La psychologie politique a cumulé une série de connaissances dans le domaine de l’homme et de ses rapports au politique, malheureusement peu articulées et éparses. Des réflexions, des études, des recherches et des critiques porteuses de solutions. Au fond c’est le doute et l’attente qu’elle provoque. Pourtant, tout semble indiquer que la crise qui perdure depuis des années fait exception. Pourquoi les leçons antérieures ne sont-elles pas mises à profit pour résoudre les symptômes d’aujourd’hui ?
Le succès des neurosciences et de l’idéologie technocratique l’explique en partie. La révolution de l’ordinateur et l’essor des sciences naturelles également. L’irruption de la neurologique et la croissance des moyens dans ce secteur font passer les sciences humaines et sociales à l’ombre des décisions gouvernementales. Le tout sciences dures a érodé l’analyse du social. Question d’intérêts économiques et de priorités dans les choix. La sociologie elle-même s’est refugiée dans l’assistance sociale et la psychologie se contorsionne et caracole devant la révolution biologique. L’Université est gérée comme une entreprise : la priorité est donnée aux technologies.
Chose curieuse, où sont passées les notions sur l’âme, le peuple, les classes, les idéologies, la morale, le pouvoir ?
Toutes ces notions sont ensevelies sous une novlangue scientifique qui n’analyse pas l’ordre social. L’université s’est transformée en super lycée technique (semi-privé) au service des entreprises, voire de la fuite en avant. Ceci n’est pas un discours « gauchiste », mais la constatation d’une dérive globale qui, ni aveugle ni sourde, est rationnellement définie, tracée et voulue par les oligarchies mondialisées. Quel est le but ? Sans exagération le but est la domination par la technologie, car l’appel aux valeurs de la tradition humaniste n’est plus rentable ni pour faire la guerre ni pour produire au sens libéral. De fait, la fabrication des robots cybernétiques remplacera les humains, et les rendra mille fois plus utiles. L’humain est devenu superflu. Dire cela n’est pas la peur de la science, ni l’appel à la science-fiction, mais la réalité des solutions qui sont en train de sortir des laboratoires.
Quel discours tenir donc ? Quelle pensée psychologique et politique ? Faut-il une nouvelle morale ?
Soyons clairs. Dénoncer les dangers des nouvelles cléricatures, car la science normale, banale et autosuffisante est devenue le porte-parole d’un nouveau système de toute puissance, qui menace la cohésion sociale, les principes universels de l’homme, et la démocratie. En somme : changer de style et de stratégie, sans perdre son âme, s’impose, afin de renouer le dialogue avec les autres sciences, celles des valeurs humaines. La politique reste un moyen essentiel pour changer l’ordre imposé par la technostructure. Et la psychologie peut jouer un rôle en défense de la personne et de revitalisation de la morale civique.