Les Cahiers de Psychologie Politique constituent un carrefour où doivent se rencontrer des disciplines qui contribuent à éclairer le politique. Pour ce second dossier sur l’avenir de la démocratie, en accueillant des juristes (Thomas Branthôme), des philosophes (Pierre-Henri Tavoillot), des latinistes (Emilia Ndiaye), des sociologues et spécialistes des relations internationales (Pierre de Senarclens) ou des sciences politiques (Françoise Massart-Piérard) sans oublier des psychologues (Fanny Généchault et Paul Wiener), les cahiers ne se diluent pas. Ils jouent ce rôle d’éveil où le politique s’explore selon des méthodes et des exigences variées mais tellement complémentaires.
Ce numéro montre que l’avenir de la démocratie relève d’un art de la psychologie humaine qui s’insinue dans les actes de la pensée, dans les règles des institutions, dans l’exercice du pouvoir qui s’exerce sur soi et sur les autres. Quand il est question par exemple de délibération, Aristote n’en faisait-il pas ce moment particulier de la liberté de conscience pesant les alternatives avant de décider. Et cet exercice personnel n’est-il pas prolongé de celui des assemblées qui délibèrent ? Les perspectives de nos auteurs sont comme une démocratie vivante qui s’invente et s’instruit en s’interrogeant à son propos. Peut-être la démocratie est-elle affaire de discipline personnelle où l’exigence de se considérer comme un simple contributeur exclut l’arrogance de se croire détenteur de la contraignante vérité qui s’imposerait au nom de la tyrannie d’une démonstration infaillible. L’homme de science s’éloigne parfois au nom de sa science de l’idéal d’une modestie démocratique.
Il est sans doute plus simple de dominer que de servir, il est plus aisé d’asservir que de se libérer de ses certitudes, il est plus facile encore d’aliéner autrui au lieu de se dominer soi-même. Alors que nombre de dirigeants occidentaux s’affublent d’un mépris souverain pour ce qui ne leur convient pas, la psychologie politique livre peut-être modestement l’enseignement d’une société occidentale oublieuse de la première des émancipations : une éducation ouverte, propice à la liberté de conscience et à cette libre délibération fondée sur le respect de l’autre ; ce à quoi nous semblons renoncer pour soumettre, interdire, dénoncer, contraindre, évitant temporairement les débats et les dialogues, au risque de changer les règles du jeu politique et de donner raison à ceux que nous pensons combattre.
Enfin, nous invitons nos lecteurs à prendre connaissance de notre nouvel appel à communication consacré aux politiques de santé et à le diffuser largement, voire à prendre contact avec nous pour nous faire des propositions.