EDITORIAL
Alexandre Dorna nous a quitté le 1er octobre 2021. Plusieurs membres du comité de rédaction le voyaient régulièrement. Nous échangions sur la situation actuelle, la psychologie politique, ces auteurs, la montée en puissance de la psychologie du travail et ses influences marxistes dans les années 70. Alexandre exprimait très régulièrement ses réticences bien connues concernant les seules approches quantitatives, leur préférant la pensée critique, la réflexion plus qualitative assumant son engagement, une forme de partialité éclairante.
Les thèmes que nous instruiront dans les années à venir étaient ceux de nos discussions. La langue, la religion, les partis, les figures politiques, etc. Le comité de rédaction a maintenu le cap depuis plusieurs années déjà et nous nous sommes tous engagés à faire perdurer les Cahiers. Ils ont une place originale dans le paysage, au carrefour comme aimait à le dire Alexandre.
Ce numéro 40 se réalise sans lui, malheureusement, mais il était, nous semble-t-il, heureux de savoir que sa création allait perdurer. Nous avions convenu d’un numéro sur la psychologie politique. En regardant les quarante numéros, Alexandre a contribué avec tous les auteurs qui ont répondu à une œuvre inédite et riche qui sert sans doute de référence à de nombreux étudiants et chercheurs. La somme est impressionnante.
Vingt ans, c’est l’âge adulte et celui d’une trajectoire vers une nouvelle décennie. Le comité de rédaction s’était fixé depuis quelques temps déjà plusieurs objectifs.
Celui d’une revue internationale de fait, avec des contributeurs de toute la francophonie et de nos amis hispaniques en particulier. C’est un enjeu de faire des Cahiers de psychologie politique la revue de référence dans sa matière.
Celui d’une revue ouverte, conformément à la pratique d’Alexandre et de nos échanges. La psychologie politique ne fabrique pas une chapelle politique. Nous devons accueillir et respecter la pluralité des écoles, des points de vue, des approches, pour autant qu’elles contribuent à ce champ de la psychologie politique.
Celui d’une revue accueillante, parce que les doctorants et les jeunes post-doctorants ont des travaux à partager, des recherches inédites à faire connaître. Nous nous sommes efforcés et nous continuerons, de lire et d’accompagner des jeunes dans la rédaction de leurs articles.
Celui, pour terminer, d’une revue critique, en toute loyauté pour son fondateur. Et la critique peut émaner de progressistes comme de conservateurs, elle a toute sa valeur dès lors qu’elle interpelle. Et la psychologie politique constitue en elle-même un enjeu de pouvoir puisqu’elle parle des stratégies du pouvoir. Nous assumons cette liberté critique.
Le meilleur des hommages que nous puissions rendre à Alexandre Dorna n’est pas de faire un récapitulatif de ses œuvres. Quelques auteurs dont Fanny Guenechault ou Jeanine Mudryck Cros montrent une voix dans ce numéro, qui est celle de la vie d’une œuvre. Elles prolongent son œuvre, elles s’en inspirent. Le souffle demeure.
Mais cela ne dispensera pas de faire un travail sur son œuvre. Les cahiers de psychologie politique voudraient soutenir aussi ce travail, si un laboratoire, un doctorant, un professeur orientant un jeune thésard veulent consacrer du temps à des travaux sur l’œuvre d’Alexandre Dorna, nous sommes à leur disposition.
Le comité de rédaction