N°11 / Le caractère national Juillet 2007

Au delà du masculin et du féminin

Des valeurs universelles de paix

Christine Marsan

Résumé

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Introduction : Pour sortir du clivage homme-femme, valeur masculine/ valeur féminine

Ce dont il est question lorsque l’on parle de valeurs féminines c’est de la manifestation de valeurs qui sous-tendent des attitudes et des comportements qui permettent de dépasser les conflits, les violences et les guerres. Le besoin de domination se traduit par la compétition qui aboutit à la division, à la compétition et à la guerre pour les ressources, le leadership et le besoin d’hégémonie et ceci se vit autant dans un couple, que dans une équipe, au sein d’une organisation et plus généralement dans chaque nation.

Evoquer les valeurs féminines revient à parler d’écoute, de patience, de tolérance, de la prise en compte de la différence et de la diversité de les transformer en atouts pour être, agir et travailler ensemble autrement.

Il s’agit alors d’aller au-delà des hommes et des femmes et d’identifier dans chaque comportement associé au genre ce qui est nuisible pour l’individu, l’interaction et le collectif et ce qui en revanche est positif, bénéfique et source d’innovation sociétale et d’intelligence collective. Car la ruse et la manipulation abusivement attribuées aux femmes et par extension aux valeurs féminines sont des comportements largement partagés avec les hommes et infiniment nuisibles puisqu’il sous-tendent les rouages du pouvoir politique lorsqu’il devient abusif et les roublardises économiques.

Il est essentiel aujourd’hui de sortir de la dichotomie homme / femme qui renvoie au genre et au sexe et nous conduit plus généralement sur le terrain duel, binaire et belliqueux de l’opposition entre les hommes et les femmes, reproduisant de facto ce que la plupart entendent par valeurs masculines et créant les conditions de la guerre. Ce dont il est question c’est d’aller plus loin que nos déterminismes archaïques et manifester tout ce qui nous rend profondément humain, qui se manifeste par notre conscience, fonde notre liber-arbitre et nous permet le respect d’autrui et des formes d’interactions constructives.

D’où nous vient cette violence fondamentale qui alimente nos comportements de compétition et de domination ?1 Un détour par les neurosciences.

En partant de ce qui dysfonctionne à savoir les tensions, conflits et violences entre les individus, les groupes, les équipes et dans les organisations, très souvent nous en venons à observer que ce sont les incompréhensions, jeux de pouvoir et besoin de domination qui perturbent les rapports humains. Ce sont ces rivalités qui conduisent notamment aux conflits et aux violences. La question n’est pas de s’opposer, suite à un désaccord, mais la manière dont le différend va être traité et comment va être effectuée la sortie du conflit.

Et d’où tirons-nous ces comportements agressifs ?

De notre patrimoine archaïque que nous partageons avec les animaux. Dans notre cerveau humain, nous avons en commun avec les animaux tout le patrimoine phylogénétique de l’évolution des espèces. Les bases de nos comportements sont enracinées dans notre psyché la plus ancienne, mêlées aux autres instincts, il est alors excessivement difficile de nous en départir et d’agir différemment.

La prégnance des comportements issus des réflexes et des instincts s’explique par le fait qu’ils sont inscrits dans nos cerveaux les plus anciens et les plus archaïques. Le premier, le cerveau reptilien que nous avons en commun avec les oiseaux, poissons et reptiles est la zone des réflexes, des instincts de conservation. Il est le « lieu » de la routine, des schémas stéréotypés et ne permet pas d’apprendre de l’expérience. Il est le siège de la défense des territoires et des comportements répétitifs. Face à une menace, le rythme cardiaque s’accélère, la personne est prête à fournir l’énergie nécessaire à la fuite ou au combat. Selon MacLean, les comportements rituels et hiérarchiques comme la volonté de puissance (Niezsche) seraient liés au cerveau reptilien. C’est aussi la partie du cerveau qui commande la répétition au niveau de l’apprentissage et qui conduit certains à reproduire les mêmes schémas même s’ils conduisent à des erreurs patentes.

Le deuxième cerveau, dans l’évolution de l’espèce, dit cerveau limbique, que nous partageons avec les mammifères dits inférieurs, tels les rats ou les lapins 2 est le siège des émotions et des pulsions. Sa fonction principale est la bonne adaptation à l’environnement social. Il commande aussi les systèmes de croyances comme les mécanismes de motivation, les perceptions de réussite et d’échecs et l’intégration des systèmes de récompense et de punition. Il communique de manière unilatérale vers le néo-cortex, il lui adresse des informations d’origine émotionnelle. En revanche si un ressenti est trop fort il « coupe » les fonctions cognitives d’interprétation et de traitement propre au néo-cortex. Il agit comme un filtre, ce qui explique aussi les « trous de mémoire » suite à des stress importants.

Enfin, le néo-cortex, cerveau le plus récent dans l’évolution est partagé avec les mammifères supérieurs, tels que les baleines, les dauphins ou les chimpanzés. C’est la zone du cerveau qui imagine, crée, se projette dans le futur qui transforme les pulsions telle que la fuite ou l’agressivité en affirmation de soi. C’est sa structure souple et sa plasticité qui entraîne la capacité à tirer des leçons des expériences, à apprendre et à agir différemment. C’est bien dans le néo-cortex que s’élaborent pensées, analyses et prises de décision d’actions telles que la médiation dans les cas de conflits et de communication non-violente dans la volonté de dépasser des situations violentes.

Ceci étant la partie physiologique la plus récente de notre cerveau, c’est la raison pour laquelle il nous est plus difficile de mobiliser des attitudes reflétant conscience et éthique.

Le néo-cortex est la partie de notre cerveau comprenant nos aptitudes à changer, notre conscience et notre liber-arbitre. Lorsque nous évoquons aujourd’hui les valeurs féminines nous voulons en fait parler de ces valeurs universelles que le néo-cortex nous permet de mobiliser pour dépasser les peurs et l’agressivité, le patrimoine de notre cerveau archaïque et qui est aussi le fondement des violences manifestées contre autrui. Le néo-cortex nous permet délibérément de comprendre l’autre qui est différent, de le respecter, de rechercher sa singularité et finalement de manifester des attitudes de paix vis-à-vis d’autrui.

En fait ce que nous avons abusivement nommé valeurs masculines correspond à nos déterminations archaïques qui fondent notre espèce, inscrites dans nos cellules et qui nous constituent comme le témoignage lent et essentiel de l’évolution de la vie et des espèces sur la terre.

Parler de valeurs féminines c’est évoquer la capacité que nous avons désormais de révéler notre pleine humanité et de mobiliser consciemment et volontairement notre néo-cortex dans nos interactions avec autrui et dans nos choix quotidiens. Nous avons les moyens de choisir librement nos comportements.

Sortir des valeurs dites masculines de violence. Un regard sur l’histoire

Notre histoire humaine est un continuum de progrès technologiques mais aussi et surtout d’évolutions de la conscience humaine. Chaque nouvelle bataille, guerre ou génocide a permis une avancée de la pensée, des philosophes d’abord et depuis de toutes les disciplines ensemble, pour conduire à légiférer sur les cruautés dont nous sommes capables.

Ainsi l’histoire voit s’accumuler les évolutions du droit qui nous permet de sortir de la barbarie. Nous avons notamment abouti à la suite de la Révolution française aux Droits de l’Homme et du citoyen. Puis au sortir de la Seconde guerre mondiale, les droits des femmes ont évolué et elles ont acquis la possibilité de voter, en France tout du moins. L’Onu et le tribunal international de la Hague pour juger les crimes cotre l’humanité est également apparu à la suite des horreurs des camps de concentration.

Par ailleurs, un auteur comme Norbert Elias a rendu compte des évolutions de nos mœurs et de notre civilisation. Il nous rappelle comment au XIX° siècle nous avons cessé de réaliser des exécutions publiques. Les tortures ont ensuite été bannies, en France en tout cas, et sont condamnées par l’Onu et nombre d’ONG telles qu’Aministy International. Désormais, dans tous les pays où prison et tortures riment encore lugubrement de conserve, des combats sont menés pour venir à bout de ces pratiques barbares.

L’arrêt de la peine de mort procède aussi de cette évolution des consciences afin que la loi apporte un jugement juste et équitable, autant que faire se peut, et permette de sortir de celle vengeresse du talion.

L’histoire de l’humanité est soutenue par l’évolution de la pensée, ainsi philosophes, juristes et sages ont toujours fait progressé la conscience de l’humanité. Des philosophes chinois tels Lao Tseu, Confucius ou indien tel Bouddha et plus proches de nous les apports de ceux de la Grèce antique ou encore de la Renaissance et du siècle des Lumières ont tous contribué à éclairer nos actions pour les rendre plus justes et respectueuses du prochain. Déjà la Torah rendait compte avec le décalogue de deux principes qui avaient pour fonction de structurer la société et de prévenir la sauvagerie de l’homme. Ensuite les principes juridiques sont devenus des valeurs morales.

Aujourd’hui c’est le fruit conjugué de l’économie et de la science qui nous conduisent comme une conséquence de leurs emballements et accélérations,3 à repenser nos attitudes et nos comportements, dans un premier temps pour nous adapter et surtout pour piloter désormais les changements radicaux qu’ils nous proposent.

Evoquer les valeurs féminines et donc cette tendance à l’universel est le fruit d’un changement majeur de paradigme

Les composantes du paradigme

Il est fréquent que tout bascule à la suite d’une découverte de la physique. Rappelons-nous les conséquences incroyables des théories de Galilée et Copernic. Elles ont, en effet, totalement révolutionné nos représentations du monde ainsi que la place de l’homme dans l’univers. Et les conséquences plus ou moins directes ont conduit aux philosophies des Lumières. Au début du XXeme siècle c’est Einstein qui, avec sa théorie sur la relativité, a contribué à faire basculer nos références. Les conséquences de sa découverte ont relégué encore davantage la place de l’homme dans l’univers jusqu’à ce que certains scientifiques puissent dire que finalement le fait que la vie apparaisse sur la terre fut un accident de parcours.

La relativité d’Einstein a établi différents espace-temps, met en évidence des espaces courbes dans lequel le temps ne serait plus linéaire. A sa suite la physique a connu une véritable révolution, celle mécanique de Newton ne permettait plus d’expliquer ce qui était observable dans l’infiniment grand et a modifié l’astrophysique, ni dans l’infiniment petit et a contribué à faire advenir la physique quantique et atomique. A chaque découverte, nos convictions multi-millénaires sont remises en cause et avec elles nos certitudes et nos représentations du monde. La plus essentielle étant la remise en cause de la causalité linéaire. Un effet peut avoir de multiples causes ce qui a conduit alors à la notion de complexité. Elle est mieux à même de décrire celle l du réel et a alors des conséquences tant sur l’appréhension de notre quotidien que sur nos modes de pensée.

Notre mode de pensée est caduc

Cette complexité4 est désormais le fondement des entreprises, tant dans leurs organisations que dans la production de leurs biens et services qu’aussi dans les interactions qu’elles mènent avec leur environnement.

La cybernétique a modélisé les interactions organisationnelles par la dynamique systémique. Puis Michel Crozier a expliqué les réactions paradoxales et parfois incohérentes des acteurs par la variété de leurs motivations à agir. La taille des entreprises les complexifie et pour comprendre les rapports humains, les jeux de pouvoir et la logique des acteurs il fallait à son tour une modélisation plus complexe pour en rendre compte et c’est ainsi qu’est née la sociologie des organisations.

Les évolutions en parallèle de la technologie, notamment avec Internet, et de l’économique avec la mondialisation des échanges et de la géopolitique, notamment avec la chute du mur de Berlin ont conduit à repenser le modèle du monde et de l’homme.

1989 a été une date clé dont Francis Fukuyama parle suffisamment bien avec La fin de l’histoire pour montrer qu’un modèle s’est effondré avec les pierres du mur. L’équilibre bipolaire a fait place à l’hégémonie d’une seule puissance entraînant la mondialisation. Ce qui a conduit certains à dire que le monde est « un village mondial », et a entraîné des angoisses identitaires se traduisant pas des conservatismes et des besoins d’exprimer, à nouveau, des particularités régionales.

De la même manière, dans les entreprises, le sujet est noyé dans ces systèmes organisationnels, informels, non maîtrisables et, de crainte de se diluer dans un tout aux contours incertains, cela explique partiellement son besoin de se réfugier dans l’individualisme, forme sociale du narcissisme, encouragé par le marketing et la consommation.

Toutefois, ce n’est pas la seule conséquence de la complexité. Elle nous conduit aussi à revoir notre mode de pensée multimillénaire. Et ceci est inquiétant, déroutant et nécessite un long temps d’adaptation. Il semble que l’être humain dans la société civile y parvienne progressivement, plus libre finalement d’exprimer les soubresauts du paradigme naissant. Tandis que dans l’environnement normé et moderne de l’entreprise, l’homme hypermoderne, pour reprendre les termes de Vincent de Gaulejac, est pris dans la folie économique qui s’est emballée et qui ne sait plus s’arrêter. L’entreprise incarne alors dans ses fonctionnements organisationnels l’excès de modernité qui perd tout sens. Et les violences explosent un peu partout pour exprimer le malaise de la civilisation.

L’origine de la pensée binaire et de la dichotomie

L’anthropologie a mis en évidence les origines de notre appréhension du monde et comment la lecture de notre environnement a conditionné notre mode de pensée et notre rapport à autrui.

Françoise Héritier nous explique que depuis des millions d’années l’homme a observé le monde et a constaté  qu’ils était composé d’éléments opposés : jour / nuit, cru/cuit, homme / femme. Ceci a alors façonné notre manière de penser et nous avons une appréhension binaire des choses. C’est soit ça ou ça. Il nous est donc difficile de concilier les contraires.

Par ailleurs, l’homme étant l’un des animaux les moins bien équipés, afin de survivre, nous avons été contraints de nous regrouper en clan, le plus souvent dans des grottes. Cela a déterminé notre rapport à autrui, à l’étranger. Il y avait ceux qui étaient comme nous, les mêmes, qui rassurent et ceux qui étaient différents et qui incarnaient alors un danger. Ce qui explique alors que notre rapport à l’altérité a toujours été basé sur la confrontation, la suspicion et l’intolérance.

Par ailleurs, dans ces temps préhistoriques, la survie passait par le fait de s’abriter, notamment dans des grottes, afin d’éviter les prédateurs et de pouvoir surveiller son territoire et se défendre. De quoi ? De tout ce qui arrivait de l’extérieur et qui était donc identifié comme menaçant. Alors le groupe humain qui se situait dans la grotte constituait un clan homogène, auquel les individus se sentaient appartenir. Faire partie de la tribu, c’était faire partie du même et les autres, à l’extérieur, étaient différents et donc assimilés à des menaces et des dangers. Ceci montre alors bien, sous l’angle psychanalytique d’abord et anthropologique ensuite, que les racines de la peur de l’autre peuvent remonter très loin dans notre psyché individuelle et collective et déterminent notre comportement encore aujourd’hui.

Ainsi tandis que l’homme s’est développé physiologiquement, il a construit les références de son mode de pensée sur la dualité et son rapport à l’altérité sur la menace que représente l’autre5.

Ceci ayant également été renforcé par ce que les successeurs de Darwin ont conservé de ses théories. Réduisant sa réflexion, seule la théorie de la compétition et de la sélection naturelle des espèces a été retenue. Pourtant les lois de coopération sont largement observées par les biologistes et les éthologues. Ce parti pris n’a alors fait que renforcer cette part phylogénétique « naturelle », c’est-à-dire instinctuelle.

La place de l’homme remise en cause

La relativité d’Einstein, comme son nom l’indique est d’apporter la compréhension d’un monde plus complexe dans lequel les causalités ne sont plus linéaires et où il existe des espaces, des temps où les contraires ne s’opposent plus et peuvent se concilier.

Il s’agit alors véritablement d’une révolution et nous pouvons comprendre comment et pourquoi il nous est si difficile d’absorber un tel paradigme.

Einstein balaie d’un revers de manche des millions d’années de conditionnement. Pas étonnant que l’humanité tressaille et soit mal à l’aise. Avec la physique quantique c’est la fin de la maîtrise des mondes connus et donc la nécessité de repenser tous nos référents.

En quoi ce nouveau paradigme est-il inquiétant ?
Nous prenons conscience avec le relativisme qu’après avoir cru que nous étions au centre de l’univers, nous sommes en fait un élément toujours plus minuscule de l’ensemble et nous découvrons que nous sommes un accident de parcours dans le processus du vivant. Ceci ne peut pas être sans incidence sur nos représentations et par conséquent sur nos actions aussi bien individuelles que collectives.

Etre de plus en plus inexistant, nous approcher du néant, c’est flirter avec la mort et nous conduire à chatouiller inconsciemment notre angoisse existentielle.

Indiscutablement cela relativise notre narcissisme. Nos fantasmes sont remis en cause et la toute puissance narcissique est encore une fois mise à mal, pour autant le sujet ne pourra probablement pas se satisfaire de ces nouvelles limitations et relativités. La question est alors de savoir comment il va s’y prendre pour investir de nouveaux champs ? Comment ses fantasmes évoluent-ils pour trouver une place « nécessaire » dans un environnement plus complexe et le reléguant toujours au contingences sociologiques plutôt qu’aux motivations intrinsèques et psychologiques de son action ?

Chaque nouvelle avancée scientifique contribue à remettre en cause nos certitudes, habitudes et références spatiales, temporelles ou relationnelles. Le progrès moderne qui devait apporter le bonheur, comme l’avait promis les philosophes a failli. Les barbaries du XXeme siècle en ont tragiquement illustré les limites. Ce même progrès qui nous précarise aussi bien économiquement que cognitivement. Le système économique fonctionnant presque seul, cherchant dans ses mécanismes, à optimiser les rentabilités des entreprises élimine chaque jour un peu plus les hommes qui les composent. Ces derniers représentent un problème patent de par leur indiscipline, leur irrégularité, leur manque de fiabilité, leur états-d’âme et leur revendications sociales. La sélection naturelle a atteint ses limites, d’autant que notre démographie, elle, ne fait que galoper.

Il n’est guère étonnant de voir alors des crispations égotistes et des excès de narcissisme6 fleurir un peu partout et en parallèle un état dépressif quasi généralisé faire la une des magazines de ressources humaines. Se sentir de plus en plus inexistant peut expliquer, en partie, le besoin de manifester l’angoisse, ce qui peut alors prendre la forme de violences polymorphes et multicausales, comme celui a contrario de mettre en exergue l’image au détriment de l’être et de promouvoir la superficialité comme réaction de survie de notre narcissisme malmené.

Le choc des plaques tectoniques

C’est ainsi que l’on pourrait dire qu’il y a rencontre de deux mondes. A la manière des plaques tectoniques, cela se traduit davantage comme une fracture, souvent manifestée par des violences, épiphénomène des malaises et des contradictions organisationnelles. Pourtant, il semble que cette incompréhension des deux environnements ne soit pas imputable qu’au seul fait du conflit de générations.

Nous formons l’hypothèse d’un conflit de paradigmes.

Image1

Lorsqu’un paradigme est moribond et que l’autre est émergent, leur rencontre créée un choc qui se traduit, notamment, par des violences sociales et des discours sur la décadence. Nous sommes très probablement dans cet entre-deux paradigmatique.

D’un côté, l’ancien, dit « moderne », toujours dominant qui repose sur le progrès et sa promesse de bonheur généralisé passant par la technologie. Depuis le siècle des Lumières, l’évolution des techniques et des technologies a d’abord apporté de réels améliorations dans notre confort quotidien et puis progressivement sans garde-fou, l’économique a primé sur le politique et la sagesse philosophique. C’est alors que l’économique s’est établi en système et en pouvoir dominant, transformant les moyens de production pour une société plus heureuse en finalité marchande et mercantile dont le sens est perdu dans les rouages de la consommation à outrance. Et avec le progrès un dérapage des pensées à l’origine de l’industrialisation. Car tandis que Descartes cherchait à comprendre rationnellement l’existence de Dieu, il ne nous reste plus aujourd’hui qu’une vision dichotomisée de l’être, la raison d’un côté, se traduisant notamment par la segmentation des disciplines et de l’autre les émotions, l’intuition et les sentiments. Cette séparation met d’un coté la science, valorisée et seule capable de comprendre le monde et de l’autre, discréditées et qualifiées de sectaires toute autre appréhensions du monde. Cette fragmentation de la connaissance a alors conduit au fait que les disciplines scientifiques dont la fonction est de nous permettre de comprendre le monde sont devenues étanches. Alors le sens du tout n’est plus là pour apporter des éléments de visibilité et de compréhension sur ce que le monde devient. Le paradigme moderne a porté au paroxysme le mode de pensée du OU.

Et de l’autre, le nouveau paradigme est en train d’advenir et est forcément encore mal défini.7 Certains paramètres balbutiant montrent un besoin de repenser les modalités de notre quotidien (place de l’homme dans la société, sa relation à l’environnement, rapport à autrui, au travail, aux institutions). Mais tout ceci est à revisiter8.

C’est alors que les découvertes d’Einstein, continuées par celles des physiciens mettent en exergue une logique et ordre du monde basés sur le ET. Une particule peut aussi être une onde, les états d’un quanta sont multiples et existent en potentialité simultanément et ce n’est que lorsqu’un observateur le regarde qu’un seul état est alors manifesté.9

Bien qu’un certain nombre d’auteurs et en particulier Edgar Morin ait passé sa carrière à rendre compte de ce qu’est la complexité, rares sont ceux qui voient la passerelle entre l’évolution extraordinaire de la physique et en particulier la physique quantique et l’impact sur notre quotidien, que ce soit sur notre vie de tous les jours, comme plus largement sur l’évolution de notre société.

Pour moi la violence est le symptôme multiforme du malaise et exprime la difficulté de sortir de nos conditionnements millénaires et le lent et douloureux accouchement vers la manifestation de notre humanité, manifestée par les potentialité de notre néo-cortex.

Les balbutiements des valeurs féminines

Le féminisme a radicalisé la position féminine.10 Beaucoup de femmes se sont prises pour des ersatz d’hommes en cherchant à s’affirmer et à prendre une position dans un monde économique aux valeurs et critères masculins. A présent qu’elles ont « volé » la culotte aux hommes, ceux-ci sont à la recherche d’une nouvelle identité, détachée de la fonction du Père, trop longtemps assumée, et bien souvent contre leur gré.

Il est alors question pour chacun de retrouver une place existentielle et sociale et de redéfinir leur rôle autant comme acteur social que comme appartenant à un genre défini masculin ou féminin.

Cette nécessaire recomposition des repères que l’on peut voir se profiler dans d’autres domaines de la société (économique, écologique, scientifique, politique, etc.) implique une exigence très forte pour chaque individu. Ce qui a conduit Ehrenberg à parler de la fatigue d’être soi. Face à ce travail titanesque de construction identitaire, à la carte, puisant dans le panier intarissable des référents multiples, beaucoup baissent les bras. D’autant que s’ajoutent les exigences toujours croissantes des entreprises demandant à chacun d’être toujours plus performant et autonome. Ce qui se traduit par des compétences à ajouter en permanence dans son cheminement professionnel. Ceci est alors très difficile à vivre et il ne semble pas qu’un répit soit possible.

Alors face à cette complexité de référentiels, certains choisissent la simplicité de modèles culturels où les rôles sont clairement identifiables et définis, mais dichotomisés. Ce qui explique alors qu’à la suite d’une liberté apparente des mœurs des années 80/90, aujourd’hui il semble qu’il y ait une sorte de retour en arrière, conservateur où la femme redevient un objet, où l’homme réapparaît comme très macho. Et alors plusieurs générations se succèdent arborant autant d’identités différentes que d’âge, de classe sociale et d’appartenance multiples. Cette diversité identitaire peut aussi conduire à des violences. Face au désarroi d’une réalité trop riche et trop complexe, le risque est la radicalisation et le repli. Ce qu’Huntigton a voulu exprimer avec son choc des civilisations.

Devant cette forêt de nouveaux référents, le sujet devant chaque jour se reconstruire une identité afin de ne pas se voir dilué dans des espaces sociaux plus vastes, mouvants et en constante évolution, il réalise la dure quête de sens et de soi. Cette recomposition qu’impose ce nouveau paradigmeconduit à une sérieuse perte de sens et donc une quête de sens. Et tant qu’il n’est pas trouvé, c’est alors la porte ouverte à la violence face au manque de visibilité, de projet, d’avenir et de perspectives qui font rêver et qui mobilisent les personnes autour de la vie.

Le spectre de la mort de notre civilisation glace les os de certains et explique alors mieux la morosité ambiante, le manque d’enthousiasme et l’inertie se traduisant pour nombre de sujets par un sentiment d’impuissance. Notre cerveau archaïque a besoin d’être rassuré.

C’est ainsi que face à la gravité de la situation, aux paradoxes permanents et touchant toutes les facettes de la vie, si la violence est l’expression du malaise, les valeurs féminines, auxquelles je préfère les valeurs universelles ou androgynes, viennent alors apporter une piste de solution. Pour gérer la complexité, les valeurs universelles qui puisent dans les ressources inépuisables de la plasticité de notre néo-cortex nous permettent de nouveaux comportements, qui évoluent alors inéluctablement vers la paix.

Le recours à un archétype : l’androgyne

Recourir à l’archétype de l’androgyne, c’est vouloir dépasser les oppositions stériles pour trouver la vitalité des nouveaux possibles, alimenter l’imaginaire de symboles insufflant vie à notre humanité renaissante. L’androgyne représente la réconciliation des contraires, cette unité primordiale que l’on retrouve dans nombre de mythologies illustrant les créations du monde, comme l’Etre permettant tous les possibles. C’est pourquoi il était aussi présent lors de la Renaissance.

L’androgyne permet de réaliser l’équation suivante = 1+1 = 3 

La symbolique de l’androgyne est d’envisager en chacun de nous autant nos valeurs masculines que féminines et recomposer consciemment en nous de nouveaux repères qui nous font dépasser le clivage homme / femme dans la limitation qu’apportent les rôles sociaux. Il est aujourd’hui question dans l’élan de ce nouveau paradigme, que chacun homme ou femme puisse se construire une identité personnelle donnant lieu à une composition originale et unique des valeurs masculines et féminines.

Une fois cette identité reconquise par l’exercice de notre libre arbitre à être fondamentalement qui nous-sommes et non pas le fruit de déterminismes extérieurs alors nous pouvons désormais rencontrer l’autre. Sa diversité ne nous fait plus peur et nous pouvons alors nous enrichir de sa différence. Si je le rencontre véritablement alors je suis dans le ET car lui et moi pouvons nous développer, avoir des idées divergentes sans que pour autant il soit forcé qu’elle s’affronte. L’autre peut penser et agir sans que je me sente menacé, à l’instar des univers en expansion, lorsque je sors des déterminismes psychologiques et neurophysiologiques, utilisant mon néo-cortex je peux accueillir l’autre sans me sentir menacé. Son expansion ne me gêne plus car je ne la vis plus comme un envahissement ou une menace.

En évoquant cet archétype, cela permet de nourrir notre imaginaire collectif de nouveaux possibles et lui redonner images et symboles propres à sortir de la sinistrose, à trouver une modalité symbolique de résolution de la violence et à donner l’élan de la créativité nécessaire à une autre étape de notre civilisation. L’androgyne illustre la possibilité dans l’imaginaire collectif du changement de paradigme de la société.

Nous passons du OU au ET.

Un avenir inévitable : d’Einstein à Gandhi
La complexité conduit directement à la paix

La complexité dont nous venons de parler dans les champs de la physique a comme chaque révolution physique précédente son impact sur tous les autres pans de la société. La mondialisation est une des illustrations de cette complexité dans le champs économique parce que les frontières nationales ne limitent plus les échanges ou dans le domaine technologique, Internet a éliminé les distances d’espace et de temps. Ces évolutions majeures qui modifient fondamentalement nos repères traditionnels d’espace et de temps sont vécues notamment comme une accélération dans notre quotidien et donc des pressions. Et cela a automatiquement une incidence sur les rapports humains et modifie nos comportements quotidiens. Tant que nous ne sommes pas ajustés à ces changements, ils sont perçus comme des tensions et peuvent conduire à exercer des violences contre soi ou contre autrui pour évacuer ce trop plein. Tandis que lorsqu’ils sont pilotés en conscience par cette instance de liberté qu’est le néo-cortex et avec les outils de sérénité qu’apportent des cultures orientales telles que le bouddhisme par exemple,11 alors autrement équipés nous sommes capables d’appréhender les évolutions continues et accélérées de notre temps sans les subir.

A la suite de la Seconde guerre mondiale il y a eu une véritable explosion des théories psychologiques comportementalistes qui ont posé de nouvelles bases relationnelles, reposant sur les notions de gagnant-gagnant qui sont les soubassements d’un dialogue équitable dans lequel chacun est considéré comme ayant autant de valeur. L’Ecole de Palo Alto notamment a conduit à définir une nouvelle qualité relationnelle. Aujourd’hui la communication non-violente poursuite cet élan et vise à modifier les échanges et les rapports humains en se fondant sur les besoins et le respect des droits humains des personnes.

C’est ainsi que l’on parle désormais dans l’entreprise de développement durale, de responsabilité sociale d’entreprise, d’entreprise humaine, de communication non-violente, d’écologie sociale, du bien-être des salariés, de management éthique….

Ces différentes évolutions tournent autour de la notion fondamentale de paix. Alors parlons-en simplement. Respecter autrui et vouloir être dans une attitude gagnant-gagnant c’est vouloir sortir de la domination, de la compétition et de la guerre, alors disons-le franchement. Car comme toute chose dès lors qu’elle est nommée, devient beaucoup plus effective et agissante dans la réalité et le quotidien.

Même si un certain nombre d’entreprises ne s’investissent pas encore dans leur rapport annuel sur de véritables actions de développement durable ou de responsabilité sociale d’entreprise cela est désormais dans l’air du temps et semble être la nouvelle modalité de faire le business pour le XXIeme siècle.

Une fois que la société dans son ensemble et les entreprises en particulier sont porteuses d’un nouvel élan, plus responsable, plus mature, plus évolué, reposant sur un paradigme de paix et non plus de guerre alors nous allons pouvoir démontrer notre pleine humanité.

Les formes d’organisations évoluent elles aussi. Elles sont désormais plus plates, c’est-à-dire reposant sur le consensus et non plus sur les dynamiques hiérarchiques du modèle pyramidal. Si elles sont si difficiles à mettre en place partout c’est bien justement parce qu’elles reposent sur le paradigme la paix, qui induit consensus, compromis, dialogue, respect.. et non plus sur celui de  la domination et de la compétition.

L’entreprise, encore elle, privilégie sans cesse l’autonomie de ses collaborateurs qui bien entendu, ne se limite pas aux seules compétences, il s’agit alors de maturité psychologique et sociale. Il est aujourd’hui question de donner les moyens et les clés pour que chacun puisse y accéder.

Car être un homme ou une femme c’est être un être de conscience, capable de libre-arbitre et qui décide de tendre la main à son voisin étranger et différent et non plus de le repousser pour sa différence.

Dépasser le clivage valeurs masculines / valeurs féminines : le temps des valeurs universelles

Le danger qu’il y a à maintenir les termes de valeurs masculines et féminines c’est de rester dans la dichotomie et l’opposition homme/femme. Et surtout nous resterions dans l’inexactitude et la confusion.

Car ce sont les cultures et les rôles sociaux qui ont fragmenté nos comportements en les attribuant aux genres masculins et féminins.

Les récentes recherches des neurosciences démontrent, par l’imagerie IRM, que toutes les théories affirmant la différence structurelle et physiologique des cerveaux entre les hommes et les femmes sont fausses.12

La taille de cerveau et donc d’incidence sur la qualité de pensée sont non-fondés et sont uniquement le résultat de volonté idéologique et aucunement de preuves scientifiques. Il existe autant de différence de taille et de capacité entre les hommes qu’entre les femmes. La différence est alors uniquement physique comme nous avons une morphologie et un visage distincts, indifféremment entre hommes et femmes.

Nous avons, hormis déficit physiologie grave, les mêmes dispositions biologiques et neurologiques à la naissance que nous soyons homme ou femme. Ce sont essentiellement la culture, l’éducation et les stimulations biologiques (alimentation, conditions de vie et d’hygiène) qui vont avoir une influence sur le développement de notre cerveau, puis de notre pensée et de nos capacités d’apprentissage, de connaissance et donc notre intelligence.

Nous avons hommes et femmes, potentiellement les mêmes capacités et nous pouvons apprendre et modifier notre intelligence toute notre vie durant. La plasticité du cerveau dépend de ce que nous en faisons.

En revanche, ce que nos cultures et nos déterminismes sociaux font de ce patrimoine initial est une autre histoire et conditionne la dichotomie et la différence accrues des sexes et par conséquent la valorisation des uns et des autres.

Maintenir la différence c’est alors rester dans le paradigme de la domination et donc de la compétition et par conséquent de la guerre potentielle entre les sexes, entre les hommes et entre les peuples.

Le paradigme dans lequel nous entrons et que nous construisons, consciemment, constitue un défi exaltant de parvenir à dépasser nos déterminismes phylogénétiques et nos archaïsmes pour manifester volontairement et librement la possibilité de sortir de la pensée binaire, de nos clivages, de nos divisions et nos dualités. La paradigme du XXI° siècle est celui du ET. Ce que la physique quantique nous permet de comprendre et de concevoir dans l’infiniment petit et dans l’infiniment grand, nous détenons les clés neuro-scientifiques de le rendre possible à l’échelle humaine.

En respectant la différence que chacun d’entre nous incarne, qu’il soit homme ou femme, nous mettons en exergue nos richesses dans le respect. Cette diversité sera alors le fondement de nouvelles formes d’intelligence collective, d’innovation sociale et de créativité collective. Notre évolution phylogénétique nous conduit vers la paix que ce soit entre les hommes et les femmes ou entre les groupes sociaux, comme terreau de nouvelles formes d’échanges économiques et sociaux dans les organisations et entre les pays.

Si la femme du XXI° siècle avait un rôle…

Comme nous l’avons vu le paradigme moderne se tarit. Il s’appuyait sur ce que d’aucuns qualifient de valeurs masculines, le besoin d’agir et de dominer le monde. Et je crois là aussi qu’il s’agit d’une méprise. Chaque valeur courage, force, écoute, empathie a ses aspects positifs et négatifs. Lorsque le courage se manifeste par le combat contre autrui alors il est nocif, toutefois lorsqu’il se traduit par la confiance en soi et la ténacité à ne pas baisser la garde lorsque l’on est abusé, il devient alors une qualité. Et les femmes depuis la nuit des temps ont préservé leurs enfants et ont parfois donné, par courage, leur vie pour protéger leur progéniture. Le courage n’est donc pas l’apanage des hommes, de même que la douceur n’est pas celle des femmes. En revanche pour des archaïsmes d’espèce nous valorisons toujours les modèles de valeurs permettant la domination car les espèces animales régies par leurs instincts recherchaient les marques les plus évidentes de gênes forts beauté chez les femelles et force d chez les mâles pour assurer une descendance viable. Peut-être que notre humanité nous permet aujourd’hui de manifester autre chose qu’uniquement des déterminismes instinctuels ?

Ainsi si nous parvenons à polariser chaque valeur en positif et en négatif nous pourrons nous défaire des abus et des nocivités et n’en conserver que ce qui est utile à l’homme pour lui et pour les autres.

Par ailleurs, les vagues féministes ont eu leur utilité car elles ont conduit à l’indépendance des femmes sur bien des domaines et il est normal qu’elles aient pris le modèle masculin pour s’imposer, seule voie qui leur été laissée pour affirmer leur valeurs et leur compétence. Cependant cet accès à l’autonomie s’est accompagné de combats et donc s’inscrit toujours dans ce paradigme guerrier, dit « masculin ».

Aujourd’hui de retour du féminin perçu par nombre de philosophes et de sociologues comme une évidence d’un air du temps qui change est probablement une clé du paradigme qui émerge ne doit surtout pas être mal compris.

Maintenir la terminologie valeurs masculines et féminines, comme nous l’avons dit, risque d’entretenir confusion et dichotomie, par ailleurs certaines féministes seraient renforcées, dans cette émergence constatée des valeurs féminines, d’y voir une nouvelle opportunité de bataille contre les hommes et nous serions encore dans le clivage et la dualité. En faire une mode serait là aussi une grossière erreur mêlant tendance de fond et marketing d’opportunité.

Je crois plutôt que ce nouvel élan féministe fait suite, dans l’histoire humaine, à des millénaires de matriarcat de tradition orale suivi par un patriarcat également millénaire et de tradition écrite. Cette vague féminine préfigure un nouveau temps, celui de la conciliation des contraires pour une nouvelle forme d’humanité basée sur des valeurs telles que l’écoute,  la réceptivité, le consensus, la remise en cause, le travail sur soi pour avoir les moyens d’évoluer et de s’adapter et de trouver de nouvelles synergies et de nouvelles convergences….

Toutefois, cette évolution appelle une certaine vigilance. Les femmes doivent à leur tour laisser la place à l’autre et de pas tomber dans une nouvelle dictature, celle des femmes, qui s’elle devenait une nouvelle idéologie causerait les mêmes ravages que les précédentes.

C’est par sa manière d’approcher et de comprendre la complexité que les femmes permettront à l’ensemble de l’humanité de sortir des enfermements guerriers. Et justement de rétablir l’accès à ces valeurs aussi bien masculines que féminines, partagées par le genre humain et non plus par des hommes ou des femmes.

L’enjeu de la femme du 3eme millénaire est de sortir l’humanité de sa logique binaire, elle doit être l’instrument qui permettra enfin d’incarner et de vivre le ET.

1  Je renvoie le lecteur pour la définition de la violence et l’examen de ses causes et de ses manifestations à C. Marsan, Violences en entreprise, comment s’en sortir ? De Boeck, 2006.

2  Paul Donald MacLean, Les trois cerveaux de l'homme, Laffont, Paris, 1990. Bryan Kolb, Ian Whislaw, Cerveau et comportement, Collection : neurosciences et cognition, de boeck, 2002.

3  Voir différents articles sur www.christinemarsan.com

4  La complexité au sens physique du terme, signifie qu’uns système est défini comme complexe dès lors que beaucoup de ramifications le composent qui peuvent être elles simples ou complexes. Ce qui a ensuite conduit à comprendre la pluralité des causes aux phénomènes et permet alors une meilleure interprétation du réel. La simplicité étant alors davantage une exception.

5  Voir à ce sujet Bergeret La violence fondamentale ou encore Daniel Sibony Violences ou René Girard La violence et le sacré.

6  C.F. les différentes études sur le narcissisme (psychanalyse et psychologie).

7  Des précurseurs tels qu’Edgar Morin, le Paradigme perdu, Points, Paris, 1998, Introduction à la pensée complexe, Points, Paris, 2005,  ou Michel Maffesoli, L’ombre de Dyonisos, Lgf, Paris, 1991. aujourd’hui Alain Touraine, Un nouveau paradigme pour comprendre le monde d’aujourd’hui, Fayard, Paris, 2005, stigmatisent le sujet.

8  Marsan, C. L’androgyne : figure archétypale d’une civilisation renaissante. In les Cahiers de la Psychologie Politique. Juillet 2005. Présenté lors du colloque Congrès Européen Sciences de l’Homme et Sociétés. Juin 2004.

9  Etienne Klein, Petit voyage dans le monde des quanta. Champs Flammarion., Paris, 2004.

10  Michel Schneider, Big Mother, Odile Jacob, Paris, 2002. ou Alan Touraine, Une société de femmes, Fayard, Paris, 2006.

11  Il est intéressant de constater cet engouement pour les philosophies, spiritualités et pratiques d’arts martiaux de l’Asie depuis le dernier quart du XX° siècle. Au-delà des tendances de mode et des parfums d’exotisme, très probablement que l’assèchement transcental, faisant suite à la laïcité mal comprise par beaucoup et assimilée à l’athéisme ou à l’agnosticisme, a laissé une béance dans la quête de sens individuelle des personnes. Alors ces philosophies apportent des éléments de réponse. Mais au-delà de ce point, les philosophies confucianisme ou bouddhiste apportent d’autres représentations du monde et d’autres clés par rapport à l’incertitude. Notre pensée occidentale conquérante est en train de s’essouffler car elle n’a pas, seule, les moyens de s’adapter au monde qu’elle a contribué à développer. Il semble qu’en piochant dans le creuset oriental il soit possible de détenir de nouvelles modalités de pensée et d’accepter le changement permanent. Et très probablement qu’avec les années il s’agira à nouveau d’un ajustement entre valeurs occidentales et valeurs orientales comme il est ici question de valeurs féminines et masculines, car comme en rend compte le yin et le yang, symbole taoïste de la dualité, tout est contenu dans tout. Alors nous serons là aussi capables d’une pensée ternaire, sachant concilier les opposés pour mieux les dépasser en créant de nouveaux possibles (le tiers, le trois, le ET).

12  Catherine Vidal, Nos cerveaux : tous pareils, tous différents, conférence, les Conférences de la Cité, Cité des Sciences, 8 mars 2006. Féminin/masculin : mythes scientifiques et idéologie, sous la direction de Catherine Vidal, Editions Belin, mars 2006.

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