N°6 / numéro 6 - Janvier 2005

Insécurité sociale et ordre social. Qu'est-ce qui est en jeu ?

Jacqueline Barus-Michel

Résumé

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Ordre et insécurité, de quoi parle-t-on ?

L'insécurité renvoie à celui qui se sent insécurisé (sentiment ou expérience), sa peur d'un danger qui le menace ; renvoie donc aussi à ce ou celui qui insécurise, qui pour être menace est vécu comme violence réelle ou imaginaire.

L'ordre a des connotations ambivalentes, idéologiques et politiques. Il n'y a pas de vie sans organisation, pas de vie sociale sans règles et sans normes, mais l'ordre enferme dans son immobilité, interdit le changement, la transgression, l'invention et fige dans la mort.

On est tenté de simplifier : d'un côté l'ordre, de l'autre la violence, entre les deux l'insécurité. Alors, on objective : la sécurité se garantit par la répression de la violence, pour être moderne on dit "et la prévention". Or, il faut revenir à cette relation à la violence, aux processus selon lesquels elle se développe, dans la réalité et subjectivement. L'insécurité vient de la violence, et la violence ?

La violence et l'insécurité, phénomènes de société (hyper)moderne ?

Est-ce que la violence a augmenté ? Elle change de forme, de territoires, elle est plus ou moins médiatisée. En fait, elle est liée dans ses manifestations aux modes de vie, à la technologie, à la structure de la société, produite par elle, et symptôme de ses crises.

N'y avait-il pas de violence dans les camps d'extermination et les goulags, envers des millions de gens, arbitrairement ? Parlait-on d'insécurité ? Pourtant pour un enfant juif en France, en 42, il n'y avait pas beaucoup de sécurité. Pour des juifs, des tziganes, des homosexuels, des handicapés en Europe dans les années 40 ? Parle-ton d'insécurité pour les Kurdes ou les Roms, aujourd'hui, en France ? Pour les chômeurs, les sans-papiers, est-ce la sécurité ? Les licenciements, les plans sociaux, ce n'est pas de la violence ? De qui est-elle le fait ? On parle de sécurité de l'emploi, mais à l'inverse de précarité, comme s'il n'y avait pas de responsables, comme si la notion d'insécurité qui commanderait des mesures et des sanctions n'était, là, plus de mise.

Aujourd'hui, la délinquance prend des formes de plus en plus abruptes. Mais n'a-t-on pas toujours dit des bandits qu'ils étaient sans foi ni loi (vieille expression qui devait bien s'appliquer à des phénomènes semblables). Les "chauffeurs" dans les campagnes prenaient-ils plus de précautions que nos braqueurs ou nos chauffards ? Ce sont les armes qui ont changé.

On médiatise les violences anarchiques. Il faut donner du grain à moudre à cette société en crise, en proie à une boulimie d'information. La fenêtre télévisuelle met tous les crimes du monde sous la fenêtre des particuliers. C'est à leur porte qu'on assassine, viole, braque. En plus c'est vrai, c'est la réalité, celle qui est photographiée, filmée dans les journaux, dans Match, à la télé, quotidiennement. Autrefois aussi ? Mais l'information, à moins de gros coups, ne dépassait pas certains cercles, l'insécurité n'était pas devenue l'expérience commune. Et surtout on ne s'était pas habitué à la sécurité. Celle de l'après-guerre, des années glorieuses, la paix économique, la prospérité, du moins en Occident. Elle s'exerçait sur le dos de qui ? La sécurité de ceux du" tiers-monde" ? On ne savait pas, c'était des questions qui ne se posaient pas. Pour se donner le frisson de la peur, on se repaissait (on continue) de films de violence, de guerre, de catastrophes, mais, l'âme en paix, jusqu'à ce que l'on se demande si cela ne fabriquait pas nos futurs criminels : en leur fournissant de nouveaux héros, des modèles d'identification féroces, ne sollicitait-on pas leur violence? Ne sont-ils pas passés dans la fiction, déréalisés mais avec des effets bien réels ?

Par contre, on peut se demander si à des périodes de mutation sociale (crise de société ?) ne correspond pas une amplification des fragilités psychiques.

Crise de société, crise du symbolique.

La pulsion et la symbolisation

Certains, fauteurs d'incivilités ou de violences, se placent réactionnellement dans un rapport de force compulsif avec les représentants de la société quels qu'ils soient, par incapacité de parler le même langage, de comprendre le système social autrement que dans un scénario persécutif, où la société dans son ensemble et, par amalgame ses représentants, spolient, contraignent, rejettent, humilient.

C'est une guerre entre camps adverses, sans règles, parce que dans les seules dimensions du pulsionnel et de l'imaginaire.

Du pulsionnel, l'expérience traumatique faite de frustration rend intolérable tout contrôle, toute castration, toute interdiction qui ont pour effet de la raviver sans cesse. Les pulsions sont excitées et les réactions sont immédiates, par impossibilité d'élaborer dans le temps. La violence ressentie est répétée et projetée vers ses causes imaginées (vengeance), sur les objets qui seraient supposés apaiser la frustration (vols), ou encore au hasard, pour se donner une image de force et de toute-puissance hargneuse et dangereuse. Ce qu'ils appellent la haine et exigence de respect.

De l'imaginaire. Il y a un défaut d'accès au symbolique si nous entendons par là, le système langagier, le codage qui permet d'assembler les signes, de construire du sens, des significations, pour s'exprimer et communiquer avec les autres. Faute de cet accès et appropriation des modes d'expression et de communication, les individus sont englués dans l'imaginaire. Ils se font des représentations d'eux-mêmes, des choses, et des autres qui tiennent plus du fantasme que de la réalité, qu'ils ne peuvent critiquer et qui obéissent plutôt à leurs désirs et à leurs angoisses. C'est leur imaginaire (vision des situations) qui oriente leurs pulsions dans des actualisations ou passages à l'acte où ils interfèrent avec la réalité.

D'où vient cette défaillance du symbolique ?

D'un décalage culturel : les modèles symboliques présentés par la société sont étranges, inassimilables et ne véhiculent pas les mêmes significations que ceux de leur groupe d'appartenance. Alors que la transmission se fait d'abord par le milieu proche, les parents sont disqualifiés, les repères bousculés (entre femmes-hommes, jeunes-anciens, tradition-modernité, richesse-pauvreté.), ce milieu peut être déculturé et déstabilisé, il n'offre même pas les bases suffisantes pour l'acquisition. Sinon, le décalage confine à une contradiction entre deux cultures et systèmes de valeurs. Les méthodes de socialisation, d'acquisition du symbolique sont en porte-à-faux, contenus scolaires inadéquats, autorités inacceptées.

Qu'est ce qu'on apprend à l'école ? Les premiers éléments de la communication, appliqués à des contenus qui n'ont pas de sens ou d'intérêt pour des jeunes déjà désinsérés. Il faudrait un école où l'on interroge les significations de tout et d'abord de ce que les enfants vivent. Qu'est ce que c'est qu'un homme, qu'une femme, qu'un père, que quelqu'un qui est au chômage, qui travaille, et poser la question des 'pourquoi', 'au nom de quoi'. Apprendre à penser plus qu'à trafiquer. Autrement dit, la philosophie dès la maternelle.

Notre société n'est pas dépouillée de valeurs, mais celles-ci ne sont plus administrées par des voies sacrées comme la religion ou la communauté traditionnelle, elles sont construites, élaborées, révisées dans des contextes historiques et politiques, ce qui demande un esprit mobile et critique auquel personne n'a prévu de former.

Les codes ne sont plus perçus qu'au niveau pratique, or, les systèmes symboliques économiques (échanges, commerce, travail, argent) sont hors de portée pour beaucoup. Par exemple la société à travers la publicité, la TV, les vitrines, les exhibitions de biens et de richesses, montre et soustrait les objets de convoitise, certains "jeunes" n'ont aucun maniement possible des systèmes d'échanges qui leur permettraient de s'en approcher. Ils recourent à la force ou à la violence pour les capturer.

La défaillance symbolique est concomitante d'une défaillance identitaire.

Crises identitaires

Le moi est construit sur des identifications  à des figures aimées ou aimantes, suffisamment narcissisantes ou à des modèles susceptibles de garantir  de la montée des angoisses, offrant des possibilités de symbolisation, c'est-à-dire de formulation-expression-compréhension de ses propres conduites appuyées sur des règles et des principes qui ont forgé le surmoi. Avoir une identité, se sentir une identité veut dire que la personne peut se définir à elle-même et aux autres dans ses appartenances, son histoire, ses activités, ses propriétés, ses choix, ses projets.

En l'absence de possibilité d'auto-définition, le sujet est désorienté, littéralement  affollé et essaie de se manifester violemment, concrètement, immédiatement,  dans la réalité. Il se démontre son existence dans le passage à l'acte. La violence oblige les autres à le voir et leurs réactions lui servent de miroir où lui-même  peut se voir, voir qu'il existe. L'épisode de la tuerie de Nanterre est en cela éclairant , Durn prévenait dans ses lettres : "Je vais leur montrer que j'existe en les tuant".

La faille peut se manifester sous la forme d'une crise identitaire individuelle. La haine est internalisée, la déstructuration et le morcellement livrent le moi aux pulsions et à l'angoisse. D'où viennent-elles ? Du manque de sécurité du milieu précoce, absence d'enracinement, de contenant, affectif ou territorial (espace propres, relations stables) qui font qu'il n'y a ni dedans ni dehors, pas de place en propre. L'individu vit dans le repli ou le passage à l'acte (hyper-contrôle dépressif contre le désordre intérieur ou impulsions immaîtrisables). La haine intérieure n'est pas une haine du soi mais un tournoiement pulsionnel exaspéré, une rage. Elle est violence sans distinction de l'intérieur et de l'extérieur, elle met l'individu en danger autant que lui-même met les autres en danger. Elle peut prendre des formes criminelles et suicidaires en même temps. Exploitée par des propagateurs d'idées forces, elle offre toutes les conditions pour un enrôlement dans le terrorisme façon martyr. Deux ennemis à la fois sont ciblés : l'un intérieur, l'autre extérieur. On assiste alors à ces inversions caractéristiques où la victime est agresseur et l'agresseur victime, ce n'est pas une identification à l'agresseur, c'est la possibilité de tenir les deux rôles et d'ouvrir les vannes à la violence.

Les modèles d'identifications trop frustrants, disqualifiés ou faibles, engendrent la haine ou la honte, l'identité personnelle ne pourra se construire que dans la révolte ou l'opposition, la recherche de modèles vengeurs. La fragilité de ces constructions conduira à la nécessité de toujours devoir faire la preuve de son existence, de sa force, de son honneur et conduira à une identité de compensation narcissique dans la violence et l'affirmation de toute-puissance.

L'isolement affectif poussera à la recherche d'images identiques valorisantes : qui tendent un miroir dans lequel admirer sa force, et qui reconnaissent comme des leurs dans une identification primaire. Cette insertion se confirme sur le mode de la marginalité ou de la délinquance. On est d'autant plus fort que l'on fait peur. L'identité n'est confirmée que par l'insécurité que l'on engendre.

Les représentations sont manichéistes : moi, ou nous, ceux qui se ressemblent (virilité de surface, machisme et mépris de la femme, qui vont avec le désir frustré, la violence sexuelle et une homosexualité ignorée), et les autres persécuteurs à persécuter sans merci, au gré des pulsions.

Le scénario manichéen d'une société où il n'y aurait que des salauds ou des imbéciles (destinés à être bafoués) et pour issue que la violence est le seul que peuvent mettre en acte ceux qui n'ont eu à disposition ni modèles admirés, ni idéal, ni identification. Ils haïssent des autorités qui ne sont représentatives que d'une société frustrante, autant que les pauvres types qui se font avoir ; eux, ils s'adonnent à la récupération directe. C'est un univers qui n'a pas de sens, plongé dans l'acte immédiat. Les insécurisants sont des insécurisés.

Le sentiment d'insécurité de ceux qui sont a priori non-violents, accrochés ou liés aux structures sociales telles qu'elles sont, vient à la fois de la réalité de la violence et de la précarité, mais qui est amplifié fantasmatiquement par une même angoisse que les violents, de perte de contenant et d'abandon. Cette angoisse archaïque peut épisodiquement pousser à des violences de type parano (auto-défenses). Des gens apparemment conformistes, mis en situation d'échec peuvent rejoindre, par effondrement identitaire se manifestant sur le mode compensatoire en bouffées délirantes, les désinsérés chroniques, acteurs de violences banalisées. La vacuité identitaire n'est pas que le fait de démunis sociaux. Arnaque et violence peuvent aussi devenir un jeu, l'affirmation de soi, pour ceux qui n'avaient pourtant pas à se plaindre de la réalité. Des privilégiés économiques mais déstabilisés par rapport à des contenants sociaux, familiaux, culturels, peuvent se raccrocher sur un mode fanatique à des condensateurs identitaires comme la religion, alibi pour des décharges de violence cette fois systématisées (leaders d'Al Qaïda).

La faute à qui ?

Toute crise de société se manifeste par la peur de l'autre qui se coagule dans des formes de racisme, de haine de la différence.

On cherche les facteurs de "tant de violence". On a trouvé : les jeunes, de préférence les immigrés, ceux des banlieues. C'est vrai qu'ils font des rodéos en voitures volées (ceux-là et ceux  du 16°), brûlent les voitures, qu'ils attaquent les flics et les pompiers sensés intervenir pour l'ordre et la sécurité, c'est vrai qu'ils provoquent, trafiquent, dealent, qu'ils pratiquent des tournantes, que dans les villages les plus tranquilles de la vieille France on apprend qu'il y a eu un braquage à la voiture bélier ou au bazooka, avec mort d'homme.

L'appellation "jeunes", recouvre un amalgame âge-immigré-banlieue qui stigmatise tous ceux qui correspondent à ces trois critères assez arbitraires. Alors que le critère est certainement beaucoup plus celui de l'accès au symbolique présent dans toutes les classes sociales mais évidemment plus difficile à évaluer.

Les violentes mutations de nos sociétés modernes, l'éclatement des espaces, l'accélération des temps, brouillent les repères. Chacun peut se sentir démonnayé dans ses rôles et ses statuts. Chez les plus stables, qui avaient pourtant fait de bons apprentissages des règles, les identités sont aussi fragilisées engendrant repli, morosité et dépression. Certains échappent par le haut (réussite dans l'hypermoderne, économie et technique), d'autres profitent des interstices et trichent, truquent les comptabilités, délinquants en col blanc, sous les apparences de la respectabilité, ils insécurisent lourdement la société civile.

L'insécurité est un problème de société, elle a surgi avec cette force parce que nous sommes dans des sociétés qui se sont structurées sur l'exclusion, ceux de dedans, les acceptables, ceux venus du dehors, les inacceptables, et encore , ceux qui réussissent et ceux qui sont en échec. Faut-il s'étonner que  les inacceptables et les échoués fassent intrusion, violemment. Mais qui a construit les cités dortoirs ? les cités de transit, les barres HLM ? Qui abreuve d'émissions de télévision où il ne s'agit que de heurts entre gangsters et policiers, horreurs et tueries en tous genre,  pornographie de bas étage entremêlés de divertissements voués au culte de l'artifice ? Ceci est-il un appel à la censure ? Non, aux adultes "insécurisés" qui font monter l'audimat de la médiocrité. La littérature a toujours su exploiter le crime et le vice, pourquoi pas le cinéma ? mais voilà, il y a une différence entre l'exhibition brute, martelée et l'élaboration réfléchie, artistique. Peut-être faut-il apprendre à penser, ce qui n'est pas forcément naturel, il faut que l'école s'y mette.

. C'est aussi un problème de démographie. La démocratie se noie dans la démographie. Ce qu'on pouvait faire dans la cité grecque de quelques milliers d'individus est plus difficile avec des millions de "citoyens". Il y a beaucoup de déperdition civique ! L'anonymat met en contradiction avec la revendication égotiste, des populations isolées et parquées sont tentées par le communautarisme compact (ce problème renvoie à la politique de la ville et de l'habitat).

. C'est le problème de l'immigration, de l'intégration de cultures diverses dans un vieux pays, qui se replie sur lui-même dans la peur d'être dépossédé de son identité, l'étranger devient un danger et non un objet d'hospitalité. On en a peur, on le laisse démuni, il devient violent, on veut le chasser. Le cercle est bouclé.

Enfin, problème de société de consommation : société où les biens marchands sont constamment exhibés en association complaisante avec les fantasmes de jouissance alors qu'ils ne sont pas accessibles à tous. Symboles narcissiques par excellence, ils attisent des convoitises effrénées, tous les moyens deviennent bons pour les accaparer.

Le retour à l'ordre

On ne peut pas opposer l'ordre social à l'insécurité sociale. C'est un certain ordre, crisique, qui engendre l'insécurité. Rétablir l'ordre, punir, sans doute nécessaires, sont des emplâtres destinés à répondre à l'urgence. Les seuls remèdes, s'il est encore temps, sont politiques et éducatifs. Politiques au sens de conception des structures de la société, habitat, médias, emploi. Educatifs : mission de l'Ecole, de l'Enseignement, de la Culture pour apprendre à penser les finalités et les raisons.

Alors, prévenir et punir ou réfléchir ?

L'affectation de la responsabilité aux familles a conduit au projet de les sanctionner (suppression des allocations familiales). Mais la responsabilité de l'Etat social, du contexte économique ? Qui la sanctionne ? Qui doit-on responsabiliser ? Les parents ne sont-ils pas dépassés (plus que coupables) par l'emprise directe d'une société à la fois médiatiquement surchargée et vide de propositions concrètes ?

S'agit-il de punition ? Ou de réexaminer les voies de la socialisation, les conditions d'exercice de la fonction parentale, les finalités et les contenus de la fonction éducative ?

Plus de policiers, de geôliers, de juges, ou plus d'instituteurs, d'éducateurs, de formateurs, de psychologues, de sociologues ?

Sanctionner ? Sans doute, dans l'immédiat, mais surtout repenser la société et la socialisation, ses fins et ses moyens. Le châtiment n'a jamais enrayé la criminalité ; des individus en proie à leurs pulsions ne pensent pas aux conséquences réelles, ils sont fascinés par un imaginaire de puissance et de jouissance et passent à l'acte, la préméditation ne veut pas dire capacité de penser dans le temps, mais obnubilation, monomanie.

L'ordre social pourquoi faire, à part chacun à sa place et le moins de mouvements possible ? Quel ordre, pour quels fins, pour qui ? L'ordre ce n'est pas "rien ne doit dépasser, on coupe tout ce qui dépasse", ça, c'est l'armée ou la mort, l'une pour l'autre, l'une avec l'autre. L'ordre est fait de la possibilité d'investissement de chacun dans une unité signifiante, où l'on comprend ce pourquoi on est là, on fait, on s'oblige.

Chaque société secrète son insécurité, s'il est vrai qu'il y aura toujours de la violence, des asociaux, pour des raisons diverses y compris biologiques tout à fait individuelles, la société se doit de s'interroger sur elle-même et la façon dont elle conçoit son ordre et.suscite son désordre puis le gère.

Toute dynamique sociale engendre de la violence, de touts temps, partout. Toute loi engendre ses transgressions, toute contrainte ses frustrations, plus ou moins supportables selon la fragilité de la construction identitaire (la dureté ne doit pas faire croire à la solidité). On peut travailler à les faire accepter, à en adoucir les effets. On peut travailler sur les causes de ses fragilités, qu'elles soient de l'ordre individuel ou de l'ordre social. On ne pourra, bien entendu, non plus, renoncer à des rapports de force (surveillance, traque) ni à la mise hors circuit des éléments dangereux (éloignement, enfermement). Le problème du châtiment (la peine) est plus délicat. Pour ma part je préfère y substituer la notion de réparation et de rééducation quand elle est possible .

Il faut pouvoir répondre au besoin d'identité, éduquer à la complexité, apprendre à questionner et à construire. Certes, sanctionner les écarts mais par des sanctions qui aient du sens (réparation, coopération, solidarité).

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Alexandre Dorna, Benjamin Matalon

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