N°24 / numéro 24 - Janvier 2014

Le pouvoir et le sujet

Alain Deniau

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Le pouvoir transforme celui qui y accède. Le pouvoir qui nous occupe ici est le pouvoir sur les autres. Celui que l’on nomme habituellement le pouvoir politique. Il ne s’agit pas du pouvoir sur une personne, même si la relation d’un chef, d’un leader peut se cristalliser jusqu’à ne devenir qu’une relation exclusive. Il ne s’agit pas non plus d’une situation de tension entre celui-ci et une nation se comportant, comme l’écrit Freud, comme une unité qu’il nomme « grand-individu de l’humanité »1, mais d’une réflexion sur la transformation de celui qui acquiert le pouvoir.

Quand elle est positive, elle est mise sur le compte d’un épanouissement : le désir de pouvoir longtemps réprimé trouve enfin sa possibilité de réalisation. C’est une variante du « Si j’étais riche… ». Dans un premier temps, la satisfaction crée pour l’accédant et ceux qui espèrent en lui, ce que l’on nomme l’état de grâce. La légèreté s’empare de celui qui est devenu chef. Si celui qui accède ainsi au pouvoir tant espéré n’en n’est pas heureux mais au contraire en éprouve à l’excès le poids ou les exigences, on doit penser qu’il ne tardera pas à exprimer cette angoisse par un redoublement de symptômes, voire par une expression psychosomatique grave. Le Pape Jean Paul Ier l’a démontré par sa mort subite au bout de seulement trois semaines de pontificat.

Avec l’arrivée au pouvoir, l’équilibre qui s‘était établi entre le mouvement pulsionnel et sa répression se modifie. La recomposition psychique touche toutes les instances qui se sont équilibrées jusqu’alors puisque la réalité est transformée. Le sujet est désormais sous le regard de tous. Certains y trouvent de la jouissance, d’autres à l’inverse sentent ce regard comme une effraction ou comme une persécution. Louis XIV, par exemple, a trouvé son épanouissement dans ces regards posées sur lui et dans le jeu des miroirs. Mais il ne voulait pas que le miroir devienne l’un de ses attributs, même s’il avait une passion pour les miroirs ou leurs reflets.

Le pouvoir, les responsabilités ont ainsi un retentissement sur la vie psychique d’un sujet qui doit s’habituer à un nouveau cadre pour sa pensée et à un autre mode d’expression de son corps. Une autre forme d’altération psychique dans l’exercice du pouvoir apparaît dans les névroses. La satisfaction peut accroître l’angoisse qui exacerbe des symptômes qui trouvaient parfaitement leur équilibre dans un cadre bien repéré. Mais cette exacerbation de l’angoisse névrotique par la conscience des responsabilités est commune à tous. Sans doute d’autant plus perceptible et visible lorsque la personne est au centre des regards. Cette angoisse qui inhibe l’action et augmente la difficulté de toute décision est ce qui motive la demande d’appel à un autre tel qu’un psychanalyste. Toute autre est la folie qu’entraîne la jouissance du pouvoir sans limite ni alternative, c’est à dire celle du tyran.

La survenue du pouvoir toujours est un risque psychique. De même, l’aubaine inopinée de l’extrême richesse, du point vue de l’origine sociale, par le loto par exemple, peut engendrer une catastrophe psychique. Il appartient donc au groupe social de protéger le sujet de ce qui lui fait perdre ses limites et de le protéger des effets de cette perte de repères. C’est le rôle de l’institution et plus généralement de la démocratie d’en contrôler les effets et de mettre en œuvre par avance des contre-pouvoirs. Le fonctionnement de la République de Venise est exemplaire de la crainte permanente de l’excès de pouvoir d’un seul ou d’une seule caste. Le jeu des espaces institutionnels différenciés et empiétant partiellement l’un sur l’autre a garanti sa longévité politique.

La préparation psychique à la satisfaction

La complète satisfaction engendre la perte des limites. Elle fait venir le sentiment que la réalité n’a plus de résistance sans que cette disparition d’un élément fondateur du psychisme ne déclenche ni angoisse ni sentiment d’étrangeté. La personnalité se dissout dans la fonction. C’est donc dans le psychisme du sujet qu’il s’agit de trouver et de conforter ce qui va être transformé par l’accès à la pleine satisfaction. L’accès au pouvoir ressenti comme sans limite crée ce risque de débordement narcissique.

Le premier temps de cette prévention est une mémoire du temps d’avant, celui d’un temps optatif et d’un temps conditionnel. Le fou du roi, le prophète, l’oracle avaient cette fonction auprès du puissant. Ils pouvaient y risquer leur vie. Ils rappellent au roi qui l’a fait roi. Dans une démocratie, c’est le chansonnier, le caricaturiste ou le philosophe cynique qui peuvent remplir cette fonction de parole déstabilisante et libre, indifférente à la soumission. Elle apporte les limites à l’expansion narcissique que confère le pouvoir. De ce fait, elle est salubre pour l’exercice du pouvoir.

La présence dans le psychisme de ce temps composite, dialectique entre l’instant présent et la mémoire, intervient comme une limite psychique. Le nouvel homme investi du pouvoir doit vivre dans les trois temps du psychisme : il se souvient des limitations à l’action, des attentes anxieuses, des espoirs qu’il incarnait. Il sait que le présent est limitée par le manque et par la fin, c’est à dire par la mort. Le présent, c’est le temps où l’exigence de réalisation des promesses est le plus fort, promesses intimes et personnelles ou promesses publiques et donc politiques. Il y a alors un accord entre l’homme de pouvoir en devenir et celui qu’il a été. La limitation assumée, préparation de la mort, de la transmission du pouvoir, sont le troisième temps de l’évolution psychique individuelle, que l’on pourrait qualifier de sagesse. Pourquoi ceux qui ont acquis ou conquis le pouvoir ne sont-ils pas des sages ? Sans doute parce qu’ils n’auraient pas réussi cette violente conquête, s’ils avaient été des sages. Ils ne peuvent pas, à la différence d’un sage tel que Gandhi, le transmettre à d’autres. Pour transmettre, il faudrait alors qu’ils s’en dessaisissent, et qu’ils acceptent de ne pas être l’unique, de ne pas ressentir les autres comme des rivaux, de dépasser leur aversion ou leur inimitié pour le dauphin. L’exemple de la crispation de François Mitterrand à l’encontre de Michel Rocard rend manifeste cette impossibilité.

La mythe de Cincinnatus 

La dialectique du temps d’acquisition du pouvoir ouvre un moment de subjectivité reposant sur le manque. C’est ce moment qui est idéalisé dans le mythe politique de l’abandon spontané du pouvoir. Le grand homme se serait épanoui dans la réalisation de son désir de pouvoir en le transformant en devoir. Comme Cincinnatus, il pourrait alors retrouver sa charrue. Il pourrait redevenir celui qu’il était avant l’accession au pouvoir.

Cette référence mythique s’est constituée en modèle politique. Le pouvoir ne transformerait pas l’homme. Mais le mythe de ce retour à l’origine est démenti par les faits. Pourtant il ne cesse d’être mis en avant. Comme si un médecin praticien, un professeur des écoles pouvait après cinq ou dix ans d’une pratique du pouvoir revenir au point d’interruption de son parcours professionnel.

Il s’agit de reprendre cette affirmation, que soutient le mythe de Cincinnatus, que le pouvoir laisserait indemnes ceux qui y sont parvenu. La clinique individuelle et le regard sur l’Histoire montrent que le psychisme du sujet individuel est transformé par le pouvoir qui est d’abord un pouvoir sur l’autre, sur les autres dans l’altérité, puis à son terme un pouvoir sur les agencements symboliques qui constituent le sujet et le lien social. Mais aussi que le collectif réagit à ce mouvement soit pour conforter son élan vers son idole soit pour la désinvestir. C’est ce mouvement conjoint qui conforte l’illusion et peut aller jusqu’à l’isolement narcissique dont l’aboutissement est la mort.

Quel est le processus créant l’imaginaire du pouvoir ?

Il ne s’agit pas d’une transformation soudaine. La rencontre avec le pouvoir, la prise de pouvoir parce qu’elle est longuement désirée ne produit pas une transformation soudaine incontrôlable et inattendue mais une modification progressive avec des seuils repérables.

On dit trop facilement qu’Hitler était fou. Si on suit la démarche de Ian Kershaw2, on constate qu’au contraire il était rusé et habile. Il pouvait composer avec la réalité et avec les autres ; ce qui indique une personnalité dans les limites de la normalité. Les traits qui vont s’exacerber sont certes déjà là pour ceux qui peuvent alors les entendre et pour notre lecture d’après coup. Ces traits sont aussi ce qui a permis l’adhésion des foules. Ils sont les ressorts de son charisme et de sa fougue d’orateur. En s’appuyant sur le vécu collectif déprimant de la crise économique et sur la blessure d’une défaite située à l’extérieur des frontières de l’Allemagne, à la différence radicale de la France, Hitler a trouvé dans les blessures personnelles qui le hantent le ressort qui soutient son verbe. Cette souffrance intime, secrète et jamais énoncée, produit la métaphore qui décrit la souffrance traumatique des Allemands. C’est pourquoi ils ont éprouvé que ses mots leur faisait un effet de justesse. Il s’agit ici de la passion d’un tribun, d’un tribun populiste mais non d’un fou qui identifierait le corps social à ce qui l’anime et à son histoire personnelle. Ce point de passion communiquée dans la métaphore fait effet de vérité pour l’auditoire.

Il est toujours difficile de placer le rasoir d’Occam entre ce qui est conscient et ce qui est le moteur inconscient de l’action. Le fondement de l’antisémitisme est le besoin de l’inconscient de trouver un mauvais objet et une logique à ce qui est un obstacle à la pensée. Cette logique court-circuite. Elle obéit au processus primaire, à l’injonction de plaisir immédiat.

Le progrès des lois permet aujourd’hui de mettre une limite : on ne peut ignorer que certains propos ont pour conséquences de faire passer à l’acte ceux qui les prennent au pied de la lettre. La responsabilité de ceux qui propagent une idéologie de haine de l’autre est aujourd’hui clairement affirmée sous la forme d’un délit. La folie d’un propos doit être jugée à partir de ses conséquences mais aussi en lien avec le milieu qui permet de le penser et de le dire. La dimension collective d’un discours a un effet amplificateur des ressorts pulsionnels et intimes personnels qui sont confortés par les inscriptions en retour que ce discours produit de proche en proche, dans la langue des familiers, puis du milieu et enfin même dans la langue commune. La folie de quelques uns devient une folie commune et une évidence aberrante partagée. Il n’y a pas de folie isolée, construite ex nihilo. Elle n’existe que soutenue par un discours collectif, présent ou transmis dans la mémoire. La famille est le premier de ces collectif où circule la parole, où se construit la langue.

Le devenir fou et l’aliénation des foules

Que Hitler soit devenu fou avec d’autres autour de lui est une certitude. Mais comment l’est-il devenu et quand ?

Il faut examiner les critères qui définissent le normal et la construction de son aberration, la folie. Les fantasmes exprimés publiquement ont une capacité d’induction. Lorsqu’ils sont exprimés par un leader de pensée, écrivain, chef ou tribun auprès de ceux qui sont les proches les intimes et en secret, ils se dégradent en pensées « banales ». Un témoin qui les entend peut dire leur violence crue. Quand ces propos, grivois ou racistes, entrent dans un discours public jusqu’à être communiqués aux foules qui y adhèrent, c’est-à-dire s’y aliènent au sens de Hegel, elles ont, à leur insu, à intérioriser une part étrangère mais réprimée en chacun. Cette énonciation par un autre qui fait autorité devient une autorisation. Le processus individuel de psittacisme devient une aliénation collective. L’aliénation des foules leur fait perdre leur capacité de jugement et de libre arbitre.

L’hypothèse de Freud que le collectif ne produit pas de traits que l’on ne puisse retrouver chez l’individu est sans cesse confirmée : il n’y a pas à espérer que le changement dans la société produise un homme nouveau. Ce qui prouve que le changement en l’homme est le résultat d’un progrès insensible dans chaque homme aboutissant à la chute sans effort de ce qui fait obstacles à l’expansion de la pensée subjective. Obstacle interne et psychique mais aussi obstacle social. Nous pouvons un siècle après cette affirmation freudienne dire que ce fait est lié au langage et à sa transmission dans un groupe minimal de trois personnes. Pour que le langage se forme, il faut un groupe stable, une famille par exemple. Ensuite, la transmission langagière se produit par extension sur le mode spécifique de l’humain qui différencie ce qu’il entend de ce qui se dit et qui oublie, à cause du refoulement, ce qu’il entend. Ce que Lacan énonce sous la forme d’un aphorisme : « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend.3 »

Il faut l’effort d’une exégèse, d’une conscience morale ou politique pour avoir le recul intellectuel qui permette d’échapper à l’emprise d’un discours repris en chœur par la vox populi. Tant que le discours, si fou qu’il soit, est soutenu par un groupe, il ne peut être désigné comme fou. Il est une folie collective qui mène à la mort si personne ne peut s’en extraire et le critiquer. Les sectes qui aliènent leurs adhérents en sont une preuve toujours dramatique. La pathologie familiale de la folie montre quotidiennement au prix de quelles souffrances psychiques, ou parfois somatiques, un sujet tente de s’extraire d’un discours qui l’encercle et dont il parvient à percevoir l’action folle sur soi. Pour un responsable politique, sa folie devient perceptible dans sa solitude d’exercice quand il doit demander la sanction des suffrages. L’investissement des autres sur lui authentifie son fantasme réparateur. Il le fait porteur et exécutant des fantasmes fous qui parcouraient ce groupe ou ce peuple. S’il est répétitivement conforté par un plébiscite ou par une audience étrangère, l’enflure narcissique ne tarde pas à produire les symptômes de la mégalomanie. Au-delà du tout savoir, de la toute puissance, il y a toujours des traces de persécution qui infiltrent et causent le discours et même plus exactement « causent » dans le discours public.

Fantasme réparateur et mégalomanie

Le narcissisme sans limite trouve son origine dans la réparation d’un passé nié : Nicolae Ceausescu et sa femme Elena, éperdus dans la surestimation de soi, s’étaient fait nommer docteurs ès sciences pour compenser la faiblesse de leurs cursus scolaires sans que les témoins politiques réagissent. Ils deviennent ainsi complices d’une folie falsificatrice infinie dont les preuves dès lors s’accumulent. La caution de la communauté des États contribue à l’expansion mégalomaniaque qui écrase toute possibilité d’une prise de conscience par le retour de l’opinion de l’étranger.

Le pouvoir sans limite produit la folie, car il y perd l’altérité. La démocratie est ce visage de l’altérité face au pouvoir politique. Pour Hitler, la perte de l’altérité est bien repérée par Ian Kershaw quand il montre qu’Hitler, conforté par ses succès, a fini par se prendre pour un messie allemand alors qu’il s’était offert sciemment comme idole et leurre à la foule qui « a besoin d’une idole », disait-il à ses familiers. Dans un premier temps, on perçoit chez lui une distance subjective qui garantit l’expression de la raison entre le jeu d’être l’idole dont le peuple allemand aurait besoin et la perte de cet écart quand tout lui réussit. Là aussi l’altérité subjective avait disparu. La France a-t-elle été cette altérité qui marquait une limite ? Il me semble que d’avoir vaincu si facilement cette référence intellectuelle et historique qu’était alors la Grande Nation pour les Allemands ait donné à Hitler une certitude de toute puissance intellectuelle.

La perte de l’altérité est la marque de la folie. On peut donc dater de l’été 1940 la décompensation psychotique d’Adolf Hitler. Les traits d’enfermement dans la logique paranoïaque s’étaient peu à peu exacerbés au point que certains proches le remarquent. Otto Dietrich écrit, en 1955, dans Zwölf Jahre mit Hitler que, dès 1936, « il n’écoutait pas les autres ». Il écrit aussi qu’il « se mit à détester qu’on lui fît des objections ou que l’on doutât de son infaillibilité ». Fritz Wiedemann4 note qu’il « devient immédiatement agressif si les faits ne cadraient pas avec sa vision des choses ».5

Pour un psychiatre, ces symptômes annoncent un prochaine décompensation qui peut n’être manifeste que quelques années plus tard et, pendant cet intervalle, ne se manifester que par des réactions caractérielles. On assiste à un glissement progressif vers la folie avérée. La disparition d’un autre qui ne soit pas assujetti, l’effacement de l’écart entre l’idéal que porte le sujet et l’idéal que la réalité du pouvoir lui confère appellent la folie. Cet écart donnait à l’individu sa vitalité psychique, son inventivité et son désir vers les autres. Son effacement reproduit le lien archaïque de l’enfant, que cet adulte a été, avec sa mère invincible.

Le cas de la folie paranoïaque de Staline, qui est su de tous, peut être saisi par un symptôme : en 1933, Staline s’est pris d’intérêt pour la question juive. En quelques semaines, la décision de construire un État juif est prise. Tous les moyens sont donnés pour sa réalisation aux rives du fleuve Amour, aux aconfins de l’URSS, dans le Primorié, Province maritime qui débouche sur un mer proche du Japon, et à proximité de la ville de Khabarovsk. Cet État juif sera réalisé à 9 000 km du Kremlin dans un esprit pionnier. Il sera valorisé sans cesse et félicité pour sa participation exemplaire à l’effort de guerre. Brutalement, au cours du « complot des blouses blanches », Staline fait déporter et exécuter l’élite de cet État juif autonome naissant. La folie paranoïaque de Staline exprimait le désir de destruction de ce qu’il avait lui-même créee quinze ans auparavant.

On pourrait de même interroger l’amour de Mao pour les jeunes filles à peine nubiles… C’est bien un pouvoir politique absolu qui lui donnait la possibilité de réaliser, comme pour les empereurs dans leurs immenses harems, le désir infantile d’une puissance sexuelle au-delà des interdits sociaux.

Ces exemples mettent en jeu deux mécanismes de surgissement de la folie chez l’homme au pouvoir. La toute puissance efface l’épreuve du manque et de l’insatisfaction, de même que la possibilité de transformer le symbolique, la langue et la loi sociale créent un collapsus de sens où se vide le sujet. La limite du tyran devient sa propre folie.

1  S.Freud, Actuelles sur la guerre et la mort, O.C.XIII, puf, pp.132&138

2  Ian Kershaw, Le mythe Hitler, Flammarion, 1987 et 2006, 418p.

3  J. Lacan, L’étourdit,  Autres écrits, Éd du Seuil, Paris, 2001, p.449

4  Fritz Wiedemann, Der Mann, der Feldherr werden wollte, Velbert/ Kettwig,1964 ,

5  Ian Kershaw, Le mythe Hitler, Image et réalité sous le III ème Reich, Flammarion, p.384 note 24, Paris 2006

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