N°18 / L'inconscient collectif Janvier 2011

L’Inconscient collectif langagier

Josette Larue-Tondeur

Résumé

L’Inconscient collectif langagier nous mène à réinventer, via l’antiphrase ou l’ellipse, la coprésence des sens contraires dans certains mots ou expressions, comme c’était le cas dans les langues anciennes avant leur complexification. De la même façon, il nous conduit à réactiver d’anciens étymons tels que la racine mot signifiant la mort. De plus l’évolution phonétique nous conduit à réactiver le symbolisme phonétique qui était à l’origine des langues.

Collective Subconscious in languages leads us to recreate the simultaneous presence of opposite meanings in a word, as in ancient languages. It leads also to make alive some ancient roots. Besides phonetic evolution makes phonetic symbolism come again as at the beginning of languages.

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L’Inconscient collectif, théorisé par Jung (1912 ; 1996), guide les groupes sociaux et l’humanité comme l’inconscient individuel guide chaque personne. Freud a montré que l’Inconscient individuel se manifeste dans les discours, notamment dans les lapsus qu’il considère comme l’émergence de désirs inconscients (1904 ; 1999). De même, l’Inconscient collectif se manifeste dans la langue.

L’Inconscient collectif langagier apparaît au moins dans les trois domaines linguistiques suivants : l’énantiosémie (ou coprésence des contraires), la résurgence de certaines racines et ressemblances phoniques et enfin l’évolution phonétique qui conduit au symbolisme phonétique inconscient.

I - L’énantiosémie ou coprésence des contraires

1) Dans les langues anciennes

Abel, linguiste contemporain de Freud, avait remarqué des mots d’égyptien ancien désignant un signifié et son contraire, ce qu’il décrit dans un article de 1884 sur les sens opposés des mots primitifs. Dans le domaine écrit, un dessin hiéroglyphique précise le sens à donner au mot ambivalent. On l’appelle « déterminatif ». Par exemple le mot ken signifie « fort » ou « faible » ; quand il veut dire « fort », il est accompagné de la représentation d’un homme debout armé ; quand il veut dire « faible », on lui juxtapose le déterminatif d’un homme accroupi et nonchalant. Il n’en reste pas moins que le même signifiant phonique assure une alliance des contraires, même si les gestes permettaient de décider du choix entre les deux pôles opposés. Abel explique cela en ces termes : « S’il faisait toujours clair, nous ne distinguerions pas entre le clair et l’obscur, et partant, nous ne saurions avoir ni le concept ni le mot de clarté. » Chaque concept parvenant à l’existence par rapport à son opposé,  le mot  ken ne désignait ni fort ni faible mais « le rapport entre les deux et la distinction entre les deux, qui avait produit les deux du même coup » (Abel cité par Freud, 1933 ; 1985 p 54-55). Le mot ken a évolué ensuite en deux vocables distincts, ken « fort » et kan « faible ». Abel pense que la langue et la pensée créent les pôles binaires en un seul mot avant de les distinguer totalement. C’est ce qu’il essaie de démontrer dans un autre article sur l’origine du langage.

Freud a fait le rapprochement entre l’ambivalence caractéristique du psychisme (coprésence de sentiments opposés ou de tendances opposées) et la coprésence de sens opposés dans les mots des langues anciennes car il y voyait un lien analogique avec ce qui se passe dans les rêves : l’absence de négation et le retournement d’un élément en son contraire.

Ultérieurement, Jacques Lacan s’est intéressé à ce problème et il a fait appel à Emile  Benveniste pour écrire un article sur ce sujet. Contrairement à ce qu’espérait le psychanalyste, Benveniste critique violemment les découvertes d’Abel et restreint l’influence du psychisme à des domaines bien spécifiques : selon lui, « Freud a jeté des lumières décisives sur l’activité verbale telle qu’elle se révèle dans ses défaillances, dans ses aspects de jeu, dans sa libre divagation quand le pouvoir de censure est suspendu. » Voilà qui est clair : selon Benveniste, le langage normalisé, scientifique et raisonnable n’a rien à voir avec l’Inconscient. Il n’admet pas être contaminé par lui. Il reconnaît l’influence des forces psychiques profondes dans le mythe et le rêve, le style, les figures de rhétorique et plus particulièrement l’ellipse. C’est une erreur car chaque ouvrage de linguistique s’imprime d’un style personnel et regorge de figures de style. L’ennui est que sa notoriété incite à le croire sur parole.

En hébreu ancien, il existe également bon nombre de vocables à sens opposés tels que  arum : « rusé », « adroit » et « satanique » ; mikedem : « front », « en face », « temps anciens », « passé » (il est paradoxal de considérer le passé comme étant en face de soi, bien qu’on puisse se retourner pour le considérer) ; ga’al : « il sauva », « racheta », ou « détesta », « profana », « fut dégoûté par » ; hal : « il a dansé » ou « il s’est tordu de douleur ». Il semble que ce phénomène soit fréquent dans les langues anciennes, qui comportent relativement peu de mots.  Les langues s’enrichissent ensuite en distinguant les contraires et se complexifient en apportant maintes nuances, ce qui réduit la polysémie originelle.

2) Dans les langues modernes

L’ambivalence psychique se reflète dans l’énantiosémie de la langue et l’Inconscient collectif opère un retour à la situation originelle, à l’insu des locuteurs, en faisant resurgir l’énantiosémie ou coprésence de sens opposés. Il semble guider les locuteurs vers une nouvelle adéquation entre l’ambivalence psychique et la coprésence de pôles sémantiques opposés dans un même terme.

Freud donne l’exemple de heimlich, qui peut prendre le même sens que unheimlich, malgré le préfixe privatif, dans un article intitulé « Das Unheimliche » (« L’inquiétant ») de 1919 (cité par M. Arrivé, 2008 p. 13-14 et p. 32). Et il développe ses considérations sur les sens opposés des mots primitifs  dans un essai comportant le mot  « Unheimliche » : L’inquiétante étrangeté et autres essais.

Le substantif mot lui-même, sous sa forme latinisée motus, signifie le silence, comme le fait remarquer Lacan dans Le Séminaire, livre VII : L’Ethique de la psychanalyse (cité par M. Arrivé, 2008, p. 31-32).

L’énantiosémie évidente de « louer » et « hôte » repose sur l’ « inversion des relations actantielles (on donne ou on reçoit, on accueille ou on est accueilli) » (M. Arrivé, 2005, p.181). Les termes « rien » et « personne » font preuve d’énantiosémie selon leur distribution contextuelle puisqu’ils sont parfois interchangeables avec leurs contraires « quelque chose » et « quelqu’un » : J’ai passé trois mois sans voir personne et sans rien faire (ibidem p.182). Cela est lié à la négativité qu’ils comportent.

La langue peut vouloir dire une chose et son contraire, ce qui reflète le fonctionnement psychique de l’ambivalence. La formulation « comme par hasard » ne s’emploie que pour nier le hasard. Elle semble issue d’une ellipse : « comme (si c’était) par hasard ». L’expression populaire antiphrastique « Ça crève les yeux » signifie « c’est évident, bien visible ». Elle comporte deux sens contraires : le sens propre énoncé et le signifié évoqué. Dans le même domaine de la vision, « être ébloui » peut signifier « ne plus rien voir » ou « être émerveillé par ce qu’on voit ». Une exclamation populaire telle que « c’est la meilleure ! » est employée comme antiphrase si bien que « la meilleure » désigne le paroxysme du pire.

L’adjectif terrible, qui véhiculait originairement un sens uniquement négatif, s’est adjoint le sens inverse d’intensité positive, cela sous l’influence d’une pratique populaire de l’antiphrase. Le premier sens tend à se raréfier. L’adverbe trop passe du sens négatif d’excès à celui de valeur positive dans l’emploi d’apparition relativement récente Il est trop. Le substantif bagatelle connaîtra probablement le même type d’évolution en renversement, étant donné la fréquence de son emploi antiphrastique dans le langage parlé : le sens de « chose ou somme de peu de valeur », tend à s’inverser en son contraire dans des propos du type : J’ai dépensé la bagatelle de mille euros pour une réparation de voiture. La pratique de l’antiphrase contribue donc à mettre en évidence ou recréer l’énantiosémie de la langue. Il semble que le désir de prendre du recul par rapport aux propos énoncés conduise à utiliser le pôle opposé du signifié habituel. Peut-être y a-t-il interaction entre sa présence sous-jacente et la volonté de s’exprimer en opposition aux normes habituelles.

L’adjectif « pitoyable » peut signifier « qui fait pitié » ou « qui a pitié », dans un sens plus ancien et plus littéraire qui joue pleinement dans le radical de son contraire « impitoyable ». Le verbe « obliger » peut prendre le sens de « contraindre » ou de « rendre service ». Le titre de Freud « Totem et tabou » comporte deux mots ambivalents. Le mot polynésien « tabou » comporte deux significations opposées : sacré et interdit-impur. Il est utilisé en psychanalyse pour désigner le caractère à la fois sacré et interdit de la sexualité. Un personnage sacré, considéré comme saint et intouchable, est chargé de protéger la société qui le vénère tout en le torturant d’interdits. Il est donc à la fois vénéré et agressé. Se soumettre à un tabou, c’est s’abstenir de ce qui est nuisible, ce qui revient à pratiquer une magie négative de l’ordre de l’interdit pour éviter quelque chose de redouté, par opposition à la magie positive, ou sorcellerie, qui consiste à provoquer quelque chose de désiré (Frazer, 1890 ; 1981). Le totem est l’animal représentatif d’un ancêtre protecteur. Lui aussi est intouchable : il est interdit de tuer et de manger cet animal, sous peine de ne plus être protégé par l’ancêtre mais au contraire attaqué par son esprit. Le totem est donc une protection susceptible de s’inverser en malédiction.

Bien évidemment, l’homonymie diffère de l’énantiosémie, cependant ses emplois sont si fréquents que nous sommes habitués à produire des énoncés qui se prêtent à des interprétations sémantiques opposées. C’est ce qui explique en partie que l’énantiosémie reste inaperçue malgré les traces qui en témoignent dans la langue. Par exemple « filer » peut signifier « marcher derrière quelqu’un (comme à la file), le suivre pour le surveiller, épier ses faits et gestes » ou au contraire « aller droit devant soi, en ligne droite, aller vite » (à partir d’un terme de chasse), et même, dans le registre populaire,  « s’en aller, se retirer ». Deux éléments opposés (suivre et fuir) sont donc sous-jacents au signifiant « filer ».

Michel Arrivé signale le cas des ad’dâd des grammairiens arabes : c’est le pluriel de d’did, « mot qui illustre lui-même le phénomène qu’il désigne » car il signifie à la fois « pareil » et « contraire » (1994, p. 179). Il semble qu’il s’agisse d’homonymie des contraires. Et qu’en est-il de l’homonymie en français ? S’il est logique d’utiliser un même mot pour plusieurs sens par économie de vocabulaire, le fait qu’il s’agisse souvent de sens opposés est intrigant. Par ailleurs, l’existence de synonymes contredit le principe d’économie des homonymes, même si elle apporte une très appréciable variation de nuances. Le phénomène troublant de l’homonymie pourrait peut-être venir conforter la thèse de l’énantiosémie parce qu’il la suscite comme si elle était sous-jacente, prête à s’immiscer dans le langage à la première occasion favorable. L’énantiosémie serait-elle une tendance de la langue, voire  l’essence même du langage, plus ou moins visible mais toujours présente ?

Le même type de phénomènes peut s’observer dans les autres langues. Par exemple les expressions anglaises  hang on et hold on sont aussi des cas d’énantiosémie : hold on signifie en effet « arrêter » ou « continuer dans des circonstances difficiles » ; et hang on veut dire « tenir étroitement » et « attendre un moment ».

Comme l’écrivait Mauss ( 1950 ; 1983, p. 295) à propos de l’esprit, ce qui est collectif est encore plus symbolique que ce qui est individuel. Il n’est donc pas étonnant que l’Inconscient collectif influe sur les discours individuels jusqu’à transformer la langue. En l’occurrence, le psychisme individuel tend à figurer son ambivalence par la parole et l’Inconscient collectif accentue le phénomène en orientant vers le retour à l’énantiosémie des langues anciennes. Comme l’Inconscient personnel, il s’avance masqué. Il peut emprunter notamment la voie de l’antiphrase ou de l’ellipse.

II - La résurgence de certaines racines et ressemblances phoniques

1) Le mot et la chose

L’étymon de mot est le mutum latin qui serait issu d’une onomatopée /mut/ désignant la voix humaine. Au XVIIème siècle, dans l’expression ne souffler mot, la particule négative pas peut se substituer à mot. Lacan associe le mot à ce qui se tait (conférence de Michel Arrivé « Voix chez Saussure » du 16 mars 2010). Le mot peut donc être associé à son opposé, le silence, voire au silence de la mort. Or l’origine onomatopéique /mut/ du vocable mot est précisément le terme qui désigne la mort en ancien hébreu. Il semble que l’Inconscient collectif soit allé rechercher cette racine hébraïque désignant la mort pour l’attribuer au mot. En outre, il existait antérieurement à la Genèse biblique un dieu de la Mort appelé Môt (Eliade, 1976, p. 170). De ce point de vue, on pourrait prendre au sérieux l’aphorisme « Le mot, c’est la mort sans en avoir l’R » de Ripotois, dont figure une autobiographie fictive dans Les Remembrances du vieillard idiot, roman de Michel Arrivé. Le mot et la mort sont effectivement liés car les mots tuent.

Spitz a montré que la liaison entre l’amour et la vie pouvait s’observer chez les nourrissons, qui risquaient la mort en étant séparés de leur mère. Toute parole haineuse risque de mener au désinvestissement. Et la haine provocatrice de mort pourrait se véhiculer dans la violence de la langue, selon Lecercle (1990), qui évoque Jeanne Favret-Saada, ethnologue de culture psychanalytique, laquelle (2007) attire l’attention sur la paronomase mot/mort et met en lumière le performatif de « vous êtes ensorcelé ». Les sorcières n’existent pas, on leur attribue un pouvoir. Mais l’effet de ces mots est de tuer. La plus grande victime est la personne désignée comme sorcière, qui a trois sortes de réactions : mourir (les mots tuent), nier (mais souvent elle tombe malade), ou écrire une fiction, un récit de sorcellerie qui la désenvoûte. En d’autres termes, la haine qui tue peut opérer ses méfaits via le langage et sa nocivité peut s’évacuer via l’écriture. L’ambivalence de la langue et de la pensée atteint son paroxysme dans son utilisation comme instrument de vie ou de mort.

Dans L’Ensorcelée de Barbey d’Aurevilly, la croyance en l’effet désastreux de la « male herbe » cotentinoise provoque trois décès. Or cette superstition n’est jamais qu’une pensée erronée, qui influence dangereusement le destin des êtres. A l’instar de Jeanne, l’héroïne de l’ouvrage évoqué, des humains bien réels se précipitent dans les catastrophes qui leur sont prédites, ce qui montre l’influence de la pensée (associée ici à la croyance) sur le comportement et celle de la haine susceptible de tuer. Mauss (1950 ; 1983 p. 323-330) explique l’effet de la magie et de la sorcellerie par la croyance en leur efficacité : celui qui croit qu’il va mourir meurt.

Le mot est donc lié à la mort de multiples façons, le plus souvent à notre insu, ce qui explique le fait que l’Inconscient collectif langagier rapproche leurs racines étymologiques. La parole est également liée à la vie : dans la Genèse biblique, la parole divine crée l’univers et la vie ; une cure psychanalytique, dans laquelle les soins se pratiquent par la parole, peut améliorer l’état psychique du patient. Si les substantifs mot et parole ne recouvrent pas exactement le même signifié, ils sont presque synonymes. Cependant, leur association à la vie et la mort n’a rien d’étonnant puisque la langue reflète notre ambivalence psychique.

L’instinct de vie et l’instinct de mort sont d’ailleurs étroitement liés. Selon Groddeck, la vie humaine est une compulsion de retour vers l’état fœtal (1964, p. 20). Ferenczi écrivait déjà en 1924 dans Thalassa que la tendance biologique la plus profonde était la régression prénatale (1924, p. 64 et 103). Lucien Israël commente cela en écrivant que la satisfaction de la pulsion consiste à réduire les tensions à zéro, ce qui correspond à la mort ((1967 ; 2003 p. 38). Il propose d’appeler la pulsion de mort pulsion « de sommeil ou de repos » puisqu’il s’agit de retour à l’inanimé (1977-1978 ; 1998 p. 164).

Peu de gens s’avouent être suicidaires et pourtant les accidentés sont en détresse, comme en témoigne le personnel des urgences. Le désir de mort est nié, peut-être parce que la mort effraie, peut-être parce que la joie de vivre est plus sympathique et le bonheur de bon ton, mais l’instinct vital décroît avec chaque deuil, chaque rupture, chaque désillusion si bien que Thanatos finit par l’emporter. Peut-être la prise de conscience de notre désir de mort éviterait-elle qu’il nous mène à l’accident, puisque ce qui reste inconscient surgit à notre insu dans nos vies et les perturbe, voire les anéantit. Marguerite Yourcenar écrit dans Feux : « La mort, pour me tuer, aura besoin de ma complicité ».

L’Inconscient collectif connaît aussi une pulsion de mort qui trouve son aboutissement dans la disparition des civilisations et se manifeste dans les fantasmes de nouvelle guerre mondiale et de fin du monde : la crainte mène directement à ce que l’on redoute. Mircea Eliade montre bien le retour à l’origine dans le domaine mythologique et religieux (1949, 1969 & 1971, 1978). Jung, Mauss, Eliade constatent une dangereuse dissociation actuelle de l’humain qui renonce à sa totalité. Il semble que la négligence de l’Inconscient collectif puisse se révéler catastrophique. Quoi qu’il en soit, il est à l’origine du retour à la racine étymologique originelle.

2) Les ressemblances phoniques

Le terme hébraïque davar signifie à la fois « le mot » et « la chose ». C’est peut-être que le mot imite la chose, comme nous le verrons dans la dernière partie de cet article. Et si le langage est d’origine onomatopéique et motivé, comme le disent l’écrivain Nodier et les linguistes Guiraud et Desmet, cela explique le retour aux racines étymologiques originelles. Quoi qu’il en soit, l’Inconscient collectif nous y ramène et cela se manifeste par un phénomène observé par le linguiste Carl Abel, qui voulait illustrer sa théorie selon laquelle les mots pouvaient inverser aussi bien leurs phonies que leurs sens. Les métathèses et anagrammes dont il avait observé la fréquence en Egyptien ancien lui semblent concerner d’autres langues aussi et même s’imposer entre différentes langues. Il donne des exemples, parfois imprudemment, reproduits par Freud à la suite de l’article sur les sens opposés des mots primitifs : des métathèses apparaissent dans l’anglais boat, « bateau », et tub,  « baquet, rafiot » ; dans care et reck, « se soucier », le second étant rare et poétique. D’une langue à l’autre, on observe le même phénomène, parfois pour désigner le même sens ( Topf et pot, « pot » respectivement en allemand et en anglais ; leaf et folium respectivement en anglais et en latin), parfois pour désigner deux sens opposés comme si l’inversion phonique désignait une inversion sémantique : l’anglais hurry , « hâte » et l’allemand Ruhe, « calme, tranquillité ».

Freud met en relation ce phénomène d’inversion phonique avec le travail du rêve qui « inverse son matériau représentatif à des fins diverses » (op. cit. p. 60) et avec cette autre manifestation psychique constituée par les contes : « la déesse de la mort est remplacée par la déesse de l’amour et ses équivalents à figure humaine » (p 77) par l’effet d’une antique ambivalence qui existe également dans les mythes. Aphrodite est liée à Perséphone, les divinités maternelles des peuples orientaux sont à la fois génitrices et destructrices. Les travaux d’Abel passionnent Freud parce qu’il voit dans l’antithèse et la métathèse les reflets d’une profonde ambivalence caractérisant le psychisme.

Mais Benveniste va s’acharner à discréditer les travaux d’Abel, peut-être par réticence envers la psychanalyse, peut-être par agacement envers Lacan. Il essaie de démontrer qu’il s’agit de fausses étymologies, ce qui n’est pas toujours le cas : Benveniste reproche à Abel de « rassembler tout ce qui se ressemble ». Et Michel Arrivé de rappeler que Saussure méditait sur décrépi et décrépit . En outre, il fait valoir le fait qu’il n’y a pas d’erreur d’Abel en ce qui concerne le mot sacer « saint et maudit ». Freud commentait ce cas de l’ « Appendice d’exemples de sens opposés en Egyptien, indo-européen et arabe » d’Abel en ces termes : « Le sens opposé est encore tout entier présent sans modification de la phonie. » (op. cit. p 57). Selon Benveniste, « ce sont les conditions de la culture qui ont déterminé vis-à-vis de l’objet sacré deux attitudes opposées. » (op. cit. p. 81). Voici la remise en question de Michel Arrivé à ce sujet : « Et le commentaire de Benveniste en vient presque à rencontrer, après un détour, la pensée même qu’il croit critiquer. Car les deux « attitudes opposées » déterminées par la culture à l’égard du même objet, ne serait-ce pas précisément deux… signifiés, et du coup deux signifiés opposés quoique manifestés par le même signifiant ? » (2005, p 188). On pourrait ajouter que l’expression « monstre sacré » à propos d’écrivains admirés exhibe le caractère ambivalent de « sacré ». Il semble même que le sacré possède toujours un caractère ambivalent, comme tendent à le suggérer les paradoxes qui abondent dans les textes sacrés.

D’une part Freud a cité les exemples d’Abel sans ses théories et d’autre part Benveniste ne s’est fondé que sur l’ouvrage de Freud sans lire les travaux d’Abel qui ne sont pas traduits en français. Il s’est montré injuste envers Abel et sa notoriété est telle qu’Abel n’est pas pris au sérieux. Or ce qu’il a remarqué là, qui n’est pas toujours exact du point de vue étymologique, n’en est pas moins très intéressant et peut s’expliquer autrement. Par exemple il associe le latin clam « secrètement, doucement, en silence » à clamare « crier, dévoiler » alors qu’il n’y a pas de rapport étymologique. Mais ces ressemblances phoniques peuvent très bien être survenues par l’effet de l’Inconscient collectif langagier qui tend à retrouver l’énantiosémie originelle. Les ressemblances phoniques, correspondant à des sens voisins ou opposés, attestent de cette influence méconnue qui oriente la langue vers une adéquation ancienne entre le mot et la chose et/ou vers l’énantiosémie, reflet de l’ambivalence.

L’adéquation du mot et de la chose se forme par projection symbolique, mais elle est d’autant plus méconnue que la confusion entre le mot et la chose, attribuée au schizophrène par Freud et tous les psychanalystes après lui, tend à faire refuser leur adéquation phonique et symbolique.

III - L’évolution phonétique

1) Le symbolisme phonétique

Le symbolisme phonétique, qui consiste à attribuer un sens à certaines sonorités, provoque quelques réticences parce qu’il s’agit d’un domaine peu sûr, donc considéré comme peu scientifique. Mais il doit bien exister un mobile profond qui explique cette tentation d’unir le son et le sens. Le prestige de l’adjectif « scientifique » ne devrait pas occulter la complexité linguistique ni décourager les recherches délicates. Faut-il délaisser un champ d'exploration sous prétexte qu'il est épineux ? La recherche nécessite une certaine prise de risques. Certes il convient de baliser les chemins, mais une trop grande prudence serait une entrave à la réflexion.

La seconde réticence vient d’une interprétation déformante du caractère « arbitraire » attribué au signe linguistique par Saussure (éd. 1971 du CLG p. 100). Il entend par là que l’association d’un signifiant à un signifié est conventionnelle, issue d’un consensus social qui n’a rien à voir avec le sens. Mais il considère lui-même que « le mécanisme de la langue peut être présenté sous un autre angle particulièrement important » (ibidem p. 180-181) : « Une partie seulement des signes est absolument arbitraire ; chez d’autres intervient un phénomène qui permet de reconnaître des degrés dans l’arbitraire sans le supprimer : le signe peut être relativement motivé. ». Et Saussure accorde une importance considérable à la subjectivité puisqu’il écrit que « le point de vue crée l’objet ». Le symbolisme phonétique ne contredit pas le caractère conventionnel, voire arbitraire, du signe mais il entre en lutte fructueuse avec lui dans une tension dynamique.

L’œuvre de Platon intitulée « Cratyle », du IVème siècle avant J-C, est écrite sous forme de dialogue. Le personnage éponyme porte le nom d’un contemporain de Platon –son maître et ami- qui était disciple d’Héraclite. Il défend la thèse actuellement appelée « cratylisme » (terme de Barthes popularisé par Genette) selon laquelle « il existe une dénomination correcte naturellement adaptée à chacun des êtres ».

Humboldt dénonce le danger de réduire le langage à son aspect conventionnel dans Latium und Hellas (1806, III 167-170 ; II 59-64), texte présenté dans l’Introduction à l’œuvre sur le kavi (p. 19-22) :

« L’intérêt de la recherche linguistique a été fort compromis par la thèse réductrice qui, fondant le langage sur la convention, ne voit dans le mot rien d’autre que le signe d’une chose ou d’un concept existant indépendamment de lui. Sans doute s’agit-il là d’une thèse qui ne manque pas d’une certaine validité, mais qui, poussée dans ses dernières conséquences, se révèle absolument fausse, évacue l’esprit et la vie en devenant exclusive, et sécrète une foule de lieux communs et couramment reproduits. »

Humboldt estime que l’esprit humain entre en résonance avec le monde et que la création d’un mot va bien au-delà de la dénotation « par les traits sensibles de la figure déterminée qu’il affiche. » Et il propose une théorie intéressante : le mot serait un écho sonore dans le monde sensible de la perception et de l'émotion.

« En prononçant le mot Wolke (nuage), on ne se réfère ni à la définition ni à une image imposée une fois pour toutes, de ce phénomène naturel. Les concepts et les images qui font corps avec sa perception, tout ce qui, enfin, de près ou de loin, en nous ou hors de nous, entretient quelque rapport avec lui, tout cela peut se retrouver à l’état condensé et concentré dans l’esprit sans risquer l’émiettement, parce que c’est un seul et même écho sonore qui en opère la convergence et la fixation. Mais il fait plus encore ; en restituant en même temps telle ou telle des émotions qui lui ont été antérieurement associées, et lorsque, comme c’est ici le cas, il est signifiant par lui-même - il suffit pour s’en convaincre de faire la comparaison avec Woge (lame), Welle (vague), wälzen (rouler), Wind (vent), wehen (souffler), Wald (forêt), etc. -, il fait entrer l’âme en résonance avec l’objet, soit directement, soit indirectement par l’évocation d’autres objets qui lui sont analogues. »

L’adéquation du son au sens ne relève plus du divin comme dans le Cratyle, mais la création du mot participe à la représentation mentale et affective. Si le cratylisme s’avère persistant, c’est parce que cela correspond à l’instinct de la langue, à l’intuition profonde du locuteur. Le conventionalisme correspond à la mode du moment, la norme actuelle, l’idée ambiante, mais va à l’encontre de notre nature intuitive. D’ailleurs les travaux des linguistes Sapir, Chastaing, Toussaint, Peterfalvi et Fonagy montrent que les locuteurs attribuent un sens aux sons : /i/ semble petit parce qu’il se prononce avec la bouche presque fermée alors que /a/ semble grand parce que son articulation nécessite une aperture plus grande ; la voyelle /i/ paraît plus claire et gaie parce qu’elle est aiguë et prononcée à l’avant de la cavité buccale alors que le /u/ (graphie « ou ») grave et prononcé en arrière de la bouche paraît plus sombre. Cependant le /i/ semble moins gai aux anglais qu’aux autres peuples européens (français et espagnols), sans doute à cause de l’influence du mot bitter, « amer » (Fonagy, 1983 : 58). Cela peut vouloir dire qu’on interprète les sons partiellement en fonction du lexique. Il s’agit de « l’union directe du sociologique et du physiologique » dont parle Mauss à propos de la danse (op. cit. p. 301)

2) Le retour à l’adéquation entre le son et le sens

Il est possible aussi que le lexique s’établisse avec une orientation profonde et inconsciente vers l’harmonie entre le son et le sens.

Cela concerne aussi bien le langage enfantin et les onomatopées que le travail littéraire des écrivains. Fónagy a montré que les consonnes dures (/k/, /t/) sont plus fréquentes dans Les Châtiments de Victor Hugo, où le poète exprime sa colère contre Napoléon, alors que les consonnes douces (/m/, /l/) prédominent dans L’art d’être grand-père, où il exprime son amour pour ses petites-filles (1983, 69).

Le primat du signifiant n’est plus à démontrer en poésie. Selon Jakobson, la fonction poétique « projette le principe d’équivalence de l’axe de la sélection sur l’axe de la combinaison. » (1963, p. 220). L’harmonie imitative consiste à utiliser allitérations et assonances pour créer du sens : elle imite ce qu’elle exprime. L’organisation structurante des sonorités d’un poème exhibe le primat du signifiant. Il en est de même des équivalences sémantiques créées à la rime. Mais ce n’est pas l’arbitraire du signe qui est en cause puisqu’il s’agit de création poétique et que la remotivation des signes nécessite un travail. Cependant ce travail poétique est une sorte de finition volontaire d’un premier jet issu de l’Inconscient, fondé sur des traces mnésiques et un désir de retrouver une unité perdue, à la fois du point de vue personnel et du point de vue collectif. La détermination de l’Inconscient s’avère extrêmement puissante, masquée par la « fonction de méconnaissance » du moi, selon l’expression de Jacques Lacan (2001, p. 157). Cela ne remet pas en cause la théorie saussurienne mais vient au contraire se confronter au système conventionnel dans une tension productive en tant que force antagoniste.

La langue sans ses manifestations inconscientes serait trop aseptisée, terne et dépourvue de fantaisie. Inversement, les manifestations inconscientes déployées en dehors du système normatif avec une absence totale de maîtrise ne conduiraient qu’au délire. C’est leur alliance harmonieuse qui rend la langue vivante, susceptible de communication esthétique et pourvoyeuse de plaisir. Le symbolisme phonétique, sujet resté tabou, offre un chemin fructueux hors des sentiers balisés pour l’expression des affects et des fantaisies ludiques. Il se fonde à la fois sur des pulsions inconscientes, sur l’effet des sonorités selon leurs qualités acoustiques et le point d’aperture qui les caractérise, et sur les connotations des mots les contenant, voire celle des mots inclus dans les vocables concernés.

L’effet de douceur du mot « losange » par rapport à l’effet de dureté du mot « parallélépipède » vient des sonorités douces du premier (une liquide, une sifflante sonore, une voyelle nasale, une chuintante sonore) et des trois occlusives sourdes du second. Mais à cet effet acoustique et articulatoire s’ajoute le fait que « losange » contient « ange », qui connote la douceur. De même, si l’on considère le nom propre « Amboise », les sonorités douces (voyelle nasale /ã/, semi-consonne /w/ et sifflante sonore /z/) sont interrompues par une occlusive (/b/) mais l’effet d’ensemble est relativement doux, d’autant plus que s’y ajoute le phénomène de paronomase qui lui associe « framboise », avec la connotation de texture moelleuse.

Le problème est donc extrêmement complexe et l’Inconscient collectif peut s’immiscer d’autant plus aisément dans la langue que l’adéquation entre le son et le sens est multifactorielle. L’évolution phonétique semble en témoigner. Orr fait remarquer que le caractère symbolique rend compte, dans certains cas, de l’évolution des mots : le latin parvus, « petit », avec des voyelles postérieures, a cédé la place dans les langues romanes à piccolo, chico, petit avec des voyelles antérieures (1944, « On some sound values in English », Brit. J. Psychol., 35, 1-8, cité par Peterfalvi, 1970, p. 68). En d’autres termes, l’Inconscient collectif nous mène à transformer nos langues pour retrouver l’adéquation entre le sens de « petit » et le caractère symbolique du « i ». Il serait certainement possible d’en trouver d’autres exemples. Par ailleurs l’évolution du lexique suscite certaines réflexions intéressantes de Jean-Jacques Lecercle à propos de Brisset, mais il semble en conclure que la langue fonctionnerait toute seule, ce qui est impossible. Ce sont les locuteurs qui la transforment sous l’influence de l’Inconscient collectif. Les observations de Lecercle sont les suivantes.

Jean-Pierre Brisset (1837-1923) a cru que l’homme descendait de la grenouille et il a acquis une éphémère notoriété en 1912. C’était une farce de Jules Romains : Brisset a été proclamé « lauréat des penseurs », ce qui l’a fait connaître, plus que les auteurs sérieux qui se moquaient de lui. Il se croyait investi d’une mission divine : découvrir que l’histoire de l’humanité était contenue dans la langue, que l’étymologie contenait la vérité, non seulement du verbe mais du monde. Il n’était pas le premier à penser que l’évolution du monde reflète celle des hommes qui la parlent. Pourquoi les mots ne contiendraient-ils pas nos racines ? Le délire de Brisset ne réside pas dans sa croyance en l’étymologie, mais dans son interprétation forcée de l’homonymie. Il croit que les homonymes et paronymes ont le même sens, si bien qu’il procède à un découpage syntagmatico-sémantique et syllabique dont il tire des conséquences excessives. Par exemple il associe « les dents, la bouche », « les dents la bouchent », « laides en la bouche », etc. Mais la langue le provoque : c’est ainsi qu’il propose d’interpréter « israëlite » par “y s’ra élite ».

Brisset, auteur de La Grammaire logique, pense que « grammaire » vient de « grand-mère », ce qui est faux. Mais ce qui est vrai, c’est que « grammar » a donné « glamour » : enchantement, charme, ensorceleur, ensorceleuse. De la grammaire, on est passé au livre de grammaire puis au livre de magie, puis au charme, à l’ensorcellement et à l’ensorceleur. Si l’on considère le mot « chandail », il est tentant de le brissétiser en « champ d’ail ». En fait, le mot « chandail » vient de « marchand d’ail » : c’est le vêtement que les marchands d’ail portaient. C’est le vrai fonctionnement de la langue. On brissétise la langue parce qu’elle brissétise. (Lecercle, 1990). En fait, ce n’est pas la langue qui se comporte ainsi, ce sont les locuteurs agis par l’Inconscient collectif.

Conclusion

L’Inconscient collectif agit sur nos discours jusqu’à transformer notre langue en opérant un retour vers l’énantiosémie des langues anciennes, qui reflète notre ambivalence psychique, un retour vers certains étymons et vers une harmonie entre le son et le sens. Cette adéquation nous est si naturelle que nos discours furibonds utilisent des consonnes explosives tandis que nos discours amoureux n’utilisent que des sonorités douces.

De même que l’Inconscient personnel, l’Inconscient collectif pourrait bien être assez ambivalent pour mener les civilisations à la vie ou à la mort selon qu’il est accueilli et analysé ou imprudemment renié. A force de vouloir l’ignorer, l’humain risque de disparaître, que ce soit sous l’effet du réchauffement climatique ou d’une guerre nucléaire : l’origine profonde en est l’Inconscient collectif, qui pourrait être bénéfique à condition de le respecter au lieu de l’étouffer, de vivre en harmonie avec lui au lieu de nier son existence.

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