N°8 / Violences privées, publiques et sociales Janvier 2006

Présentation « Violences privées, violences publiques, violences sociales »

Manuel Tostain

Résumé

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Les Cahiers de Psychologie Politique sont attentifs à traiter des thèmes qui s’inscrivent dans l’actualité sociale et politique tout en valorisant les articles qui, dans ce cadre, se donnent le temps de la réflexion. Le dossier qui suit participe de cette volonté. A l’heure où le pays traverse des problèmes importants de violences urbaines, il a pour sujet la question générale de la violence, en réunissant les contributions d’auteurs ayant participé au colloque « violences privées, violences publiques, violences sociales » organisé par Jean-Luc Viaux (Laboratoire Pris : clinique et société) à l’Université de Rouen le 4 février 2005. Les contributions présentées relèvent aussi bien du champ de la psychologie clinique que du champ de la psychologie sociale et associent réflexions théoriques et propositions d’intervention dans l’espace social. Elles s’inscrivent, en ce sens, dans l’optique des Cahiers qui est de réunir des travaux qui sont habituellement, en raison des cloisonnements disciplinaires, de la séparation  entre recherches fondamentales et recherches appliquées, publiés dans des revues distinctes.

Les  quatre premiers articles sont d’orientation clinique. Les articles de Jean-Luc Viaux et de Jean-Pierre Kameniak s’interrogent sur les effets négatifs liés à une certaine disqualification contemporaine du père. Les auteurs rappellent que la violence paternelle, fantasmatique (et non pas réelle) doit être reconnue car elle est constitutive de l’établissement de l’identité sexuée et des liens générationnels. Jean-Luc Viaux analyse à cette occasion de manière critique ce qu’il appelle le prêt-à-penser de la place symbolique du père qui fait désormais partie du discours ordinaire, tandis que Jean-Pierre Kameniak adopte une perspective anthropologique pour resituer les enjeux associés à la fonction paternelle. L’article de Latéfa Belarouci est une plongée dans la guerre civile qu’a connue l’Algérie ces dernières années avec la lutte entre islamistes et pouvoir d’état. Elle évoque la situation dramatique des femmes algériennes victimes de viols et de violences sexuelles et analyse avec pudeur et sensibilité les difficultés spécifiques auxquelles ces femmes sont confrontées dans une société musulmane où l’honneur des familles, le pouvoir des hommes est prépondérant. L’article de Jacques Lecomte introduit une note plus optimiste avec la notion de résilience que l’on peut définir comme la capacité à se reconstruire suite à des épisodes traumatiques. Après avoir souligné les ambiguïtés de cette notion qui devient très à la mode, il s’attache à détailler les mécanismes et les conditions qui la favorisent.

Les trois derniers articles se situent dans une perspective plus psychosociale. L'article de Jean-Marie Seca s’interroge sur les philosophies sous-jacentes aux musiques extrêmes (hardcore, blackmetal, etc…) qui suscitent un très fort engouement chez certains adolescents et post-adolescents. Adoptant une perspective anthropologique et herméneutique, il analyse les difficultés que rencontre tout observateur lorsqu’il s’agit d’appréhender sans les réduire les mouvements alternatifs (d’autant plus quand ces mouvements sont caractérisés par des défenses verbales et idéologiques massives et des attitudes très ambivalentes face à la violence). L’article, de Manuel Tostain et Joëlle Lebreuilly traite des processus mobilisés lorsque les individus sont à amener à juger des actes de violence. Il met en perspective les approches sociologiques de type juridique et les approches psychologiques de type expérimental trop souvent distinctes. Le croisement des deux perspectives a pour but de mieux comprendre certains phénomènes. Dans ce cadre, les auteurs montrent que la tendance actuelle, en matière de délits, à se focaliser sur les dimensions objectives de la responsabilité, correspond à une dynamique pénale plus répressive que par le passé.

Enfin, le texte d’A. Dorna destiné à faire le point sur la portée psychosociopolitique et les limites de la notion de violence. C’est un rappel du socle sociétal de l’environnement culturel qui pèse sur les appréciations et la théorisation sur la question.

Bonne lecture  à toutes et à tous.

Manuel Tostain

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