N°7 / Musiques et politique Juillet 2005

Court commentaire sur l’album Chansons « contre » (chantées par Marc Ogeret, CD Vogue)

Benjamin Matalon

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La politique, vers la fin du XIXe siècle, était violente. Les divers groupes socialistes, dispersés polémiquaient entre eux (ce n’étaient pas encore les courants d’un même parti), l’opposition ouvrière la plus visible était menée par les anarchistes, qui animaient les syndicats et étaient hostiles aux partis et au parlementarisme. Les chansons réunies dans ce disque nous donnent une idée de leurs positions.

Ce qui frappe en les écoutant, c’est leur violence : contre l’armée, contre l’église, contre les élections (bien que l’une d’elles appelle au contraire à voter « contre les cléricaux »), contre les patrons. Elles prônent la violence : « Que le sang coule et rougisse la terre » «Il a tué sans une larme les gendarmes de son pays) » « Si tu veux être heureux, pends ton propriétaire et coupe les curés en deux », « Que la nitro, comme la dynamite soient là pendant qu’on discute raison ».

Un thème revient constamment : l’inutilité, la nocivité de toutes les institutions, le gouvernement, bien sûr (« Pour être heureux vraiment, faut plus de gouvernement »), mais aussi l’église, l’armée, la patrie ( qui « ne sont pour nous que des absurdités »)

Le ton général est plutôt optimiste : révoltons-nous et l’anarchie triomphera. Mais on a aussi une vision noire de la vie actuelle : « libre à chacun de se taire, ou de crever ». Et une chanson raconte l’inévitable déchéance d’une fille d’ouvriers.

Ce disque comporte aussi quelques parodies de la même époque, écrites par des chansonniers qui cherchaient à ridiculiser les anarchistes, ce qui montre leur impact. Mais on peut remarquer qu’il n’est pas toujours facile de les distinguer des « vraies », tellement celles-ci sont souvent grandiloquentes et excessives.

Des chansons de ce genre semblent impensables aujourd’hui, évidemment parce que l’anarchie n’est plus aussi présente, mais surtout à cause de leur violence (certaines seraient probablement poursuivies pour appel au meurtre) et parce qu’on ne chante plus guère la politique. Les deux principaux chanteurs récents qu’on peut qualifier d’anarchistes, Georges Brassens et Léo Ferré, s’ils ont beaucoup plus de talent que les auteurs de ces chansons « contre », n’expriment qu’une sensibilité libertaire déconnectée de l’actualité. Mais l’équivalent par la révolte exprimée peut se trouver dans le rap. Toutefois, contrairement aux chansons anarchistes, elles n’expriment pas un mouvement qui se manifesterait aussi, et avant tout, politiquement ou par des luttes sociales. Le rap exprime une sensibilité, certes partagée, mais sans organisation. Il ne s’agit plus de changer la société, mais d’exprimer sa révolte, une révolte sans but, sans idéal véritable, peut-être totalement désespérée. Les temps ont changé…

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