N°23 / La psychologie politique en Europe Juillet 2013

L’effet politique d’aliénation

La politique et le sujet divisé

Alain Deniau

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La politique est censée être soutenue par un désir conscient mais elle est, comme l’inconscient lui-même, un discours clivé car traversé par le désir de ceux à qui elle s’adresse, par les promesses de ceux qui veulent être aimés, par la parole de celui qui l’incarne. La politique est à entendre comme une expression collective de l’inconscient. Elle est un discours orienté par l’inconscient.

La division du sujet, caractéristique essentielle de l’humain, est fondamentalement, intrinsèquement méconnue car elle est la conséquence même de l’inconscient. L’humain, parce qu’il est un être de langage, traversé par le langage, en est divisé. Division sans cesse méconnue, mais pourtant perceptible au point de devenir une évidence pour un auditeur attentif quand elle produit lapsus, délire ou rêve. Le sexuel et son impossible représentation, le Réel au-delà du dicible et du représentable, ce qui ne n’est pas encore symbolisé et ce qui ne sera jamais symbolisable, la pression de la pulsion, l’écart différenciant les signifiants porteurs du sujet, tous ces traits caractérisant et portant l’inconscient divisent radicalement le sujet. Le refoulement vise à étouffer l’expression de cette division intrinsèque qui ne peut venir au jour dans une parole publique, a fortiori politique. La volonté consciente du sujet vise à réprimer les effets de la division subjective pour mettre la parole sous l’empire de la raison.

Néanmoins, le discours politique peut faire perdre cet empire de la raison.

Le politique ou la politique ?

Lorsque Lacan prononce le 10 mai 1967, alors que s’annonce une grève générale, la phrase fameuse « L’inconscient, c’est la politique ». Il dit la et non pas le, ce qui serait trop abstrait. Il précise ce la politique non seulement par le contexte social de l’heure, une grève générale, et par le contexte mondial, la guerre du Viêt-Nam, mais aussi par une remarque qui apparente la politique à la religion, en utilisant les termes « ce qui lie ». Il complète sa formule en écrivant en effet : « Je veux dire, que ce qui lie les hommes entre eux et ce qui les oppose est précisément un côté de ce dont nous essayons d'articuler pour l'instant, la logique. » Il n’y a la politique que pour celui qui s’offre, comme un névrosé offre son symptôme et porte sa demande, comme un individu s’offre à la religion, comme un citoyen se soumet à la domination politique. Si l’autre ne s’offre pas, il y a violence et création d’un rapport de force : le « ce qui les oppose » ouvre la possibilité de l’expansion de la pulsion de mort, depuis a minima la grève générale jusqu’à la guerre. C’est cette offre des autres que doit traiter la politique incarnée en un homme politique qui entend la demande qui s’adresse à lui. C’est une forme collective du transfert.

Ce désir autorise les hommes politiques à conclure des pactes en leur nom et au nom des autres. Freud disait déjà à Albert Einstein1 que ces pactes ont à résister à la pulsion de mort. Leurs dissolutions libèrent dans la réalité la pulsion de mort qu’ils retenaient sur un mode potentiel. La guerre liée à l’éclatement de la Yougoslavie, a montré à l’évidence cet effet meurtrier de la libération de la pulsion de mort gelée dans le contrat fédéral. La politique avait directement provoqué la rupture du pacte en s’appuyant sur des idées racistes et des croyances religieuses et identitaires. La dimension de violence imaginaire était en silence dans le pacte politique du fédéralisme. Sa dissolution libère en les exacerbant les différences identitaires. La guerre civile en naît. La pulsion de mort et de destruction était donc incluse mais neutralisée dans le pacte civil.

Si les psychanalyses savent bien que le sujet est divisé, ils n’en tirent guère les conséquences sur le plan collectif. Pourtant, cette connaissance permet d’anticiper les devenirs collectifs. Les transformations de la Chine ne sont pas qu’économiques, ce que les marxo-capitalistes voudraient nous faire croire, elles sont aussi une expression politique de l’inconscient.

Un article du Monde du 12 janvier 2013, inspiré par un article de Science du 10, répond partiellement aux questions qui se sont présentées à moi lors d’un voyage en Chine. Je me demandai alors, à voir ces enfants uniques idolâtrés par les deux générations d’une famille, quel effet de masse les traits qui les caractérisent, démultipliés par une multitude, auraient sur la mentalité chinoise ? Ce que les Chinois eux-mêmes nomment le 4-2-1. Ces « enfants-empereurs » incarnent dans leur corps et leur habitus la réussite de leur parents et donc de la Chine. Ils ne sont pas poussés, comme l’ont été les générations précédentes, par la nécessité vitale, par le moteur de la survie, par le risque de l’ouverture dans l’émigration, par l’abandon d’un monde pour un autre idéalisé. Ils ont été élevés sans frères, sans cousins, sans oncles puisque cette politique, qui aura été préventive de 400 millions de naissances, est établie depuis 1979, soit 2 générations. Elle met ces enfants-empereurs à la pointe du triangle 4-2-1.

Les traits que discerne la psycho-sociologie ne sont que la somme des comportements individuels construits par l’enfance de chacun. Une somme qui magnifie les traits de l’individuel2. Le rapport de recherche des psycho-sociologues australiens, publié dans Science, note que les traits qui caractérisent les Chinois sont désormais la diminution de l’initiative individuelle, le désir de protection et le pessimisme. Cette foule d’enfants uniques devenus adultes porte un discours inconscient qui est celui de l’enfant à la fois pris dans sa toute puissance infantile et dans l’inhibition quand le désir des parents n’est plus là pour le porter, désir des parents lui-même marqué par la contrainte interdictrice de la loi.

Dès les premières lignes de Psychologie des masses et analyse du moi, Freud nous dit « la psychologie individuelle est aussi, d’emblée, simultanément, psychologie sociale, en ce sens élargi mais tout à fait fondé. »Il faut donc en conclure que la structure sociale ne crée pas une identité collective qui serait autre que la sommation des sujets individuels qui vivent dans une langue commune. Cette confirmation par la « science » de l’hypothèse freudienne nous autorise à explorer les conséquences de ce postulat. Toutes les formations psychiques ont donc leur extension dans le domaine social et particulièrement dans la politique. Le sujet divisé se retrouve dans la vie collective et sociale donc dans la politique.

Une politique, dit Lacan, qui tire sa force d’une idéologie produite par l’inconscient, est ainsi la rencontre entre plusieurs discours. On sait que, pour l’instauration d’une religion, cela a été assez dit en ce qui concerne les circonstances de la naissance du Christianisme3, il faut une attente imprécise et une situation politique particulière. De même l’Allemagne de Weimar, humiliée et ruinée, attendait un Sauveur qui la sorte de l’état de détresse, de l’Hilflosigkeit4. Il faut aussi un homme politique qui puisse formuler, avec ses mots, l’attente des autres. Pour que la foule puisse s’identifier à lui et à son discours, il faut qu’il puisse parler depuis un point de souffrance intime qui s’actualise dans la circonstance commune. Le manque qu’il éprouve, depuis son histoire personnelle et individuelle, et qu’il sait faire revivre, s’il parvient à le communiquer en le transposant dans les faits actuels et collectifs, fait de lui un tribun populiste ou le fondateur d’une utopie. Tous les hommes qui ont marqué collectivement un groupe humain ont rempli cette fonction d’homme providentiel. Il faut aussi que cette attente troublée se transforme en attente croyante, c’est-à-dire que l’espace potentiel d’un transfert se constitue. Cette attente devient croyante en une renaissance, en une régénération, quand le tribun soutient, par son charisme, la vérité intime que porte sa langue et qu’il la fait partager.

Son discours est alors au plus près de l’inconscient. Par identification passive, militante ou ludique, la masse des citoyens se laisse pénétrer par ses mots, ses attitudes, ses postures. Elle se structure en écho grâce à la rencontre entre le discours entendu et attendu et l’attente troublée. Le discours, la parole du tribun passe de ce qui soutient l’intime d’un seul à ces « grand-individus de l’humanité »5, selon l’invention langagière de Freud pour qualifier les nations. Sa parole devient un discours politique qui agit sur l’inconscient comme le dire6de l’analyste déplace le discours individuel. Le discours politique du leader joue alors le même rôle que la pensée mythique7 en permettant le refoulement de l’humiliation, de la honte voire de l’effroyable, qu’il faut oublier, au profit d’un discours projetant sur l’avenir la reconstruction nécessaire, comme dans les processus infantiles. Le refoulement collectif soutient dès lors le discours politique qui s’en origine. Grâce à ce dire, le clivage du moi d’un seul devient celui de tous.

Freud remarque que le sujet dans la foule éprouve une régression dans sa pensée. L’observation est évidente quand on assiste aux manifestations de masse. La question est plus grave quand il y a répétition, voire permanence de ce genre de processus. La pensée est alors entièrement soumise, prise dans le jeu des identifications entre les participants et à l’égard du leader. Ce qui abdique alors est le contrôle pulsionnel. Si le déchaînement de haine et de violence est heureusement l’exception, néanmoins il est tellement présent à l’esprit que la peur peut imprégner certains jusqu’à provoquer une réaction contra-phobique qui va aggraver la cause. Peut-on appeler cette régression, division du sujet collectif ? Sans doute, puisque la plupart de ceux qui s’en retirent, redevenus seuls, reprennent leur liberté de penser et de réagir.

Un exemple de cette réaction contra-phobique, où domine une négation de ce que l’intelligence perçoit, se retrouve chez les chrétiens qui assistaient à la quasi-divinisation de Hitler en 1936-1937. Ils savaient bien qu’autour de lui se développait un néo-paganisme qui niait leurs convictions, que des prêtres étaient incarcérés. Ils ne voulaient pas voir l’impérialisme raciste de Hitler, mais néanmoins ils lui donnaient leur confiance et leur adulation et priaient pour lui, à son anniversaire, par peur de la guerre !8

A la différence du sujet divisé, tel qu’on le constate en analyse, la division du collectif n’est pas permanente. Une efflorescence symptomatique fait entendre le discours refoulé à travers les formations langagières de l’inconscient. La division du discours dans la politique est une division active et une division subie. Division active, elle est celle qui pousse à l’action, à la pensée de la théorie politique qui permet au sujet de ne pas être l’auteur de ce qu’il fait. Division passive du sujet qui se laisse happer dans la pensée d’un autre, qui se laisse mobiliser par la proximité voire l’identité de ce qui appartient à un autre, jusqu’à nier ses propres références.

Sans la rencontre individuelle entre la division subjective d’un leader et celle d’un sujet dont la construction rationnelle est mise en veille, comme anesthésiée et hypnotisée, il n’y aurait pas d’action politique. Si l’ensemble des individus étaient capables de faire taire leurs identifications archaïques, ce serait comme si les foules qui portent l’action politique étaient faites d’individus analysés ! Il n’y aurait alors qu’un parti de sages respectueux de l’autre, et du bien public ! Les termes nécessaires à cette action de masse sont tellement inaccessibles que ceux qui ont lu Freud en pleine tourmente fasciste ont perçu ses propositions comme foncièrement pessimistes. Elles exigent d’accepter l’autre, le prochain, le Nebenmensch, dans sa différence et sa proximité, et donc la mise en jeu de la castration au profit de la paix collective. Pour Freud, c’est intrinsèquement une utopie, donc un rêve de la politique, car la pulsion, même muselée par un puissant pacte social, ne peut que ressurgir, tôt ou tard. Il s’agit pourtant d’imposer, dans l’ordre politique aussi comme dans le sujet, la dictature de la raison : « L’acceptation d’une action progressive pour infléchir le mouvement spontané de la société et obtenir une transformation qui n’obéisse plus aux exigences infantiles du tout ou rien est le pari de la social-démocratie. »9

Puisqu’elle est menée par l’inconscient et parce qu’elle s’adresse à l’inconscient de ceux à qui elle parle, l’action politique est ainsi l’objet d’une double division. La politique chemine entre deux murailles, l’une le Réel de la langue, l’autre la matérialité de l’avoir. C’est en cela que la politique est une action possible mais difficile, alors que le politique est une idée, comme la réflexion sur une Constitution idéale, ou un vœu tel que « le politique devrait se préoccuper de la misère sociale pour prévenir la maladie mentale … » ou l’expression de la nécessité de la démocratie.

La différence entre le politique et la politique apparaît nettement. Le politique serait la dimension désincarnée de la politique, son appareil social de pouvoir alors que la politique serait l’organisation d’un fantasme collectif allant jusqu’au partage de l’utopie. Pour un analyste, le désir d’une politique social-démocrate est une politique nécessaire mais dont la pleine réalisation est utopique.

La démocratie, toujours à construire et à approfondir, est le pendant sur le plan collectif de la construction du sujet dans l’analyse, de celui qui a su « dompter sa pulsion », non pas en l’enfermant dans une cage, même dorée, comme le croit l’obsessionnel, mais en étant vigilant sur les indices et les prémisses de la sauvagerie de son retour. Le travail pour construire la démocratie est sans fin comme peut l’être le travail dans l’analyse.

Quand Lacan dit « L’inconscient, c’est la politique », il n’oublie pas qu’il n’y a de politique que par le langage. La contre-preuve pourrait être l’action sur la langue d’une ère politique. Certains mots de notre époque très récente sont alourdis de leur contexte d’énonciation : « Dégage ! », « Karcher », « Pauvre con ! » etc. Il devient difficile de les réutiliser dans un autre contexte. C’est ce qu’avait déjà noté Victor Klemperer10 quand il constatait, depuis sa réclusion administrative dans Dresde devenue nazie, la transformation insensible mais rapide, sous l’action de la politique et des mots d’ordre nazi, de la langue allemande. Hyperacousie aux mots d’ordre qui le persécutent. Insensiblement, car il fallait être comme lui sémiologue et mis à distance au sein de son propre peuple pour ne pas être pris dans le processus du refoulement. Écart créé par l’écriture quotidienne et clandestine qui lui rend visible l’oubli du sens et de la polysémie au fur et à mesure des inflexions apportées par le politique à la langue quotidienne.

Cette perte de la polysémie des mots sous l’influence de la propagande ne peut que renvoyer le clinicien psychanalyste à la particularité de la langue des patients psychotiques qui ne peuvent percevoir l’épaisseur de double sens des mots de la langue. Cette immobilisation est particulièrement perceptible dans l’effet ravageur des mots d’esprit inattendus sur eux. En créant ainsi des espaces morts dans la langue, l’emprise idéologique fait disparaître le sujet divisé et crée des enclaves psychotiques. On peut à l’inverse remarquer la surdité spontanée de chaque locuteur, qui n’est ni poète ni linguiste, aux glissements insensibles de sa langue. Elle est vivante par ce double mouvement de refoulement du sens et de création langagière continue

L’effacement de la division du sujet dans l’aliénation

Lorsqu’un psychanalyste écoute ce qui lui est dit, surtout lors des premiers entretiens, il entend parfois de longues ruptures dans le flux de ce qui est dit. C’est comme si un autre sol, que le sol constitué par la division subjective, se présentait. Ce sol de haut fond, banc de sable, d’où ne pourrait venir un discours naissant, est un morceau de discours aliéné, au sens étymologique et hégélien, discours qui appartient à un autre. Ce qui est alors dit est un texte d’où le sujet est absent. Il peut être anticipé comme le déroulement d’un moulin à prières ou à paroles, comme une mécanique impersonnelle. Ce discours de certitudes fermées échappe au dire d’interprétation de l’analyste. Quel bénéfice le sujet a-t-il à s’absenter ? Sa division subjective, qui lui est alors insupportable, lui fait percevoir à quel point il est, au sens d’Hannah Arendt, un individu solitaire. Il vaut mieux pour lui s’aliéner, dans un discours idéologique et hégémonique qui le porte, que d’être solitaire dans une société qui vivrait sans lui.

Si les conditions pour se laisser porter par la langue se réalisent, une certitude inattendue advient du déploiement du discours porté par la division subjective. Cette vérité venue de soi porte dès lors le sujet et lui fait quitter l’aliénation au discours d’un autre, ou d’autres. La langue nous porte jusqu’à un point de butée qui est le Réel. À ce point, l’adhésion au discours collectif cesse. Le dit, l’énoncé devient celui du sujet risqué dans la division subjective. Ceux qui dénient la division subjective, continuent de partager l’utopie, l’idéologie sociale ou le délire du leader. Les autres travaillés par la fausseté du discours aliénant s’en écartent depuis un point entendu comme insupportable. Ils osent le risque de la solitude, défendus par l’ironie, le jeu de mots, l’écriture ou, comme le poète Ossip Mandelstam face à Staline, le poème libérateur et insolent, mais suicidaire.11

Le discours de croyances est le terreau où se développe le discours politique du tribun et du démagogue. Freud s’appuie sur l’angoisse pour en donner les clés. L’intensité de l’angoisse, majorée par l’effet de foule, produit la levée du refoulement primaire ce qui laisse venir les croyances animiques que l’homme civilisé a réprimé. Freud nomme ce processus « l’état dans lequel se trouvent les convictions animistes de l’homme de la culture comme un avoir-été-surmonté12 - plus ou moins achevé. » Ce qu’il précise ensuite « l’inquiétant dans l’expérience de vie se produit (…) lorsque des convictions primitives surmontées paraissent de nouveau confirmées. »13 Les certitudes venues de ce temps infantile se portent sur le discours qui les conforte. Il s’appuie sur elles pour produire un lien solide dans la foule.

Adolf Hitler en était bien conscient quand il dit : » La grande masse de la population allemande a besoin d’une idole. »14 La construction de cette idole est l’œuvre de la propagande, mais aussi des faits. V. Klemperer et I. Kershaw montrent que chaque succès diplomatique, chaque recul des démocraties s’accompagne de la certitude de l’infaillibilité de Hitler qui gagne des territoires sans verser le sang allemand. Klemperer ressent chacune des victoires magnifiées par les nazis (le référendum en Sarre, l’annexion des Sudètes, l’Anschluss) comme une marque d’abandon par les démocraties. En contrepartie, Klemperer décrit un peuple fasciné, hypnotisé et prenant Hitler pour un Messie, dont il s’agit d’anticiper les désirs. Pour le peuple allemand, il y a abolition du sujet divisé par cette absorption dans l’autre devenu un Autre, c’est-à-dire la référence absolue de la pensée et l’Idéal du moi. Fonction que remplit le concept de Dieu pour un croyant.

Ian Kershaw, dans son livre magistral Le mythe Hitler Image et réalité, fait entendre que la folie du chancelier est devenue évidente, après la victoire sur la France, quand l’homme Hitler s’est identifié au mythe Hitler. La personnalité paranoïaque de Hitler, sujet divisé, roué et calculateur, s’est absorbée dans le mythe Hitler dont la fonction était d’être la clé de voûte du système politique. Cette fusion, cet effacement du sujet divisé au profit d’être l’idole toute puissante et infaillible a engagé un processus d’autodestruction psychotique que I. Kershaw résume ainsi : » l’autosuggestion de l’idéologue « convaincu » s’est magnifiée au point d’effacer toute trace de l’homme politique calculateur et opportuniste, ne laissant à sa place qu’un appétit vorace de destruction ».15

L’exercice du pouvoir efface-t-il inéluctablement la division subjective ? L’enflure spéculaire qu’il produit aurait-il un effet de leurre qui irait jusqu’à effacer la caractéristique essentielle de l’humain qui le protégerait de l’aliénation ? Se prendre pour, jusqu’à faire fusionner l’écart entre le spéculaire et le narcissisme, exprime qu’il n’y a plus d’inquiétant, qu’il n’y a plus de double, plus de division en soi mais un un, un unique.

  L’abolition du sujet divisé est d’autant plus intense que le discours idéologique et politique se construit à partir d’un mythe de l’origine. En proposant une régénération, une renaissance à partir d’un signifiant originaire qui se substitue au sujet le fantasme d’un homme nouveau, d’un sur-homme peut advenir. En le déployant dans sa dimension de l’unique, du pur, de l’invincible, le discours politique supprime la castration, cause de la division subjective. Produit à partir d’un signifiant originaire refoulé et donc caché, ce discours fondateur soutient la cohérence des productions sociales établies en son nom. Il devient le mythe fondateur sur lequel s’appuie le discours unifiant du tribun. C’est la conclusion de Freud dans Constructions : « Si on appréhende l’humanité comme un tout, et qu’on la mette à la place de l’individu humain isolé, on trouve qu’elle aussi a développé des formations délirantes qui sont inaccessibles à la critique logique et contredisent la réalité effective. Si elles peuvent malgré cela exercer un empire extraordinaire sur les hommes, l’investigation conduit à la même conclusion que pour l’individu isolé. Elles doivent leur pouvoir à leur teneur en vérité historique, vérité qu’elles sont allées puiser dans le refoulement de temps originaires oubliés. »16

Quand le discours organisateur social et institutionnel repose sur un mythe ou une vérité historique, il est le mode de la construction sociale, avant la démocratie. Il construit un dispositif en congruence avec lui que l’on peut nommer le politique. Ainsi, par exemple, de mettre en avant le processus héréditaire dans la transmission du pouvoir, organise un modèle politique qui impose une aristocratie selon la proximité avec le signifiant originaire et fondateur. Le modèle politique sélectif devient ici la référence de la norme. Il fonde ce que l’on pourrait nommer le politique de cette société donnée.

Le discours politique peut se réduire à n’être que l’incarnation d’un discours originaire. Le mouvement du discours se fige sur la figure du pouvoir dès lors incarné par une seule personne, sur une seule cause entraînant des processus d’identification dans la langue. L’identification personnelle à un seul discours, personnification de l’Idéal, établit une répression intime en soi et une terreur collective au nom du Bien ou de la Vérité. L’intime, qui est une démarche de démenti que le Bien soit chose publique, est alors banni au nom du Bon décidé pour Tous, faisant Un. La position de division subjective ne peut dès lors s’affirmer que par opposition. L’intime doit tendre à s’exprimer par la parole ou l’écriture pour ne pas devenir une rêverie stérile ou autiste.

La modernité contemporaine montre que nous vivons une mutation complexe. Le développement de la démocratie dans tous les espaces de la vie sociale est une perspective politique réalisable. L’épanouissement dans la vie sociale, au-delà de la satisfaction primaire, est la poursuite de l’épanouissement de la division subjective dans la vie du sujet dont l’élaboration trouve sa raison dans la psychanalyse. La liberté de pensée, la liberté d’expression, la liberté sexuelle, la liberté d’aimer en sont les modalités dans la vie individuelle et sociale. Les questions, que l’on nomme aujourd’hui sociétales, viennent d’une demande du sujet dans l’élaboration de sa parole.

L’exclusion de l’humain au nom du biologique

La parole ne peut être pleinement libre puisqu’elle chemine entre les murailles du Réel. Elles sont les limites imposées que nous avons à accepter. Limite imposée par la castration, limite du Réel lui-même. Au prix de cette acceptation, la parole gagne sur l’impossible. Mais notre exigence de sujet, libéré par l’analyse, est de repérer les limites imaginaires dictées par l’idéologie. Une de ses expressions est la religion dont la fonction est relier les humains en leur masquant la castration.

   La référence au discours de la science comme référence de la morale, voire comme référence d’un discours politique, est une nouveauté de notre temps. Dans notre société, un certain discours venant de la science tend à s’instaurer comme un recours contre la castration qu’impose la vie. Ce discours est porteur d’une idéologie séductrice. Notre civilisation post- industrielle est baignée dans l’idée que la science est toute puissante et au service de l’homme. De ce fait, elle peut être érigée en référence ultime au discours politique. La science en elle-même suscite des certitudes qui peuvent construire une idéologie politique néo-scientiste et aboutir à une exclusion de l’humain au nom du biologique. Ainsi, mêlant lois de la consommation et références scientistes se construit un discours politique idéologique reposant sur la pulsion, déniant le manque et la castration. Vertige d’un monde dont la politique serait acéphale. Démonstration par l’antinomie de la phrase de Lacan où la politique serait remplacée par le politique quand le politique devient celui des experts. Ils parlent et prononcent leurs décisions, sans désir, au nom de la Science érigée en principe fondateur. Ils oublient que celle-ci ne progresse qu’en renversant ses postulats depuis les conclusions que l’expérience apporte. Le désir exclu ne peut que, tôt ou tard, faire retour dans le social sur un mode imprévisible, car construit sur le mode de l’hallucination individuelle.

Dans le champ de l’humain, il n’y pas d’expérimentation possible. Il faut donc avancer des conjectures à partir des faits connus et sur un mode analogique. En biologie, et donc en médecine, le discours produit par la science se substitue aux discours humains. Il tend à prévaloir sur l’expérience morale. La difficulté de la société contemporaine est dans la construction de certitudes qui trouveraient leurs fondements dans une éthique du sujet. La société utopique que nous construisons par l’aboutissement du travail psychanalytique doit répondre aux demandes de compromis du sujet divisé. Le libre jeu de la parole individuelle du sujet devrait trouver son répondant dans l’expansion de la parole dans le collectif, c’est-à-dire dans la parole démocratique. Le lien démocratique est un contrat qui gèle la violence pulsionnelle. Or, il faut être réaliste : la poussée de l’inconscient est d’aller vers l’aliénation dans l’idéologie consumériste, scientiste ou religieuse. Elle y trouve la satisfaction de la pulsion acéphale d’avoir et le masque de l’angoisse de castration par l’illusion d’être, érigée en certitude.

Sur le plan de l’inconscient, il n’y a pas de discours de la démocratie. Au contraire, l’effet de discours entre les humains tend à les séparer les uns des autres, en communautés de mêmes. Le lien démocratique entre les hommes est une production de la conscience réfléchie, production de la « dictature de la raison » qui s’impose à la sauvagerie des pulsions. Spontanément, la société des humains s’organise autour d’un fantasme qui devient, pour cette société, un mythe fondateur et un organisateur des pulsions agressives.

On doit penser que l’humain même perçu par nous, sur un mode ethnocentrique comme le plus archaïque, est, comme tout parlêtre, un sujet divisé. Pour cet humain, lointain dans la distance culturelle, l’expression de sa division subjective n’est que potentielle. C’est la structure sociale, où il existe et vit, qui dirige sa pensée, inhibe son expression personnelle et la dirige. Maurice Gaudelier racontait dans son séminaire17 qu’un guerrier très fort perturbait le village. Certes, il avait coïté avec toutes les femmes dans les champs, mais ce qui lui était reproché était d’avoir répandu sa semence sur le sol et d’avoir ainsi perturbé l’ordre de la fécondité. Il fut décidé pour le tuer de provoquer une querelle armée avec le village voisin. Les ennemis le tuèrent. L’ordre revint dans la communauté. Dans une société où l’expression individuelle du désir n’a pas de place et donc pas de sens, son surgissement chez un individu ne peut être que la mort ou la folie.

Une civilisation (une Kultur) de la position subjective du sujet

Beaucoup plus difficile à prévoir est l’évolution d’une civilisation quand elle s’appuie sur la position subjective du sujet, et donc sur l’accès à toutes les libertés formelles. Dans notre civilisation démocratique, la transmission du Symbolique s’effectue essentiellement par la parole et sa limite est le Réel. On peut conjecturer que franchir la limite qu’impose le fait de la castration dans ses différentes modalités d’expression, tel que le manque radical lié à l’anatomie, est l’expression d’un déni qui engagera des conséquences dans la transmission aux générations suivantes.

C’est la question que pose aux analystes la revendication du mariage pour tous. On peut considérer que le politique, celui de l’épanouissement de toutes les subjectivités, s’oppose ici à la politique qui serait celle des possibles. Pour entendre le dilemme, il faut faire un détour par une réflexion sur la psychose : tous les modes d’éducation ne sont pas sans conséquences et ne sont pas tous possibles. Pour que s’exprime une psychose chez un sujet, on sait d’expérience qu’il faut, au moins, trois générations. La psychose déclarée que l’on a eu le sentiment d’avoir soigné, et dont on espère avoir ainsi prévenu l’effet sur l’enfant, revient encore plus gravement sur celui-ci, à la génération suivante, la quatrième donc. L’action thérapeutique aura seulement permis de déplacer d’une génération la gravité de la manifestation de la psychose. Ce qui montre que la modification de la transmission ne peut se faire de manière volontaire mais s’effectue par l’inconscient. La transmission s’inscrit par l’insistance d’un signifiant porteur de sens pour l’un ou l’autre des parents. Cela devient le trait dans la filiation. Si un signifiant porteur d’une aberration culturelle se trouve conforté par un autre signifiant rencontré dans le désir du jeune couple des descendants, alors l’aberration culturelle trouve un socle et se transmet en folie pour l’enfant. La pression du signifiant aberrant détermine alors le sujet.

L’exemple de la psychose montre que, si la place de ce signifiant est un vide, ce trou « entouré d’un trou » passe à l’autre génération avec encore plus de violence psychotique que celle que l’on a voulu prévenir. La société humaine ne peut se permettre toute les folies puisque l’on constate alors que ce rameau de l’arbre de vie devient une branche morte. N. Zaltzman18 étend le concept freudien d’une solidarité d’espèce humaine entre les humains en déployant la métaphore biologique de Freud dans l’Au-delà du principe de plaisir. Cette métaphore des humains comme une colonie cellulaire vivante et éternelle implique la notion d’apoptose19 dans ce qu’elle nomme le travail de Culture (Kulturarbeit)20 quand le processus de transmission est en impasse de toute représentation possible. L’apoptose est le mot par lequel les Grecs décrivaient la chute des feuilles à l’automne.

Il faudra attendre quelques générations pour constater la véracité de ces conjectures. En a-t-on le droit ?

Malaise dans la transmission

Le mariage-pour-tous suscite des questions inattendues. Il montre bien que, la liberté offerte est l’aboutissement des choix soutenus par la division subjective. Le choix élaboré par quelques sujets dans l’élaboration subjective est-il compatible avec la transmission des signifiants et introduit-il un hétérogène supportable au-delà du plaisir voir du bonheur à établir pour soi sa différence ? Il est vraisemblable qu’un clivage se constituera dans la société, comme chez le sujet, entre l’expansion subjective et la recherche d’une stabilisation du bénéfice acquis au prix d’une aliénation. L’offre médicale de procréation, la pression marchandisation du corps donnent les possibilités d’un semblant. La liberté acquise par l’épanouissement de la division subjective se moule dans une conformité sociale ou microsociale pour répondre aux angoisses existentielles de but d’existence et de transmission de l’identité. Pour y parvenir, la projection de soi doit s’identifier à un fragment du discours de la science de la reproduction qui permet désormais tous les fantasmes sans mettre le sujet à l’épreuve du désir dans l’altérité et la différence sexuelle. Cette absence, ab-sens comme l’écrit Lacan, qui a motivé la démarche vers la science ou la marchandisation, se transmettra comme un trou, soutenu par un déni, analogue au trou qui éclate la psychose en un non-discours ou en un discours en permanence défensif de type systématique ou paranoïaque.

Les politiques qui en parlent et leurs conseillers confondent l’éducation, qui est le désir conscient de transmettre, avec la transmission inconsciente qui est pleinement mystérieuse. En regardant ses propres enfants ou d’autres très proches, sur deux générations, on peut voir comment ils se sont approprié, pour orienter leur vie, les traits qui n’étaient que des traits silencieux, ou plus étonnant encore, des traces cachées qu’ils font vivre. Ces traits, à leur insu, les déterminent. La procréation chez les couples homosexuels et la Grossesse Pour Autrui soulèvent ces questions de transmission dont l’effet négatif possible, sur le plan de la transmission psychologique, se manifesterait plusieurs générations après, à la troisième ou à la quatrième.

La pratique de la psychanalyse enseigne que la douleur d’une folie du sujet trouve son origine dans une « ordinaire folie privée » vivable, supportable et habituelle de la génération précédente, folie sans éclats excessifs pour l’apparence normale et sociale de cette famille, mais insupportable pour au moins un des enfants. C’est lui qui mettra dans l’acte de révolte, ou de folie ou de délire ou d’expression psychosomatique, la « folie familiale privée » qui n’a pas cessé de l’insupporter dans son enfance. Ce qui excède et impose sa loi dans la microsociété familiale, finit par exploser en une crise dont le sens ne lui sera accessible que par le travail d’élaboration avec un analyste. De même, nous savons, au point de pouvoir le prévoir, qu’une manipulation sur son nom propre n’est pas sans conséquences pour un sujet qui arrivait jusqu’alors à vivre avec.

Il en est de même pour ce qui inscrit l’origine. La place vide de l’un des parents dans la différence des sexes peut être masquée par un ersatz venu de l’éducation ou d’une micro-culture pendant une, voire deux générations, mais elle ne manquera de produire un symptôme, c’est-à-dire un discours condensé (Verdichtung), articulé par la division subjective. L’enfant porteur de ce symptôme peut le dissoudre dans sa vie, mais il peut aussi, comme on le constate dans la transmission de la psychose, rencontrer une personne avec qui le désir, entre eux deux, transforme le symptôme. La rencontre entre eux peut déclencher une psychose pour l’un des parents ou pour leur enfant, c’est-à-dire une production psychique éclatée dont le sens échappe sans pouvoir remonter la chaîne des sens auprès des deux ou trois générations précédentes. Ce ne sont que des conjectures qui n’ont jamais été vérifiées auparavant puisqu’elles sont l’aboutissement de deux discours divergents, l’un le psychanalytique, l’autre porté par triomphe de la science médicale inspirant le politique.

À entendre la surdité actuelle et l’aveuglement au profit de la satisfaction immédiate, l’inconscient sera à redécouvrir. Porter le diagnostic de l’enchaînement des causalités à la lumière d’une connaissance de l’inconscient de plus en plus méconnu et donc réprimé, serait la tâche de ces futurs (re)découvreurs de l’inconscient. Il faudra alors qu’ils s’interrogent sur le lien entre le sujet et la culture, entre la transmission culturelle et l’inconscient, qu’ils redécouvrent dans la langue de cette nouvelle époque, de cette nouvelle civilisation ce qui produira des symptômes issus d’une transmission apparemment sans manque. Cette culture à venir nous sera proche certes, mais elle sera aussi distante. Comme le serait la nôtre, notre e-culture, de celle de nos arrière-grands-parents, ceux des premières automobiles, des premiers téléphones ou des débuts de l’électricité. Serait-ce un « Meilleur des mondes » ?

Pour conclure

Les psychanalystes sont interrogés comme des experts, c’est-à-dire annonçant des certitudes depuis le savoir ou la doxa d’une science. Au contraire, ils sont sans doxa et les porteurs de la division subjective. Ce n’est que timidement qu’ils peuvent communiquer ce qui se forme en eux à partir de la voix de l’inconscient dégagée par leur pratique. Ils ne peuvent s’appuyer que sur la conviction apprise de l’écoute de l’inconscient humain : il y a une bisexualité humaine qui tente de trouver sa voie dans la parole entre humains, hommes et femmes. C’est cette inscription qui se transmet. Sa limite est l’impossible où se forme la folie. Un contournement de cette différence radicale produira nécessairement une construction substitutive, un Ersatz dirait Freud, c’est-à-dire une phrase (Satz), une proposition autre, productrice de symptômes. Ce nouveau discours sera-t-il porteur de vie ou sera-t-il le lieu d’une implosion dans notre culture, une apoptose micro culturelle ?

1  S.Freud, Pourquoi la guerre ? O.C. XIX, p. 79 : « L’état idéal serait naturellement une communauté d’hommes ayant soumis leur vie pulsionnelle à la dictature de la raison. »

2  Peut-on parler ici de somme quand l’addition des sujets ne fait que reproduire les traits du sujet, jusqu’à instaurer ce que Freud nomme les « grand-individus de l’humanité », ceux qui partagent une langue commune  ?

3  Voir l’œuvre de Lucien Jerphagnon

4  L’Hilflosigkeit de l’être humain aux origines est un concept qui traverse l’œuvre de Freud dans son entier.

5  S. Freud, Actuelles sur la guerre et la mort , O.C.XIII, 1915b, p.127

6  J. Lacan, L’étourdit, Autres écrits, Seuil

7  C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, 1958, p.231 : « Rien ne ressemble plus à la pensée mythique que l’idéologie politique ».

8  Ian Kershaw, Le Mythe Hitler, ch. 4, L’image de Hitler et la « lutte ecclésiastique », pp.135-152

9  A. Deniau, Vacillement de l’altérité, psychoses et société, L’Harmattan, 2011, Paris, p. 241

10  V. Klemperer, Le Journal : Mes soldats de papier 19333-1941 et Je veux témoigner jusqu’au bout  1942-1945 Seuil, 2000et LTI, La langue du IIIème Reich, Albin Michel, 1996

11  L'Hirondelle avant l'orage (The Stalin epigram, traduit de l'américain par Cécile Arnaud, 333 pages, 22 euros, Editions Baker Street).

12  Un avoir-été-surmonté : Überwundensein bezeichnen. Il est intéressant de noter que Freud cherche comment définir ce processus. Studienausgabe, Bd IV, Seite 271  

13  S.Freud, L’inquiétant, O.C. XV, puf, p.184,1996   

14  Ian Kershaw, Le mythe Hitler, Image et réalité sous le IIIème Reich, Ed. Flammarion, 2006, p. 312

15  Ian Kershaw, ibidem, pp 320-321

16  S. Freud, Constructions dans l’analyse, O.C.XX, pp.72-73, puf, 2010.

17  Séminaire commun avec Jacques Hassoun à l’Institut Auguste Comte (1990 ).

18  N.Zaltzman, De la guérison psychanalytique, PUF,1998

19  Apoptose : mort cellulaire programmée. C’est le processus par lequel des cellules déclenchent leur autodestruction en réponse à un signal. C'est l'une des voies possibles de la mort cellulaire, qui est physiologique, génétiquement programmée, nécessaire à la survie des organismes multicellulaires. Elle est en équilibre constant avec la prolifération cellulaire. (Wikipédia)

20  N.Zaltzman, op. cit., p.14 : « notion freudienne irremplaçable et intraduisible, passage en force des transformations psychiques imposées à l’histoire de l’humanité et à l’histoire singulière de chacun (…) ».

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