Les crises sont des moments de bouleversement affectant des systèmes jusque-là cohérents. Ces moments sont diagnostiqués aujourd'hui à tous les niveaux de la vie moderne autant individuelle que sociétale.
Edgar Morin avait proposé le terme de « crisologie » (Communications n° 25. 1976) pour étudier des processus de crise, car il est en effet important de rendre compte de ce qu'elle est, de ce qui la fait, et d'en analyser les manifestations et les événements dans des époques et des lieux différents, afin que le mot crise ne serve pas de couvercle destiné à clore tout débat.
Dans une perspective sociétale, on parle de crise (ou de choc) de civilisation pour inclure sous ce vocable les affrontements violents et les ruptures qui opposent des peuples, leurs représentants ou ceux qui s'en font les champions au nom de religions, d'idéologies ou de cultures. Le terrorisme prenant dans l'actualité valeur de symptôme.
Ces crises apparaissent génératrices de désordre, de dégradation des rapports sociaux (baisse de la solidarité, faiblesse du lien, incivilité) et des relations interindividuelles (instabilité, agressivité). La société est tentée d'en attribuer les causes à une permissivité et un laxisme antérieur et de réagir par un renforcement des contrôles et des sanctions, prenant le risque d'accentuer les clivages au sein de la population et par rapport à l’étranger.
Les crises, en termes de souffrance, rebondissent sur les personnes de plus en plus réduites à la condition de consommateurs, en proie aux paradoxes de la société (hypermoderne) et à l'effacement des repères (genre, génération), étourdies par la surenchère de l'image. Ainsi les individus se réfugient-ils dans les artifices du narcissisme, les conduites additives, agressives, ou succombent à la dépression.Certes, les pathologies ont toujours existé, mais, aujourd’hui, les limites semblent dépassées et la raison a du mal à maîtriser les débordements de l’émotion.
Voilà pourquoi les coordinateurs de ce dossier des C@hiers de Psychologie politique ont voulu, sans prétendre épuiser le thème, réunir divers contributeurs afin d’alimenter et relancer une nouvelle réflexion.