N°17 / Littérature et politique Juillet 2010

André Lévy, Penser l'événement. Pour une psychosociologie critique.

Parangon.

Alexandre Dorna

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Le cœur de la démarche est la notion de changement. Que se passe-t-il quand les choses changent ? Comment saisir un processus dont on ne peut parler qu'après son accomplissement ?

Penser l'événement, c'est-à-dire « ce qui arrive » est saisir les processus qui constituent la trame de la vie sociale. C’est les penser dans leur complexité. Mais, il ne s'agit pas seulement des événements majeurs qui ponctuent l'histoire, mais de ces événements mineurs, silencieux, pénibles ou joyeux, qui rythment les moments de la vie quotidienne. Penser l’événement, c’est construire les « objets »  et mettre en question leur rapport au savoir et à la société, ses méthodes d’investigation et d’analyse, et poser ainsi les bases d’une science de l’homme, peut-être d’une psychosociologie critique.

Dans une tradition de psychologie des faits individuels, la psychosociologie, ici défendue, est centrée sur l’expérience in situ à partir des pratiques d’intervention et de formation. L’approche s’est construite en mettant en correspondance la relation entre les processus sociaux et les processus psychiques. Le sujet occupant ainsi une place essentielle dans les analyses des situations sociales dans lesquelles le rôle de la subjectivité serait déterminant. M. Levy voit dans « le retour du sujet » proclamé par chez certains sociologues (Touraine, Dubet, Wieviorka, Gaulejac) une approximation et une justification de ses positions. Et, une prise de distance avec les thèses classiques énoncées par Durkheim. Quel est le fil conducteur ? Rien de vraiment nouveau. Pour l’auteur, la filiation est celle de K. Lewin avec la dynamique de groupe et les recherches initiées par E. Mayo et J. Moreno. La recherche action, et, en France, les travaux d’Anzieu et de Pages. Bref, une psychologie sociale clinique dont l’inspiration freudienne n’est pas honteuse, mais désirée. Dans un chapitre, presque inattendu, M. Levy  pose la question de la relation entre psychologie et politique. Hélas, il ne va pas très loin. Il se contente de retenir les opinions des auteurs classiques pour rappeler clairement que les psychologues sociaux ne s’intéressent pas, vraiment, à la politique, car les psychologues agissent dans le cadre du  « statu quo social ». Curieusement, M. Levy se contente de valider l’observation sans apporter de réponse, sauf pour défendre une posture « critique » abstraite et circonspecte. Et, ainsi, d’un coup nous sommes devant un paradoxe : la psychologie sociale n’est pas sociale, mais individuelle, autrement dit dominée par une idéologie libérale.

Quelques pages sur la démocratie ne nous aident guère à approfondir le malaise. Au fond, nulle mise en cause épistémologique ni critique méthodologique ne sont esquissées, afin de devancer l’impasse. Bref, malgré une volonté d’analyse critique, l’auteur évite de reconnaître la question idéologique et esquive à la fois l’importance du culturel et du politique qui la surdéterminent. Enfin, l’auteur reste dans son « dedans » malgré la citation de La Bruyère qui est en tête de l’introduction : «  Les choses du dehors que l’ont appelle les événements sont quelquefois  plus fortes que la raison et que la nature ». Chose étonnante n’est-ce pas ?

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