L’actualité du dernier semestre montre une fois encore l’intérêt de l’analyse menée au titre de la psychologie politique. A savoir :
1. L’évolution du macronisme en cours qui déterminera si les vieux démons de la politique ne seront pas de retour en cas d’échec.
2. La question de l’intelligence artificielle qui prend un nouveau élan, car le gouvernement Macron déclare accélérer la recherche de ce qui est devenu la source d’une révolution technologique qui peut devenir préoccupante. Avec l’invention d’un monde robotique, sommes-nous en train de jouer avec le feu ? Sommes-nous en pleine crise existentielle ? L’homme sera-t-il remplacé par des machines intelligentes ? Les humains peuvent-ils tomber amoureux des robots ? Le cinéaste Spielberg en fait la propagande en se déclarant un « geek » convaincu. La nouvelle génération, celle des geeks, prendra-t-elle le pouvoir ? Certains peuvent penser à la projection du mythe de Frankenstein et de Prométhée ? Ne sommes-nous pas face à un terme composé dialectique mais auto-justificateur qui interdit le débat ?
3. La célébration de Mai 68 ne provoque ni grands débats ni nouvelles polémiques. Les vieux de 68, soit sont passés du côté du pouvoir, soit sont fatigués. Or un mouvement des étudiants fait à nouveau irruption : à Montpellier, des hommes encagoulés ont violemment agressé des étudiants grévistes. Le recteur et un professeur ont été suspendus. D’autres facs sont en pleine contestation du projet du gouvernement. Sans parler d’autres mouvements de protestations des salariés. Amateurisme ou manque de clarté dans l’exécutif ?
4. En toile de fond, la réforme des institutions : 30 % de parlementaires en moins, 15 % élus à la proportionnelle. Le débat est ouvert mais les conditions de la discussion ne sont pas claires.
5. L’autoritarisme gronde dans le monde, surtout en Europe avec les diverses facettes d’un néo autoritarisme avec toutes sortes d’avatars, à la traine.
6. La politique internationale demande des analyses de fond : Le cas de Lula au Brésil, icône déchue de la plus grande démocratie sud-américaine et celui du nouvel homme fort de la Chine, chef à vie à l’instar des Empereurs !
Ces phénomènes montrent que l’approche psycho-politique est toujours très pertinente, au point d’y revenir dans nos deux prochains numéros. C’est pourquoi nous mettons à votre disposition un appel à communication sous la forme d’un tremplin que nous espérons inspirant pour susciter la réflexion, la recherche et vos contributions aux numéros 34 et 35 de 2019.
Pour ce qui est du présent numéro, nous avons le plaisir d’accueillir des auteurs venus d’ailleurs, des médecins, des épistémologues, des philosophes, des sociologues qui ont proposés des articles. Outre nos contributeurs hispaniques, nous avons aussi le plaisir d’accueillir nos amis de la francophonie : québécois et belges en particulier.
Nous avons constitué un dossier sur la quantité-quantification, sujet qui nous intéresse à double titre tant la recherche semble aujourd’hui soumise à l’évaluation quantitative, tant la méthode de recherche paraît fascinée par sa justification dans les nombres, tant notre société paraît préférer le règne de la quantité, ce que la psychologie politique se doit d’étudier pour en comprendre certains ressorts.
Le comité de direction.
Alain Deniau, Alexandre Dorna, Pierre-Antoine Pontoizeau.