N°38 / La propagande politique Janvier 2021

Manipulation médiatique et obsession identitaire chez Alain de Benoist

Stéphane François

Résumé

Alain de Benoist est le principal théoricien de la Nouvelle Droite, l’une des écoles de pensée les plus intéressantes du paysage politique de la droite radicale française. Du fait de sa longévité, celle-ci a évolué plusieurs fois, principalement sous son impulsion. Aujourd’hui, il refuse toujours le libéralisme politique d’essence anglo-saxonne, l’héritage des Lumières ainsi que le modèle occidental qui en découle et défend un ethnodifférentialisme, très largement identitaire, au nom du droit des civilisations à rester elles-mêmes. Cet intérêt est présent dès ses premiers textes, parus dans la presse de droite et d’extrême droite. Nous proposons de revenir ici sur ces différents points.

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DOSSIER : LA PROPAGANDE POLITIQUE AU 21e SIECLE

Manipulation médiatique et obsession identitaire chez Alain de Benoist

Stéphane François, HDR, professeur de sciences politiques à l’université de Mons, chercheur pour le Carnegie Council for Ethics in International Affairs (New York)/Institute for European, Russian and Eurasian Studies (IERES), George Washington University Groupe Sociétés Religions Laïcités (EPHE/CNRS/PSL)

Sommaire

1. Un paria fort médiatique

2. Une idéologie fortement identitaire

3. Un homme de gauche ?

4. La stratégie métapolitique : l’art de la manipulation

 

 

Alain de Benoist est le principal théoricien de la Nouvelle Droite, l’une des écoles de pensée les plus intéressantes du paysage politique de la droite radicale française. Du fait de sa longévité, celle-ci a évolué plusieurs fois, principalement sous son impulsion. Aujourd’hui, il refuse toujours le libéralisme politique d’essence anglo-saxonne, l’héritage des Lumières ainsi que le modèle occidental qui en découle et défend un ethnodifférentialisme, très largement identitaire, au nom du droit des civilisations à rester elles-mêmes. Cet intérêt est présent dès ses premiers textes, parus dans la presse de droite et d’extrême droite. Nous proposons de revenir ici sur ces différents points. Dans un premier temps, nous montrerons qu’il est resté une figure très médiatique, malgré les différentes campagnes visant la Nouvelle Droite et lui-même. Puis, nous analyserons le soubassement identitaire de son discours. Un troisième moment reviendra sur sa volonté de se présenter comme un homme de gauche. Le dernier temps de cet article se penchera sur la stratégie « métapolitique » de la Nouvelle Droite qu’il a contribué à théoriser.

 

1. Un paria fort médiatique

 

            Depuis son accession à la visibilité médiatique, dans Apostrophe de Bernard Pivot le 29 septembre 1979[1], Alain de Benoist n’a jamais cessé d’être dans les médias, malgré ce qu’il peut dire dans ces mêmes médias (preuve s’il en est de la contradiction). Il n’a jamais cessé également de rencontrer et d’échanger avec les intellectuels, médiatiques ou universitaires. Cette recherche de visiblité médiatique et de reconnaissance intellectuelle se voit également dans sa volonté d’avoir une notice au Who’s Who France, la célèbre publication des « personnalités qui comptent » en France. Une notice qu’il a écrite et payée, comme le veut l’usage de cette publication fort narcissique.

            Il est fier également de son œuvre intellectuelle. Ainsi, sa biographie en ligne[2] précise qu’il a été secrétaire de rédaction des Cahiers universitaires (1962-1966) ; rédacteur en chef de la lettre d’information hebdomadaire L’Observateur européen (1964-1968) ; directeur des publications du Centre des hautes études internationales (1967-68) ; rédacteur en chef adjoint de L’Écho de la presse et de la publicité (1968-69) ; directeur de la revue Nouvelle École (depuis 1969) ; collaborateur du Courrier de Paul Dehème (1969-76) ; rédacteur en chef du magazine Midi-France (1970-1971) ; critique à Valeurs actuelles et au Spectacle du monde (1970-1982) ; éditorialiste de la revue Éléments (depuis 1973[3]) ; collaborateur du Figaro-Magazine (1977-1992) ; collaborateur du « Panorama » de France-Culture (1980-1992), directeur de Krisis (depuis 1988) et enfin éditorialiste de La Lettre de Magazine-Hebdo (1991-1999). Il a été et est encore directeur de collections chez différents éditeurs : Copernic (1977-81), Labyrinthe (depuis 1982), Pardès (1989-93), L’Age d’Homme (depuis 2003).

            S’il estime être ostracisé en France, il n’en reste pas moins qu’Alain de Benoist est régulièrement invité sur le plateau de Répliques, l’émission d’Alain Finkielkraut comme il le fut sur celui de Ce soir ou jamais de Frédéric Taddeï, ainsi que dans les autres émissions de ce journaliste : Regarde les hommes changer sur Europe 1 ; Tête-à-tête sur France Culture ; et aujourd’hui Interdit d’interdire sur RT France. En retour, ce dernier accorde un entretien à Éléments en octobre 2019. Mais il est vrai que depuis les années 1970, Alain de Benoist a tissé un réseau professionnel et amical important dans le monde des médias et des revues intellectuelles. Il n’a jamais cessé de donner des entretiens dans la presse, généraliste et spécialisée, tant en France qu’à l’étranger, comme le montre la partie consacrée à cet exercice dans la Bibliographie qu’il a publié en 2009[4]. Il écrivit surtout beaucoup, sous son nom et sous pseudonymes.

Si Alain de Benoist donne la quasi-totalité de ses pseudonymes (une quinzaine) dans cette Bibliographie, il omet d’en donner deux : Bastien O’Danieli, dont nous reparlerons infra, et surtout Mortimer G. Davidson, utilisé en Allemagne pour publier une encyclopédie sur l’art et l’architecture nazis, Kunst in Deutschland, parue en quatre volumes entre 1988 et 1995 chez l’éditeur néo-nazi et négationniste Grabert[5], qui était aussi dans les années 1980 et 1990 son éditeur et traducteur attitré en Allemagne[6]. Cet auto-référencement est intéressant à d’autres titres : nous voyons que ses ouvrages ont durant longtemps été publiés par de grands éditeurs, y compris après la campagne médiatique de 1979, chez Albin Michel, Robert Laffont ou les Éditions Atlas. Nous remarquons surtout qu’il n’a jamais arrêté d’écrire ou de donner des entretiens à la presse d’extrême droite, notamment celle qui se proclame identitaire, y compris après sa supposée rupture avec celle-ci. Il n’a cessé de participer, sur le plan théorique et militant, à la mouvance identitaire, qu’il a contribué à théoriser et à faire émerger.

 

2. Une idéologie fortement identitaire

 

Ainsi, Alain de Benoist a été l’un des principaux animateurs du GRECE, dont il fut l’un des membres fondateurs en 1968. Depuis sa création la même année, il est le directeur de la revue scientifique du GRECE, Nouvelle École. L’acronyme GRECE signifie, suivant les époques, « Groupe de Recherches et d’Études de la Civilisation Européenne » ou « Groupe de Recherches et d’Études pour la Civilisation Européenne ». Si l’acronyme reste encore peu connu aujourd’hui, l’association l’est surtout par l’expression « Nouvelle Droite », donnée lors de la violente campagne médiatique contre elle de 1979. Malgré les variations théorique et les différences d’appellations, l’idée sous-jacente de la Nouvelle Droite est constante depuis son apparition : définir et préserver la civilisation européenne, l’aryanisme des années 1930 étant remplacé par une approche culturelle et raciale.

Comme nous l’avons montré dans notre ouvrage Au-delà les vents du Nord, paru en 2014[7], la quête d’une mythique ethnie européenne est une constante théorique importante pour la Nouvelle Droite et ses animateurs. Alain de Benoist n’échappe pas à cet attrait. Après avoir publié plusieurs dossiers à la question indo-européenne (« Georges Dumézil », n° 21-22, 1972 ; « Les indo-européens », n° 49, 1997), Nouvelle École consacre en 2019 un numéro (le 68) à la « Paléogénétique des Indo-Européens »[8], établissant un lien génétique, et donc historique, entre ces peuples de l’Antiquité eurasiatique et les Européens actuels. Les néo-droitiers vont même au-delà, en promouvant la théorie de l’origine multirégionale, et par conséquent multiraciale, des « races humaines ». En 2016, Éléments, le magazine de la Nouvelle Droite a consacré un dossier sur les « Origines de l’homme », dont le sous-titre est « le mythe du berceau unique ». Alain de Benoist, sous l’anagramme de « Bastien O’Daniéli », l’ouvre avec un article au titre explicite : « La théorie “Out of Africa” en débat : et si l’origine d’Homo Sapiens était multirégionale[9]. » Il y postule également l’idée de l’origine européenne du premier homme, ainsi que celle de races humaines, mettant en avant le fait que les Européens ont de l’ADN d’Homme de Neandertal, au contraire des Africains.

Cette thèse, aux origines ouvertement racistes, fait partie des constantes de la Nouvelle Droite, depuis son apparition en 1968, et même antérieurement avec le groupuscule et la revue éponyme Europe-Action fondée en 1963 par Dominique Venner[10], et lesquels nombre de futurs grécistes y firent leurs premières armes[11]. Comme le fait remarquer le politiste Jean Jacob dans une « Tribune » publiée par Le Monde, le magazine Éléments

« s’avère toujours fascinée par les traditions indo-européennes et le sort qui pèse sur la longue mémoire européenne face à un supposé “grand remplacement” démographique. Éléments, aussi, ne manque pas de relayer des informations de revues scientifiques lorsqu’elles lui semblent susceptibles de conforter l’idée d’une primauté des déterminismes génétiques sur les différences ethniques ou culturelles[12]. »

            Si la Nouvelle Droite et son principal théoricien ont évolué à la fin des années 1970 vers un ethnodifférentialisme radical[13], elle a gardé comme constante idéologique une défense de la civilisation européenne. Mais cette défense est passée d’une promotion agressive de la « race blanche » à une position défensive : il s’agit de préserver, sur le mode décolonialiste[14] et ethnodifférentialiste, la civilisation européenne. Cette extrême droite est passée de l’affirmation ethnique et des discours de la supériorité de la race blanche des premières années à sa préservation face à une supposée invasion allochtone. L’ethnodifférentialisme est conçu donc par Alain de Benoist comme une « mixophobie », c’est-à-dire comme un refus du métissage qu’il soit physique (les couples mixtes et leurs enfants) ou culturel. Concrètement, il s’agit de préserver l’identité et la pureté de la civilisation européenne. Depuis les années 1970, Alain de Benoist soutient que son ethnodifférentialisme est le véritable antiracisme. Ce que contestait Pierre-André Taguieff en 1994 :

« Ce néo-racisme, écrit-il, présente [d’] autres caractéristiques principales : son noyau idéologique n’est plus constitué par le schème de l’inégalité […], mais par celui de la distance entre communautés “culturelles”, postulant une hétérogénéité radicale entre “traditions mentales” (“culturelles”), le constat des différences étant l’occasion d’affirmer la thèse d’incommensurabilité entre cultures (relativisme culturel absolu). Ce néo-racisme “culturel” se déplace de la thématique de la race zoologique (anthropologie physique) vers celle de l’ethnicité et de la “culture” (anthropologie sociale et/ou culturelle), où il peut se légitimer de certaines positions soutenues dans les communautés des ethnologues[15]. »

            Cette obsession identitaire est particulièrement importante pour cerner la Nouvelle Droite et la possible évolution idéologique d’Alain de Benoist. Guy Bruit remarquait dans un compte-rendu[16] du livre que Pierre-André Taguieff avait consacré à la Nouvelle droite, se demandait si Alain de Benoist avait réellement changé, malgré le renouvellement, ou le lissage plutôt, de ses références intellectuelles et l’abandon progressive du racisme biologique. S’il y a eu d’indéniables évolutions, une constante est restée, comme nous venons de le voir : l’obsession identitaire, sur le plan à la fois culturel et génétique. En effet, Alain de Benoist, sous l’anagramme de Bastien O’Daniéli donc, a continué à écrire sur ce dernier thème, publiant dans Éléments, des brèves, et parfois des articles, sur la génétique et l’archéologie européenne.

 

3. Un homme de gauche ?

 

Dans les années 1980, Alain de Benoist a tenté de faire disparaître cette image de théoricien d’extrême droite et de l’extrême droite. En 1988, il fonde une revue indépendante de la Nouvelle Droite, Krisis, dont les pages étaient ouvertes aux personnalités de gauche. Dès la seconde moitié des années 1980, les positions anticapitalistes et antioccidentales d’Alain de Benoist fascinent certains milieux de gauche. Ainsi, Pierre-André Taguieff estime en 1985 qu’il est devenu possible de dialoguer avec la Nouvelle Droite : « Aujourd’hui, en 1985, la ND a désormais un passé témoignant à la fois d’une évolution par ruptures ou approfondissements, et d’une hétérogénéité doctrinale liée à la diversité des “théoriciens”, une histoire extérieure (trop souvent réduite aux formes médiatiques du débat) et une histoire intérieure (qui reste à écrire)[17]. » Alain de Benoist reconnaît alors que Pierre-André Taguieff est à l’origine de son évolution. Ce qui a fait dire à Pierre-André Taguieff qu’Alain de Benoist s’était « gauchisé »[18] depuis la fin des années 1980.

Dans les années qui suivirent, il y eut même une tentative, avortée, de rapprochement avec l’équipe du Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences Sociales (MAUSS). Alain de Benoist entama un dialogue avec ses animateurs, en particulier avec Alain Caillé et Serge Latouche. Ce rapprochement a été facilité par les thèmes communs de l’écologie, de l’anti-utilitarisme, de l’anti-économisme et de l’anti-universalisme. La parution en 1986 du livre d’Alain de Benoist, Europe Tiers-Monde, même combat[19], aux thématiques proches du MAUSS, facilite aussi la discussion. En 1989, Serge Latouche a publié un ouvrage, L’Occidentalisation du monde. Essai sur la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire[20], dont la thématique est similaire au rejet de l’indifférenciation formulée à la même époque par la Nouvelle Droite. En 2015, Alain de Benoist soutient toujours cette idée, avec son aspect identitaire typique :

« Je dirai pour ma part que ce qui menace le plus les identités collectives, c’est le “système à tuer les peuples”, c’est-à-dire l’imposition d’un système général d’homogénéisation planétaire qui tend à éradiquer partout la diversité humaine, la diversité des peuples, des langues et des cultures. Ce système est associé aux notions de gouvernance mondiale et de marché planétaire. L’idéal qui le sous-tend est l’effacement des frontières au profit d’un monde unifié par ce que j’ai appelé l’idéologie de la Mêmeté, l’idéologie du même[21]. »

La question de la société de consommation est alors inséparable, dans ces milieux néo-droitiers et nationalistes-révolutionnaires, du débat concernant l’anti-américanisme, le libéralisme et le matérialisme. En 1989, Alain de Benoist y ajoute un aspect écologique. Ce rejet entre en résonnance avec l’anti-utilitarisme élaboré au même moment par certains milieux de gauche, baignant également dans un anti-américanisme.

En 1989, Alain Caillé et Serge Latouche étaient invités à participer à Krisis[22]. En retour, Benoist fut invité en 1991 à participer au numéro 13 de La Revue du MAUSS, avec un article sur la pertinence du clivage gauche-droite[23] et à répondre dans le même numéro aux questions d’Alain Caillé[24]. Dans la foulée, Benoist publia de nouveau un article de Latouche[25]. Cependant, Caillé rompt le dialogue en 1993 suite à des tentatives de récupérations du MAUSS par les grécistes[26]. Celui-ci a également très peu apprécié de voir que Benoist, malgré ce qu’il sous-entendait aux membres du MAUSS, n’avait jamais rompu avec le GRECE, continuant à diriger Nouvelle École et à éditorialiser dans Éléments. En effet, Alain de Benoist, durant cette décennie, affirmait aux universitaires et aux militants de gauche qu’il avait rompu avec le GRECE, qu’il n’en faisait plus partie depuis longtemps, ce qui est évidemment faux, puisqu’il dirige toujours Nouvelle École et qu’il continue encore aujourd’hui à éditorialiser, maintenant sous son nom[27], dans Éléments, dont la ligne actuelle est ouvertement de nature identitaire[28]. De fait, il n’a jamais rompu avec l’extrême droite. D’ailleurs, en 2019, dans son éditorial dans Éléments, Alain de Benoist n’a pas hésité à assumer son appartenance à l’extrême droite, critiquant toujours « l’individuo-universalisme, de la négation des différences entre les sexes et les peuples, du déracinement et de l’hybridation tous azimuts »[29].

La Nouvelle Droite a donc continué à entretenir la confusion entre une possible évolution à gauche, sur le plan économique, et un discours civilisationnel qui reste marqué par des positions identitaires. Pour continuer à attirer des intellectuels de gauche, la Nouvelle Droite intitulait en 2010 un dossier d’Éléments : « La Nouvelle Droite est-elle de gauche ? »[30]. Aujourd’hui, la Nouvelle Droite dialogue avec le philosophe Jean-Claude Michéa et avec Michel Onfray, mais pouvons-nous dire pour autant que les deux philosophes sont encore de gauche, s’ils l’ont été un jour...

 

4. La stratégie métapolitique : l’art de la manipulation

 

            La stratégie de la Nouvelle Droite et d’Alain de Benoist est d’associer dans un même mouvement références d’extrême droite et de gauche, voire, dans certains cas, de substituer des références de gauche à des références plus connotées, si les thèses sont proches. Pour se faire, Alain de Benoist de mobiliser des auteurs porteurs de « nouvelles convergences ». Selon l’ancien gréciste Philippe Baillet, dans l’un de ses règlements de compte dont il est coutumier, Alain de Benoist est fasciné par les doctrines radicales, tant de gauche que de droite, faisant un grand écart à la fois intellectuel et militant :

« Aussi loin que l’on remonte dans son itinéraire politique et intellectuel, Benoist n’a cessé d’être attiré par toutes les radicalités et autres courants marginaux de l’anarchisme, du marxisme, du communisme, du fascisme et du national-socialisme, d’où par exemple sa sympathie constante pour les “nationaux-révolutionnaires”, à ses yeux porteurs de “convergences inédites” et autres “passerelles originales” entre les extrêmes. Mais simultanément, il a toujours pris grand soin de se trouver, notamment par le biais de la revue Nouvelle École, de cautions “prestigieuses” dans le monde universitaire. Durant la période où je le rencontrais deux fois par semaine voire plus (fin des années 80-début années 90 et au-delà), il pouvait à la fois recevoir dans son bureau parisien Walter Spedicato et Gabriele Adinolfi, militants de Terza Posizione exilés à Paris, et déjeuner le lendemain avec des “gens importants” comme Gérard Longuet ou Jean-Pierre Chevènement.

Au moment même où il accordait un entretien fort complaisant, mais aujourd’hui soigneusement oublié à la revue pédophile Gaie France, dont presque toutes les illustrations représentaient des photos de gamins de douze ans environ avec la quequette à l’air, il envoyait son obole au quotidien Présent pour l’aider à supporter les frais de justice d’un énième procès intenté par une quelconque office “antiraciste”.

[… Il y a chez lui] le goût malsain du mensonge, de la dissimulation, de la manipulation, dont on ne s’aperçoit pas de prime abord car le personnage est très habile pour mettre en confiance ses interlocuteurs. Crédité par ses séides d’une prétendue “générosité”, il ne donne en réalité jamais de façon vraiment gratuite, autant dire qu’il ne donne jamais : toute faveur de sa part, depuis un repas au restaurant jusqu’au prêt d’un livre rare, s’accompagne d’un sous-entendu implicite et pourtant très clair sur le nécessaire et indispensable renvoi d’ascenseur qui devra suivre.[31] »

            Nous pouvons voir dans ce témoignage, acerbe, une illustration de la stratégie « métapolitique », ou « gramscienne »[32] de la Nouvelle Droite, qui a été théorisée dans les années 1970 : il s’agissait de pratiquer l’entrisme dans les milieux d’influences, militaires, journalistiques ou universitaires. L’idée, était de pénétrer les milieux politiques, culturels, etc., de créer des revues et des associations s’adressant à des catégories socioprofessionnelles différentes, et d’y diffuser et d’habituer les personnes visées aux différents contenus de leur « nouvelle culture ». Il s’agissait explicitement de mettre en place sur un temps plus ou moins long des pratiques sociales largement partagées en imposant son point de vue[33]. Cela a été plus ou moins réussi. La presse a été investie dès les années 1970.

Les premiers liens furent tissés via l’entregent du sénateur apparenté Rassemblement Pour la République (RPR) et patron de presse, Raymond Bourgine, qui employa Alain de Benoist, François d’Orcival et même l’ancien SS Saint-Loup dans Valeurs Actuelles et Le Spectacle du Monde. Alain de Benoist, Jean-Claude Valla[34] et quelques autres, bénéficièrent ensuite de l’appui de Louis Pauwels. Ce dernier a été nommé, en septembre 1977, par Robert Hersant, directeur des services culturels du Figaro. Louis Pauwels, qui ne fait pas partie du GRECE, mais qui partageait alors nombre de ses idées (il s’y serait intéressé dès 1968) leur ouvrit alors les colonnes de son hebdomadaire, Le Figaro Magazine. Par la suite, il récupéra les thèses de la Nouvelle Droite. Durant le même temps, des amis de Pauwels se rapprochèrent de la Nouvelle Droite, tel l’indianiste Jean Varenne qui sera dans les années 1980 le président du GRECE, tandis que lui-même se lia d’amitié avec Alain de Benoist. Louis Pauwels défendait la Nouvelle Droite en ces termes :

« Aujourd’hui, on appelle raciste ou fasciste n’importe qui ou n’importe quoi ! Autrefois, on appelait sorciers tous les gens que l’on voulait brûler. Mais est-ce un crime pour les gens de culture européenne de s’interroger sur les racines de leur culture ? Est-ce un crime que de s’interroger sur les fondements de la pensée européenne et sur les mentalités enracinées, qu’il s’agisse de l’héritage celtique, germanique, nordique, etc. qu’il s’agisse de toutes les vieilles pensées de l’Europe ? C’est d’ailleurs tout à fait en rapport avec le vaste mouvement d’aspiration à des cultures diversifiées et de retour aux racines régionales. C’est très proche des préoccupations d’une certaine gauche[35]. »

Il voyait aussi dans les animateurs de la Nouvelle Droite des successeurs possibles :

« J’ai été longtemps un homme solitaire, et il y a quelques années j’ai découvert des intellectuels qui étaient en train de tirer au clair tout ce que j’écrivais et pensais sur un autre plan. Je leur ai écrit, et j’ai découvert, à ma grande stupéfaction, qu’ils étaient de l’âge de mes fils, et que d’une génération à l’autre nous avions entrepris la même recherche, sous une forme plus encyclopédique chez eux, instinctive chez moi. Ils étaient en quelque sorte les enfants de Planète ! J’ai donc résolu de leur donner la parole. Je voulais révéler au public qu’il existait une jeunesse qui s’animait intellectuellement et culturellement pour défendre réellement les valeurs auxquelles le public est attaché[36]. »

En fait, le point de convergence entre Louis Pauwels et la Nouvelle Droite était à chercher dans le désir de Pauwels de concilier une forme de pensée traditionnelle avec une certaine modernité et que nous retrouvions alors dans le discours du GRECE.

À la suite de la campagne médiatique de 1979 contre le GRECE, Louis Pauwels décida de se séparer, progressivement, de ses collaborateurs néo-droitiers, tout en se convertissant bruyamment au christianisme et au libéralisme économique. Ce revirement agacera Pierre Vial :

« [...] Pauwels avait changé de gourou. Tandis qu’il éliminait du Figaro Magazine les hommes de la Nouvelle Droite, Jean-Claude Valla en tête, il tombait dans le bénitier. Lui qui n’avait pas eu de mots trop durs pour le christianisme allait maintenant faire ses dévotions dans un monastère intégriste, sous la houlette de Patrice de Plunkett. Celui-ci, après avoir été un cadre important du GRECE (il venait, à l’origine, de l’Action Française, où il avait été un responsable étudiant talentueux), avait montré la direction du chemin de Damas… et s’en était bien porté professionnellement puisque cette “conversion” lui permettait de prendre la place de Valla à la direction du Figaro-Magazine[37]. »

Durant le même temps, le groupe Hersant, dont dépend le Figaro Magazine, s’éloigna du GRECE, à la fois à cause de cette campagne mais également du fait de l’évolution des néo-droitiers dont l’anti-américanisme et l’anti-occidentalisme choquaient les lecteurs du Figaro.

Cet entrisme devait permettre la diffusion d’une « nouvelle culture », qui ne se définissait pas encore comme « identitaire », au travers du « gramscisme », c’est-à-dire le combat idéologique par la banalisation, et l’acceptation par la population, de certaines idées élaborées dans des milieux radicaux, sorte de tentative de conquête du pouvoir par la culture. En effet, Alain de Benoist et les animateurs du GRECE, ayant découvert chez le philosophe marxiste Antonio Gramsci l’importance du combat culturel dans la prise du pouvoir par un parti politique[38], abandonnèrent à la fin des années 1960 la politique immédiate pour la réflexion doctrinale et le combat culturel (ce qu’ils appelèrent, à la suite de Julius Evola, la « métapolitique »). Actuellement, le gramscisme est de nouveau pratiqué par d’anciens du GRECE et par des militants provenant des mouvances identitaires, nationalistes-révolutionnaires, voire néo-nazis, dans une logique ouvertement raciste, par leur banalisation. Surtout, les discours identitaires de la Nouvelle Droite, théorisés dans les années 1970 sont aujourd’hui banalisés dans de larges secteurs de l’opinion publique française.

 

Conclusion

L’idéologie mixophobe conceptualisée par la Nouvelle Droite se retrouve aujourd’hui banalisée, diffusée dans les médias de masse par des journalistes et des polémistes qui ne sont pas forcément, du moins à l’origine, des militants d’extrême droite. Le journaliste Éric Zemmour en est un bon exemple : plutôt conservateur et souverainiste à l’origine, il a radicalisé son discours dans un sens ouvertement mixophobe à partir des années 2015, à la suite du succès de son livre Le Suicide français[39]. Depuis, il reprend l’idée, en l’accentuant progressivement, de la dangerosité de l’islam en France, chassant les traces de l’islamisation et du multiculturalisme forcément destructeur d’identité – nous retrouvons ici la vieille antienne de l’extrême droite[40] – jusque dans les prénoms[41], dont certains seraient l’expression d’un refus d’intégration. Ainsi, Éric Zemmour s’oppose à l’immigration, aux mariages mixtes et au modèle actuel d’intégration, jugé trop laxiste[42] et pas assez assimilationniste. Il développe aussi, depuis 2009, les thèses de l’existence des races humaines, en particulier celle d’une continuité ethnique des populations européennes[43]. De ce fait, il a été plusieurs fois condamné pour discrimination raciale (notamment en 2011, en 2015 et en 2018). Ses positions sur l’immigration lui ont ouvert les portes de l’extrême droite, en particulier celles de la Nouvelle droite[44], comme l’a montré sa séance de dédicace du 26 septembre 2018 à la Librairie Nouvelle tenue par François Bousquet, un proche d’Alain de Benoist et actuel rédacteur en chef d’Éléments. Dans l’entretien donné la même année à Éléments, il exprime une conception décliniste de la France : « Une image s’est imposée au cours de l’écriture de Destin français. Celle d’un homme en train de mourir dont on dit qu’il voit défiler en un éclair toute sa vie[45] ». Comme le courant identitaire, Éric Zemmour est obsédé par l’idée d’une guerre civile ethnique en France[46]. Cette thématique n’est pas cantonnée à ce seul polémiste : elle se retrouve aujourd’hui dans toute une frange de polémistes de droite et d’extrême droite, allant de Laurent Obertone[47] à Alain Finkielkraut[48], qui profite et se nourrit de la vague de rejet provoquée par les différents attentats islamistes depuis le 11 septembre 2001.

Comme nous l’avons vu dans cet article, Alain de Benoist est un passeur d’idées, mais aussi d’idéologies. Son tour de force est d’avoir diffusé ces reformulations théoriques et ethnocentriques dans d’autres tendances de l’extrême droite – ce qui est somme toute aisé – et de les avoir rendues acceptables auprès de certains pamphlétaires ou polémistes actuels.

 

 

 

 

[1] http://www.ina.fr/video/CPB79055720. Consulté le 21/03/2020.

[2] « Biographie d’Alain de Benoist », https://www.alaindebenoist.com/biographie-dalain-de-benoist/, consulté le 21/03/2020.

[3] Il est également le principal contributeur du magazine.

[4] Alain de Benoist, Bibliographie 1960-2010, Paris, Les Amis d’Alain de Benoist, 2009.

[5] Mortimer G. Davidson, Kunst in Deutschland 1933-1945 : Eine Wissenschaftliche Enzyklopädie der Kunst im Dritte Reich, 3 vols., Tübingen, Grabert, 1988-1995.

[6] Selon Philippe Baillet, il en a forgé un nouveau, « Walter Aubrig », utilisé pour faire le compte-rendu de la traduction de L’Homme. Sa nature et sa position dans le monde d’Arnold Gehlen, Paris, Gallimard, 2020. La raison, selon Baillet, serait le passé nazi de Gehlen (il fut membre du parti nazi de 1933 à 1942).

[7] Stéphane François, Au-delà des vents du Nord. L’extrême droite française, le Pôle nord et les Indo-Européens, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2014.

[8] Nouvelle École, « Paléogénétique des Indo-Européens », n° 68, 2019.

[9] Bastien O’Daniéli, « La théorie “Out of Africa” en débat : et si l’origine d’Homo Sapiens était multirégionale », Éléments, n°150, 2016, pp. 72-77.

[10] Le fondateur d’Europe-Action, Dominique Venner, est un militant d’extrême droite de longue date. Il fut incarcéré à la prison de la Santé de 1961 à 1962 pour son soutien au putsch des généraux et à son implication dans la mise en place de l’OAS-métropole. Engagé volontaire à dix-huit ans dans les chasseurs parachutistes, il a combattu en Algérie entre 1954 et 1956. En 1956, il devient membre de Jeune Nation, un groupuscule raciste et fasciste fondé par les frères Sidos. Par la suite, il devient le secrétaire général de ce groupuscule. En 1963, Venner fonde un mouvement politique et une revue éponyme, Europe-Action, aux aspirations déjà « métapolitiques » et européistes, anticipant l’apparition du GRECE.

[11] Voir Nicolas Lebourg, Les Nazis ont-ils survécu ? Enquête sur les Internationales fascistes et les croisés de la race blanche, Paris, Seuil, 2019.

[12] Jean Jacob, « l’allure plaisante de la revue “Éléments” dissimule son réel encrage à l’extrême droite », Le Monde, 09 mai 2019, https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/09/l-allure-plaisante-de-la-revue-elements-dissimule-son-reel-ancrage-a-l-extreme-droite_5459803_3232.html. Consulté le 22/03/2020.

[13] Il s’agit d’une vision « positive » du racisme, dans le sens où, selon Alain de Benoist, la diversité des peuples et de leurs cultures doit être préservée.

[14] Sylvain Crépon, « Une littérature postcoloniale d’extrême droite ? Réflexion sur un “braconnage” intellectuel », in Collectif Write Back (dir.), Postcolonial studies, modes d’emploi, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2013, pp. 137-149.

[15] Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite, op. cit., p. 66.

[16] Guy Bruit, « La droite a-t-elle changé ? », Raison présente, n° 112, 1994, pp. 119-131.

[17] Pierre-André Taguieff, « Le dialogue est aujourd’hui possible », Éléments, nº 56, hiver 1985, p. 40.

[18] Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite, op. cit., pp. 297-334.

[19] Alain de Benoist, Europe Tiers-Monde même combat, Paris, Robert Laffont, 1986.

[20] Serge Latouche, L’Occidentalisation du monde. Essai sur la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire, Paris, La Découverte, 1989.

[21] Alain de Benoist, « Identité ? », Krisis, n°40, « Identité ? », 2015, pp. 5-6.

[22] Serge Latouche, « Réflexion sur le “bien-être” comme concept ethnocidaire » et « L’occidentalisation du monde. Entretien avec Serge Latouche » ; Alain Caillé, « Monnaie des sauvages et monnaie des modernes », Krisis, n°4, « Société, », 1989, pp. 28-34, 35-45 et 46-51.

[23] Alain de Benoist, « Droite ! Gauche ! », La Revue du MAUSS, n°13, 1991, pp. 37-40.

[24] Alain de Benoist, « Réponses », La Revue du MAUSS, n°13, 1991, pp. 107-131.

[25] Serge Latouche, « Le raisonnable et le rationnel. Les antinomies du postulat métaphysique et de la raison économique », Krisis, n°12, « L’argent ? », 1992, pp. 34-45.

[26] http://www.revuedumauss.com.fr/Pages/ACTG.html. Consulté le 20/04/2019.

[27] De la création en 1968 jusqu’à 2016, il utilisait le pseudonyme de « Robert de Herte ».

[28] Voir le dossier du n° 180 d’Éléments, « L’identité pour quoi faire ? »Alain de Benoist, « L’identité, pour quoi faire ? », octobre 2019 : « Nous et les autres : nature et culture, l’identité en débat », pp. 74-75 ; Jean-François Gautier, « La terre ou les morts : seule compte la mémoire du devenir », pp. 76-78 ; Martin Sellner, « À l’avant-garde avec “Defend Europe” », pp. 79-80 ; Clément Martin, « Génération Identitaire, le “Greenpeace de droite” », pp. 81-82 ; Philippe Forget, « Contre les vanités identitaires », pp. 83-85. Voir aussi la réédition par François Bousquet du texte de Enoch Powell, Discours des fleuves de sang, Paris, La Nouvelle Librairie, « Préface » de Renaud Camus et « Introduction » de Jean-Yves Le Gallou, 2019.

[29] Alain de Benoist, « Éléments mode d’emploi », Éléments, n° 176, février 2019, p. 3.

[30] « La Nouvelle Droite est-elle de gauche ? », Éléments, n°136, juillet-septembre 2010, pp. 27-48.

[31] Philippe Baillet, Pour l’honneur d’un camarade. Guillaume Faye (1949-2019). Par-delà censure et récupération, Budapest, Le tocsin blanc, 2020, pp. 61-63.

[32] Le gramscisme, doctrine théorisée par l’idéologue marxiste italien Antonio Gramsci (1860-1937), peut être résumé comme une réflexion sur la prise du pouvoir culturel, c’est-à-dire sur la nécessité pour un groupe révolutionnaire de dominer le débat intellectuel et culturel, de créer une hégémonie idéologique, afin d’y diffuser ses idées et surtout de les rendre banales et naturelles pour la majorité. Il s’agit en effet de chercher une adhésion spontanée, un consentement, de l’opinion publique. Pour Gramsci, la Révolution française est un bon exemple : elle n’a été possible que dans la mesure où elle a été préparée par une « révolution des esprits », en l’occurrence par la diffusion de la philosophie des Lumières auprès des milieux aristocratiques et bourgeois représentant les centres de décision du moment. Un renversement politique ne crée pas une situation, il la consacre. En soi, le gramscisme est une critique de la pratique marxiste-léniniste. L’acteur principal de la révolution n’est plus le révolutionnaire, mais l’intellectuel.

[33] Cf. Serge Moscovici, La Psychologie des minorités actives, Paris, Presses universitaires de France, 1991.

[34] Voir les mémoires de Jean-Claude Valla, Engagements pour la civilisation européenne, Billère, Alexipharmaque, 2014.

[35] Ibid., p. 307.

[36] Ibid., p. 309.

[37] Pierre Vial, Une Terre, un peuple, Paris, Éditions Terre et peuple, 2000, pp. 58-59.

[38] Alain de Benoist, « Gramsci et la conquête du pouvoir culturel », Le Figaro dimanche, 11-12 mars, 1978, p. 19.

[39] Éric Zemmour, Le Suicide français, Paris, Albin Michel, 2014.

[40] Voir en particulier les ouvrages de Guillaume Faye, tels La Colonisation de l’Europe. Discours vrai sur l’immigration et l’Islam, Paris, L’Aencre, 2000 ou Avant-Guerre. Chronique d’un cataclysme annoncé, Paris, L’Aencre, 2002.

[41] Voir par exemple, le différent qui l’oppose à la chroniqueuse Hapsatou Sy lors de l’émission Bienvenue les terriens de Thierry Ardisson (émission du 22 septembre 2018).

[42] Sur l’histoire de l’immigration, voir Gérard Noiriel, Le Creuset français. Histoire de l’immigration XIXe-XXe Siècles, Paris, Seuil, 1988 ; Population, immigration et identité nationale en France (xixexxe siècles), Paris, Hachette, 1992.

[43] Stéphane François, Au-delà des vents du Nord, op. cit.

[44] Éric Zemmour a donné plusieurs longs entretiens à Éléments. Par exemple, Alain de Benoist & Éric Zemmour, « Accords et désaccords », Éléments, n° 154, mars-juin, 2015, pp. 39-44 ; Éric Zemmour, « Pourquoi la France », Éléments, n° 174, septembre-octobre 2018, pp. 30-35.

[45] Éric Zemmour, « Pourquoi la France », art. cit., p. 30.

[46] Éric Zemmour, Destin français, Paris, Albin Michel, 2018.

[47] Laurent Obertone, La France Orange mécanique, Paris, Ring, 2013.

[48] Voir Daniel Lindenberg, Le Rappel à l’ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Paris, Seuil, 2002.

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