N°37 / Les politiques de santé Juillet 2020

Le trop et le trop peu. Anorexie et obésité comme symptômes d’une société consumériste.

Patrick Chastenet

Résumé

« Parlez-moi des 25% de jeunes filles en surpoids, ensuite on parlera des 2% d’anorexiques. » La pirouette de Karl Lagarsfeld, pour éviter de répondre à une question portant sur l'amendement Véran à la loi de santé 2015 visant à pénaliser l’incitation à la maigreur, ne mériterait pas d’être évoquée ici si elle ne pointait pas une situation paradoxale qui suppose de penser ensemble, et non pas séparément, deux phénomènes a priori antithétiques. Au sein de nos sociétés contemporaines, il semblerait en effet que deux logiques contradictoires s’affrontent. Tandis que le capitalisme consumériste fabrique à la chaine des individus en surpoids, et des obèses, le système technicien s’ingénie à les faire maigrir sur l’air publicitaire : « La forme, pas les formes ! » entamé depuis les années 1970. Ou plus exactement, la propagande sociologique, au sens ellulien du terme, s’ingénie à imposer à tous ses membres le modèle unique du corps mince donc efficace.

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Le trop et le trop peu. Anorexie et obésité comme symptômes d’une société consumériste.

 

                       

Patrick CHASTENET est professeur de sciences politiques à l'univesité de Bordeaux, membre du Centre Montesquieu de recherche politique, directeur des cahiers Jacques Ellul dont il est un des spécialistes les plus reconnus. Il vient de publier en 2019 : Introduction à Jacques Ellul, aux éditions La Découverte. Il est par ailleurs l'auteur de Penser et panser la démocratie chez Garnier en 2017.

« Ces deux comportements de célébration et de méfiance ou de mépris du corps ne sont pas contradictoires : ils fonctionnent ensemble. (…) Là où parait dominer son exaltation, on peut se demander si sa ‘libération’ ne consiste pas dans le projet de s’en débarrasser par tous les moyens[1]. »

 

« (…) la vie de chaque individu, y compris les impulsions les plus cachées qui constituaient auparavant son domaine privé, doit tenir compte des exigences de la rationalisation(…). La conservation de l’individu par lui-même présuppose son adaptation aux exigences requises par la conservation du système[2]. »

 

Sommaire

1. Le surpoids et l’obésité comme symptômes du capitalisme consumériste

1.1. Surpoids et obésité en France

1.2. Surpoids et obésité dans le monde

2. L’obsession de la minceur comme symptôme de l’organisation technocapitaliste

2.1. La quête ordinaire de la minceur : le corps performant

2.2. Quand le médicament remplace le régime : le Médiator

2.3 La quête hallucinée de la minceur : le thigh gap

 

 

 

 

« Parlez-moi des 25% de jeunes filles en surpoids, ensuite on parlera des 2% d’anorexiques[3]. » La pirouette de Karl Lagarsfeld, pour éviter de répondre à une question portant sur l'amendement Véran[4] à la loi de santé 2015 visant à pénaliser l’incitation à la maigreur, ne mériterait pas d’être évoquée ici si elle ne pointait pas une situation paradoxale qui suppose de penser ensemble, et non pas séparément, deux phénomènes a priori antithétiques. Au sein de nos sociétés contemporaines, il semblerait en effet que deux logiques contradictoires s’affrontent. Tandis que le capitalisme consumériste[5] fabrique à la chaine des individus en surpoids, et des obèses, le système technicien s’ingénie à les faire maigrir sur l’air publicitaire : « La forme, pas les formes ! » entamé depuis les années 1970[6]. Ou plus exactement, la propagande sociologique[7], au sens ellulien du terme, s’ingénie à imposer à tous ses membres le modèle unique du corps mince donc efficace. Un corps à la perfection toute machinique, stylisé et sublimé par une publicité dont l’omniprésence ne doit pas cacher sa nature plus conformiste que créatrice. Car c’est en réalité la société tout entière qui s’exprime à travers les modèles, en l’occurrence des Top Models, qu’elle s’est choisie. C’est donc la société tout entière qui choisit de faire du surpoids le stigmate de l’inefficacité sociale. L’individu moderne se trouve ainsi soumis à des injonctions contradictoires (double bind) : alors que le capitalisme marchand invite les plus privilégiés à s’adonner aux plaisirs de la bonne chère tout en condamnant les moins fortunés à une alimentation industrielle riche en graisses, sucre et sel, la société technicienne inculque à tous ses membres une éthique (ascétique) et une esthétique (puritaine) de la forme, fondée sur l’équilibre du corps séduisant et performant.

 

Ces deux tendances sont pourtant à analyser comme l’envers et l’endroit de la même médaille mais aussi comme deux logiques antithétiques qui rendent encore plus intenable la condition de l’individu moderne le plongeant dans un univers parfaitement schizophrénique. Elles conduisent les uns au surpoids et à l’obésité, les autres au culte insensé de la minceur -poussé à son paroxysme pour certaines (jeunes) femmes adeptes du thigh gap. Elles condamnent l’immense majorité des individus ordinaires à rechercher sans répit le corps efficace réclamé par le système technocapitaliste.

 

1. Le surpoids et l’obésité comme symptômes du capitalisme consumériste

 

Nonobstant les facteurs génétiques qui, du reste, ne sont pas à appréhender seuls mais en interaction avec une multitude de variables dont les pratiques alimentaires et l’exercice physique, le surpoids et l’obésité doivent être analysé comme des faits sociaux. Le système technocapitaliste produit des obèses et des individus en surcharge pondérale par le biais de plusieurs facteurs pouvant se combiner entre eux entrainant alors des phénomènes de majoration des maux. Son mode de production et de consommation repose pour l’essentiel sur de l’alimentation industrielle, la malbouffe/junk food (mauvaises graisses et sucre au détriment des fruits et légumes) à grande échelle et surgelés bas de gamme à tous les rayons.  Aux questions d’alimentation vient s’ajouter le manque d’activité physique résultant à la fois de l’addiction aux écrans et au recours systématique aux moyens de transports mécanisés. Ces facteurs sont à appréhender au regard des différents mécanismes d’exclusion sociale. La qualité de l’alimentation reste fortement corrélée au statut et/ou à la classe sociale. La diététique, et a fortiori la nourriture biologique, reste encore l’apanage des classes aisées tandis que les plus pauvres sont condamnées à une alimentation bon marché, et de mauvaise qualité. Dans le même sens, la tendance au surpoids est directement corrélée au niveau d’études et donc de revenus. Moins un individu est diplômé, plus il à de chances d’être obèse. Les personnes ayant poursuivi des études supérieures au-delà du troisième cycle ont trois fois moins de risques de présenter une obésité que celles qui n'ont pas atteint le niveau du BEPC. On peut donc légitiment parler d’une double stigmatisation puisque les femmes issues des milieux défavorisés sont les principales victimes de l’obésité. (Haute autorité de santé, 2011). N’ayons donc pas peur des mots, dans la majorité des cas en Europe, se moquer des grosses (femmes) équivaut à se moquer des pauvres !

 

Nous examinerons d’abord la question de la surcharge pondérale en France avant de la mettre en perspective au niveau mondial. Nous tenterons notamment de savoir s’il s’exerce en France une pression sociale plus forte sur le corps des femmes que dans les autres pays ?

 

1.1. Surpoids et obésité en France

 

La définition du surpoids et de l’obésité s’appuie ici sur les normes de l’OMS, à savoir pour le surpoids un indice de masse corporelle (Body Mass Index, BMI) IMC égal ou supérieur à 25, calculé en divisant le poids par le carré de la taille et pour l’obésité un IMC égal ou supérieur à 30. Depuis 1997 en effet, l’OMS a fait de l’indice de Quételet son standard pour mesurer les risques sanitaires liés au surpoids. Le diagnostic de l’obésité ou de la surcharge pondérale fait intervenir d’autres facteurs dont la mesure du tour de taille à mi-distance entre la dernière côte et le sommet de la crête iliaque. En outre, ces normes ne sont pas sans susciter certaines réserves chez les sociologues[8]. L’IMC fournit seulement un indicateur à interpréter prudemment en le corrélant avec d’autres paramètres, et au cas par cas, lorsqu’il s’agit de s’inscrire dans une démarche médicale, qui n’entre pas dans notre propos ici. En France, on recense plus de deux fois plus d’obèses chez les « précaires » (35%) que dans le reste de la population (16 à17%) en 2013 ( plus 30% d’individus en surpoids, selon le même sondage réalisé pour la MGEN 05/03/2014) contre 11% d’obèses dans le monde en 2008, selon chiffres OMS publiés en 2014Il résulte de plusieurs études publiées en 2012 que si, en France, il existe une certaine prévalence de l’obésité féminine, au-delà de l’obésité stricto sensu les problèmes liés au poids sont plutôt masculins. Pourtant, ce sont les femmes qui surveillent leur alimentation. C’est le cas de huit femmes sur dix, sachant en outre que 6,7 femmes sur dix vont même jusqu’au régime. Mais alors que chez l’homme la corpulence est associée à la puissance, chez la femme elle est signe de disgrâce.

 

Selon la sixième édition de l'étude trisannuelle ObEpi-Roche, l'obésité touchait, en 2012, 15 % de la population adulte, correspondant à un peu plus de 6,9 millions d'obèses, soit environ 3,3 millions de plus qu'en 1997[9].

 

è En France en 2012

Surpoids et obésité=

53,1% chez les hommes (dont 14,3% d’obèses),

42% chez les femmes (dont 15,7 d’obèses).

 

Total/population : 47,3% dont 15% d’obèses.

 

Mais si l’on se reporte aux chiffres de l’OCDE, on peut commencer par se demander si les français, les femmes en particulier, ne se voient pas plus gros qu’ils ne sont. Même s’ils ont augmenté de façon régulière (Figure 1), les taux d’obésité et de surpoids en France sont parmi les plus bas de l’OCDE. En effet, seulement une personne sur 8 est obèse en France, et 40 % de la population est en surpoids (y compris obèse). Autrement dit, avec les Suisses et les Coréens, les Français sont statistiquement les plus minces des habitants des pays de l’OCDE[10].

 

E

 

 

En outre, la corpulence moyenne des Français est la plus faible d’Europe.

 

En dépit de ce fait statistique avéré, les femmes, en France, continuent de se trouver trop grosses. Non seulement celles qui jugent leur poids trop faible sont deux fois MOINS nombreuses que celles qui sont effectivement en sous-poids (c'est-à-dire avec un IMC inférieur à 18,5) mais alors qu’elles sont objectivement les plus minces d’Europe avec un IMC de 23,2, elles sont encore insatisfaites de leur poids puisqu’à leurs yeux la valeur idéale de l’IMC se situerait à 19,5%, soit le plus faible d’Europe[11]. Faut-il interpréter ces chiffres à la lueur de ce que Jacques Ellul nommait la propagande sociologique ? En tout état de cause, comment ne pas y voir la marque d’une certaine pression sociale, le résultat symptomatique d’un matraquage publicitaire, tendant non plus « à se faire une certaine idée de la femme mais à faire de la femme une idée », selon l’heureuse formule d’un spécialiste de la communication[12] ? Mais tandis qu’en France, aux USA et au Canada, certaines minces se tuent littéralement à vouloir maigrir davantage pour ressembler aux icones de la mode, de par le vaste monde, la population corpulente ne cesse de grossir.

 

1.2. Surpoids et obésité dans le monde

Selon le dernier rapport de l’OMS, entre 1980 et 2014, le nombre de cas d’obésité a plus que doublé au niveau mondial[13]. D’autre part, alors que le nombre d’adultes en surpoids était déjà de 1,4 milliard en 2013, ce chiffre est passé en 2014 à plus de 1,9 milliard de personnes parmi lesquelles 600 millions étaient obèses. Globalement, environ 13% de la population adulte mondiale (11% des hommes et 15% des femmes) étaient obèses en 2014. « Une grande partie de la population mondiale (65%) vit dans des pays où le surpoids et l’obésité tuent plus de gens que l’insuffisance pondérale. » Alors que l’extrême pauvreté et la faim ont tendance à reculer, la courbe s’inverse pour la surcharge pondérale. En 2014, 39% des adultes – personnes de 18 ans et plus – (38% des hommes et 40% des femmes) étaient en surpoids.

Le surpoids et l’obésité sont donc les premiers facteurs de risque de décès au niveau mondial et concernent désormais l’ensemble des pays riches mais aussi la plupart des pays à revenu intermédiaire. Il est à noter que loin d’invoquer le facteur génétique l’OMS affirme que « la cause fondamentale de l’obésité et du surpoids » résulte d’un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. Elle pointe ainsi une plus grande consommation d’aliments très caloriques, riches en graisses, et une augmentation du manque d'activité physique en raison de la nature de plus en plus sédentaire de nombreuses formes de travail, de l’évolution des modes de transport et de l’urbanisation. Dans les pays en développement mais aussi dans des pays à revenu intermédiaire, les enfants sont souvent exposés à une alimentation bon marché, très calorique à base de graisses, sucre et sel, totalement inadaptée aux besoins de leur âge et favorisant le surpoids.

L’OMS rejoint ainsi les conclusions d’une étude publiée en 2014 par un think tank britannique soulignant en particulier l’explosion du phénomène dans les pays en développement[14]. The Overseas Development Institute avait en effet observé que dans ces pays, le nombre de personnes en surpoids et d'obèses avait presque quadruplé entre 1980 et 2008, passant ainsi de 250 millions à 904 millions de personnes. Soit plus que dans les pays développés, où à la même époque leur nombre, multiplié par 1,7 pendant la même période, était passé de 321 millions à 557 millions de personnes. Enfin, la première étude synoptique à rassembler, sur la base d’une méthodologie unifiée, l'ensemble des données disponibles sur ce sujet, va dans le même sens puisqu’elle totalise, tous âges confondus, 2,1 milliards d’humains en surpoids en 2013. Réalisée par une équipe internationale de plus de 150 chercheurs couvrant 188 pays, et placée sous la houlette de l'Institut de métrologie sanitaire et d'évaluation (IHME) de l’université de Washington, elle se résume par ce constat simple posé par son coordonnateur : « la progression du surpoids et de l'obésité a été importante, générale et rapide[15]. »

« Face à cette maladie, observe Pierre Le Hir, tous les pays ne sont pas égaux. Elle reste majoritairement une plaie des nations développées. Parmi les Etats où l'obésité a le plus gagné de terrain figurent ainsi les Etats-Unis (un adulte sur trois aujourd'hui), l'Australie (dans une proportion à peine moindre) et le Royaume-Uni (un adulte sur quatre). Mais les pays en développement ou émergents sont de plus en plus concernés. Dans le « top 10 » des nations qui, à elles seules, totalisent plus de la moitié des individus obèses, on trouve à présent, aux côtés des Etats-Unis – toujours en tête de ce contre-palmarès – mais aussi de l'Allemagne, des géants démographiques : Chine, Inde, Russie, Brésil, Mexique, Egypte, Pakistan et Indonésie[16]. »

 

Mais ce « fléau sanitaire », à replacer dans sa toute dimension sociale et politique, doit aussi s’analyser en tenant compte des disparités existant entre les sexes et entre les pays. Dans les pays développés, le surpoids est un phénomène plutôt masculin alors que c’est l'inverse dans pays en développement. En 2013, dans les pays développés près d'un enfant ou d'un adolescent sur quatre, -garçon ou fille- était obèse ou en surpoids. Dans les pays en développement, près d'un jeune sur huit, pour les deux sexes. Mais alors que dans les pays en développement, l’embonpoint est un signe de prospérité, et que le nombre d’obèses ne cesse d’augmenter dans les quatre grands émergents (BRIC)mais aussi au Mexique[17], en Egypte, au Pakistan et en Indonésie; mais alors que dans les pays les plus pauvres l'obésité est socialement valorisée, comme par exemple en Mauritanie où les jeunes filles en âge de se marier seraient engraissées afin d'être plus séduisantes et de maximiser ainsi leur chance de trouver un conjoint[18], a contrario, dans les pays développés, et particulièrement chez les femmes, l’obsession est au régime minceur, coûte que coûte et parfois même jusqu’à l’anorexie, d’où la législation française d’avril 2015 visant à réprimer toute forme d’incitation à la maigreur sur Internet et dans les milieux de la mode.

 

2. L’obsession de la minceur comme symptôme de l’organisation technocapitaliste.

 

Un sondage publié dans le magazine Top Santé du 12 au 18 Juin 2009 révélait qu’en France, plus de huit femmes sur dix (83%) surveillent leur alimentation pour mincir[19]. Or, selon les standards de l’OMS, seulement un peu plus de quatre sur dix d’entre elles ont de bonnes raisons de le surveiller. Dans les pays développés et particulièrement en France et dans les pays anglo-saxons, la quête de la minceur a pris chez de nombreuses femmes, au moins trois visages : ordinaire, médicamenteuse, hallucinée…

 

2.1. La quête ordinaire de la minceur : le corps performant

 

Où passe la frontière entre le normal et le pathologique, entre le désir légitime de se sentir « en forme », « bien dans son corps » –selon la terminologie consacrée- et la soumission au diktat de la mode ? Quid du corset mental imposé principalement aux femmes par la communication-propagande, par le matraquage publicitaire ? Pour justifier la pénalisation de l’apologie de la maigreur et le dépôt de ses deux « amendements anti-anorexie », le rapporteur du projet de loi sur la santé, Olivier Véran, député socialiste de l’Isère, expliquera ainsi : « Il faut donner un coup d’arrêt à l’idée que pour être belle une femme doit quasiment disparaître[20] ».

 

Pour maigrir, les individus mettent en place plusieurs stratégies et en raison de certaines conduites extrêmes (sous-alimentation pour atteindre le thigh gap), on pourrait presque dire que l’on passe de la folie des régimes au régime de la folie, si ce terme n’était pas impropre pour désigner l’anorexie mentale.

 

Une étude réalisée par des médecins de l’INSERM dont les principaux résultats ont été divulgués en mai 2012 (NutriNet-Santé), révèle que deux femmes sur trois et un homme sur deux en France voudraient maigrir[21]. Un constat jugé alarmant pour le professeur Serge Hercberg (Inserm, université de Paris 13), coordonnateur de l'étude : « La pression d'une certaine image du corps dans notre société fait que même des sujets de poids normal, ni obèses, ni même en surpoids, font des régimes […]. Il y a vraiment un problème de perception du corps, de modèles véhiculés par la mode, les médias. » En France, 67% des femmes et 39% des hommes interrogés ont ainsi fait au moins un régime dans leur vie. 30% des femmes en ont fait au moins cinq. « Elles commencent plus tôt puisque 36% d'entre elles ont commencé entre 15 et 25 ans, contre 18% des hommes. »

 

Le business de la diététique

 

Or, en réalité, on l’a vu, si les femmes françaises sont statistiquement les plus minces des pays de l’OCDE et de l’UE, elles ne le sont jamais assez à leurs yeux, comme le démontrent les enquêtes de l’INED[22]. Et l’industrie alimentaire et l’industrie pharmaceutique sont là toutes les deux pour satisfaire une demande qu’elles ont elles-mêmes contribuées à créer, à la façon du Coca Cola de Günther Anders[23]. Pour maigrir à tout prix, les individus ordinaires recourent à différents moyens dont la consommation de produits diététiques et les régimes avec coaching. Ces produits diététiques en tous genres (en-cas hyperprotéinés, coupe faim, barquettes traiteur allégées, gélules et tisanes amaigrissantes) que l’on peut acheter en pharmacie mais aussi dans la grande distribution, pesaient uniquement en France pour environ 3 milliards d’euros en 2011. La moitié du chiffre d’affaire du secteur provenant des seuls produits allégés[24]. Mais dans la diététique laisse souvent la place aux régimes avec coaching.

 

La mode lucrative des nutritionnistes et des régimes avec coaching

 

Si au plan mondial, comme le rappelle l’enquête du journal Le Monde, la méthode Weight Watchers, qui suppose un minimum d’activités physiques et un régime équilibré en plus des fameuses réunions de Support Group, a fait ses preuves avec plus d'un milliard d'euros de chiffres d'affaires ; en France, avec seulement 120.000 adeptes cette méthode est largement minoritaire en comparaison de celle, beaucoup plus « efficace » et spectaculaire, du très controversé Pierre Dukan.

 

Malgré ses dangers avérés, la méthode Dukan, réputée « rapide et efficace » car basée sur un régime hyperprotéinés, aurait déjà convaincu 35 millions d’adeptes dont dix millions en France[25]. Selon ses nombreux détracteurs, ce régime déséquilibré, à base de viande, poisson et fromage blanc à 0%, favoriserait l’effet rebond et serait même qualifié « d’hérésie diététique » par certains nutritionnistes. Cette méthode favoriserait en outre les risques de cancer des voies digestives et en particulier du colorectum engendré par la consommation excessive de viande rouge. En effet, lors de la phase d’attaque, celui qui n’aime pas le poisson sera conduit à manger de la viande matin, midi et soir.  Or comme on le sait désormais une consommation excessive de viande augmente la prévalence de certaines affections dont notamment le cancer (colon, prostate, intestin, rectum), les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, l’ostéoporose, le diabète de type 2, les calculs biliaires et… l’obésité. Si l’on ajoute que le fer contenu dans la viande de bœuf joue un rôle oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées, on ne peut que s’inquiéter de voir la méthode Dukan adoptée par des personnes souffrant déjà de rhumatismes.

 

En outre, ce « délire carné » est non seulement préjudiciable à la santé des patients mais aussi à celle de la planète. En effet, pour produire un kilo de viande, il faut produire, selon les sources et les types de viande, de quatre à seize kilos de végétaux. Et si et seulement si la viande est produite et consommée dans le pays d’origine, la production d’un kilo de viande ne nécessite pas moins de 22 kg de CO2, ce qui représente un trajet de 111 km en voiture[26]. Par ailleurs, pour produire 1 kg de bœuf, il faut 323 m2 de surface de sol et plus de 15 400 litres d’eau contre seulement 6 m2 et 290 litres d’eau pour produire 1 kg de pommes de terre. En conséquence, selon les ONG de protection de l’environnement, l’élevage bovin serait responsable à 80% de la destruction de la forêt amazonienne.


 

 

Après avoir été suspendu huit jours pour avoir prescrit du Médiator a un patient voulant maigrir, le célébrissime Pierre Dukan a définitivement été radié de l’Ordre des médecins en janvier 2014 pour avoir confondu commerce et médecine et s’être engagé à la légère sur le terrain glissant des conduites alimentaires des adolescents. Dans un livre adressé au futur président de la République, avant tout destiné à assurer à son auteur une publicité supplémentaire, il ne proposait rien de moins que d’ouvrir une option « poids d’équilibre » au baccalauréat. Son principe étant que les lycéens gagneraient des points en restant dans une fourchette de poids « normal » entre la classe de première et la terminale. Heureusement cette idée « géniale » fit un flop retentissant, auprès des pouvoirs publics, des milieux associatifs, scientifiques et médicaux. « C’est dangereux quand on voit déjà des jeunes filles qui font du 36 et se trouvent grosses. On ne porte plus de corset, mais maintenant on l’a dans la tête, tant la pression est forte sur les corps. Il va créer plus d’anorexiques, de boulimiques et d’obèses » expliqua pour sa part la présidente du Collectif national des associations d’obèses. Avis confirmé par un sociologue de l’alimentation : « On fait de l’embonpoint le symptôme de l’inefficacité sociale et même de la maladie, puisque l’on cherche à médicaliser l’esthétique. C’est une représentation caricaturale de la prise de poids, forcément mauvaise en soi[27]»

 

Cette quête ordinaire de la minceur touchant principalement les femmes mais aussi l’ensemble d’une population assujettie au modèle du corps socialement performant, diffusé par l’appareil de communication du système technocapitaliste, se fait aussi parfois par la voie médicamenteuse, avec la complicité des différents acteurs de la santé publique.

 

2.2. Quand le médicament remplace le régime : le Médiator

 

Nos propres travaux [28]nous ont un jour conduit à nous pencher sur un scandale sanitaire généralement analysé à travers le seul prisme des conflits d’intérêts. Mais si nous avions voulu pour notre part attirer l’attention sur une dimension trop négligée par les différents observateurs de la plus grosse affaire de santé publique que la France ait connue depuis l’affaire du sang contaminé, à savoir l’expression emblématique de l’emprise technicienne sur les processus de prise de décision politique, il ne faudrait pas oublier pour autant  qu’à l’origine de cette affaire on trouve un laboratoire désireux de s’enrichir et des millions de personnes désireuses de perdre du poids

 

En effet, ce célèbre médicament antidiabétique (benfluorex) vendu en France de 1976 à 2009 qui était à l’origine -et officiellement toujours- destiné aux seuls diabétiques en surcharge pondérale a été détourné sciemment de son usage. Avec la complicité active et criminelle du fabricant, le laboratoire Servier, avec celle des médecins prescripteurs, et avec la complicité passive des patients. Car en réalité, le Médiator était prescrit comme coupe-faim dans un cas sur trois et ses ventes avaient rapidement doublé après l’interdiction d’un autre médicament Servier, l’Isoméride, appartenant à la même famille des fenfluramines, lui aussi anorexigène et aux effets secondaires gravissimes. Parmi ces derniers se trouvait une maladie rare et mortelle : l’hypertension artérielle pulmonaire. En avril 2013, un rapport d’experts indépendants mandatés par le Parquet de Paris a estimé que cette molécule était responsable, en France, de 220 à 300 morts à court terme, de 1300 à 1800 morts à long terme et de 3100 à 4200 hospitalisations. Prescrit comme coupe-faim à des centaines de milliers d’obèses aux USA et au Canada, le laboratoire américain qui commercialisait l’Isoméride (Redux) et le Pondéral (Pondimin) sous licence Servier a été condamné en 2001 à verser 14 milliards de $ aux victimes.

 

En 2004, le Médiator était le 36ème médicament le plus vendu en France. Selon les estimations, de 5 à plus de 7 millions d’utilisateurs en France. Comment ne pas interpréter ces millions de prescriptions hors AMM (autorisation de mise sur le marché) comme celle délivré par le célèbre nutritionniste évoqué plus haut, comme autant de demandes, d’un corps plus mince. Plus mince pour être plus « beau » certes, mais surtout plus performant, comme un puissant véhicule, plus EFFICACE selon le standard dominant de la société techno capitaliste. Un peu à la manière de ce corps réifié sous forme de « cuirasse mécanique » que l’on retrouve dans le Modulor de Le Corbusier[29]. Rappelons du reste que la recherche de l’efficacité est au cœur même de la définition de la technique adoptée par l’un de ses plus éminents spécialistes : le penseur français Jacques Ellul[30].

 

2.3 La quête hallucinée de la minceur : le thigh gap

 

Non seulement de jeunes femmes, en majorité des adolescentes, prennent pour référence une petite partie de l’élite des top model mais c’est une seule partie de leur corps qu’elles érigent en modèle absolu. Depuis février 2013 aux USA et juin de la même année en France, la communauté virtuelle enregistre un véritable déferlement de photographies, mettant en scène une partie précise du corps des propriétaires, les cuisses, souvent accompagnées de commentaires laissant transparaitre une volonté quasi mystique d’atteindre le Magic Gap.  Pour être sans doute anecdotique au plan statistique[31], ce phénomène est lui aussi symptomatique de la folle course à la minceur dans un monde qui ne cesse de grossir. Cette mode du « thigh gap » -littéralement trou entre les cuisses- consiste à obtenir le plus grand écart possible entre les deux cuisses, debout les pieds liés, le but étant que les cuisses ne se touchent jamais, à l’image des grands mannequins idolâtrés sur la toile : Alexa Chung, Kate Moss, Victoria Beckham, Miley Cyrus…

 

Mais si le thigh gap s'affiche sans complexe sur les podiums, cette morphologie à la mode prend une tournure résolument pathologique chez un certain nombre d’adolescentes. Nourries d'images idéales de magazines, souvent retouchées, certaines d’entre elles enchaînent les régimes les plus radicaux pour atteindre ce saint Graal.  Comme le signale un site médical en ligne, certaines adolescentes réduisent leur apport calorique à 600 calories par jour pour atteindre ce Magic Gap, alors qu’il leur en faudrait au moins quatre fois plus, selon les recommandations de l'OMS. « Cette obsession de la minceur pousse à de grandes privations, déclenchant très vite des troubles du comportement alimentaire, qui peuvent engendrer de graves carences, et dans les cas extrêmes, mener à de l'anorexie et à la dépression[32]. » Même si de l’avis de spécialistes comme le Pr. Xavier Pommereau, « l’anorexie ne s’attrape pas sur internet, pas plus qu’en regardant les mannequins sur les podiums », le législateur français a voulu sanctionner l’incitation à la maigreur excessive telle qu’elle est pratiquée à la fois sur la Toile, via les sites pro ana, et dans les milieux de la mode. Cette question peut donc s’analyser comme un problème de santé publique qui participe des troubles du comportement alimentaire chez les adolescents à savoir conduite anorexigènes pour les uns, généralement les filles, comportements boulimiques ou compulsifs (de nourritures riches en sucre et en mauvaise graisse pour les autres). On peut aussi la considérer comme le dernier avatar de la société technocapitaliste faisant notamment ressortir les conséquences directes d’une publicité commerciale toujours plus totalisante (il n’existe plus un seul espace libre de publicité y compris dans les airs ; quant à la Toile, la publicité lui est consubstantielle) et qui prend la forme insidieuse d’une véritable propagande sociologique, selon l’acception du penseur français Jacques Ellul. En l’espèce, la nature même des usages adolescents des réseaux sociaux, de l’internet et de la téléphonie mobile (MMS, service de messagerie), le transfert rapide de photos et de vidéos, contribue à l’effet d’entrainement du phénomène.

 

Comme le signalait une enquête parue dans un magazine en ligne sur les réseaux en vogue chez les ados, le hashtag #thinspiration réunit des photos de mannequins connues pour leur beauté mais surtout pour leurs silhouettes chétives comme Kate Moss, surnommée la Brindille. Il en ressort que si officiellement, la liste de recommandations la plus populaire est How to Get a Thigh Gap, qui insiste sur le sport et rappelle qu'il ne faut pas s'affamer, la réalité est moins rassurante. « En fait, les filles s'échangent des préconisations bien plus drastiques : «ne mange jamais rien de plus gros qu'une tasse », «bois de l'eau glacée pour brûler des calories plus rapidement», «entoure-toi la taille avec une écharpe pour avoir le ventre serré quand tu passes à table», «Avale des boules de coton pour ne plus avoir de sensation de faim, tu vas vite maigrir», peut-on lire sur un autre.  «Je ne serai heureuse que quand j'aurai mon thigh gap. On me trouvera belle, mince et intéressante. Tout commencera enfin », peut-on lire sur un forum[33]. »

 

Nul besoin d’être un spécialiste de l’univers de la mode pour s’apercevoir que les mannequins y sont toujours de plus en plus jeunes et de plus en plus minces, et que l’anorexie lui est consubstantielle. Parmi d’autres, le témoignage de Georgina Wilkin[34], peut nous le confirmer : « Mon agent me disait que j'étais superbe quand je n'avais pas mangé pendant deux jours. À un moment donné, je suis arrivée à un tel stade que j'ai été hospitalisée, et quelques semaines plus tard, j'étais embauchée pour une publicité Prada. » Et il ne s’agit en aucune façon d’un cas aberrant. Si l’on souhaite invoquer un cas extrême, celui d’Isabelle Caro est tout indiqué. Cet ancien mannequin et comédienne française pesait 25 kg pour 1,65 cm. La photo montrant son corps nu décharné, dans le cadre d'une campagne contre l'anorexie, avait créé la polémique en 2007.  Trois ans plus tard, la maladie qui l’habitait déjà depuis l’âge de treize ans l’emportait. Elle n’avait alors que 28 ans. Etre obligé de mobiliser ce mannequin nu, au corps proprement squelettique, pour moraliser le secteur de la mode et détourner les jeunes filles du culte de la maigreur en dit long sur la gravité du phénomène. La charte d’engagement volontaire sur l’image du corps et contre l’anorexie d’avril 2008 n’ayant pas donné les résultats escomptés ; en avril 2015 le législateur a voulu franchir une étape supplémentaire en punissant l’emploi par une agence d’un mannequin trop maigre d’une peine d’emprisonnement de six mois et d'une amende de 75. 000 euros. En réalité, il ne s’agit pas tant de protéger les mannequins que leurs supposés émules. L’exposé des motifs stipule ainsi : « Les images du corps valorisant de façon excessive la minceur ou la maigreur et stigmatisant les rondeurs contribuent indéniablement au mal-être, en particulier chez de nombreuses jeunes filles. Or l'apparence de certains mannequins contribue à diffuser des stéréotypes potentiellement dangereux pour les populations fragiles. » Si l’on comprend sans peine que les représentants d’une société qui n’ignorent rien du caractère artificiel du monde de la mode, ni de la dangerosité des conduites anorexiques qu’il encourage, ne veuillent pas être accusés d’étendre ses critères exorbitants à l’ensemble de la population française, l’instituant garant et dépositaire des canons de la beauté féminine, on ne pourra que s’interroger sur la pertinence de la répression.

 

De leur côté, les spécialistes travaillant sur les TCA ont tranché. Ils étaient hostiles à la création d’un nouveau délit dans le code pénal et le législateur est passé outre. A la suite d’une vaste étude portant sur l’impact des réseaux sociaux sur les personnes victimes de TCA, réalisée de 2010 à 2014 par une équipe interdisciplinaire, chercheurs et patriciens avaient tenté en vain de se faire entendre du Ministère de la santé. Selon leurs propres mots, la répression est non « seulement inefficace (car elle n’arrive pas à freiner la prolifération de contenus controversés) mais aussi nuisible (car les auteurs et utilisateurs de ces contenus tendent de plus en plus à se cacher - échappant à tout effort des professionnels de santé de les joindre, de faire passer des campagnes d’information, de leur offrir du soutien[35]. »

 

Au regard des autres pays, la France qui, comme on l’a vu, n’échappe pas pour autant à la montée de l’obésité dans certaines franges de la population, semble atteinte d’une véritable lipophobie poussant les femmes, déjà les plus minces des pays de l’UE, à vouloir le devenir davantage. Le constater n’est qu’un préalable, reste désormais à tenter de comprendre toutes les raisons de cette autre exception française, sachant ce qu’a d’univoque notre explication par l’organisation technocapitaliste de la société.

 

 

 

 

 

[1] Patrick BAUDRY, Le corps extrême. Approche sociologique des conduites à risque, Paris, L’Harmattan, coll. Nouvelles Études Anthropologiques, 1991, pp. 30-36.

[2] Max HORKHEIMER, Éclipse de la Raison, Paris, Payot, 1974, p. 104.

[3] Catherine MALLAVAL, Emmanuelle PEYRET et Virginie BALLET,  « L’anorexie, maladie au cœur d’un délit ? », Libération, 2 avril 2015.

[4]Cet amendement du député socialiste Olivier Véran interdit le mannequinat aux personnes dont l'Indice de Masse Corporelle (IMC) est inférieur à 18, par exemple moins de 55 Kg pour 1,75m.

[5] Le théoricien politique Benjamin BARBER utilise ce concept ainsi dans le n° 95 de décembre 2010 de la revue En Question traduit en français sous le titre « Comment le capitalisme consumériste dévore l’Amérique » in Développement et civilisations, n°391, février 2011.

[6] Ce célèbre slogan publicitaire, destiné à vanter les mérites d’un fromage allégé, rejoint les différents messages que l’on peut lire à la vitrine des pharmacies nous enjoignant de « pulvériser » nos rondeurs et anticipe de plusieurs années le fameux « A fond la forme » du cabinet de Jacques Séguéla pour Décathlon.

[7] Jacques ELLUL, Propagandes, Paris, Economica, 1990, p. 76 et s. [1962].

[8] Thibault de SAINT POL, « Comment mesurer la corpulence et le poids idéal ? », Histoire, intérêts et limites de l’indice de masse corporelle », Notes & Documents, 2007-01, Paris, Sciences Po-CNRS.

[9] Sources : Étude Obépi 2012, Le Parisien, Le Figaro, 16 octobre 2012. Le Monde, http://www.lemonde.fr/vous/article/2012/10/16/les-donnees-sur-l-obesite-et-le-surpoids-en-france_1775950_3238.html

[11]  L’idéal pondéral s’établirait à 19,8 pour les femmes de l’ensemble des pays de l’UE in THIBAUT de SAINT POL, « Surpoids, normes et jugements en matière de poids : comparaisons européennes », Population & sociétés, n°455, avril 2009.

[12] Jean-Paul GAVARD-PERRET, « L'idée du corps, l'image du moins » in Communication et langages, n°113, 3ème trimestre 1997. pp. 57-66.

[13] OMS, « Obésité et surpoids », Aide-mémoire N°311, Janvier 2015.

[14] Le Monde, 03/01/2014.

[15] Publiée dans la revue médicale britannique The Lancet.

[16] Le Monde 30/05/2014.

[17] Tracy MILLER, “Mexico surpasses U.S. as world’s fattest nation: report”, NY Daily News, 9 juillet 2013.

[18] Jean-Pierre POULAIN, Sociologies de l'alimentation, Paris, PUF, 2002 et Sociologie de l’obésité, Paris, PUF, coll. « Sciences sociales et sociétés », 2009

[19] Réalisé par l'institut Harris Interactive auprès d’un échantillon de 1000 femmes représentatives de la population française, âgées de 15 ans et plus. Les répondants ont été sélectionnés et gérés par quotas et redressements sur les critères d’âge, de région, et de catégorie socioprofessionnelle. « Les femmes et les régimes : Les Françaises accros ! »

[20] Le Monde, 16/03/2015

[23] « Toute la marchandise ressemble à la boisson Coca Cola, qui n'arrête pas la soif, mais la reproduit, et la reproduit comme soif de Coca Cola ; une fois acheté un produit, le consommateur « s'approprie » les besoins du produit lui-même (besoin de compléments, de carburant, de techniques de maintenance, d'équipement pour recyclage périodique de son « look », etc.) in Günther ANDERS, Die Antiquiertheit Des Menschen , 1956, traduction Jean-Pierre Baudet, p.177.

[24] Mathilde Damgé, « Le marché de la minceur risque l'effet yo-yo », Le Monde, 27/06/2013.

[25] Top Santé, février 2013, p.96.

[27] Jean-Pierre CORBEAU, Libération, 4 Janvier 2012.

[28] Résumés in Patrick TROUDE-CHASTENET, “Santé publique et démocratie : l’affaire du Médiator”, ETVDES, septembre 2011, pp. 185-196.

[29] Sur ce sujet cf. Marc PERELMAN, Le Corbusier. Une froide vision du monde, Paris, Michalon, coll. Document, 2015 et « Les conceptions du corps et du sport chez Le Corbusier » in Quel Corps ?, Paris, n°26/27, mai 1985.

[30] « Le phénomène technique est donc la préoccupation de l’immense majorité des hommes de notre temps, de rechercher en toutes choses, la méthode absolument la plus efficace. » in Jacques ELLUL, La technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Armand Colin, « coll. Sciences politiques », 1954, p. 19.

[31] S’il semble difficile de vouloir prétendre chiffrer avec exactitude les adeptes du thigh gap de par le vaste monde, on signalera que l’exposé des motifs de l’amendement visant l’interdiction des sites « pro-ana » et de celui visant directement les milieux du mannequinat stipule que la France compte 30 000 à 40 000 personnes souffrant d'anorexie mentale et qu’en 2008 elle concernait 0,5 % des jeunes filles.  Environ 20 % des jeunes filles adopteraient des conduites de restriction et de jeûne à un moment de leur vie. Chiffres contestés par les chercheurs travaillant sur les TCA (troubles des comportements alimentaires dont l’anorexie mais aussi la boulimie et l’hyperphagie) qui avancent un total de près de 600 000 cas.

[33] Slate.fr, 28/06/13

[34] Article publié sur le site Huffington Post par Emeline Ametis « Anorexie : Une ex mannequin, Georgina Wilkin, se confie sur son combat sur la maladie », octobre 2013.
http://www.huffingtonpost.fr/2013/10/04/anorexie-mannequin-georgina-wilkin-confie-combat-maladie_n_4041690.html

[35] Paola TUBARO, Fred PAILLER, Lise MOUNIER, Pierre-Antoine CHARDEL, Antonio A. CASILLI, « Un amendement qui met en danger les malades », Libération, 2/04/ 2015. Cf. également, Antonio A. CASILLI, Fred PAILLER et Paola TUBARO,  « Le phénomène pro-ana : panique morale et effets paradoxaux de la censure », Le Monde, 16/11/2012.

 

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