Nous avions pris des engagements lors du 20e anniversaire des Cahiers dans l’éditorial du numéro 40, quelques mois après le décès de notre ami et fondateur Alexandre Dorna :
Celui d’une revue internationale avec des contributeurs de toute la francophonie et de nos amis hispaniques en particulier.
Celui d’une revue ouverte, conformément à la pratique d’Alexandre et de nos échanges. La psychologie politique ne fabrique pas une chapelle politique, elle accueille et respecte la pluralité des écoles et des approches, pour autant qu’elles contribuent à ce champ de la psychologie politique.
Celui d’une revue accueillante, parce que les doctorants et les jeunes post-doctorants ont des travaux à partager, des recherches inédites à faire connaître.
Celui, d’une revue critique, en toute loyauté pour son fondateur en assumant cette liberté critique.
Ce 46e numéro réalise ce vœu d’être international. Merci à Jure Georges Vujic d’avoir accepté notre entretien scientifique à propos de son livre passionnant : Les convergences liberticides, essai sur le totalitarisme bienveillant, franco-croate d’une grande érudition. Merci à Dorgelès Houessou qui anime avec tant d’énergie notre réseau africain, qui apporte beaucoup à nos Cahiers par la qualité, les thèmes et les angles des recherches menées par les auteurs qui représentent dans ce 46e numéro la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Sénégal et le Burkina Faso.
Le vœu d’une revue ouverte nous a conduit à des entretiens avec des fortes personnalités, parfois clivantes, mais toujours profondes et argumentées dans leurs recherches et reconnues par leurs pairs, ici ou ailleurs. Comment pratiquer la psychologie politique sans un esprit de grande ouverture à des axes de recherche, des théories et des regards bien différents ? Nous y veillons en permettant des entretiens inédits et des publications variées. Nous serons toujours les promoteurs d’une intelligence ouverte.
Le vœu d’être accueillant pour les étudiants chercheurs et les post-doctorants est bien réel, et c’est un axe à développer. Que des jeunes chercheurs nous sollicitent car nous avons toujours accompagné avec le comité de rédaction ces jeunes auteurs dans leurs travaux en vue de la publication de leurs articles. Je renouvelle ici la proposition d’accompagner ceux qui voudraient consacrer une recherche à l’œuvre d’Alexandre Dorna.
Le dernier vœu d’être critique, c’est l’âme, me semble-t-il, de ce que voulait Alexandre Dorna. Et pour cela accepter l’esprit critique, c’est lire ce qui nous déplaît ou nous surprend en évitant le piège du biais de confirmation. L’étonnement critique, c’est se laisser déstabiliser dans ses certitudes, ses croyances et entendre, au sens de l’entendement qui précède le jugement, le travail, l’approche et le résultat du travail d’autrui. Je crois que nous y sommes fidèles.
Enfin, si nous fêtons la 23e année des Cahiers, nous sommes heureux de confirmer la tenue à Bouaké du colloque qu’organise Dorgelès Houessou avec nous sur le thème : Leader, manipulation et démocratie qui devrait réunir une trentaine de chercheurs des 21 ou 23 mai 2025. Il nous faudra publier ses Actes. Nous y travaillons déjà.
Et nous sommes ravi d’annoncer la présence de deux nouvelles et belles personnalités dans notre comité de rédaction :
Jérôme Dinet, professeur des universités à l’université de Lorraine. Il dirige le Laboratoire lorrain de psychologie et neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN ; EA 7489) unité de recherche créée au 1er janvier 2018 qui se consacre à comprendre les évolutions liées à ces mutations, que ces évolutions concernent les comportements, les mécanismes psychologiques, les attitudes ou encore les attentes dans différents domaines tels que l’éducation, la santé, les loisirs ou le monde professionnel. Et c’est cette dynamique que l'unité de recherche cherche à saisir et modéliser, en associant des approches théoriques et méthodologiques principalement issues de la psychologie (psychologie clinique, cognitive, différentielle, ergonomique, neuropsychologique, du développement, du travail, gérontopsychologie
Ariane Bilheran est ancienne élève de l’école normale supérieure (Ulm). Elle est une psychologue clinicienne, docteure en psychopathologie, auteure spécialisée dans l’étude des ressorts psychologiques du pouvoir, de l’autorité et du harcèlement, à travers de très nombreux ouvrages qui ont font référence aujourd’hui, dont : La maladie, critère des valeurs chez Nietzsche, 2005 Editions L’Harmattan, Le harcèlement moral, 2007, Editions Armand Colin, Les souffrances psychologiques des malades du cancer, 2008, Editions Springer Verlag, L’autorité, 2009, Editions Armand Colin, Harcèlement en entreprise, 2010, Editions Armand Colin, Manipulation, la repérer, s’en protéger, 2013, Editions Armand Colin, Psychopathologie de la paranoïa, 2016, Editions Armand Colin, Psychopathologie de l’autorité, 2020, Editions Dunod, Psychopathologie de la pédophilie, 2021, Editions Dunod, Psychopathologie du totalitarisme, 2023, Editions Trédaniel
Au côté de Jacques Demorgon, Alain Deniau, Jeanine Mudrick-Cros, Gisèle Valency et moi-même, notre comité de rédaction s’est ainsi enrichi de trois nouvelles personnalités que je tiens à remercier pour la qualité des échanges que nous avons avec eux.
Les Cahiers de psychologie politique sont bien vivants et nous souhaitons à nos lecteurs de bonnes lectures, et à certains, le désir de nous rejoindre, par des propositions d’articles, car ce partage est essentiel à la vitalité d’une discipline qui mérite notre engagement commun.
Pierre-Antoine Pontoizeau