N°17 / Littérature et politique Juillet 2010

Miklos Bokor, Paul Wiener, Peut-on en finir avec Hitler ?

Collection Psychologie politique. L’Harmattan 2010

Alexandre Dorna

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Miklos Bokor a fait l’expérience d’Auschwitz à l’âge de 17 ans.

Paul Wiener est ancien Professeur des Universités.

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Les auteurs, un psychiatre et un artiste peintre, nous offrent un essai d’inspiration psychanalytique. C’est un regard à la fois historique et esthétique pour comprendre celui qui a altéré l’histoire du monde et jeté un sort maléfique et sombre sur la culture allemande et la raison : Hitler. Et le nazisme comme un des avatars pathologiques de la société contemporaine.

Suivre l’itinéraire du monstre risque d’entrainer une identification et de prend la distance pour se faire une vraie opinion. Or, comme disent les auteurs, appréhender un personnage historique est utile et se rapprochant de lui qu’on le connaît le mieux. Une telle démarche est entamée avec le jeune Adolf, et même avec Hitler le politique à ses débuts, mais devient impossible avec le dictateur et son fond inhumain.

Ainsi, en parlant d’Hitler, par contraste, rien d’humain ne nous reste étranger. La condition humaine n’est pas faite que de raison, et même le mal peut s’autoriser de la raison. La déviance est en partie la conséquence d’un ordre moral lors qu’il est supposé s’inspirer du surnaturel. Le mal est en effet surdéterminé par des causes multiples.

Voilà pourquoi pour cerner le mal les auteurs nous invitent à l’examiner sous divers angles : d’abord, psycho socio économique, puis génétique et, en fin, dans sa dynamique collective.

La figure d’Hitler est devenue symbolique et centrale dans l’histoire de la psychologie politique du XX siècle. Pour comprendre, les auteurs, ne proposent pas une biographie classique. Il y en a d’excellentes et nombreuses. Le propos est un autre : comprendre le « vécu psychotique initial » non seulement le vécu d’un homme, mais le fond transculturel (dirions nous d’un inconscient collectif allemand ?) qui remonte à la conversion forcée des germaniques païens en chrétiens.

Ce vieux traumatisme de la mentalité allemande est-il à relier avec la question de la régression national-socialiste ?

L’ouvrage s’ouvre sur une étude consacrée à la personnalité d’Hitler. Une seconde partie est une réflexion concernant les Juifs et les Chrétiens. Ensuite c’est le repérage des traumatismes historiques. Une quatrième phase nous illustre sur la régression et le sublime pour cerner le totalitarisme. Le chapitre suivant situe Hitler et évoque les responsabilités de ses adversaires. Et, enfin, l’ouvrage se termine par la génération du temps des horreurs.

La thèse qui traverse en filigrane l’ouvrage est psycho politique : il y a probablement du vrai dans les dérives et délires volkish. Il y a eu, probablement, un écho traumatique, une nostalgie d’un autre temps qui n’a pas pu être accomplit. Ainsi certains allemands en devenant nazis ont cru percevoir cette déchirure et ont voulu faire revivre un passé idéalisé et refoulé. Le délire semble devenir pour certains une possibilité d’assumer leur condition inhumaine, et de conjurer la faille du processus d’humanisation et de civilisation entre la vie et la mort.

Les auteurs nous suggèrent que la crise entre 1933-1945 n'est pas celle d’un groupe, voire d’un peuple, mais plus profondément, celle de toute l’humanité. Si la leçon politique à tirer est élémentaire, la leçon morale n’est pas simple. Notre besoin d’irrationnel procède d’un excès insondable de peur que les hommes ont de leur côté obscur. Parfois et pendant longtemps, la peur ancestral, qui engendre inévitablement le mal, s’est laissé maîtriser par la religion. Or l’arrogance faustienne de l’intelligence moderne n’arrive plus à rendre serein l’esprit, faute de ne plus faire de la place à l’humanisation de l’âme universelle.  

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E. Crespo, C. Prieto et A. Serrano (coords.), Trabajo, subjetividad y ciudadanía. Paradojas del empleo en una sociedad en transformación.

María Paz Martín Martín

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