L’arrivée au pouvoir de Macron est un évènement hautement improbable dans un pays comme la France qui hérite d’un rationalisme politique. Or toutes les conditions étaient réunies pour promouvoir la victoire inattendue d’un bonapartisme néo-populiste à la Napoléon III. Le contexte évoque le moment « orléaniste » qui, plus insidieux qu’autrefois, se coule dans les déguisements de la raison. L’homme providentiel peut-il résoudre une telle aporie ?
Malgré tout la révolution macroniste poursuit sa marche avec hâte et entêtement. La cohorte de jeunes loups dévore « l’ancien monde » au profit d’une chimère de régime monarchique et populaire incarnée par Macron lui-même, qui s’auto-proclame Jupiter. Figure mythologique trouble dont l’issue est opportuniste et dramatique.
Le contexte du moment macroniste
Le néolibéralisme, fausse nouvelle idéologie de la pensée économique, se pare, en effet, des attributs qui caractérisent traditionnellement le progrès. Ainsi, la démocratie est-elle jugée trop soumise à l’incertitude. Les bourgeois modernes au nom de la science et les néolibéraux avec une nouvelle force tranquille qui pose la question du centrisme efficace pour s’en débarrasser. Se dessine ainsi un pragmatisme progressiste avec lequel le dogme libéral se déguise comme une variante du politiquement correct de l’anti-populisme ; le néolibéralisme, nouvelle idéologie de la pensée économique mondialisée, se pare, en effet, des attributs qui caractérisent traditionnellement l’idéologie de la science.
La notion de complexité au nom de laquelle le macronisme a conquis le pouvoir a séduit une grande partie de l’intelligentsia, surtout les anciens de 68. Car, elle vise à empêcher toute contestation et être le paravent du marché mondialiste avec un refus d’analyser et de comprendre les bases du système de l’impérialisme moderne Néo libéralisme assurément.
La mythification de la complexité aboutit à glorifier les experts, la nouvelle élite censée porter la vérité. Car, pour le gouvernement de Macron, l’expertise se présente de plus en plus comme le substitut à l’échange et à la confrontation des arguments. Elle permet trop souvent d’empêcher la contestation et ses arguments et de se confronter aux autres, il construit une pensée comment un dédoublement de la vision dominante qui tend à s’imposer sans les a priori du passé.
Il est vrai qu’une société qui a désappris à réfléchir et à débattre est particulièrement vulnérable pour répéter les modèles du progrès à la manière de Napoléon le Petit, et de plus en plus démunie pour les combattre. Le vide laissé par les quinquennats de Sarkozy et d’Hollande
Macron est associé à un vrai-faux charisme politique. Question embarrassante, Il serait trop simple d’écarter la notion de chef charismatique dans une démocratie, qu’idéalement le peuple gouverne. Le XXe siècle fut plein de chefs charismatiques tour à tour grotesques, effrayants ou abominables pour que les citoyens soient tentés par un charisme providentiel. Seulement voilà, il a aussi existé dans l’histoire des « charismes de résistance ou de libération » qui ont entraîné un peuple vers le meilleur, pour que la question soit examinée soigneusement.
Aujourd’hui, loin de chercher à identifier et résoudre les conflits, la vie politique cherche à imposer des consensus, à empêcher l’expression des divergences fondamentales, bref à marginaliser le rôle créatif de l’esprit critique dans la vie publique.
André Bellon, ancien parlementaire ex-socialité, dans un texte bien inspiré (Les Habits neufs de l’aliénation) signale : la pensée dominante magnifie les émotions au détriment de la raison. Elle se caractérise par une justification des démissions face aux défis extraordinaires d’un tournant historique profond. « Loin de mobiliser les volontés, elle privilégie les remords et les condamnations sans conséquences. Non seulement les porte-parole les plus écoutés dégoulinent de bonne conscience, mais ils croient, de plus, faire œuvre novatrice en ressassant les mêmes prêches. » Et il ajoute : « Ainsi, on ne peut plus évoquer la République sans s’indigner des abominations de la colonisation, la nation sans s’apitoyer sur les malheurs de la guerre, le peuple sans évoquer les débordements de violence. » Le populisme est une réaction désespérée mais compréhensible de tout peuple accablé par ses besoins,
Les classes populaires, rappelons-le, sont fragmentées et précarisées. Ce constat doit-il conduire à dénier leur potentiel de subversion politique ? Des sociologues et des politistes répondent par la négative dans un stimulant essai. (Béroud, et al : En quête des classes populaires, un essai politique, Paris, La Dispute, 2016, 216 p.)
Il est vrai qu’aujourd’hui, loin de chercher à identifier et résoudre les conflits, la vie politique cherche à empêcher l’expression des divergences fondamentales, en conséquence à marginaliser le rôle créatif de l’esprit critique dans la vie publique. Et par extension la fonction de la République démocratique. Pour Macron l’important est forcément d’atteindre ses objectifs. Or le plus important est de convaincre qu’il est dans la bonne voie.
Même en mal d’unification, on ne peut pas ne pas voir que la dépolitisation, la désaffiliation, la domination symbolique ne sont pas les seuls objets à observer et à comprendre aujourd’hui car le macronisme en est le résultat.
Le tremplin technocratique
C’est du milieu du contexte morose que le Macronisme émerge, issu d’’un conglomérat de partisans de la vision juvénile proposée par Macron et sa personnalité dynamique que pas à pas se transforme en un personnage et la construction d’un mythe dont les medias ont créé les décors pour le faire arriver à la présidence de la République .
Revenons au cœur du macronisme après la victoire : la cour des technocrates et de jeunes marcheurs opportunistes qui parcourent l’Assemblée nationale et les cabinets ministériels n’est pas le résultat du hasard, mais la conséquence du grand spectacle de la gauche reconvertie au capitalisme qui s’est traduit par la politique néolibérale du PS par peur du populisme et des « sans dents » comme qualifiait les pauvres l’ex-président Hollande, des intellectuels de la gauche classique qui sont démoralisés par les bêtises du personnel politique. Autant que la débandade de la droite pendant et après les primaires avec le candidat Fillon, figure déclinante du XIX siècle qui s'empêtre dans le « Penelope gate »
Et Hollande qui renonce à se présenter du fait de son impopularité croissante et de son manque de volonté de faire ce qu’il avait promis. Un PS détesté par le peuple, et une gauche éclatée et à la dérive, sans projet ni chef unificateur visible.
C’est dans ce contexte que le macronisme apparaît et la figure de Macron émerge comme un candidat crédible ; sans les prétentions d’incarner le leader charismatique attendu (Dorna 2012). En conséquence le gouvernement macroniste se fait sous les bannières des métiers. Les ministres sont des techniciens et des experts. Corolaire : la politique et le qualitatif s’effacent sous le poids du quantitatif et du technique.
Le sociologue ; P.A.Taguieff (2017), dans son essai, Macron : miracle ou mirage, fait le diagnostic du phénomène Macron en le définissant comme « un néo-libéralisme progressiste qui propose le culte de la diversité, l’entreprise comme modèle politique avec l’argument « de gauche et de droite ». Vision futée et trompeuse qui impose de choisir entre un néolibéralisme progressiste et un populisme réactionnaire. (P. 183). Macron, en adulateur du modèle de la Silicon Valley et un énarque avisé, fait du numérique le fil conducteur et le vrai programme de la légende en construction des « marcheurs ». La marque visible étant le technocratisme à l’américaine Tout cela rend le jeu démocratique creux. La révolution exprimée par Macron est celle de quadras à la Rastignac sociaux-libéraux et de pseudo intellectuels à la Balzac dont les paroles incantatoires remplacent la quête d’idées tout en faisant peuple.
Par ailleurs ; Taguief dans le même ouvrage, esquisse une analyse du macronisme autour de trois hypothèses majeures sans en privilégier une sur les autres : symptôme, miracle ou mirage. Peu importe. La clef est le personnage en lui-même dont le charisme est célébré par ses partisans et les médias qui ont façonné l’image d’un candidat présidentiel, voire providentiel.
Or le portrait de Macron reste encore à parfaire. Cependant quelques traits sont visibles : jeune, intrépide, arrogant, volontaire, séducteur et philosophe, comédien de talent à ses heures qui aspire à jouer le monarque en herbe dans un élan narcissique et un destin réfléchi. Un physique attirant pour l’électorat féminin avec une allure à la Jean Sorel, le personnage romantique de Stendal dans le roman Le rouge et le noir. En même temps se propose une chorégraphie personnelle et la mise en scène issue d’une nostalgie de la grandeur de l’empire, de l’autorité et du rayonnement intellectuel de la France. Le moment Macron est en fait le signe d’une situation de crise, d’un climat de décadence de la classe politique et d’un désir inavouable de revanche des hommes de finances et des affairistes de tout genre qui regrettent la puissance des empires. Macron c’est un centralisateur. Il contrôle tout sans presque jamais déléguer. Macron possède l’art de séduire et d’imposer son autorité malgré son jeune âge devant en politique étrangère au point de sévir de couverture des principales hebdomadaires du monde. Et, comme tout séducteur, son art est de forcer la serrure ; car les clés sont introuvables. Raison pour laquelle il a dynamité d’un seul coup la gauche et la droite. Il pratique subtilement le « degagisme » des figures de la classe politique assez détesté par l’opinion publique.
Dans sa formation intellectuelle, il apparaît plus "platonicien" au regard de sa propre génération politique. Macron est, en effet, comme beaucoup de présidents avant lui, un pur produit de l'élitisme républicain français : classe préparatoire littéraire, cours universitaires de philosophie, sciences politiques à Paris, ENA, Inspection des finances, banquier d’affaires.
Macron diplômé de philosophie, féru des concepts et adepte du jargon philosophique. Ainsi, il pourrait donner l'impression d'incarner le dirigeant de l'utopie platonicienne peint par Machiavel. Or il n’est, ni roi, ni philosophe, mais un technocrate éclairé, fascinant par son intelligence et sa jeunesse.
Ce profil, il l’acquiert dans le service de l'État après seulement quatre ans, Puis, le futur président fait un passage et une ascension éclair en banque d'affaires, de 2008 à 2012. La suite plus politique se concentre également en quatre ans : secrétaire général adjoint de la présidence de 2012 à 2014, puis ministre de l’économie, fils putatif d’Hollande et d’Attali. L’expérience financière imprègne sa vision du monde sans tomber complètement dans le travers de la soumission à l’argent-roi. Or c’est un libéral déçu de la gauche et de la droite politique. Il se déclare pragmatique.
De ce point de vue, le pragmatisme affiché par le président Macron colle aussi avec le dogmatisme idéaliste du dirigeant idéal dépeint par Platon dans son ouvrage La République. S'affirmant pragmatique afin d'obtenir des résultats concrets, Emmanuel Macron semble davantage guidé par la logique administrative de l’ENA avec une "éthique de la conviction technique".
Avant de choisir une idéologie politique et ses options contraires, Macron semble vouloir concilier la libéralisation de l'économie et la protection des plus faibles ; ou encore fondre la fierté nationale et la construction européenne. Rien d’étonnant que le chef de l'État se soit construit sur le dépassement des clivages. En donnant des gages à la droite, il inquiète la gauche mais tente de corriger ce déséquilibre.
L’Europe lui sert de source d’énergie en donnant sens à ses expressions lyriques, à la rhétorique corporatiste, et à la conviction et au besoin de s’intégrer à la mondialisation. Croyance dans la loi du marché pour coller au caractère tensionnel de la réalité, composant de toute politique réaliste. Ainsi cette forme de pragmatisme est un opportunisme, préservé et entretenu par le contrôle flou de la communication, la maîtrise des symboles et l’utilisation de sa naturelle capacité de séduction. À considérer ce seul point, Macron apparaît davantage comme un héritier de la tradition napoléonienne, rejetant tout idéalisme utopique et se soumettant à l’image d’un despotisme doux.
La spécificité de ses proches courtisans : une technocratie décomplexée et des politiques de gauche et de droite défroques et disposés à jouer le rôle des condottieres d’un monde à avenir. C’est un pragmatisme contagieux dont sa signification plus savante désigne la discipline que s'intéresse « aux éléments du langage dans la mesure où leur signification ne peut être comprise qu'en connaissant le contexte où ils sont employés ». Et pour le sens commun « pragmatique » est le qualificatif désignant une opinion où une action tenue ou réalisée par une personne mettant en œuvre un projet concret.
Le monarque pragmatiste, Macron est avant tout le membre et le représentant d'une élite gardienne d’une forme d'État technocratique à vocation progressiste, arrogante et fière d’insuffler la sagesse (platonicienne) à la Cité, et le courage à la majorité des producteurs et aux « sans dents » selon la formule cynique d’un de ses ancien mentors. De plus, son entourage est une caste de technocrates « post-modernistes ». Cette élite froide, pseudo-morale et faussement vertueuse est une réfutation évidente de la démocratie et de sa crise chronique De fait, les élites « républicaines » françaises laissent parfois transparaître une foi en leur propre supériorité intellectuelle et leur volonté éthique, mais là n'est pas pour le moment la partie visible de l’iceberg du mouvement macroniste et sa condition de pensée progressiste par défaut. Les « marcheurs essayent de construire à partir du mythe de la compétence et de l’équipe gouvernementale technocratique actuelle marqué par une conception de droite.
Les élites républicaines françaises laissent peut-être transparaître leur propre supériorité intellectuelle et éthique, mais là n'est pas l'aspect le plus platonicien de la entreprise d'Emmanuel Macron
Une question de fond : La technocratie serait-elle en retrait ? A-t-elle jamais été véritablement en retrait ? Rien n'est moins sûr, étant donné l'étendue de l'administration française. Les hommes et les femmes qui composent les premiers cercles macronistes sont jeunes, parfois moins de trente ans techniciens, sans une grande expérience politique, peu connus du grand public, et des orphelins de Dominique Strauss-Kahn. Ces "gardiens" sont formés à l'ENA et en place depuis un certain temps dans l’appareil de l’État et les administrations. Les soutiens à la candidature de Macron étaient non seulement des jeunes mais aussi un cocktail hétérogène de vielles figures politiques : Gérard Collomb, l’ex-socialiste maire de Lyon, Jacques Attali, François Bayrou, Robert Hue, Alain Madelin, Jean-Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, Barbara Pompili, Daniel Cohn-Bendit, etc. Ce parterre bariolé des politiciens chevronnés peut-il composer une doctrine commune, jeune et populaire ?
La Ve République française donnerait au président une stature royale sous la forme d’un "monarque républicain", antidémocratique. La logique de l’agir de Macron semble vouloir concentrer les pouvoirs et la verticalité du commandement, comme en témoigne son discours devant le Congrès, et l’attitude face aux militaires de haut rang. Au point de susciter les accusations d'autoritarisme même parmi ses partisans.
Enfin, la question Macron est ailleurs : c'est percevoir que les fantômes populistes incarnés dans la rapide marche au pouvoir de Macron ne sont pas totalement innocents ; car ils sont en train de forger les représentations sociales et construisent une mythologie qui, dans une certaine mesure, s’inscrit dans le réel politique, avec l’allure d’un conciliateur de la France, enfin unie, sous le drapeau européen. L’équipe exécutive est qualifiée de "gouvernement d'experts", (disons technocrates) sans figures politiques d'envergure. Les mauvaises langues médiatiques disent qu'Emmanuel Macron a fait ce choix pour mieux asseoir son autorité, sans avoir à gérer de fortes têtes. Tous semblent en attente pour entrer dans l’histoire et la mémoire collective d’un événement qui donne du sens à un gouvernement si proche des riches.
La place et le poids des venus de la droite est considérable. Un exemple est celle de Gerald Darmanin, le jeune (35 ans) ministre du budget dont l’ascension fut rapide mais classique, sous le règne de Sarkozy. Certains le surnomment « Darmalin », d’autres plus féroces celui de « Darmingnac », car il apparait sans gêne en devenant macroniste sans abandonner, dit-il, ses convictions de gaulliste social. Ainsi, il s’impose comme la figure montante du macronisme, favorite des medias, et bon vendeur de la formule de Macron : transformer la société. Voilà un homme sortie par Macron de la droite classique et membre d’un « gouvernement des riches » comme l’opposition ne cesse pas de le qualifier.
En conclusion
Finalement, le macronisme est devenu le rempart de la droite sous couvert de pragmatisme efficace. L’avènement de ce national-libéralisme se conjugue avec une dynamique néo populiste provoquant l’effondrement des partis sociaux-démocrates et conservateurs de la droite classique ; selon un scénario presque identique, que ce soit en Autriche, aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne, sans oublier l’Italie. Cette dérive populiste s’incarne désormais dans des figures que transgressent les vieux clivages idéologiques gauche-droite. En effet, dans le paysage politique européen : Emmanuel Macron en France, Angela Merkel en Allemagne ou même Alexander Van der Bellen en Autriche : Chacun à sa manière neutralisent les politiciens en place et phagocyte ses rivaux. Dans un monde déboussolé, ils incarnent les derniers espoirs d’une démocratie libérale ouverte et confiante en l’avenir. Macron et son projet moderniste et progressiste ont le devoir de réussir. Leur échec, dans le monde de demain, ouvrirait un boulevard à l’extrême-droite et à la profusion du nationalisme.
En somme, le plus grand péril qui pèse sur les démocraties ne réside pas dans les menaces extérieures mais dans leur délitement intérieur sous la pression des populistes fondés sur l'exaltation des sentiments identitaires. Leur forme et leur doctrine peuvent être très diverses, réconciliant l'extrémisme de droite et de gauche par la fusion des passions sociales, raciales et nationales.
Macron, mythe en construction, au sens symbolique du terme, est travaillé par l’inconscient collectif avec des images à signification variable qui peuplent l’imaginaire social post moderne de la France : le prolongement du mythe d’une France moderne et conquérante. Une vision faite d’une parole qu’il faut « lire et déchiffrer » pour essayer de comprendre son caractère captieux, partisan, idéologique. Discours qui n’est pas vu comme un « tissu » fini, mais comme un « voile » qui cache ce que l’on n‘ose pas voir.
Dans ce nouvel âge de la relance, et du « ré-enchantement du monde » où un sujet jouit de lui-même et des autres, affrontant la réalité à travers la médiation des mythes qu’elle produit et diffuse incessamment ; le mythe post moderne demande donc d’être analysé comme une narration manifeste dissimulant un contenu latent. Il faut donc retenir du macronisme le sens des formules, des signifiants introduit en paroles et images pour témoigner de la fécondité de cette nouvelle approche politique où prime quelque chose qui n’est absolument ni l’une ni l’autre, mais en même temps quelque chose d’instable, de fugitif, de prêt à osciller d’un côté ou de l’autre , et qui, se laisse infatigablement traverser par les langages, devenant lui-même la figure et le lieu d’une traversée où un sujet, non terrifié par son côté obscur, jouit de lui-même et des autres, affrontant la réalité à travers la médiation des mythes qu’elle produit incessamment. Malgré la flatteuse couverture du Time et sa manchette : « Macron leader de l’Europe », rappelons avec B. Brecht que le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution morbide en temps de crises.
Pour comprendre Macron faudrait-il évoquer La République de Platon : « Lorsque les parents s’habituent à laisser faire leurs enfants ; lorsque les enfants ne tiennent plus compte de leurs paroles ; lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves ; lorsque les jeunes méprisent les lois, parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien ni de personne, alors, c’est en toute justesse le début de la tyrannie. Oui ! La jeunesse n’a que du mépris pour ceux de des maîtres qui s’abaissent à la suivre au lieu de la guider. »