Le système tchnochratico manago- ministeriel qui survit aux différents changements gouvernementaux essaye depuis plusieurs années d'imposer un système d'évaluation quantitative de l'enseignement et notamment de l’enseignement supérieur.
L’activité des enseignants chercheurs n'est plus analysé en fonction des misions d’enseignement en tenant compte de la spécificité des publics auxquels ils s'adressent mais uniquement en fonction du nombre de publication d'article dans les revues scientifiques (impact factor) labellisées par L' A.E.R.E.S1 (Agence d'évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche)
Ce sont ces publications qui jouent un rôle déterminant dans le financement des équipes de recherche et dans le recrutement des enseignants de l'université qui doivent maintenant automatiquement être adossés sur les équipes de recherche existantes (bonjour la reproduction.)
On trouvera dans la seconde partie des lieux un état de la question au sein de la 16° section du CNU
L' A.E.R.E.S fonctionne grâce aux taches évaluatives des experts , qui sont surtout des techniciens issus de l'université elle-même qui trouvent là une occasion de renforcer leur soif et leurs réseaux de pouvoir tout en « boostant » leur carrière personnelle.
Le modèle est directement importé des pays Anglo-saxons il est caractérisé le joug d'une compétitivité à outrance dont les critères sont :
le nombre de publications, préférablement en anglais
le nombre de citations reconnues et attestées
les liens avec des objectifs de rentabilité immédiate.
Ce dossier comporte :
Un texte sur « L'université moderne entre crainte et espoir : ou l'espoir d'une renaissance » écrit par Denis Mieville professeur philosophe et mathématicien suisse qui à étudié les procédures discursives propres à l'élaboration de nouvelles connaissances, telles les procédures par analogie ou celles structurant les définitions créatives. D'un point de vue épistémologique, il s'intéresse à l’aspect gnoséologique du connaître, à la façon dont un concept peut se développer progressivement jusqu'au point où il se cristallise comme une entité stable dans un contexte situé précis. Il centre son propos sur l'analyse de « la réforme de Bologne » à laquelle il a participé. Il analyse comment celle ci a repris le modèle anglo-saxon de suprématie de la mesure. Il pointe les conséquences néfastes d'un tel modèle sur le fonctionnement de l'enseignement supérieur.
Un article de Jean-Léon Beauvois « L'évaluation de la production scientifique » s’intéresse à l'accès aux objets scientifiques et au jugement des pairs qui se résume de plus en plus à la seule « communauté des chercheurs étatsuniens élargie à certains affiliés » et fonctionnent de plus en plus sur la conformité de l’appartenance. Les directeurs de laboratoires en viennent à dissuader leurs collaborateurs
Un extrait de texte d’Emile Jalley dénonce « La furie évaluative comme horizon de l'empirisme nord-américain » et s'attaque « à la persistance durable de certaines formes sociales d'illusion, même une fois reconnu publiquement leur rôle aliénant »
L’entretien « L'évaluation comme dispositif de servitude volontaire » de Roland Gori pour qui le modèle d'évaluation quantitative nous fait renoncer à la pensée critique et à la faculté de juger et de décider et instaure de nouveaux dispositifs (au sens où l'emploie G. Agamben) de normalisation sociale.
Et, enfin, la reprise d’un article d’Alexandre Dorna sur la crise épistémologique et ses implications dans le milieu universitaire, notamment en Sciences humaines et sociales.
L’état actuel du classement des revues au sein de la 16° section
Des responsables de revues de psychologie et d’associations (FFPP, AEPU et SIUEERPP), s’étant mobilisés après la publication, sur le site de l'AERES, d’une liste de revues avec classement, ils se sont constitués en association pour pouvoir agir collectivement, notamment en justice, le cas échéant. À cette fin, la Conférence des publications de psychologie en langue française (CPPLF) a été fondée sur le consensus suivant concernant :
L’inquiétude majeure quant aux risques encourus, du fait des procédures d’évaluation des revues, des laboratoires et des chercheurs, mises en place tant par la Fondation européenne de la science (ESF) que par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) ;
leur convergence pour concrétiser leur action au service de la défense des publications en langue française ;
leur volonté de poursuivre leurs concertations et leurs travaux avec les revues et les acteurs de la production et de la diffusion des savoirs en Psychologie » (Voir textes)
En janvier 2012 le classement de l'AERES, pour les revues de psychologie, était effectivement retiré du site et remplacé par une liste "de périmètre" (datée de juin 2011 !). http://www.aeres-evaluation.fr/Publications/Methodologie-de-l-evaluation/Listes-de-revues-SHS-sciences-humaines-et-sociales
Le classement des revues selon leur facteur d'impact a toujours ses partisans au sein du nouveau CNU 16e section, de même qu'au sein de l'AERES cela implique une grande vigilance de notre part.
Nous invitons vivement les lecteurs de notre revue « C@hiers de psychologie politique» à s'exprimer sur ce sujet en ne se limitant pas seulement à la question de l'évaluation des enseignants chercheurs et de leurs labos mais à l’impact sur les recrutements, les pratiques enseignantes, les pédagogies et, plus largement la conception même du système de formation universitaire.
1 Ressources humaines et budgétaires de l'AERES en 2010
•Budget 2010 : 15,4 millions d'euros
•Personnels administratifs permanents : 71
•Personnels scientifiques (chercheurs, enseignants-chercheurs) à temps partiel : 108
•Experts sollicités : 4717