Ce livre est une tentative d’analyse de la destruction des cultures et de l’impact traumatique que suscitent les pratiques de domination dans ses formes psychologiques les plus brutales : le fanatisme, les propagandes, les génocides, les autodafés, les pratiques de la torture, les manipulations mentales, la terreur, le viol comme arme de guerre et tant d’autres qui se révèlent être les voies contemporaines de la violence contre les hommes et la culture. Car tout crime contre la culture est un crime de lèse humanité qui rentre dans la dialectique dénoncée par Paul Valery : toutes les cultures sont mortelles. Peut-on dire naturellement ? Or ici c’est d’un tout autre ordre dont il s’agit. C’est d’une mort dont la racine est une pathologie mentale et anthropologique transmissible par l’avidité, le désir de domination et la volonté de pouvoir. L’auteur offre un regard lucide, à la fois, sur l’interprétation et sur la réflexion thérapeutique de ces évènements. De fait la psychologie, en particulier clinique, révèle comment le lien intersubjectif tisse les relations et les ruptures des cultures et des hommes, autant que la construction et la destruction de l’altérité et de la cohésion sociale.
La pertinence de ces propos est de promouvoir une compréhension actualisée de la psychopathologie interculturelle comme résultante des variables structurales et circonstancielles de l’interaction humaine sous l’emprise d’un paradigme d’anéantissement des valeurs et des symboles de l’humaine condition. Car rendre compte des crimes contre les cultures rappelle le spectre de la réactivité propre à toutes les relations culturelles. D’autant que les chocs entre les cultures sont la sommation des anciens conflits, conscients ou inconscients, exacerbés par des intérêts particuliers sous l’emprise idéologique, afin d’imposer des nouvelles hégémonies.
En conséquence cet ouvrage se livre à une description de la défense de la culture contre la barbarie, tout en montrant dans une douzaine de chapitres la mosaïque plurielle et singulière des enjeux actuels et la dématérialisation de la polysémie culturelle. D’où le besoin d’appréhender l’amplitude et les formes du crime culturel indépendamment de ses costumes, de sa langue et de son histoire, dans une dimension géopolitique.