La haine meurtrière
Dans la vie d'âme de l'individu, l'autre entre en ligne de compte très régulièrement comme modèle, comme objet, comme aide et comme adversaire, et de ce fait la psychologie individuelle est aussi d’emblée, simultanément, psychologie sociale, en ce sens élargi mais tout à fait fondé.
Freud, Psychologie des masses et analyse du moi, O.C., XVI, p.5
Il y a un potentiel de haine dans l'inconscient. Normalement, cette haine est réprimée. Mais elle est parfois libérée par un évènement, individuel ou collectif. Elle devient dès lors contagieuse quand elle résonne chez un sujet fragilisé. En se communiquant d'individu à individu, elle sera amplifiée par des figures d'identification qui s'en empareront.
Ce potentiel de haine se constitue dès l'enfance, à bas bruit. Le harcèlement, subi ou actif, en est une manifestation. Le rôle des éducateurs de l'enfant, quand ils en perçoivent les manifestations, est de nommer cette jalousie banale, ces pulsions d'envie parfois violentes, ces manifestations éventuelles d'agressivité qui seront alors refoulées et conditions d'un progrès pour la pensée de l'enfant. Saint Augustin dans ses Confessions nous en a livré un magnifique témoignage, fondateur de la démarche autobiographique. Souvent, elles évolueront sur le mode de traits de caractère, mais parfois lorsqu'il s'agit d'un vrai trauma, tel qu'un conflit prolongé qui affecte la construction infantile et familiale, le refoulement et la reconstruction spontanée sont insuffisants. Le recours à un professionnel est alors nécessaire. Si cette situation ne peut être dépassée et persiste comme un point douloureux, qui induit une répétition compulsive, la haine de l'autre se forme.
Chez chaque individu, il existe un point ombilical qui marque la limite du pensable pour lui. Ce point originaire est habituellement refoulé mais chez celui où la haine a laissé une trace, son affleurement porte des fruits vénéneux. Il devient manifeste et fécond quand un événement devient pour lui une chambre d'écho. L'événement anodin, pour la plupart des gens, passe au premier plan car une association inconsciente a construit une métaphore fondée sur le traumatisme qui avait affecté l'infans ou le très jeune enfant. La trace malheureusement féconde aurait pu alors être lisible dans l'altération de la relation mère-enfant. Cette blessure, cette insistance qui revient sans cesse, indique le lieu d'une faille indicible par des mots qui se cherchent. Un leader politique, un tribun, est celui qui trouve ces mots depuis son histoire personnelle et leur donne de la chair. Transmis, ces mots vont vivre chez ceux qui sont avides de les entendre.
La haine quand elle est (ap)portée par ces personnes charismatiques, devient alors le discours politiquement attendu mais aussi le discours émotionnel qui pousse aux agissements collectifs. La foule s'en approprie les mots et l'émotion qu'ils portent. Édulcorés jusqu’à perdre l'horreur de leur sens, ils deviennent vecteurs de la haine. Ils poussent le corps à agir comme il a réagi originellement quand s'est formé en lui la violence éprouvée d'actes ou de situations traumatisants.
Le trou que démasque la haine transparait dans l'insistance du silence qui l'a produite dans l'enfance. La continuité du flux de la parole adressée a contourné l'indicible silence. Ce trou historique et fragilisant trouve son renfort, son moule, dans la haine véhiculée par des figures de proue du discours public. Comme le feu, la haine se propage. Elle grandit de l'un à l'autre, magnifiée par le personnage central vers qui toutes les émotions convergent et dont le discours devient un prêt-à-porter, un prêt-à-penser.
La sublimation par l'élaboration personnelle dans la création, picturale ou d'écriture, écarte de l'adhésion au discours tout-fait. Elle répare les blessures narcissiques et protège de ceux qui propagent l'apologie haineuse de l'exclusion. La responsabilité de leurs promoteurs est dans l'acte d'altérer le lien social. Ils visent à substituer à un lien social fondé sur le respect de la différence et l'égalité des devoirs, un autre lien d'apparence, plus solide parce qu’archaïque, fondé sur l'identification commune et collective au même. Cette identification mimétique au même passe par l'appropriation de son discours qui colle au discours intime. Le symptôme fait entendre que la pensée, dès lors aliénée, s'est réduite au ressassement de slogans, aux tics de langage, à la violence sous-jacente. On perçoit ici la raison fondatrice de ceux qui veulent forcer à cette identification collective. La philosophie, l'histoire, la sociologie, la psychanalyse parce qu'elles incitent le sujet à penser à partir de lui-même, à partir de ce qui s'entrevoit, à partir de l'interdit, doivent être réprimées. Les dictatures, au nom de la modernité, tendent à supprimer ces espaces de libre-pensée.
Cette attraction vers le même est, aujourd'hui, dans notre société capitaliste et de consommation, cristallisée dans le rôle attribué à l'influenceur, au leader d'opinion, à l'opposé de la parole singulière et créative d'un sujet. Celui que Lacan nomme le "parlêtre", dont la singularité unique est d'être porté par la parole engagée avec d'autres sujets, est réprimé par ce discours qui vise à l'hégémonie. Le "parlêtre" de l'individu-sujet disparait, dissous comme porteur du sujet dans le discours de tous. L'hégémonie dans la pensée impose l'unicité dans les actes. Il devient alors douloureux d'en dénouer les implications sociales. Quelques voix devenues solitaires, comme les coryphées d'un drame, expriment ce que beaucoup éprouvent sans trouver les mots pour le dire.
Le populisme se nourrit de ce ressentiment irrigué par la haine. Les chantres du même, de l'idéalisation de l'unique chef en sont imprégnés par leur éducation et leur culture. Il suffit que ce discours touche "une fêlure, une blessure, ce qu'est le bémol par rapport à la note naturelle"[1] pour que la haine silencieuse et potentielle rencontre quelques autres et fasse avec eux noyau d'un collectif haineux.
Freud écrit dans sa Psychologie des masses et analyse du moi en 1921 qu' "un chef suprême est là -- qui aime tous les individus de la masse d'un égal amour."[2] Cet amour du chef construit la cohésion d'un collectif, tel que l'Armée ou l'Église. Freud appuie son raisonnement sur les névroses de guerre "qui désagrégèrent la force armée allemande"(...) "on est en droit d'affirmer que l'absence d'amour dans le traitement de l'homme du commun par ses supérieurs venait en tête des motifs de l'entrée dans la maladie"[3]. Inversement, on peut remarquer qu'une masse d'individus indifférenciés trouver une cohésion dans la haine collective, dans les actes violents contre des personnes désignées parce que différentes, hétérogènes. Le mouvement de haine qui se dévoile ainsi indique que le lien qui assure la cohésion de cette masse est la pulsion d'identification vers le Un, sous la bannière d'une effigie incarnant un slogan unifiant.
Mais la haine n'est pas le symétrique de l'amour. L'amour est une construction entre des sujets alors que la haine est destructrice car elle dévoile et propage le chaos au cœur de l'individu, chaos qui ne peut être partagé que par la violence du passage à l'acte, toujours potentiellement meurtrier. Le chaos au cœur du sujet ne peut relier à l'autre. Pour sortir de l'insupportable de la solitude, il lui est nécessaire d'adhérer aux modes sociaux qui donnent l'illusion de faire Un. Le point d'altérité où se noue la relation d'amour est alors effacé. La haine devient ainsi l'expression du déni de la vacuité de ce point d'altérité. L'altérité se nourrit de la vivance de l'amour reçu et restitué. L'identification haineuse qui unit une foule a besoin des mots d'un discours, même rudimentaire, pour canaliser vers un but unique et destructeur la pulsion du faire Un libéré.
Dès lors qu'elle a pris corps, l'emprise d'un sujet ou d'une masse par la haine apparait d'une telle fixation qu'il est impossible d'espérer qu'apparaisse une prise de conscience et une autocritique. Ainsi la haine est liée à son ancrage dans l'inconscient. L'après-coup judiciaire des génocides démontre la difficulté de la tâche. Il est très rare qu'apparaisse une prise de conscience subjective individuelle. Ces procès ne permettent pas qu'une position subjective personnelle en naisse. Ils sont nécessaires pour l'Histoire et pour éduquer la civilisation.
Il faut relier ce blanc de la pensée à ce que n'ont pas pu dire les assassins Hutus lors des procès pour le génocide des Tutsis. Ils évoquent un clivage en eux qui leur permettait de faire le matin "leur travail", c'est dire de tuer en série leurs voisins, et l'après-midi d'être normalement avec leur famille. De même, les responsables des camps d'extermination montraient, sur les lieux mêmes de leurs crimes, une vie familiale exemplaire et honnêtement petite-bourgeoise. Toutefois, des témoignages épars montrent que le retentissement de ces crimes en série est psychosomatique.
Pourquoi la société, la culture n'est-elle pas livrée sans cesse à la sauvagerie ? On peut remarquer que la sauvagerie circulaire et répétitive a sans doute provoqué l'extinction de certaines sociétés primitives. Plus tard, dans les sociétés historiques, la sauvagerie n'avait lieu que pendant un moment limité, celui d'une guerre ou d'une révolte. Le moment de sauvagerie était encadré par une idéologie morale, chrétienne par exemple ou dynastique, qui pouvait la suspendre quand le but était atteint. Quand la sauvagerie est l'effet et le reflet d'une dictature, elle est sans limite...
Pour notre société démocratique, quel est le lieu de la sauvagerie haineuse ? L'évidence quotidienne des meurtres des gangs montre qu'une autre loi s'est substituée à la loi de la Cité. L'argent criminel de la drogue fait loi. Mais ce ne sont que des enclaves qui profitent de l'affaiblissement de l'État face à la violence de la pulsion des consommateurs qui pousse à masquer le manque, c'est à dire à dénier l'existence en eux de la castration. Ces enclaves de non-droit où s'établit la loi de la sauvagerie nous montrent l'innommable au cœur de l'humain.
Le rôle de la civilisation, de la Culture est donc de prévenir l'émergence de la haine dans la société. L'interdit d'énonciation des thèses haineuses est illusoire car elles prennent alors d'autant plus de pouvoir de séduction. Il faut que leur refus naisse de la prise de conscience du sujet. La prévention de la violence haineuse collective repose donc sur l'éducation par l'Histoire et la soumission à la démocratie qui seules peuvent établir la vérité des faits par rapport aux fantasmes archaïques qui sous-tendent le discours haineux. Ne dit-on pas qu'ils sont devenus esclaves de leurs drogues ?
Chez un individu, il est facile de rendre lisible la chaîne qui a produit une haine suffisante pour conduire à l'assassinat. L'acte homicide, précipité d'un bloc de haine, illumine toute l'histoire secrète qui porte l'acte, pensé, ruminé, ressassé. Le crime des sœurs Papin est tellement exemplaire qu'il en est le prototype. Actuellement, dans un procès aux Assises de Valence, on entend la haine qui a tissé l'enfance de Gabriel Fortin confronté et comparé à un frère favorisé. Il a été dévalorisé jusque dans son nom propre qui n'est pas celui de son frère. Ils ont été abandonnés avec leur mère par leur père à la naissance du cadet. L'autre, ce père qui a fui, est le peu de chose qui entrave son existence. Porté par le seul nom de sa mère, elle-même très fragile, G. Fortin construit scrupuleusement et méthodiquement ses actes qu'il a pensés réparateurs du chaos qui s'est imposé à lui quand ses employeurs successifs l'ont rejeté, licencié et humilié. L'un d'eux a même proposé à cet ingénieur un emploi de manutentionnaire... Le redoublement par les licenciements de l'humiliation qui trame toute son existence, a rendu vaine son exigence d'avoir acquis des diplômes réparateurs et normalisateurs. L'humiliation redoublée annihile son désir d'existence. Il a fallu deux actes pour porter son désir de destruction : le premier fut son abandon à sa naissance par son père, le second fut révélé par les échecs qui dévoilent la faille originaire.
Si on se met dans la logique de l'acte, on en comprend la raison, mais si on se met dans l'exigence sociale, l'acte fou, dont le déterminisme est compréhensible, ne peut que susciter l'horreur. Il faut aussi remarquer qu'un troisième terme est mis de côté. Les personnes qui ont rejeté G. Fortin en l'humiliant, ont dénié l'éthique professionnelle des DRH qui exige que chacun soit attentif aux conséquences de ses paroles et de son acte. L'horreur de ce triple assassinat est le reflet de la violence et de la surdité sociales. La parole humiliante a toujours des effets destructeurs surtout quand elle est sans réplique possible. Elle devient ainsi une parole de haine individualisée qui pousse à l'acte. Le désir de vengeance en réplique se crée alors chez l'interlocuteur qui en subit l'effet.
L'apprentissage du pouvoir est aussi celui de connaître l'effet de ses propos. Pour un responsable, il n'y a pas de paroles sans effet. Énoncées par des responsables, chargés d'une autorité morale, sociale ou politique, ces paroles banales, telles celles dites au "Café du Commerce" avec des familiers égaux, emplissent de haine. Les personnes qui s'estiment alors jugées sont envahies par une haine d'autant plus intense que ces mots sont prononcés par celui dont la parole est attendue. C'est cette attente qui investit l'homme politique d'un pouvoir. La pratique de la psychanalyse démontre l'effet de cette attente. L'écoute de la politique dans ses petites phrases apparemment anodines en montre l'effet ravageur. La violence de la haine libérée par cette parole, attendue et perçue sans bienveillance, exprime le refus de l'autre dont l'altérité est niée face à un expert, à un "sachant". Il est devenu le "peu-de-chose", le "sans-dents" qui se perçoit dès lors comme un objet humilié. Il se défend de la blessure par la vindicte et la haine. Le mouvement des gilets jaunes a montré la potentielle violence de ce ressentiment qui s'appuie aussi sur des paroles ressenties comme blessantes.
L'humiliation est un acte religieux où le pénitent à plat ventre se met aux pieds d'un évêque, par exemple, pour reconnaitre son autorité. Actuellement, l'usage du mot est surtout au passif. Être humilié, nous dit l'histoire du mot, c'est être terrassé, terrorisé pour être mis plus bas que terre, pour être mis dans l'humus donc être renvoyé à un statut de végétal. En clinique, on remarque que l'humiliation fait le lit de la psychose par la blessure d'amour propre et la confirmation sur la scène sociale de l'effondrement narcissique. Celui qui provoque l'humiliation abuse de son ascendant, de son autorité sur l'autre qui la refuse intimement.
Si cette humiliation est partagée, si elle est devenue publique, elle se transmettra sous la forme d'une revendication politique pendant des générations. Sous le nom d'une injustice historique, d'une non-reconnaissance de l'identité collective, elle pousse à la violence perçue comme réparatrice. Le drame des Palestiniens est de ne pouvoir surmonter l'humiliation de 1947. La haine pure y trouve son creuset et une mise en acte qui gagne les esprits, sans les limites morales de la culture. La haine partagée est devenue opinion sociale et trait d'unité. Elle est narcissique et pulsionnelle, c'est dire qu'elle se nourrit de ce qui est le plus archaïque dans l'histoire d'un sujet. Les conventions de Genève, les lois de la guerre rappellent que même dans la violence ultime qu'est la guerre, des lois doivent limiter l'expansion du désir de mort sur l'autre. La haine collective doit être interdite et censurée. Parce qu'elle s'adresse à l'être de l'autre, elle ne peut avoir de limites que par un interdit légal disant le vœu de la société qui doit se protéger contre l'expression venimeuse de la pulsion de mort. Ceux qui sont pris dans la nasse de la haine, une fois installée, ne peuvent en sortir par eux-mêmes car elle n'existe que partagée par d'autres qui deviennent des proches nécessaires, des mêmes que soi. Les tentatives de déradicalisation par « psychothérapie » montrent assez leurs limites.
L'arrêt du processsus de haine est donc de la responsabilité de la société puisque le groupe structuré sur la haine ne peut réprimer le lien de haine qui assure sa cohésion. La responsabilité de la société intervient ainsi à trois niveaux, en prévention, dans l'actuel et l'après-coup. Il lui incombe d'interdire la propagation des idées haineuses. Il est nécessaire aussi de contrôler les réunions publiques où cette violence s'exprime et enfin de garantir que les lois encadrant l'éthique de la vie sociale soient appliquées.
Les lois sur la propagande, la diffusion des écrits d'incitation à la haine constituent un fragile socle de protection démocratique qui néanmoins s'enrichit.
L'élargissement de la démocratie est essentiel pour former les citoyens et être exemplaire. Elle doit favoriser le débat et tuer dans l'œuf les germes de la violence haineuse. Enfin, comme la haine collective pousse au crime, il est légitime de la réprimer sur le plan pénal. Il y a donc une exigence sociale à protéger la société de l'infection qu'est pour elle la contagion de la haine. La conscience sociale est de la prévenir en étant attentif à ce qu'est le terreau de la haine et à sa transmission en particulier dans la masse, au sens de multitude. Au sens de la structure, comme pour le couple pervers, dès le premier lecteur ou auditeur, la haine se partage et commence à se répandre. Ce premier cercle est celui qui va donner consistance aux imprécations de la haine. Il est utopique d'envisager ou d'entreprendre son éviction, mais il est nécessaire d'être vigilant pour la combattre. Sans compréhension et sollicitude, l'humiliation est perçue comme une injustice majeure dont la plaie suscite toujours la douleur et et la revendication.
L'Histoire est là pour nous rappeler la souffrance de peuples qui ne peuvent se guérir d'une injustice humiliante. Ainsi, les Hongrois ne peuvent accepter la division de leur pays par le Traité du Trianon à Versailles, qui met le tiers du peuple hongrois hors des frontière de la nouvelle Hongrie, créée en 1920. La prévention de la vague de haine passe aussi par l'attention à ce qui est perçu comme une humiliation collective, porteuse pour les générations suivantes d'un ressentiment qui met en doute la qualité du lien dans une nation, puisque cette souffrance y est déniée.
Le ressentiment est porté par la certitude d'être incompris, d'être seul. Dans la rencontre avec d'autres avec qui les révoltes se confortent, la souffrance personnelle est dépassée dans la sensation de faire du Un. La fragilité personnelle peut être voilée au profit de l'idéalisation du leader. Le groupe en tire sa force. La responsabilité des chefs qui poussent à la haine devient immense et fortement coupable.
A l'opposé, les forces démocratiques doivent permettre d'élaborer une idéologie commune, d'unir dans les différences et de porter la foule vers des buts de progrès social. Peu nombreux sont ceux qui tiennent un tel enjeu qui seul permet de s'opposer au discours de la haine.
Faire du Un est l'exigence intime d'un sujet soumis à l'angoisse, à l'éparpillement et à la dispersion de ses repères. Une foule réagit identiquement à un sujet qui est lui-même un collectif élémentaire en raison du lien langagier aux autres qui le constitue. Le mouvement social se construit dans cette ambiguïté : faire-du-Un qui ne soit pas totalitaire malgré l'aspiration inconsciente à annuler le manque. Il faut porter la foule vers des idéaux communs et l’éduquer vers une responsabilité sociale. La religion, malgré elle, a aussi cette fonction sociale. A oublier cette triple ambition, la politique devient totalitaire, surtout si elle focalise sa puissance pour développer la haine à l'encontre de l'autre.
La beauté de la fonction de la politique est aussi d'unir les émotions de la foule dans la patience des petits pas. Ainsi, elle peut dominer la sauvagerie de la haine de l'autre. Tâche de lucidité dont l'espoir est nécessaire pour vivre en société.