« Le monde commun prend fin lorsqu’on ne le voit que sous un seul aspect, lorsqu’il n’a le droit de se présenter que dans une seule perspective. » (Arendt, Condition de l’homme moderne)
« Il nous est même pénible d’être des hommes, des hommes possédant un corps bien à eux et du sang ; nous en avons honte, nous considérons cela comme un opprobre et rêvons de devenir des espèces d’êtres abstraits, universels. » (Dostoïewski, Les carnets du sous-sol)
Introduction
Les pythagoriciens croyaient que les nombres étaient le monde et que leur mystère révélait aux hommes quelques secrets d’harmonies et quelques autres en matière d’ordonnancement des choses par les règles de l’esprit. Cette secte a traversé les siècles comme nous l’avons montré dans un travail sur la généalogie des nombres1. Au premier temps de l’histoire de la psychologie moderne, cette même aspiration à la représentation de la pensée humaine dans des équations qui en révéleraient les mystères fut bien présente chez l’un des fondateurs de la psychologie, le philosophe Christian Wolff. Elle fut la base des travaux des psychologues modernes développant des instruments de mesure au service d’intentions politiques eugénistes.
Cette même quête de la représentation de la conscience et de l’activité cérébrale se perpétue dans les hypothèses mêmes des sciences cognitives en ce début de 21e siècle. Il s’agit de représenter par la mesure et de modéliser par des nombres. Mais, ces recherches butent sur quelques contradictions tout en poursuivant un projet qui ne saurait s’expliquer sans quelques motivations politiques dont celle de la totale réflexivité de la pensée se pensant elle-même., soit le fantasme de l’actualisation absolue alors que la représentation de déploie elle-même dans l’histoire et l’espace. Cette pensée calculante donc calculable passe de l’hypothèse à la théorie sans aucun fondement scientifique. Ce projet des pseudo-sciences cognitives est alors plus un projet politique avec ses buts d’encadrement normatif des comportements et de la pensée en vue d’un contrôle social très disciplinaire.
En ce sens, nous conclurons sur les champs d’investigation de la psychologie politique dont Deutsch puis Dorna2 précisèrent en leur temps les principales thématiques, en suggérant quelques nouvelles, pour une psychologie politique plus engagée dans l’étude des ressorts et principes psychologiques qui animent la plupart des sciences sociales et politiques, dont par exemple l’économie, les sciences de l’esprit ou encore le droit. Enfin, les aspects historiques et techniques étant nombreux mais essentiels, je propose au lecteur de se reporter à des notes consistantes pour privilégier l’exposé du raisonnement qui s’en nourrit. J’espère ainsi satisfaire une double exigence de clarté et de précision au gré des attentes des lecteurs.
1. Le projet politico-scientifique de la psychométrie de Christian Wolff
Wolff est un des maîtres à penser des universités germaniques du 18e siècle, philosophe, juriste et mathématicien. Ce rationaliste idéaliste est une des très grandes figures de la pensée des Lumières, d’une clarté didactique exceptionnelle, il élabore un système philosophique complet embrassant toutes les disciplines qui inspirera les encyclopédistes puis la démarche de Hegel dans ses œuvres totalisantes des savoirs constitués. Auteur capital, proche de Leibniz et antérieur à Kant, il a eu une influence considérable sur la pensée européenne et fut très largement enseigné. Il affirme que la connaissance est le résultat de pures déductions logiques et le fondement mathématique du réel oblige à rendre compte des phénomènes par des mesures, d’où son invention de la psychométrie. La justifiant, il écrit : « Dans la double façon que nous avons de poser le fondement des degrés des plaisirs et des peines, la 'Psycheometria' vient à notre secours. En elle on doit apprendre comment on peut mesurer la grandeur de la perfection et de l'imperfection ainsi que le degré de certitude d'un jugement, de façon à constituer la mesure de la perfection et de l'imperfection, comme le degré de certitude des jugements. » (in Psychologia Empirica, 1738, note du § 522).
Le projet philosophique de Wolff pose l’hypothèse de la géométrisation du monde qui ne saurait échapper à l’ordre de la raison qui l’ax, d’une manière ou d’une autrex, engendré et dont il est l’expression. La modélisation est donc tout à la fois une exigence scientifique manifeste, mais du même coup une position ontologique présumant de la nature profonde des choses et des êtres. Ceux-ci sont calculables et déterminés parce que le monde est lui-même en sa profondeur une réalité mathématique masquée par des apparences qui brouillent la connaissance de perceptions et d’émotions trompeuses. Wolff a le projet d’un système philosophique englobant puisqu’il confond le langage représentant les choses et les choses elles-mêmes dont la science révèle qu’elles sont la manifestation des idées mathématiques. Une telle conception de la science se fait immédiatement projet politique puisque la raison gouverne le monde et que celui-ci se soumet à l’ordre dont il ne peut s’échapper que par quelques ignorances coupables d’une humanité ignare. L’école wolffienne diffusera ainsi dans toutes les universités allemandes une discipline philosophique appliquée à tous les domaines du savoir à la façon d’un encyclopédisme.
Wolff s’intéresse donc à la symbolique au sens de la valeur des signes abstraits. Sa géométrisation du monde révèle les réalités des mouvements des corps et des êtres dont les comportements et la pensée. Cette symbolique signifie qu’il est possible d’avoir une connaissance mathématique des pensées jusqu’à déterminer des règles, voire des lois des phénomènes de pensée. L’influence de Wolff est telle que la définition même de la psychologie dans l’Encyclopédie reprend cette définition : « partie de la philosophie qui traite de l’âme humaine, qui en définit l’essence et qui rend raison de ses opérations. » Sa psychométrie a donc pour objectif de construire une connaissance mathématique des phénomènes psychologiques.
2. L’idéal de la psychométrie concrétisé chez ses successeurs
Cette métrique de la pensée et des comportements va se développer dans deux directions. Une première qualitative et individuelle où la mesure servira à décrire une psychologie humaine particulière en vertu de catégories. Cette évaluation de la personnalité se développe essentiellement à partir du 20e siècle et quelques auteurs œuvrent à une psychométrie réalisant les vœux de Wolff. Sans prétention à une exhaustivité historique, signalons les tests de personnalité de Robert Woodworth3 dont l’objectif est d’identifier les fragilités émotionnelles des hommes au combat, en cherchant à sélectionner des individus stables ou plus tard les tests de Katherine Cook Briggs et sa fille Isabel Briggs Myers4 s’inspirant des types de Jung dans le but de favoriser la compréhension de soi et des autres pour réduire les conflits interpersonnels. Le lecteur notera que ces tests ont toujours un objectif en s’inscrivant dans une intention sociale et politique plus vaste que la simple mesure, celle-ci étant orientée à des fins d’évaluations et de comparaisons.
La seconde direction plus quantitative et sociale est à cet égard encore plus explicite dans ses intentions politiques. En Angleterre, Francis Galton5 propose d’évaluer l’intelligence des individus relativement à un groupe par des mesures statistiques que Karl Pearson puis Charles Spearman développeront. La psychométrie se développe aussi en Allemagne avec Gustav Theodor Fechner puis Wilhelm Wundt qui dirigera la thèse d’un américain qui contribuera à la diffusion de la discipline outre-Atlantique : James McKeen Cattell6. Wundt construit ainsi une psychologie ethnique7. L’intention de sélectionner les plus performants est explicite. De même, en France, dès le début du 20e siècle, Alfred Binet et Théodore Simon répondent à une commande du ministère de l’Education désireux de repérer les enfants en grandes difficultés scolaires, prétexte à une échelle de mesure de l’intelligence. De même encore aux Etats-Unis, le test de Robert Yerkes8 sera administré à plus d’un million de soldats. Les tests se modernisent avec David Weschler9 et émerge une véritable industrie américaine du test psychologique.
Les idées de Wolff se concrétisent donc. Il faut signaler le rôle éminent du Cavendish Physics Laboratory de Cambridge sous l’impulsion de James McKeen Cattell. Elève de Wundt à Leipzig, il combine sa psychophysique et l’anthropométrie de Galton forte de son approche mathématique et des mesures différentielles des individus relativement à un groupe, avec lequel il entretient une correspondance. Sous l’impulsion de Galton, ses travaux visent l’estimation quantitative des facultés humaines réputées les moins mesurables, selon les termes de Galton. Les mesures élémentaires portent sur l’acuité visuelle, la force, la capacité respiratoire, la taille et le poids. Cattell publie son article de référence en 1890 : Mental Tests and Measurement. Son analyse est édifiante parce qu’elle met en évidence des intentions du fait même des critères qu’elle retient. En effet, pourquoi s’intéresser à la pression dynamométrique, la vitesse du mouvement, les zones sensitives, la pression douloureuse, le seuil différentiel de poids, les temps de réaction auditif ou de dénomination de couleurs, la bisection d'une ligne de cinquante centimètres et le jugement d'une durée de dix secondes ou le nombre de lettres mémorisées après une écoute ? La plupart mesure des caractères plutôt physiologiques et quelques-uns des facultés plus psychologiques, prenant comme repère l’exactitude de la mesure comme référence d’une perception humaine. Toutes ces mesures ont un caractère mécaniste en ce sens qu’elles vérifient la conformité du fonctionnement attendu des organes de perception de façon mécanique : exactitude, vitesse, comme si ces critères garantissaient l’évaluation d’un homme moyen apte, mais apte à quoi ? Que disent ces critères et leurs exercices sur le profil de l’homme ainsi évalué ?
Ils traduisent cette intention de réduire l’homme à des critères d’analyse assez peu nombreux. Ceux-ci deviennent la norme. L’être humain se définit alors par ces seuls critères. En conséquence, cette mesure étalonne l’homme apte qui correspond aux critères. Mais il faudrait d’abord démontrer la relation entre une physiologie et une psychologie : mens sane in corpore sano étant une devise pour un art de vivre perclus de croyances acceptables, mais pas la preuve que l’un produit l’autre et réciproquement. Or, cette devise commande ces tests physiologiques ou psychologiques prétendant universellement rendre compte des aptitudes de l’homme. Or, les controverses scientifiques10 invitent à la prudence. L’homme objectivé à la manière d’un cheptel en vue de manier les armes ou d’exécuter des tâches ouvrières peut être mesuré dans ce but, mais cette mesure portera bien son intention au service d’une utilité très délimitée qui ne saurait donner lieu imprudemment à des extrapolations ou généralisations.
3. L’intention politique de la psychométrie moderne
L’histoire de la psychométrie atteste de son lien avec des intentions politiques. Et ce n’est donc pas un hasard de l’histoire si la psychométrie est née avec ses intentions sélectives inspirées de la compréhension du darwinisme sous l’angle d’une théorie de l’évolution-sélection visant l’amélioration de la nature et des espèces qui la composent. Les relations entre ces psychologues sont établies par leurs correspondances, leurs travaux communs, leurs liens académiques de professeur et d’élève dans une filiation très nette. En résumé, Galton, Pearson, Spearman, Fisher, Yerkes et Weschler ont contribué à un usage des mathématiques en psychologie et ils ont été des ardents défenseurs d’une biopolitique sélective, sans oublier le second Cattell (Raymond)11 comme nous allons le voir, plus radicale encore dans ses conceptions. Ecart type, régression arithmétique, coefficient de corrélation, analyse factorielle, variance, estimation du maximum de vraisemblance, etc. ont permis d’imposer des normes et références dont les tests d’intelligence à partir d’une définition restrictive aujourd’hui très contestée.
Ses fondateurs de la psychométrie moderne furent tous des militants eugénistes et racialistes. Est-ce un fait du hasard ? Quoiqu’en disent les scientifiques défenseurs d’une neutralité axiologique imaginaire12, l’esprit même de mesure est orientée du fait même de l’échelle qu’elle met en œuvre et elle est une manière parmi d’autres de faire acte de connaissance. Elle étalonne dans le but de situer des objets à l’instar des nombres qui se classent. Même le psychologue « technicien » qui voudrait s’émanciper de cette généalogie peut-il faire abstraction de l’usage de la mesure psychologique ? Le critère de l’intelligence est déjà constitutif d’un choix politique d’apprécier des populations en vertu de ce critère pour des actions : sélection, promotion, élimination ou soutien. Le motif exposé pour présenter les tests de A. Binet et T. Simon signifie qu’on se donne les moyens de sélectionner les « meilleurs » en vertu de ces tests. La psychométrie a des utilités qui ont d’ailleurs renforcé et légitimé les recherches en la matière soutenue par les armées et l’éducation. Nous retrouverons les mêmes hypothèses dans les sciences cognitives contemporaines, comme pour cette première époque de la psychométrie héritée du projet de Wolff. Quant à l’esprit obsessionnel de la mesure, elle révèle chez ses auteurs, une psychologie particulière, une fascination pour l’objectivation, l’objectification de l’autre, une pratique au résonance schizophrénique et d’une raison morbide13.
Explicitons ces intentions politiques. La principale motivation a été de se substituer à l’œuvre de la nature, éliminant les faibles alors que paradoxalement la médecine permettait de les sauver ! Il s’agit de décider à la place de la nature pour une préservation de l’espèce par l’élimination des défaillants et une amélioration par la reproduction des meilleurs. L’élimination ou la stérilisation conduisent à une pratique plus systématique dès lors que les traits sont associés à une population toute entière : le génocide scientifique de peuples dévalués. Et les propos des scientifiques inspirateurs des politiques eugénistes et génocidaires font écho à des projets contemporains qui perpétuent encore les mêmes intentions d’une santé collective à préserver et développer : « Le diagnostic héréditaire, c’est-à-dire la détermination du caractère héréditaire d’une maladie, est la condition préalable à la mise en pratique de notre politique actuelle d’entretien de la santé héréditaire. »14. L’intention sélective se justifie par la mesure et la valeur de ces critères dans une politique. Ici, le politique gère les populations comme le fermier son cheptel à l’instar des recommandations du biologiste Davenport15.
4. La psychométrie sélective et eugéniste des peuples
Rappelons que les premières psychologies modernes s’appuient sur une comparaison des climats induisant celle des peuples jusqu’à fonder la théorie des races. A chaque climat est associé des effets quasi-mécaniques sur les comportements des peuples. Cette taxonomie racialiste émergea en Europe avec les auteurs des Lumières : Montesquieu, Kant, Locke, Buffon ou Voltaire en particulier16. Elle mesure qualités comportementales et intellectuelles des peuples qui reflètent les attributs des climats. Cette psychologie des peuples, hautement scientifique et enseignée avec autorité, est donc liée à leur environnement qui en détermine les caractères. Buffon évoque même la dégénérescence liée au climat. Cette première psychométrie est indirecte mais sûre d’elle, et les propos des auteurs des Lumières actent unanimement, sans jamais l’avoir démontré, de cette correspondance constante entre des populations-races et leurs résidences géographiques qui les a déterminés. Cette théorie des races des Lumières est une des premières expressions de la science moderne fondée sur le même matérialisme qui associe des « vérités » physiques à des « vérités » psychologiques dans un jeu de correspondances certaines dont il est intéressant de noter qu’elle provient de l’antiquité, colportée par les penseurs orientaux17.
Cette psychométrie des peuples des Lumières illumine les universités allemandes et européennes au 19e et 20e siècle diffusée successivement dans la tradition allemande Blumenbach, Kant, Herder ou nordique avec le suédois Linné18 qui, malgré des divergences, assument tous une théorie des races qui fait l’unanimité scientifique. Au début du 20e siècle, Heinrich Poll, généticien eugéniste spécialiste de la gémellité atteste d’une communauté de vue des milieux scientifiques germaniques, en résonance d’ailleurs avec les travaux et institutions scientifiques eugénistes américaines et anglaises. Il écrit : « Comme l’organisme qui sacrifie impitoyablement les cellules dégénérées, comme le chirurgien qui fait impitoyablement l’ablation d’un organe malade, tous deux afin de sauver l’ensemble ; de la même façon, [l’État] ne doit pas, par des craintes exagérées, reculer devant l’empiétement sur la liberté individuelle afin d’empêcher les porteurs de traits pathologiques héréditaires de continuer à faire trainer le noyau pathogène de génération en génération. »19. Ces recommandations en faveur de politiques eugénistes favorisent de la création de l’Institut Kaiser Wilhelm d’anthropologie, d’hérédité et d’eugénisme sous l’impulsion de scientifiques réputés dès 1922. Sa date de création : 1927 atteste de l’influence d’une société scientifique sur des politiques bien avant l’époque nazie !20 De même les camps d’extermination des Hereros en Namibie dès le début du 20e siècle sont le résultat de choix scientifiques dûment argumentés.
Nous partageons ici toute l’analyse historique très documentée et sans concession de Benoit Massin répondant à la question : « L’idée selon laquelle l’eugénisme et l’hygiène raciale se seraient introduits « subrepticement » à partir de 1933 dans la presse médicale allemande, grâce aux idéologues du Parti nazi, va dans le sens de ce que l’on voudrait croire. Tout ceci n’avait rien de scientifique et les universitaires sérieux ne pouvaient et ne peuvent y croire – d’autant moins que la médecine scientifique allemande tenait alors le premier rang mondial. Cela correspond-il à une réalité historique ? »21. Il apporte des preuves indubitables d’une science eugéniste et racialiste fondée sur des mesures de toutes sortes qui classent, sélectionnent, évaluent pour agir : stériliser, enlever, tuer, etc. Nous ne pouvons que souscrire à la conclusion de Benoit Massin dans cette très large étude historique que : « Pendant environ un demi-siècle, l’eugénisme fut considéré comme un projet « scientifique » de gestion biologique et médicale du « capital humain » des pays les plus avancés. Face à la « menace » d’une « dégénérescence » de la qualité génétique des populations des pays industrialisés, en raison de la survie et de la reproduction des individus condamnés à disparaître dans les sociétés primitives, il convenait de réagir « rationnellement » par une politique préventive de planification et de rationalisation de la reproduction humaine. » (2005, 280). Et ces entreprises auraient été impossibles sans la collaboration de milliers de médecins, de scientifiques et de gestionnaires des établissements de santé soutenus par la puissance publique. Après ce projet de sélection des populations constituant un premier contrôle, un second vient le renforcer par celui de l’esprit dans le projet des sciences cognitives contemporaines.
5. Les hypothèses épistémologiques et politiques de la psychométrie cognitiviste
Voyons maintenant comment les sciences cognitives contemporaines prolongent ce projet de Wolff d’une mesure en vue de la fabrication du nouvel homme moderne. En s’intéressant à l’activité cérébrale, elles posent quelques hypothèses qui fondent leurs recherches et les projets qui s’ensuivent. Avant tout débat, il est bon d’exposer ces hypothèses parce qu’elles sont à l’origine d’un investissement scientifique et économique cautionné par des institutions internationales et des Etats. Ces dernières ont pour ambition d’orienter la recherche dans une direction plutôt qu’une autre ; ce qui pourrait manifester le caractère très politique des sciences cognitives.
Les hypothèses cognivistes sont les suivantes. Premièrement, celle d’une correspondance entre des phénomènes physiologiques et psychiques jusqu’à considérer a priori que le psychique se limite à des productions physiologiques. Cette affirmation d’inspiration matérialiste reste là encore une hypothèse, en aucun cas une démonstration avérée et prouvée tandis que d’autres hypothèses et recherches sont envisageables. Deuxièmement, celle d’une localisation où les activités cérébrales suivent des chemins neuronaux en se situant dans des zones précises corrélées à des types de tâche d’où l’importance selon les cognitivistes de l’imagerie médicale. C’est là encore une hypothèse, intéressante certes, mais très loin d’être attestée. Troisièmement, celle de la mesurabilité-commensurabilité des activités cérébrales réduites à une activité électrique et chimique dont les variations sont toutes quantifiables et plus encore à corréler de façon certaine et explicative à des phénomènes de l’esprit. Mais hypothèse n’est pas thèse ! L’hypothèse est comme toujours acceptable pour effectuer des travaux mais elle ne l’est plus si elle s’insinue comme vérité dogmatique de LA science en refusant toutes les controverses, incertitudes, indécidabilités pourtant nombreuses, sans omettre les recherches aux conclusions plus nuancées, voire contraires.
Or, les cognivistes contemporains font de même dans leur méthode. Nous sommes de nouveau en présence de cette même idéologie scientifique22 des Lumières à l’instar des eugénistes du début du 20e siècle. En effet, ces auteurs procèdent par les mêmes raccourcis en affirmant des relations qui ne sont pas établies, loin de là. Dehaene prétend rapprocher les méthodes de calcul, dîtes algorithmiques, mises en œuvre dans les machines réputées produire de l’intelligence artificielle et l’imagerie cérébrale aux enseignements eux-mêmes très confus23. Il induit de l’activation cérébrale visualisable et approximativement située par des sollicitations extérieures que le cerveau agirait selon des algorithmes et que son activité serait codifiable de la sorte. Il passe d’une localisation imagée à l’assertion de l’algorithmique sans aucun lien logique ou expérimental. En quoi cette localisation explicite le processus qui ne se manifeste pas dans l’expérience ? La localisation sert-là de prétexte. Cette correspondance est tout aussi arbitraire et absurde que celle des climats et la psychologie des peuples des racialistes et eugénistes des Lumières. Elle atteste plutôt de la continuité de la foi pythagoricienne d’une pensée calculante et calculable parce que la pensée serait avant tout mathématicienne, soit le dogme d’une position politique et anthropologique préjugeant toujours de la nature de l’esprit, de la conscience avec l’autorité feinte du savant24. Mais elle manifeste un projet.
En synthèse de ces premières parties, nous faisons l’hypothèse que cette idéologie scientifique préfigure l’enfer de la dystopie. C’est la raison d’un examen plus approfondi de cette croyance d’une pensée calculante, donc mesurable, calculable et reproductible ou contrôlable, ce qui montrerait que ce que l’on présente comme scientifique ne l’est pas, mais participe d’un projet politique visant une utopie-dystopie immanquablement. La pensée, la conscience, voire même l’intelligence se confondent-elles avec ces supports matériels, ses véhicules qui ne disent rient de ce qu’ils transportent. A contrario, tout ce qui ne se mesurerait pas n’existant pas, la réduction méthodologique devient vite une amputation anthropologique, niant tout ce qui déborderait l’exigence de la représentation. Platon ne condamnait-il pas déjà le poète ?
6. La dystopie de cette hypothèse de la pensée calculante-calculable
Rappelons ici que la dystopie qualifie un genre de fiction romanesque. Celle-ci décrit un monde à venir dont le caractère utopique tourne au cauchemar. Quelques dystopies fameuses ont alerté nos contemporains dont Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de Georg Orwell ou encore Farenheit 541 de Ray Bradbury sans oublier Les robots d’Isaac Asimov. Ces auteurs ne sont pas de simples romanciers de science-fiction. Plusieurs ont en commun une grande culture scientifique et un sens du politique. Huxley est issu d’une famille de scientifiques dont le frère Julian Sorell, biologiste, fut un théoricien de l’eugénisme et le grand-père un proche de Darwin. Son engagement politique et ses intuitions sur la manipulation des masses s’expriment tout particulièrement dans Les magiciens. Dans un discours de 1961 à la California Medical School, il déclare : « Il y aura dès la prochaine génération une méthode pharmaceutique pour faire aimer aux gens leur propre servitude, et créer une dictature sans larmes, pour ainsi dire, en réalisant des camps de concentration sans douleur pour des sociétés entières, de sorte que les gens se verront privés de leurs libertés, mais en ressentiront plutôt du plaisir ». Asimov est biochimiste et féru de cybernétique. Il reprend la notion de psychohistoire à Nat Schachner qu’il développe dans le cycle de Fondation, science imaginée qui met en œuvre la psychologie, la statistique et les phénomènes sociaux. Orwell est un militant politique engagé dans le socialisme libertaire puis la guerre d’Espagne. Bradbury est le seul à ne pas avoir une forte culture scientifique.
Ces auteurs de dystopie inventent des perspectives scientifiques par anticipation en mêlant plusieurs disciplines : informatique, psychologie, statistique, génétique, sciences politiques, droit, etc. à l’instar des projets scientifiques contemporains dont ceux qui associent neuroscience, informatique, biologie dans le seul but de la reproduction de l’esprit. A cet égard, il y peu de différence entre l’anticipation de ces auteurs combinant des sciences parfois émergentes en les projetant du fait des potentialités qu’ils devinent dans leurs développements futurs et les projets scientifiques actuels qui sont à cet égard semblables. Ils font des hypothèses et promettent de les vérifier par des travaux qui justifient un effort, voire des investissements pariant sur les usages politiques et économiques futures de ces résultats. Le projet des NBIC : nanotechnologies, biotechnologies, informatique sous l’angle de l’intelligence artificielle et de la robotique et cognitivisme travaillent explicitement à une convergence dont le but est l’intelligence infinie sans humanité. Du travail sur l’infiniment petit en passant par les techniques de production du vivant sans oublier les machines pensantes liées à l’étude et à la reproduction du cerveau humain, voilà bien une science qui avoue son intention technicienne et politique, puisque la plupart des promoteurs de cette initiative participent d’un mouvement général embrassé par le terme idéologique de transhumanisme, qui lui aussi affiche son désir d’un remplacement de l’humain par son successeur : notre nouveau surhomme25. On y retrouve bien la théorie de l’évolution-sélection, soit un prolongement du darwinisme social relayé par un machinisme dépassant l’humain, on y retrouve bien l’obsession de la mesurabilité pour quantifier et comparer pour déclasser l’humain face aux performances des différentes solutions technologiques, on y retrouve bien encore la promesse de l’amélioration de l’espèce commune aux projets totalitaires masquant à peine les conséquences génocidaires et plus encore la nécessité de faire disparaître en grand nombre les sous-doués par la genthanasie de Raymond Cattell26. Ce n’est plus le pauvre noir qui est dévalué mais l’humanité toute entière complexée par quelques machines prétendument plus performantes.
La littérature de fiction dépeint très bien ces projets contemporains où l’intelligence se mesure, faisant de l’activité cérébrale un processus que l’on peut codifier, représenter puis modéliser afin de le reproduire et de le développer en combinant de nouveaux supports plus puissants que l’intelligence humaine ; sans pour autant la définir mais en comparant sans cesse des performances ponctuelles selon des critères très spécifiques. L’hypothèse initiale de la pensée calculante devient très vite l’affirmation qu’il en est ou en sera ainsi aux termes des recherches, le débat étant superfétatoire en amont puisque l’hypothèse vaut d’être posée, mais certainement pas discutée27. L’entretien du fantasme de la parfaite similitude entre une machine calculante et l’intelligence humaine suscite une attention et des investissements qui montrent que le projet politique est là.
Ces projets n’ont plus rien de scientifique au sens d’une connaissance descriptive du monde qui serait à comprendre. Il n’est plus question de compréhension mais de construction libre de toute contrainte au simple motif que cela est possible donc à faire. L’assertion de la pensée calculante est constructiviste et révolutionnaire en ceci qu’elle prétend s’imposer par la preuve résultant de ses actes. Mais, pour cela, elle se doit de convaincre l’humanité qu’elle est sans conscience jusqu’à persuader les enfants qu’ils ne sont qu’une machine à calculer comme nous allons le constater prolongeant leur jeu et manette plus que l’inverse. Mais qu’en est-il au fond de cette assertion que la pensée est calculante-calculable28 ? En quoi est-elle une dystopie ? Elle l’est pour deux raisons : l’homme n’est pas l’homme neuronal décrit par Jean-Pierre Changeux et l’homme n’est pas mesurable.
Elle ramène l’activité humaine à celle restreinte du cérébral en oubliant qu’elle se nourrit d’un système nerveux qui lui-même interagit avec des organes procurant des sensations et perceptions : douleur, plaisir, émotion, etc. L’être humain n’est pas son activité cérébrale. Il est respiration, appétit, tension corporelle, stress, digestion, etc. Or, rien ne permet de préjuger d’une universelle algorithmie des saveurs et des appétits, des odeurs et des inhalations ou des excitations et émotions sensorielles. Rien d’autre que cette calculabilité machinique déroulant des opérations pour adopter un comportement ou prendre une décision n’a rien de fidèle à la réalité physiologique du corps humain. C’est le sens des travaux de Berthoz29. Par cette seule affirmation d’une science monolithique qui saurait dire la stricte et définitive vérité : attitude plus scientiste que scientifique nous semble-t-il, ne sommes-nous pas privés et donc non-autorisés à préjuger que cette représentation s’impose aux autres par une pure propagande politique, persuadant l’homme de ce qu’il devrait croire. La science cognitive dirait le vrai à la manière d’une religion sûr de son fait ? Le psychologue politique y verra peut-être une première manipulation ancrant que nous sommes machine à force de nous le répéter.
La dystopie commence au moment où les sciences cognitives entreprennent d’éduquer l’enfant à se penser comme une machine dont il doit apprendre à maîtriser les productions pour préserver sa propre utilité sociale dans la société qui le dirige totalement dans son projet de développement au service du projet cognitiviste. La neuropédagogie semble répéter les pires égarements des psychologues russes et allemands manipulant les enfants dont l’Etat est propriétaire par le droit30.
La mesurabilité-mathématisation est-elle la seule manière de construire un savoir sans qu’aucune autre sorte de relation aux mondes et à soi ne puisse produire une connaissance ? A cet égard la science cognitive décrit la connaissance sans examiner la contradiction dans les termes de sa pratique. En effet, ces savants usent d’affirmation verbale de la calculabilité. Si la pensée était calcul, ces savants ne parleraient ni n’argumenteraient, ils compteraient. Or, ils passent leur temps à vouloir nous convaincre. Leur pratique n’est donc pas conforme avec leur affirmation. La généralisation de la mesure prétendant s’appliquer à l’esprit, la conscience, l’intelligence reste un travail de codification de phénomènes du vivant. Mais c’est un débat philosophique et épistémologique où la mathématisation du monde n’a pas d’autre fondement qu’un simple acte de foi initial. Toute généralisation comme celle de Dehaene31 transforme la mesure en culte, donc en idéologie de la quantité vertueuse puisqu’il assène en même temps qu’elle est possible pour ces phénomènes et intentionnelles pour guider une politique orientée vers toujours plus d’intelligence ou de connaissance. Voilà pourquoi, le psychologue ne peut mesurer naïvement sans devenir l’instrument d’un projet politique de contrôle des populations.
7. La psychométrie comme idéologie scientifique
Force est de constater que la psychométrie des sciences cognitives participe d’un projet politique inédit de prise de contrôle des populations par une normalisation des comportements et une codification des pensées jusqu’à nier les phénomènes de conscience et toute sorte de liberté de conscience, celle-ci étant d’ailleurs promise à la réprobation « scientifique » comme à une autre époque l’existence des âmes, au nom d’une pseudo-démonstration de son inexistence du fait de la réduction des pensées à des algorithmes. Or ce projet revêt plusieurs traits d’une pseudo-science, soit une idéologie scientifique qui sera professé avec autant de violence et d’autorité que le furent les théories eugénistes ou raciales par une large part de la communauté scientifique occidentale au 19e et 20e siècle.
Le cognitivisme est messianique en prétendant faire ici ce que les religions promettent ailleurs : l’immortalité par des techniques de conservation dont la cryogénisation, le transfert de la conscience sur des supports physiques, des progrès technologiques produisant une intelligence supérieure et augmentée et une disparition du vieillissement biologique. Tout cela rappelle la migration des âmes, la réincarnation, la promesse d’éternité paradisiaque en soi. Ce ne sont plus des connaissances mais des promesses, voire des programmes consommateurs de capitaux considérables dont les investisseurs partagent les vues. Il y a donc une idéologie scientifique tout à fait comparable à celle de l’époque des théories eugénistes qui motivèrent toutes les pratiques génocidaires du 20e siècle.
8. Le projet d’une pensée automatique sans conscience
Nous sommes à ce nœud gordien de l’insinuation de la mesure comme seule source de connaissance devenant la norme implicite de la pensée vraie. La fausse piste tient à cette foi en la seule quantification dont nous avons montré dans un précédent article toutes les limites32. Faire acte de connaissance suppose autre chose que de mesurer. Pour cela, il faut considérer la pensée et la conscience comme un autre objet qu’un instrument mesurable en se détournant de l’hypothèse initiale de Wolff. Il faut se détourner de cette obsession de la quantification considérant qu’elle serait la seule manière de faire science. Mais surtout, la calculabilité des fins politiques comme en son temps le dénombrement des populations soutenues par Leibniz auprès des princes allemands afin de maîtriser des êtres sur son territoire. Cette fascination pour les nombres éloigne de la compréhension et de la signification au profit de la domination et de la reproduction possible des événements ainsi mesurés pour être répétables. Si la science devait être un unique projet de calculabilité, alors elle ne serait plus la recherche de la connaissance, mais la démesure d’un projet politique, soit cette dystopie que nous critiquons ici. La prise de pouvoir sur l’esprit de l’autre en est évidemment la finalité avec les ruses et les astuces de circonstances qui font de chacun l’esclave consentant de cette domination quand l’aliénation devient désirable à la manière d’une pensée automatique33.
La calculabilité traduit une aspiration à ne pas penser. Ce rêve-cauchemar de cette pensée automatique libère de l’état de conscience et de ses multiples entraves à l’exercice du pouvoir contrôlant des exécutants. A cet égard, il faut noter une convergence surprenante entre les deux acceptions de la pensée automatique. L’une résulte de la succession des opérations calculables en vertu d’un développement prévisible des étapes successives d’un raisonnement par des déductions obligées, l’autre résulte d’une expression immédiate sans interférence des censures de la conscience où des parties de l’esprit dénommées Moi ou Ça dans les topiques freudiennes par exemple. L’écriture automatique s’abstrait des interférences de la volonté et de la conscience libérant une expression de l’inconscient. De même les spirites y voient la manière de communiquer et d’exprimer les pensées d’esprits: la psychographie. Dans toutes ces acceptions, un même processus de purification est mis en avant. Le déroulé du raisonnement formel est tout aussi automatique, d’ailleurs reproductible dans la machine de Turing, l’écriture spirite dissocie l’auteur de lui-même au profit de l’expression d’un autre esprit qui se substitue à soi et l’écriture poétique automatique fait s’exprimer un « autre moi » plus profond par-delà la conscience et la volonté. Notons qu’il est à chaque fois question d’une dissociation mentale, d’une négation de la conscience.
La promesse de cette robotisation de la pensée n’est pas sans rappeler ces enfants se rêvant un instant en locomotive ou en grue, saccadant les mouvements de leurs bras et en soufflant comme une machine, rêve machinique déjà présent dans l’antiquité. Devenir un automate, devenir l’instrument d’un esprit autre, devenir le poète libre de ses obstacles psychologiques, devenir la machine qui ne pense pas, sorte de liberté aliénante pour être l’exécutant libre car inconscient. Mais c’est le jeu d’un instant où la conscience se joue et se déjoue conférant à ces instants le charme propre d’une évasion temporaire. Jouer à l’automate n’est pas le devenir. L’être serait la négation même de se savoir dessaisi de sa conscience d’être. C’est bien là une manipulation sectaire où l’homme perdrait sa liberté dans un voyage sans retour, comme dans une promesse prométhéenne devenant un fatal piège faustien.
Cette prétendue objectivité scientifique dont nous avons montré qu’elle est tout entière habitée par le principe d’apathie34 dont Sade est l’illustre représentant nous conduit à cette promesse très nietzschéenne d’un par-delà le bien et le mal conduisant à la disparition de la conscience. Ce grand retour au paganisme romain peut-il conduire à autre chose qu’aux mêmes violences impériales? L’empire est à lui-même sa raison d’être mais il sera barbare, puisque sans conscience, tous les crimes seront prescrits, comme Sade accomplit ces forfaits en homme de science. Et dans ce monde-là, le vrai fauteur de trouble sera celui qui aurait conscience, bonne ou mauvaise. Celui-là sera à faire taire comme déjà les cognivistes prétendent enseigner que la conscience n’est rien que quelques calculs. L’humaniste ne peut viser sans se contredire cette aliénation de l’homme.
C’est pourquoi la psychologie politique doit étendre ses horizons comme nous le proposions dès l’introduction. Il faut prendre une distance très critique avec le discours scientifique et technique, il faut approfondir l’aspect clinique de ces attitudes obsessionnelles qui dénaturent l’homme au prétexte même de le définir à sa manière. Mais la psychologie politique peut-elle devenir une connaissance d’avant-garde, une autre façon de contribuer au savoir humain en refusant de s’assujettir à des conventions interrogeables dont le fanatisme aveugle de la mesure qui instrumentalise tout ce qu’il représente? Si la science ne peut dériver en une unique technique de ce que l’on maîtrise par sa reproduction, elle a d’autres dimensions de la connaissance à satisfaire. Ce sera l’objet d’un prochain travail, entre psychologie, épistémologie et l’enseignement d’un siècle de phénoménologie.
1 Consulter Généalogie et limite de la rhétorique des nombres in Argumentum, 2019, volume 17.2, p. 36-56
2 Voir l’article Esquisse d’une psycho-sociologie cognitive du politique in Cahiers de psychologie politique, 2017 n° 31 et plus particulièrement la partie qui présente les thèmes de la psychologie politique selon Deutsch : Les fondateurs de la psychologie politique nous ont ouvert des voies qui reprend son exposé. Les thèmes sont : l’individu acteur politique, les mouvements politiques, les politiciens et dirigeants, les adhésions et structures politiques, les relations politiques entre les groupes, les processus politiques.
3 Robert Woodworth (1869-1962), psychologue américain, élève de William James fondateur de la psychologie en Amérique et auteur de : Les principes de psychologie. Il formalise des notions de psychométrie dont l’équation comportementale et crée le premier test de personnalité : Woodworth Personal Data Sheet (WPDS) utilisé lors de la première guerre mondiale.
4 Katherine Cook Briggs (1875-1968) et sa fille Isabel Briggs Myers (1897-1980) créent le MBTI qui s’appuie sur les oppositions jungiennes des caractères humains : extraversion/introversion, bon sens/intuition, et pensée/sentiment y ajoutant jugement/perception.
5 Francis Galton (1829-1911) fait le lien entre les théories de l’évolution de son cousin Darwin avec le calcul statistique qui aboutit à ses théories sur la sélection naturelle puis sur l’eugénisme dont il est l’initiateur. Il formalise des méthodes statistiques appliquées en psychologie, fonde la revue Biometrika avec Karl Pearson et défend la thèse de l’héritage génétique, la prééminence des caractères héréditaires autorisant la sélection des individus par la mesure de leur faculté. Il inspire les politiques d’hygiène raciale en Suède défendant la stérilisation ou l’élimination des « déviants » dont les caractères psychologiques sont jugés insatisfaisants pour une société performante : alcooliques, schizophrènes, handicapés mentaux, etc. au nom de leur caractère héréditaire. Karl Pearson (1857-1936) contribue à créer la biométrie et développe des thèses eugénistes motivées par des travaux statistiques aux conclusions hasardeuses.
6 James McKeen Cattell (1860-1944) se consacre à la mesure dans le but de rationaliser les travaux de psychologie. Dans son fameux article La mesure de l’intelligence, il précise sa relation et loyauté aux travaux de Galton : « Mr Francis Galton, dans son laboratoire anthropométrique au musée de Kensington sud, utilise déjà certains de ces tests et j'espère que les séries proposées ici rencontreront son approbation. Il est commode de suivre Mr Galton en combinant des tests physiques comme le poids, la taille, la couleur des yeux etc., avec des évaluations psychophysiques et mentales, mais ce sont ces dernières qui font l'objet de la présente discussion. » note 1 (2003, 262)
7 WilhelmWundt (1832-1920) est un des fondateurs de la psychologie expérimentale moderne, formateur des principaux psychologues occidentaux dans son laboratoire de Leipzig fondé en 1879. Penseur systémique dans la tradition de la philosophie allemande héritée de Wolff, il est l’auteur d’une psychologie des peuples publiée en 1904 appelée psychologie ethnique. Wundt fait l’hypothèse de comportements homogènes au sein des groupes ethniques et nationaux. Cette classification des caractères ethniques conduit ensuite à leur hiérarchisation en vertu de leur rationalité au titre même de leur mesure scientifique.
8 Robert Yerkes (1876-1956) développe des tests. Il soutiendra des restrictions à l’immigration et des thèses eugénistes participant aux institutions eugénistes dont celle du biologiste Charles Davenport (1866-1944), influencé par Galton. I il fonde un laboratoire dont le but est d’améliorer l’espèce humaine par la sélection héréditaire. Il est un des inspirateurs de la « science politique » mise en œuvre par le national-socialisme allemand.
9 David Weschler (1896-1981) développe des tests d’intelligence très largement utilisés dont le Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS), le Wechsler Intelligence Scale for Children (WISC), le Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence (WPPSI). Il collabore avec Karl Pearson et s’inspire des tests français d’Alfred Binet et Théodore Simon. Il est formé par Robert Woodworth et James McKeen Cattell à l’université de Columbia.
10 La pleine correspondance entre physiologie et psychologie renvoie à un naturalisme où la matérialité du vivant expliquerait la totalité des phénomènes du vivant. Cette position philosophique n’a pas plus de crédit a priori qu’une autre qui les dissocierait en affirmant que les phénomènes de la conscience sont supportés sans être totalement dépendant de la physiologie. Et la négation de l’esprit ou de la conscience en est le résultat immédiat comme l’affirme Jean-Pierre Changeux dans l’homme neuronal : « L’identité entre les états mentaux et les états physiologiques du cerveau s’impose en toute légitimité. Il n’y a plus que deux aspects d’un seul et même événement que l’on pourra décrire avec des termes empruntés, soit au langage de la psychologie, soit à celui de la neurobiologie. A quoi bon désormais parler d’esprit ? » (1983, 334). A l’inverse, il faut lire l’œuvre de David Chalmers s’attachant à montrer l’extrême complexité de la question de la conscience et de l’esprit contredisant la thèse matérialiste jusqu’à la discréditer très largement : L’esprit conscient (2010) chez Ithaque ou celles érudites de Jaegwon Kim dont Philosophie de l’esprit (2010). Ils attestent d’une situation à ce jour indécidable pleine d’hypothèses qui ne sauraient s’exposer comme des vérités acquises.
11 Raymond Cattell (1905-1988) développe des tests de mesure de l’intelligence en distinguant les processus d’apprentissage de l’intelligence fluide et les connaissances mémorisées de l’intelligence cristallisée. Il développe des thèses eugénistes inspirées de Galton et motivées par la sélection des populations puis invente une religion : le beyondism, fondé sur l’autorité des résultats scientifiques en publiant : Religion from science chez Praeger en 1987.
12 Consulter l’ouvrage dirigée par Florence Piron : Et si la recherche scientifique ne pouvait pas être neutre ? publié en 2019 aux Editions Science et Bien Commun (Québec) dont notre contribution : De l'impossible neutralité axiologique à la pluralité des pratiques, p. 39-54.
13 Consulter nos deux articles sur La psychologie de la quantité et l’avenir de la pensée occidentale et La raison totalitaire et morbide dans le n° 33 des cahiers de psychologie politique
14 Otmar von Verschuer, « Woran erkennt man die Erblichkeit körperlicher Missbildungen ? », Archiv für klinische Chirurgie, 1938, cité p. 185.
15 Charles Davenport (1866-1944) est un biologiste américain connu pour ses positions eugénistes où la population humaine est comparée un cheptel à faire évoluer selon des lois d’hérédités et de sélection. Il rencontre Galton et participe au congrès international d’eugénisme de Londres en 1912. Le lecteur peut se reporter à la très brillante synthèse de Jacque Léonard : Le premier Congrès international d'eugénique (Londres, 1912) et ses conséquences françaises, communication présentée à la séance du 19 mars 1983 de la Société française d'histoire de la Médecine.
16 Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788) développe la théorie de la dégénérescence liée au climat. Voltaire a des positions qu’il faut rappeler : « Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. » dans Essai sur les mœurs et l’esprit des nations publié en 1753 ou bien encore « Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. » dans son Traité de métaphysique, voire : « C'est à regret que je parle des juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. » dans Le dictionnaire philosophique publié en 1769. Son racisme avéré le conduit à considérer comme un principe les origines distinctes de plusieurs races humaines. Kant colporte la théorie des climats comme Montesquieu et dénigre les nègres dans une anthropologie dont les mesures scientifiques sont confondantes dans Observations sur le sentiment du beau et du sublime. Lire l’œuvre de Xavier Martin : Naissance du sous-homme au cœur des Lumières, publié chez Dominique Martin Morin en 2014 ou Régénérer l'espèce humaine : Utopie médicale et Lumières publié en 2008 où le juriste fait un travail sans concession ou Le code noir ou le calvaire de Canaan de Louis Sala-Molins publié en 2018 aux PUF qui retrace la généalogie philosophique du Code Noir ou l’étude philosophique de Philippe Huneman : Hérédité et adaptation : la conception kantienne des races et des espèces.
17 La théorie des climats date de Ptolémée et a été enrichie par les astrologues et géographes orientaux dont Al-Idrisi (vers 1100-vers 1170). La généalogie va de sa traduction par le médecin Hunayn ibn Ishaq (808-873) connue sous le nom d’Almageste. Leurs propos annoncent ceux de Montesquieu ci-après fidèles à ceux de l’historien Saïd ibn Ahmad Al-Andalusi (1029-1070) qui décrit sept grandes familles de peuples par rapport à chaque climat : « L’air est brûlant et le climat extérieur subtil. Ainsi le tempérament des Sûdans devient-il ardent et leurs humeurs s’échauffent ; c’est pourquoi ils sont noirs de couleur et leur cheveux crépus. Pour cette raison sont anéantis tout équilibre des jugements et toute sûreté d’appréciation. En eux c’est la légèreté qui l’emporte et la stupidité et l’ignorance qui dominent ». Elle affirme le lien des caractères humains selon les climats et latitudes en vertu des températures, positions des astres et durée des saisons et des régimes diurnes et nocturnes. Montesquieu reprend cette théorie dans son œuvre majeure : L’esprit des lois. En hiérarchisant les climats, il hiérarchise par induction les races qui les habitent et justifient toutes les mesures qui promeuvent des climats et leurs occupants : « « Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens. (...) nous sentons bien que les peuples du nord, transportés dans les pays du midi, n'y ont pas fait d'aussi belles actions que leurs compatriotes qui, combattant dans leur propre climat, y jouissent de tout leur courage. (...) Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez des pays du midi vous croirez vous éloigner de la morale même ; des passions plus vives multiplient les crimes (...) La chaleur du climat peut être si excessive que le corps y sera absolument sans force. Pour lors l'abattement passera à l'esprit même : aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur ». (Livre XIV, chap. II). Montesquieu fonde la théorie des races par l’interdépendance des climats et de la psychologie des ethnies que Wundt reprendra formellement plus tard. Concernant Saïd ibn Ahmad Al-Andalusi, lire : Sā'Id Ibn Ahmad Al-Andalusī, La Science dans le monde médiéval : Livre des catégories de nations, traduit et édité par Sema'an I. Salem et Alok Kumar. Austin aux Presses de l'Université du Texas en 1992.
18 Johan Friedrich Blumenbach (1752-1840) médecin et biologiste publie en 1775 son essai sur la variété des races humaines : De generis humani variatione nativa, promoteur d’une histoire de l’humanité où la dégénérescence résulte de l’exposition à des climats qui maintiennent ou affecte l’espèce.
19 Heinrich Poll (1877-1939), « Über Vererung beim Menschen », Die Grenzboten, 73, 1914, p. 247-259, cit. p. 308.
20 Quelques figures scientifiques obtiennent de la République de Weimar la création de cet institut dont : Eugen Fischer (1874-1967) théoricien de l’hygiène raciale et premier directeur de l’institut Wilhelm concluant à la dangerosité de la mixité entre les allemands et les Hereros de Namibie, légitimant une politique de stérilisation des femmes Hereros puis le génocide dans les camps d’extermination namibiens dès 1904 où environ 80.000 personnes seront exécutées par les soldats du IIe Reich.
21 Benoit Massin, Apprendre à classer et à sélectionner. L’enseignement de l’eugénisme, de l’hygiène raciale et de la raciologie dans les universités allemandes (1930-1945), 2005, in Revue d’Histoire de la Shoah, n° 183, p. p. 268
22 Georges Canguilhem (1904-1995) philosophe et médecin, historien des sciences est connu pour : Le normal et le pathologique publié en 1966. Nous nous référons ici à un texte moins connu où il invente l’expression d’idéologie scientifique qu’il analyse pour en tirer quelques enseignements majeurs. Idéologie et rationalité dans l'histoire des sciences de la vie publié en 1977. « a/ Les idéologies scientifiques sont des systèmes explicatifs dont l’objet est hyperbolique, relativement à la norme de scientificité qui lui est appliquée par emprunt. b/ Il y a toujours une idéologie scientifique avant une science dans le champ où la science viendra s’instituer ; il y a toujours une science avant une idéologie, dans un champ latéral que cette idéologie vise obliquement. c/ L’idéologie scientifique ne doit pas être confondue avec les fausses sciences, ni avec la magie, ni avec la religion. Elle est bien, comme elles, mue par un besoin inconscient d’accès à la totalité, mais elle est une croyance qui louche du côté d’une science déjà instituée, dont elle reconnaît le prestige et dont elle cherche à imiter le style. » (1977, 44) Le point a/ suffit à caractériser l’ambition hyperbolique des pythagoriciens et leur succédanés cognitivistes contemporains.
23 Lire les articles de Giulia Anichini montrant les approximations des méthodes d’imagerie cérébrale : les bricolages, dans le but de respecter scrupuleusement l’hypothèse de la localisation par des techniques d’occultation des résultats déviants : La neutralité en question dans la production du savoir sur le cerveau publié dans Et si la recherche scientifique ne pouvait pas être neutre ? (2019, p. 67-79). Elle a publié Quand c’est la science qui bricole, c’est du sérieux. Bricolage d’objets et d’images dans le domaine des neurosciences dans Techniques & Culture 2013/2, n° 61, p. 212-235.
24 Michel Blay et Christian Laval ont récemment publié Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école dans lequel ils analysent les erreurs de raisonnement et de méthode de Dehaene et de nombreux cogniticiens avec leurs effets sur la psychologie enfantine entretenant le mythe d’une désincarnation où l’enfant n’est plus que son cerveau et ce dernier un algorithme en marche.
25 Gilbert Hottois le résume clairement en ces termes : « « Un mouvement philosophique de transition vers un stade supérieur d’évolution de l’espèce humaine, délibérément poursuivi. Ce courant d’idées récupère l’Humanisme traditionnel afin de lui adjoindre les techniques « d’amélioration » des capacités physiques et cognitives dans un but de dépassement des limites – naturelles, biologiques – et d’adaptation perpétuelle au monde. » (2015, 163)
26 La genthanasie fait l’apologie de la bonne mort qu’on donne scientifiquement pour des motifs sérieux et acceptables et qui s’applique de nouveau dans nos sociétés sur des individus dont il s’agit de montrer qu’ils en sont les premiers demandeurs annonçant bien la stratégie de Cattel qui transmute le génocide en considérant que des groups humains se donneront la mort, conscient de leur limite évolutive. Signalons que Cattell était opposé à toute forme d’aide aux pays sous-développé pour cette raison.
27 Michel Blay résume très bien cette circularité du raisonnement : « Les errements que nous venons de décrire et que chantent les hérauts des neurosciences computationnelles résultent d’une grave faute de raisonnement sur laquelle nous devons revenir une dernière fois en conclusion, faute nourrie par l’orgueil et la suffisance scientiste, si ce n’est par une ambition totalitaire neuro-politique : cette faute apparaît lorsqu’une hypothèse est prise comme une vérité à prétention normative disant le réel. La « science » devient alors une idéologie pouvant servir à toutes les manipulations. » (2019, 81)
28 Stanislas Dehaene est catégorique sur ce point : « Les forces [des sciences cognitives] c’est d’être capable de déterminer l’organisation des algorithmes du cerveau ». in entretien du 10 janvier 2018 au Figaro Premium
29 A. Berthoz écrit dans La décision : « Si la décision est le fait de quelques structures spécialisées du cerveau, alors nous devons faire une phrénologie de la décision. Si, au contraire, chaque décision implique un grand nombre de centre et la prise de décision est induite par un certain état des relations entre ces différents centre, la physiologie de la décision devient plus complexe. […] Une des thèses de ce livre est que l’émotion joue un rôle privilégié dans la constitution du caractère global des décisions. » (2003, 88). Le lecteur comprend que l’enjeu de la localisation est une simplification excessive que Berthoz conteste au profit d’une science ouverte à d’autres représentations que l’arithmétisation des objets étudiés.
30 Christian Laval et Michel Blay en font une critique utile dans leur dernier ouvrage op.cit.
31 Dans l’introduction de sa conférence, Les grands principes de l'apprentissage de 2012, il affirme : « Nous devons essayer de réfléchir ensemble aux connaissances qui sont indispensables pour qu'un enseignant puisse concevoir le programme éducatif dans un contexte qui va maximiser les modifications mentales, cérébrales, et maximiser la vitesse aussi, la quantité d'apprentissage qu'un enfant peut avoir. »
32 La psychologie de la quantité, 2018, dans le n° 33 des cahiers de psychologie politique
33 Michel Blay le résume très bien : « En fonctionnant comme des logiciels et avec la plasticité neuronale reconfigurée par dressage en algorithmes, c’est-à-dire en ayant éliminé toutes les autres possibilités d’interprétation de cette plasticité neuronale, les enfants de l’avenir ont peu de chance d’être dans l’infinité de la pensée et dans la présence des choses et des êtres du monde ! » (2019, 80)
34 Lire notre article La perversion du principe d’apathie dans le n° 34 des cahiers de psychologie politique
Berthoz, Alain, La décision, 2003, Paris, éditions Odile Jacob
Berthoz, Alain, Le sens du mouvement, 1997, Paris, Editions Odile Jacob
Besnier, Jean-Michel, Demain, les post-humains, le futur a-t-il encore besoin de nous ?, 2009, Paris, Editions Hachette
Besnier, Jean-Michel, Brunelle, Francis et Gazeau Florence, Un cerveau très prometteur : conversation autour des neurosciences, 2015, Paris, Editions Le Pommier
Blay, Michel et LAVAL, Christian, Neuropédagogie - Le cerveau au centre de l’école, 2019, Paris, Editions Tschann & Cie
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Canguilhem, Georges, Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie, 1977, Paris, Librairie Vrin
Cattel Mckeen, James, La mesure de l’intelligence, 2003, in La psychologie moderne, p. 253-264
Carrel, Alexis, L’homme, cet inconnu, 1935, Paris, Editions Plon
Changeux, Jean-Pierre, L’homme neuronal, 1983, Paris, Editions Fayard
Chalmers, David, L’esprit conscient, 2010, Paris, Les éditions d’Ithaque
Damasio, Antonio, L’erreur de Descartes, 1995, Paris, Editions Odile Jacob
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