La politique souffre d’un discrédit chronique et la méfiance se mute en défiance. C’est la société et ses modes productivistes qui sont en cause. Car les plaies sont visibles à l’œil nu. Il suffit de regarder, les yeux grands ouverts, les ravages du néolibéralisme pour sentir un dégoût profond pour la logique glacée d’un système devenu froid et inhumain.
Pire encore : l’humain ne cesse de se diluer, au point que la tentation de remplacer l’homme par des circuits électroniques n’est plus une hypothèse de science-fiction, mais une mûre réflexion de la technocratie.
Il y a fort longtemps que la technique domine la pensée, au point de fixer le cadre de la mondialisation, dont la tyrannie de l’évaluation quantitative est devenue la justification obsessionnelle de l’idée de gouvernance, laquelle couve une tendance autoritaire.
Or, les bruits de craquement du système et de sa cohérence économique résonnent dans la crise de la science, de l’individualisme et de la rationalité. D’autant que l’épuisement du modèle démocratique se révèle à travers les formes oligarchiques du pouvoir. Ainsi, le syndrome psychopathologique qui accompagne le déclin de la politique fait partie de l’objet de la psychologie politique actuelle.
Disons, enfin, que la psychopathologie du monde politique se montre toute crue à l’aune d’une accumulation de richesse monétaire qui attendrait une redistribution égalitaire, face au déficit de volonté politique pour affronter ce qui inéluctablement arrivera. Car la folie du système est en train d’enfanter un sentiment de fin de régime, Ainsi l’ambigüité politique se traduit par un temps d’attente dont les signes sont paradoxalement clairs et indéchiffrables, car la présence d’une autre formule politique s’annonce de manière imprévisible.