là, il reprend l’une des affirmation d’Hérodote, IV, 95) rentre chez les siens et propage les enseignements sur „l’immortalité de l’âme". La deuxième affirmation digne de mention est celle de Strabon (Géographie, I, 2, 27), qui, en se référant aux Grecs anciens, dit que lorsque ceux-ci parlaient des peuplades vivant au nord, ils les appelaient  d’habitude sous un seul nom: les Scythes.

Sur ce fond de puissant culte voué aux aïeux, également présent dans le monde géto-dace, amplifié au temps de l’Etat de Décébal et préservé jusqu’à une période relativement récente – il s’agit de la création folklorique – l’apparition de Zamolxis a été non seulement possible, mais surtout un phénomène nécessaire, pour exprimer un niveau d’évolution de la société géto-dace, qui avait besoin d’un fondateur de religion comparable  par la force de ses idées à Zarathoustra ou Moïse. Il se peut bien que le nom de Zamolxis (ou Zalmoxis) ait été le fruit du hasard (le nom de l’Elu aurait certainement pu être différent). Ce qui est sûr, c’est que la société géto-dace, en expansion continue sur tous les plans de la vie sociale et en contact permanent avec des civilisations importantes, avait besoin de se forger une croyance à l’immortalité pour se fortifier, pour résister aux attaques de ses puissants voisins ou pour  s’étendre aux dépens de ces derniers. Si Zamolxis n’avait pas existé, il aurait sans doute dû être inventé.

S’agissait-il d’une „religion du salut des âmes” ou d’une „immortalité du double corporel”, selon l’expression consacrée de Lucian Blaga2 ? C’est une question qui persiste depuis plus de 50 ans dans notre littérature de spécialité et qui vaut la peine d’être analysée. Le même Lucian Blaga faisait une observation qui, d’une certaine manière, a été  insuffisamment explorée jusqu’à présent: „Les Hindous, sur la base de leur mythologie, ont engendré toute une pléiade de grands métaphysiciens religieux. Les Perses ont donné au monde Zarathoustra, les Egyptiens – le pharaon Aménophis IV, les Chinois – Lao-Tseu et nous passons la longue liste des prophètes des Hébreux. Les Daces, dont la mythologie est si peu connue, a donné au monde Zamolxis”3.  Le mérite principal de cette observation est de mettre sur le même plan les religions des Hindous, des Egyptiens, des Chinois, des Perses, des Hébreux et des Daces, en rassemblant les figures les plus significatives de l’histoire de ces religions:  Bouddha, Akhénaton (Amenophis IV), Zarathoustra, Lao-Tseu, Moïse … et Zamolxis. Il ne s’agit pas d’une réunion faite par „esprit patriotique”, on a plutôt à faire avec une interprétation pertinente et actuelle de l’impact que les personnalités susmentionnées ont eu sur le développement spirituel de leurs peuples, leur influence ayant traversé non seulement les espaces géographiques, mais aussi l’épreuve implacable du temps. L’esprit de ces grands érudits, loin de s’éroder, s’est enrichi de l’aura des légendes et des siècles passés, la création populaire devenant un précieux dépositaire de leur enseignement.

Les attributs accordés à Zamolxis dans les témoignages restreints de l’antiquité s’inscrivent dans le registre suivant: homme, prophète … capable de faire connaître la volonté des dieux, prêtre du dieu le plus honoré, philosophe, associé au règne, notre roi, qui est dieu… Tous ces titres accordés à Zamolxis (ou Zalmoxis – si ce n’est qu’un autre surnom, pris par un sage issu  des sèves fertiles du peuple gète, dépostaire de la „science” accumulée en Egypte et en Grèce, décidé d’éclairer en premier lieu la couche fortunée de la société géto-dace), prouvent pleinement, à notre avis, l’humanité du personnage. Sur le fond des croyances de ses aïeux, la figure de Zamolxis apparaît en fin connaisseur de cette société, car très vite il réussit à imposer son autorité, au début auprès de son roi, place d’où il parvient à mettre les assises d’un nouveau culte religieux. Les analystes du religieux ont d’ailleurs observé ce phénomène, tout en exagérant parfois la relation roi-dieu.  „Le roi est un dieu. Il est même l’un des premiers et des plus anciens dieux …, pas un dieu pétrifié, mais une puissance vivante, mobile, transportable, un dieu qui marche parmi les hommes… Certes, on sait trop bien que le roi est un hommes comme tous les autres…, et ce n’est pas l’homme qui est vénéré en lui, mais sa fonction, son pouvoir.4” On peut ouvrir un véritable débat sur l’évolution qui aurait remplacé le roi-dieu avec un roi-fils-de-dieu; on devrait auparavant établir la nature exacte de l’incarnation divine. Le terrain devient particulièrement instable lorsqu’on essaie d’établir une classification rationnelle: roi-dieu, roi-fils-de-dieu, roi-représentant-d’un-dieu … Chez Zamolxis s’unissent très bien ce que suggère l’observation de L. de Heusch, à savoir que chaque souverain est – à divers degrés – en même temps détenteur de la force physique (de coercition), mais aussi prêtre d’un culte de la Force (c’est une conclusion à laquelle le chercheur belge parvient à la fin d’une ample enquête menée en Afrique et dont il publie les résultats dans „Essais sur lesymbolisme de l’inceste royal en Afrique, Bruxelles, 1958”. L’étude, effectué au milieu de tribus contemporains  gardant encore nombre de traditions primitives, peut nous offrir un instrument de compréhension portant sur certaines époques historiques très anciennes, mais les conclusions doivent être nuancées dans chaque cas particulier).    

En ce qui concerne Zamolxis, celui-ci s’avère un très bon connaisseur des significations symboliques qui avaient traversé toute la préhistoire: la caverne où il se cache pour rendre crédibles ses idées possédait déjà des significations venant du vieux trèsfonds de l’humanité;  c’était un lieu propice aux révélations, au contact possible avec le surnaturel, c’était le siège le plus ancien de culte connu par l’humanité; un archétype qui agissait dans l’inconscient de tous les peuples5

La disparition („l’occultation”) et la réapparition („l’épiphanie”) a été interprétée par l’homme de science de nos jours comme le signe le plus évident d’un rit initiatique; la descente à l’enfer signifie connaître „la mort initiatique”, expérience nécessaire avant la fondation d’un modèle nouveau d’existence (roi messianique, prophète, mage, législateur). On rencontre de tels scénarios relativement souvent dans le monde méditerranéen6. Le témoignage d’Hérodote, le plus crédible en ce qui concerne Zamolxis, n’a pas les connotations d’un rituel chaman (on n’est pas en présence d’un phénomène religieux et initiatique caractérisé par l’extase personnel, par l’ascension aux cieux et par la descente aux enfers de l’âme, par la croyance aux esprits animaliers maîtres du monde…; on est, avec certitude, en présence des Mystères (Cérémonies secrètes d’initiation, sous formes de drames liturgiques, de révélations orales, de présentation de lieux et d’objets sacrés, «hiera», possédant des rapports intimes avec la mort et la résurection symbolique d’un dieu, d’une déesse, d’une divinité de la végétation, d’un héros.  Les Mystères ont essentiellement le même but: l’obtention d’une vie bienheureuse dans un autre monde et une vie supérieure dans ce monde-ci. Elles possèdent le même moyen d’y parvenir: l’initiation, et le même symbolisme: le cycle végétal).  S’adressant à un nombre restreint d’initiés, la nouvelle religion (née des entrailles de la terre – comme l’homme est issu du ventre de sa mère) disparaît au temps de la conquête romaine; ses prêtres, dépositaires du rit initiatique,  exterminés dans le rythme de la désaffectation des temples, emporteront avec eux tous les secrets du culte; les nobles – les initiés – vont périr dans les lourds combats des deux guerres. Décébale (le continuateur de droit du créateur de la nouvelle foi) mettra lui-même fin à ses jours, selon un rituel mainte fois exercé. A-t-on gardé des éléments du culte de Zamolxis, dans une forme syncrétique de l’époque de la Dacie romaine? Il en va de soi qu’une telle démarche n’est plus possible, car les forts chaînons d’un tel culte: le roi et les prêtres,  ne pourront plus assurer la continuité médiatique visant le Géto-Dace, habitué à contacter son Dieu par leur truchement.

Dès l’antiquité, Platon lançait le mythe de la caverne; allégorie, trope, plutôt que mythe, à l’aide duquel le philosiphe grec (in „La république”, Livre VII, 514-518) essaie d’apprendre jusqu’où peut être éclairée notre nature. Tout le débat part du rapprochement  qu’il fait de notre nature, en ce qui concerne la présence ou l’absence d’éducation, et une aventure imaginée à l’intérieur d’une caverne, où – depuis leur enfance – vivaient enchaînés plusieurs hommes qui ne pouvaient regarder que devant eux, tandis que la lumière leur arrivait d’en haut et de loin, d’un feu allumé derrière eux. Entre le feu et les hommes attachés, il y avait un chemin situé en hauteur et longé par un mur. L’une des conclusions importantes que fait Platon à partir de cet «expériment» théorique – c’est que, si les gens prêtaient bien attention, ils remarqueraient deux manières d’affaiblissement de la vue, provoquées par deux causes différentes: une fois, au passage de la lumière dans l’obscurité; ensuite au passage de l’obscurité à la lumière.

Si on étudie attentivement et en profondeur les croyances et les opinions d’un peuple, à n’importe quelle époque de son existence, on constate toujours la présence d’un fond extrêmement stable, sur lequel „se greffent des opinions aussi mobiles que le sable couvrant un rocher.” Les croyances et les opinions des foules forment ainsi deux catégories nettement distinctes: les grandes croyances permanentes, qui résistent des siècles et qui fondent les civilisations, et les opinions instantanées, changeantes, issues le plus souvent des conceptions générales. Grâce à ces croyances générales, les gens de toutes les époques sont pris dans un réseau de traditions, d’opinions et de coutumes dont il ne peuvent jamais s’affranchir et qui, dans une certaine mesure, les font se ressembler les uns aux autres. La véritable tyranie est celle qui s’exerce de manière inconsciente sur les âmes, la seule qui ne peut être combattue. Une conspiration peut faire tomber un tyran, mais quel peut être son pouvoir contre une croyance profondément enracinée ? Les seuls tyrans véritables de l’humanité ont toujours été les ombres des morts ou les illusions qu’elle s’est forgées elle-même7. Nous pourrions dire que Zamolxis a bien compris cela et que, dans sa démarche réformatrice des consciences, il va mettre l’accent sur l’immortalité.

La grande majorité des peuples conçoivent le roi comme un produit d’une heureuse convergence de la nature humaine et de la nature divine. Au moment où l’homme est investi du pouvoir royal, il devient dieu. C’est ce qui se passe chez bon nombre des peuples de l’antiquité. C’est la réponse que la communauté donne à son « pasteur », qu’elle investit aussi de responsabilité car la communauté attend de Lui toutes les réponses aux questions qui la tourmentent. Dans ce sens, Zamolxis cumule les deux pouvoirs graduellement: il est au début prêtre du dieu le plus honoré, ensuite associé au règne et finalement possesseur du pouvoir royal. Certes, ses autres qualités (de prophète, de philosophe) l’aideront à imposer ses conceptions. Tous les textes anciens qui se réfèrent à Zamolxis le décrivent de telle manière qu’il nous apparaît comme le roi prêtre et magicien. Quoique pesonne ne puisse prétendre que la royauté serait le dérivée du sacerdoce, les fonctions sacerdotales du roi sont incontestables. On peut accepter  – comme dans beaucoup de cas concrets chez les peuples antiques – que le roi était aussi prêtre, le prêtre idéal, le prêtre par excellence. Dans le cas de Zamolxis, on peut suspecter l’existence de pouvoirs magiques, étant donné les stages initiatiques vécus en Egypte et en Grèce (même s’il y a beaucoup de doutes sur cette partie de sa vie, surtout en ce qui concerne son statut  d’esclave auprès de Pythagore). Le Roi pouvait bien être magicien, mais il ne parvenait pas à cette condition en possédant ce genre de pouvoirs. Le Magicien pouvait devenir roi, mais les pouvoirs magiques ne suffisaient pas pour assurer à celui-ci l’accès au trône.  Il faut rappeler dans ce contexte que le magicien, dans les sociétés anciennes, n’était qu’un „fonctionnaire” de celles-ci, institué par celles-ci parce qu’elles ne pouvaient trouver en elles-mêmes leurs propres pouvoirs magiques8. Le lien naturel qui s’impose le plus souvent dans la société archaïque est celui de Roi-prêtre, plus que celui de Roi-magicien; les deux attributs ne sont pourtant pas exclus chez le même personnage. D’une certaine manière, le statut de magicien est parfois considéré comme „dégradant”.

Deceneu, l’un des descendants importants de Zamolxis, qui lui aussi avait voyagé en Egypte et était pris pour un dieu avant de devenir principal collaborateur du grand roi  Burebista, est catalogué comme "charlatan" (Strabon, Géographie, VII, 3, 11). Le roi Burebista l’investira d’ailleurs d’un pouvoir presque royal, plus encore, après sa mort,  Deceneu deviendra roi, tout en gardant la fonction de prêtre suprême (voir le texte de Jordanes). Les Daces voueront la même vénération à Comosiccus, son successeur.  

A qui devait-on ces carrières extraordinaires, fulminantes par leurs connotations sociales, Deceneu: charlatan, Roi-dieu; Comossicus: Roi – prêtre suprême? La réponse va de soi: c’est une situation crée par la tradition inaugurée par Zamolxis, à l’époque de la naissance de la société géto-dace en tant qu’entité ethnique distincte dans la grande masse des Thraces. Hérodote ne nie pas l’existence humaine de Zamolxis (nous n’avons point de doute de son existence physique), mais il devient sceptique (il s’agit du scepticisme propre aux „hommes de science”), lorsqu’il doit répondre à une question de chronologie: Zamolxis a-t-il été contemporain de Pythagore? „…je crois d’ailleurs que ceZamolxis a vécu bien avant Pythagore” (Hérodote, Histoires, IV, 96).

A cette étape de notre analyse nous devrions peut-être méditer aux conclusions de l’essayiste français Paul Valéry qui, se penchant sur l’influence du politique  et du sacré sur les communautés humaines, observait que le politique agit sur les hommes d’une manière qui rappelle „les causes naturelles”; les hommes le subissent pareillement aux „caprices du ciel, de la mer, de l’écorce terrestre”. Cette analogie suggère la distance où se trouve le pouvoir – en dehors et au-dessus de la société – et sa capacité de coercition. Il est évident que le pouvoir, en tant que force, est associé aux forces qui gouvernent l’univers et protègent la vie. On est là en présence d’une coagulation d’intérêts appartenant à l’ordre du monde, imposé par les dieux, et à l’ordre de la société,  instauré par les aïeux ou par les fondateurs de l’Etat. Le rit assure le maintien du premier, l’action politique – du second: on a affaire à des processus apparentés. Tous les deux contribuent à assurer la soumission à un ordre global, présenté comme condition de toute vie et de toute existence sociale. Cette solidarité du sacré et du politique, qui fait que les attaques contre le pouvoir (et non contre ses détenteurs) deviennent des sacrilèges, présente des formes différentes en fonction des régimes politiques; elle met le sacré sur le premier plan dans les sociétés „sans Etat” et fait prévaloir la domination sur les hommes et les choses dans les sociétés „étatiques”9.  

Bien que cela ne puisse être pris comme argument infaillible, la majorité de ceux qui abordent la question de la religion géto-dace (fondés sur l’intuition du sage de Halicarnas) considère qu’Hérodote a raison: Zamolxis est antérieur physiquement à Pythagore. Il reste également vrai que, en ce qui concerne leurs programmes, il existe de nombreux aspects communs entre la doctrine religieuse du sage géto-dace et l’enseignement du colossal philosophe qui a été Pythagore, fils de Mnesarchos de Samos, établi à Crotone et mort à Metapontum. Les similitudes frappantes retrouvées dans quelques-unes de leurs affirmations ont généré, à défaut d’une explication meilleure, cette „légende” d’un certain esclave appelé Zamolxis et qui aurait vécu auprès de l’érudit Pythagore. Il était inconcevable, tant pour les auteurs grecs que pour les auteurs latins, que certaines des idées véhiculées par Pythagore dans sa fameuse Société religieuse de Crotone aient pu être disséminées dans la zone danubienne par un quelconque Zamolxis. Celui-ci devait donc être ramené sur le sol grec et à un statut inférieur (d’esclave), pour qu’il puisse ensuite, libéré et „plein de sagesse”, fonder ailleurs une nouvelle religion. Il n’y a pas de doute que Zamolxis fût un fondateur de religion, mais que celui-ci eût été disciple de Pythagore devient une impossibilité chronologique. Le rapprochement de leur pensée, qui est loin d’être identique, pouvait très bien être le fruit d’un hasard mainte fois rencontré au cours de l’histoire universelle. L’idée-force qui a conduit l’antiquité à ce résultat a été – avant toute autre chose – sa croyance à l’IMMORTALITE. Pythagore avait prêché la doctrine de la métempsychose ou du cycle de la réincarnation … L’âme, d’essence divine, aurait la possibilité de traverser un animal ou une plante; pourtant, elle peut s’en affranchir à force d’étude et de ferveur religieuse, devenant ainsi libre de retourner au sein de l’âme universelle du monde10.

A quelle époque pourrait-on placer l’existence humaine de celui qui est entré dans l’histoire sous le nom de Zamolxis ? Nous devons nous rapporter à une période où la civilisation géto-dace commence à se manifester de plus en plus unitaire. La plupart des historiens considèrent que le premier Age de Fer (Hallstatt, circa 1150-450/350)11 constitue la période où se cristallise l’ethnie géto-dace. Plus on approche la phase finale de cette période, plus la culture matérielle et spirituelle développée au nord du Danube acquiert un caractère  unitaire. On peut donc considérer que c’est au cours du premier Age du fer que se cristallise la jeune civilisation géto-dace.

La fondation des colonies grecques sur les côtes gètes de la Mer Noire marque le contact de plus en plus ample de deux mondes, semblables dans leur fond indoeuropéen, mais  ayant – pour des raisons surtout géographiques – divergé dans leurs cultures et économies, relativement distinctes. Tandis que les Grecs deviennent un peuple orienté vers la mer, ouvert aux voyages et à l’exploration des régions inconnues, la civilisation géto-dace, éminemment agraire,  s’attache solidement à son terroir. La Mer Noire avait été parcourue par les navires des Achéens dès le IIe millénaire av. J.-C. (la mythologie foisonne des souvenirs des aventures  „au bout de la terre”: l’expédition des Argonautes, la halte d’Achille  dans l’Ile Blanche, celle d’Iphigénie en Tauride, la vaillance des mystérieuses Amazones…), la route étant réprise par les Grecs au  VIIe siècle av. J.-C., à travers une mer inhospitalière au début („Pontus Axeinos”), mais bientôt accueillante („Pontos Euxeinos”). L’implantation des Grecs  (VII- VIe siècles av. J.-C.), d’une part – parmi les Géto-Daces, d’autre part – dans le voisinage des Celtes (dans la religion desquels on retrouve des similitudes avec les croyances religieuses des Géto-Daces), va avoir des influences bénéfiques sur le processus d’unification culturelle-spirituelle de la civilisation géto-dace. Sur le plan spirituel, l’époque de Hallstatt continue les traits acquis au cours de l’Age du bronze, repérables surtout dans l’art et partiellement dans le cadre du phénomène religieux. Bien évidente est la continuation du culte du Soleil, et les archéologues constatent d’importants témoignages des croyances uraniques. C’est une période favorable à l’apparition d’un „fondateur de religion”, par nécessité naturelle dans le processus de consolidation ethno-culturelle des Géto-Daces. Le résultat d’un tel processus va se concrétiser à l’époque Latène de l’Age de fer, lorsque s’ouvre la voie de l’organisation étatique. A la première époque de l’Age de fer on peut constater une réalité rendue quotidienne, selon la description du „père de l’histoire”, qui affirmait que les Thraces portaient plusieurs noms, selon leurs terroirs, mais que „leurs coutumes sont à peu près les mêmes chez tous, excepté les Gètes” (Hérodoté, Histoires, V, 3).

On a écrit beaucoup d’ouvrages sur la vie de Pythagore – ce modèle auquel est comparé Zamolxis, qui est à cause de cela appelé souvent „pythagoréen. Les plus connus appartiennent à Porphyre et à un disciple de celui-ci, Jamblique. Dans leurs ouvrages, on trouve les éléments d’une conception justifiant le rapprochement entre les deux personnages, mais on n’y retrouve pas pour autant l’étayage  d’une nécessaire preuve chronologique.

Un cas intéressant est celui du Scythe Abaris (personnage mentionné également par  Hérodote, dans ses Histoires, IV, 36), prêtre, „porté par une flèche donnée par Apollon, dont il prêchait le culte”12. Certains auteurs modernes ont mis en évidence le „modèle” de Zamolxis, semblable au chaman, et le modèle mythique d’un chaman, représenté par Abaris13. Nous ferons remarquer qu’on oublie le rapprochement géographique et culturel entre les Géto-Daces et les Scythes (et l’extension parfois de la notion de Scythes à toutes les populations de la zone du Pontus Euxinus), et que la signification de la „flèche” ne doit pas être recherchée uniquement dans le monde scythe ou nord-européen, car la flèche possédait un message symbolique chez les Géto-Daces aussi:

"Les Sarmates et les Gètes sont les plus nombreux

On les voit venir à cheval (…)

Ils portent tous des arcs et flèches empoisonnées"

(Ovide, Les Tristes, IV, 6, 47)

Tandis que Zamolxis est énuméré par Jamblique parmi les disciples de Pythagore (chapitre XXIII, 104), même s’il n’est pas inclus parmi des personnages légendaires comme Charondas, Zaleucos, Epimenides14, appartenant à diverses époques, Abaris, lui, n’apparaît pas sur cette liste; il est néanmoins appelé „disciple” (XXVIII, 141). Agé et non-initié aux mystères ou à l’éducation grecque, Abaris peut être tout au plus un descendant de  Zamolxis, attiré par les idées de celui-ci, idées véhiculées dans la zone danubienne et préfigurant – à un autre niveau quand même – certains des concepts qui seront parsemés par Pythagore et son hémicycle, vu qu’Abaris avait vécu longtemps avant Pythagore. 

Porphyre rappelle un épisode où Zamolxis se fait tatouer („Vie de Pythagore”, 15); le tatouage, chez les Roumains, a un rôle talismanique traditionnel. La peinture rituelle du corps et le tatouage représentent en fait le même acte, le dernier n’étant qu’un raffinement de la première. De tels actes rituels tirent leur pratiques de la préhistoire et nous avons en vue ici les mortiers spéciaux où les habitants du néolithique pulvérisaient leurs fards, ainsi que les récipients en terre, en corne ou en os où l’on gardait les colorants. Il existe aussi de nombreuses références dans les textes grecs et romains rappelant la peinture et le tatouage du corps chez les Celtes, les Germains, les Scythes, les Géto-Daces et autres „peints”. On est en présence d’aspects rituels, connus dans toute l’aire sud-est européenne, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours15.

( *) MARIUS GREC : docteur en archéologie, maître de conférences. Doyen de la  Faculté des Sciences Humaines, Politiques et Administratives à l’Universitaté de l’Ouest "Vasile Goldiş" d’Arad (Roumanie). il a publié, durant les cinq dernières années,  sept volumes focalisés sur l’histoire antique de la région, les sujets de prédilection portant sur l’histoire de la Dacie préromaine et romaine:  "O istorie a Daciei Porolissensis (istoria militară a provinciei în material tegular)" [Une histoire de la Dacie Porolissensis (l’histoire militaire de la province dans le matériel tégulaire] Arad, 2000; "Zamolxis sau religia geto-dacilor între mit şi realitate" [Zamolxis ou la religion des Géto-Daces entre le mythe et la réalité] Arad, 2002; "Imaginea Legiunii V Macedonica în inscripţii" [L’image de la Légion V  Macedonica dans les inscriptions ] Arad, 2004

1  G. Dumézil, Uitarea omului şi onoarea zeilor şi alte eseuri, Bucureşti, 1998,  p. 188-202

2  L. Blaga, Getica, în Saeculum. Revista de filozofie (Sibiu) I, 4, 1945, p. 3-24

3  Idem, Curs de filosofia religiei, Alba Iulia – Paris, 1994, p. 111

4  C’est l’avis d’un réputé historien des religions, Van der Leeuw, in J. P. Roux, Regele (mituri şi simboluri) [Le roi (mythes et symboles)], Bucureşti, 1998, p. 88

5  Ibidem, p. 90

6  M. Eliade, De la Zalmoxis la Genghis-Han (Studii comparative despre religiile şi folclorul Daciei şi Europei Orientale), Bucureşti, 1995, p. 36-37

7  Gustav Le Bon, Psihologia mulţimilor, Bucureşti, 1990, p. 79-81

8  J. P. Roux, op. cit., p. 20-21

9  ces idées ont été reprises de l’ouvrage de G. Balandier, Antropologie politică, Timişoara, 1998, 127-128

10  S. Blackburn, Dicţionar de filozofie (Oxford), Bucureşti, 1999, p. 302-303

11  L’âge hallstattien est formé, principalement, de quatre périodes, notées A, B, C, D. Les deux premières  périodes (A, B – début Hallstatt) correspond à l’ultime phase de l’Age de bronze central-européen („l’époque des champs aux urnes”). Si le Hallstatt premier (A, B – circa 1150-800/750) est une période de transition marquant l’apogée de la métallurgie du bronze dans l’espace carpato-danubien, le Hallstatt moyen (C, siècles VIII-VII) marque le phénomène de généralisation de l’utilisation du fer (genèse et développement de la  Culture de Basarabi). Le début du Hallstatt tardif (D, 650 – 450/300) marque la fin des manifestations du type Basarabi et le début des nécropoles de Ferigile, Gogoşu et Ciumbrud.

12  Porphyr,  Viaţa lui Pitagora, 28-29; Iamblichus, Viaţa lui Pitagora, XIX, XXVIII, XXXII. Le personnage est mentionné également par Platon, Strabon, Celsus, le lexic de Suda

13  M. Eliade, De la Zamolxis la Genghis-Han, Bucureşti, 1995, p. 44-45 (l’auteur y présente plusieurs opinions des spécialistes qui comparent Zamolxis à un chaman, soulignant le rôle de la flèche dans la mythologie et la religion des Scythes, ainsi que dans les cérémonies des chamans sibériens…) /Zamolxis n’est pas un chaman (n.a.)

14  Jamblique, op. cit., (étude introductive, traduction du grec, notes, commentaires et index de Tudor Dinu), Bucureşti, 2001,  p. 85,  nota 273

15  A. Poruciuc, Confluenţe şi etimologii, Iaşi, 1998, p. 94-97

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