N°5 / numéro 5 - Juillet 2004

A propos du labyrinthe de la solitude : quelques commentaires sur psychologie et littérature

Alexandre Dorna

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Les rapports entre la littérature, la psychologie et l'histoire sont fort anciens. Homère avait déjà ouvert la voie avec les faits épiques de la Grèce Antique. Beaucoup d'autres narrateurs ont suivi ses pas. Shakespeare est devenu le paradigme moderne. Il s'est inspiré de l'histoire pour créer ses pièces et certains de ses personnages sont devenus des prototypes psychologiques. Il suffit de se souvenir d'Hamlet ou du discours de Marc Antoine, remarquable reconstitution rhétorique du combat qu'il livre contre Brutus après le meurtre de Jules César. Dans une autre perspective, l'univers psychologique de M. Yourcenar enrichit le tableau d'une époque a travers les « Mémoires d'Adrien» où la mémoire fait son nid à la sagesse. Là, nous sommes plongés dans l'analyse des mécanismes de pensée d'un empereur qui passe en revue sa vie et les servitudes du pouvoir. Certaines remarques, ici et là, sont des ponts entre la psychologie (politique et sociale) et l'ensemble des sciences sociales. Dans un registre romantique Victor Hugo fait la démonstration du charme de l'écriture fondée sur les «humanitas» et la passion des idées.

Outre atlantique, il y a quelques années, mutatis mutandis, l'écrivain mexicain, prix Nobel de littérature, Octavio Paz, trace les « états d'âme et les attitudes d'un peuple, d'une nation, voir de tout un continent, dans un récit inclassable : écrira un texte étonnant : « le labyrinthe de la solitude. Cet ouvrage a fait connaître une problématique, la "mexicanité", et son auteur, par delà des cercles littéraires et de ses frontières. Le poète, romancier, critique littéraire, essayiste social et journaliste.né en 1914, au sein d'une famille d'intellectuels engagés dans la Grande Révolution mexicaine de débuts du XXé siècle, se penche sur l'histoire sociale et morale du Mexique, les marques de la colonisation espagnole et la difficile marche de la nation mexicaine vers l'indépendance. Il fera ouvre d'anthropologue politique, dont l'acuité de regard permet de (nous) montrer ce qu'il perçoit le mieux : la déchirure identitaire et le combat de son peuple pour se hisser par delà de la contrainte historique.

Dans les années trente, en pleine guerre civile espagnole, il se trouve à Madrid du côté des républicains, en compagnie d'autres grands poètes de langue espagnole : Vallejos, Neruda, Machado, Cernuda, Alberti, et bien d'autres. Puis des séjours intermittents à Paris maquent sa rupture avec les idées communistes et son refus de cautionner le stalinisme. Alors, commence une longue marche à travers l'écriture, où sous une même pulsion se mêlent la poésie et la réflexion politique. Il traverse toutes les écoles ou presque. Probablement, c'est « Le labyrinthe de la solitude »qui le place au centre de l'intelligentsia libérale du Mexique, puis avec la fondation de la revue « Vueltas « il offre un foyer à tous les intellectuels de la planète, particulièrement dans la dénonciation du totalitarisme. Enfin, il ne cessera pas de plaider en faveur d'une ouverture démocratique pour les institutions de son pays, tout en devenant le chantre d'une poésie sensuelle et humaniste.

Le labyrinthe de la solitude : quelques prémisses psycho‑sociologiques

Avant de commenter, brièvement la signification du livre, je pense utile de dire que la psychologie sociale, depuis quelques temps, à l'aune de l'approche expérimentale, s'est trop contentée de construire un savoir de laboratoire, ce qui risque non seulement de l'isoler de la réalité, de la vie sociale et des hommes, mais de fausser la portée de ses connaissances. Faire appel à la littérature me semble donc non seulement riche, mais un moyen profitable, lorsque les études de terrain se font rares. Cela ne veut pas dire qu'il renonce au projet scientifique des sciences humaines et sociales. Certes, la rigueur expérimentale est irremplaçable, voire indispensable pour établir une connaissance solide. Pourtant, hélas, l'esprit scientifique s'est laissé pénétrer par le scientisme, ce qui équivaut à une régression. L'Anglais Snow dans une conférence sur les « deux cultures », démontre comme l'écart qui s'est creuset entre science et « humanitas »est en train de créer un divorce irrémédiable entre les sciences « dures »et les sciences « molles" D'où le besoin d'une nouvelle attitude transversale pour retrouver l'équilibre et la consistance de la civilisation humaniste proclame par les modernes.

Certes, il ne suffit de se déclarer partisan d'une approche ouverte et d'une tolérance épistémologique pour éviter que le fétichisme méthodologique l'emporte sur les valeurs communes. Le recours à des méthodes rigoureuses n'est pas incompatible avec la description des états d'âme et des comportements. Abandonner l'ouvre littéraire par des considérations scientifiques est une erreur. La méthodologie est là pour rendre plus compréhensible la réalité, une fois que sans a priori nous avons parcouru le « mondo imago »de l'écrivain. Car, la lumière d'une réflexion peut émerger lors du détour d'une phrase ou par la puissance d'une image que l'écriture dégage. Là, l'écrivain peut (nous) fournir des hypothèses nouvelles ou encore des intuitions empiriques.

Il y a une complémentarité des approches. Nous n'avons pas besoin de partager les prémisses de l'auteur, ici O. Paz, dont le noyau dur est probablement plus proche d'une psychologie spontanée teintée de psychanalyse à l'Américaine que d'une rationalité positive. Cela signifie qu'attribuer à un groupe, à une classe ou à une société, un ensemble de croyances et d'idées communes, n'est pas une erreur en soi, mais de pistes à vérifier. Affirmer que les pensées et les comportements de groupe, de classe ou de société sont surdéterminés par d'une structure mentale unique est plus qu'un présupposé littéraire, mais Paz en fait usage d'une manière assez féconde. C'est là, à coup sur, la force de liberté de l'écrivain, de même que le psychologue sociale et politique peut delimiter avec d'autres outils le degré de pertinence d'une telle vision.

Le labyrinthe de la solitude est d'abord une image énigmatique de l'invisible substance qui compose l'alchimie du peuple latino-américain. C'est la tentative métaphorique de rendre compte du chemin parcouru par un peuple et d'y extraire une interprétation de son âme. A y réfléchir, après lecture, l'auteur est tout à fait conscient du paradoxe: le labyrinthe n'est pas le lieu de la solitude du mexicain, ni l'autel de son sacrifice. Non plus, l'endroit où son âme est obligée de choisir, sans repère et sans mémoire, sa propre perte. Mais, la condition que chaque mexicain doit assumer, afin de trouver son identité, au sein de tous ses semblables, en tant que membre de la « race cosmique », selon la belle formule de Vasconcelos, une autre grande figure du pays.

Le fond biographique de l'ouvrage est explicite : « je me suis senti seul et j'ai ressenti que le Mexique était un pays seul, isolé, loin du courant central de l'histoire. »Et, ce plongeon dans la psychologie le mène à une certitude commune à tous : « j'ai découvert une vieille vérité : chaque homme cache un inconnu, j'ai voulu pénétrer en moi-même et desserrer cet inconnu, pour lui parler.

Ces propos sont baroques, poétiques, mais renvoient aussi à un trait culturel, car le baroquisme est un phénomène dont la mexicanité témoigne : la nature, les villages, les églises, le langage et le folklore. Voilà pourquoi, ce récit est plein de méandres où coule une histoire fragmentée, ambiguë, équivoque. L'histoire d'un désarroi, d'une mélancolie, d'un égarement, autant qu'une espérance. Ce sont l'état d'âme d'un peuple, d'être mystérieux et mythique, dont les signes sont à exhumer et mettre en perspective pour rebondir.

Le Mexicain, dit Paz sans détours, est un être divisé. La question est ainsi posée : qui est-il ? Est-il espagnol, est-il indien ? La réponse est moins nette : le Mexicain, n'est ni l'un, ni l'autre. Est-il un mélange ? Non, il n'est même pas issu d'un mélange. La conclusion est cruelle : le mexicain est une double négation qui n'a pas produit de synthèse.

Car le mexicain n'adhère pas à l'histoire : ni à celle de l'âge pre-coloniale, encore mois à celle de la conquête, dont l'empreinte de la souillure et du viol reste ineffaçable. Une histoire dans laquelle l'espagnol est brutal et conquérant, et l'Indien soumis et vaincu.

C'est là, dans la double identité négative des origines que le mexicain s'écartèle, se divise et ne se retrouve que dans l'ombre d'un mythe effacé à jamais. Certes, le mexicain a bien voulu se consoler avec l'idée sublime d'une race «cosmique », et dans le désir de fusion dans ses « trois cultures »: l'Aztèque, l'Espagnole et l'Américaine. Mais la mexicanité n'arrive pas à résoudre son propre énigme existentielle. La plaie est toujours ouverte, même lors de ses fêtes ou l'allégresse du moment se fait accompagner par une fascination mélancolique de la mort.

Le labyrinthe de la solitude n'est donc pas une simple image rhétorique, mais la condition de la mexicanité, et l'âme d'une entité en quête d'elle-même: .

Le dilemme ne se pose pas dans des termes simples car c'est la parole d'oracle qui règle le fond de la pensée inavouée : le mexicain pense la même chose que les autres mexicains. Pour le poète et le penseur la seule issue positive possible s'enfonce psychologiquement : « les Mexicains devons - écrit Paz - nous réconcilier avec nous-mêmes.

Mais, rien n'est moins sûr, tout étant incertain.

Certes, les mexicains pensent la même chose, car ils ont reçu des notions toutes faites par le biais de la socialisation, de l'école, et tout le processus de l'apprentissage social. Ils sont, en fait, le produit d'une longue appartenance symbolique à une communauté aussi bien physique que fantasmatique. Mais c'est aussi exact que les mexicains ne pensent pas la même chose. Car 1'unité sociale, n'est pas forcément l'unité individuelle. Qu'est ­ce donc qui fonde l'identité, lorsqu'elle est elle-même refoulée, éjectée, effacée, mythifiée. Y‑a‑t-il un dépassement possible ? La perception individuelle peut-elle refonder la perception sociale ? La mémoire individuelle, peut‑elle devenir mémoire sociale pour tous ?

Octavio Paz semble penser que le mexicain par la magie des paraboles et des silences est un voyageur sans port d'attache, ni départ, ni arrivée. Explorateur de soi même, le mexicain vit énigmatiquement, dans le labyrinthe, seul.

Le mexicain : Voilà l'énigme ?

Au fond, si l'énigme c'est l'homme, et le mexicain en fait partie, peut-être encore plus que les autres, parce que plus énigmatique, semble dire l'auteur, alors le mexicain n'est il qu'un mythe ? Une légende qui se perd dans l'oubli, la fête, la tequila ou la mort ?

Le mexicain est une ombre, un silence, une attitude de pleine réserve. Un être mimétique. Un jour, raconte Paz, j'ai entendu un bruit dans la maison. Qui est là ? Silence. Puis une voix, un murmure, répond : "c'est personne, Monsieur. C'était la bonne. Elle n'osait s'exprimer que rappelant sa non-existence. Car elle n'était rien."

L'hermétisme mexicain est fait de négation de soi et manque d'auto estime. C'est le double produit de la dissimulation et la méfiance. La réserve courtoise du mexicain qui ferme à l'étranger, le chemin de son âme, tout en ouvrant la porte de sa maison. Voila toute l'ironie de la situation, et toutes les circonvolutions psychiques qui forment le labyrinthe d'une solitude où le mexicain s'évitant à soi même, en déviant son regard de l'étranger, se mimetise avec les caractéristiques de personnes soumises qui ont peur d'autrui et se dissimulent devant le "maître" .

Peur de qui ? Méfiance devant qui ? Quel maître ?

Une esquisse d'interprétation se glisse entre les descriptions fines et nombreuses qui permettent à Octavio Paz de nous introduire dans l'âme mexicaine, lorsqu'il écrit :

« Il n'est évidemment pas difficile de réduire tout cet ensemble complexe d'attitudes qui nous caractérisent ‑ et d'abord celle qui fait de nous un problème pour nous-mêmes ‑ à ce que pourrait nommer une « morale d'esclave »par opposition, non seulement à la « morale du maître »mais aussi à la morale moderne, prolétarienne ou bourgeoise.

Si nous écoutons bien ce qu'il nous livre, c'est toujours en amont que la réponse nous attend. Mais, elle n'est pas forcement certain, car faite de signes à déchiffrer. Elle est une suite de traces qui remonte à l'épisode traumatique de la mexicanité : la conquête et l'arrivée des espagnols. Là, tout est brouillé dès le départ. Car, c'est une histoire contrariée qui fait de l'Aztèque le vaincu et de l'espagnol le vainqueur. L'indien attendait les dieux (les barbus d'outre‑mer raconté par des légendes anciennes), tandis que l'espagnol espérait de l'or. Le conflit est celui des êtres déçus. La conséquence est la violence, la mort, la haine, la soumission, la culpabilité, et un long passé sans oubli.

On comprend mieux ainsi, l'air mélancolique, et triste, de l'enveloppe énigmatique du mexicain. Or, une autre facette est à révéler, dont le contraste est étonnant : la violence retenue epouse la gentillesse. C'est le mexicain de la galanterie, des « mariachis »et des danses, autant que le mexicain des cris déchirants et des jalousies.

Le mexicain est il cyclothymique ? .

Je retiens ici des confessions de Paz: « Il est révélateur que notre intimité n'affleure jamais d'elle-même, naturellement, et qu'elle ait besoin de l'aiguillon de la fête, de l'alcool ou de la mort «.

L'énigme reste entière. L'être divisé est toujours là. Octavio Paz en témoigne : « J'aimerais signaler que ce qui est extraordinaire dans notre situation vient du fait que nous ne sommes pas énigmatiques seulement pour les autres, mais aussi pour nous-mêmes. Un mexicain est toujours un problème pour un autre mexicain comme pour lui-même. C'est la condition de la solitude, lourde charge sournoise et partagé.

La déambulation psychosociologique d'Octavio Paz s'approche par moments de l'ataraxie stoïcienne. Mais la présence du social est toujours là. Pour clore sa réflexion, il écrit avec mélancolie : « Au siècle du travail en commun, des plaisirs en commun, l'homme est plus seul que jamais. L'homme moderne ne communique pas avec ce qu'il fait. Une partie de lui-même, la plus profonde, demeure toujours intacte et inconditionnée. Au siècle de l'action, l'homme s'observe. Le travail, unique dieu moderne, a cessé d'être créateur. Le travail sans fin, infini, correspond à la vie sans finalité de la société moderne. Et la solitude confuse des hôtels, des bureaux, des ateliers et des cinémas, n'est jamais une épreuve qui purifie l'âme, un nécessaire purgatoire. Elle est une condamnation totale, miroir d'un monde sans issue. Et plus loin, il ajoute : "La société dans laquelle nous vivons actuellement a engendré, elle aussi, son mythe. La stérilité du monde bourgeois débouche sur le suicide ou une nouvelle forme de participation créatrice... Enfin, seuls. La fin du labyrinthe dans la condition de l'humain, sans tomber dans « les pièges de l'humaniste abstrait, aussi bien que les illusions d'une philosophie de la mexicanité : le masque devenu visage, le visage pétrifié en masque.

La solitude alors, comme thème essentiel de notre temps, fait du mexicain le contemporain de tous. Et à force de s'interroger sur soi-même, la réflexion se déplace sur autrui. Alors là, l'ataraxie se transforme en désir des nouveaux engagements. Mais, cette fois-ci avec les yeux grands ouverts devant l'horreur des « mirages de la raison »et des « chambres de torture.

La solitude mexicaine : l'universel concret.

La solitude guette l'homme. Chez le mexicain la solitude le dévore. Il lui échappe que rarement, à l'occasion des fêtes ou les appels à la révolte, comme dans la Grande Révolution. Fête et mort se sont fréquemment aimés. Car lorsque le mexicain fait la fête, la joie n'y est pas. il veut « sauter le mur» de la solitude qui l'isole le reste du temps. Comme le dit Paz lumidôme : «les âmes étincellent comme les couleurs, les voix, les sentiments. Est-ce qu'on oublie alors, est ce qu'on montre son vrai visage ? Nul ne le sait. L'important est de sortir, de se frayer un passage, de s'enivrer de bruit, de gens, des couleurs... »

C'est un constat, pas une critique. Le Mexique est le peuple des symboles, a propos d'un « secret »que les mexicains, aux dires de l'auteur, n'ont pas encore résolu, toujours enfoui dans la mémoire collective comme un archétype. Il y a là le poids d'une tradition refusée, car l'histoire, le passé sont reniés en bloc.

La solitude mexicaine est donc au milieu du néant : « le mexicain ne veut être ni indien, ni espagnol. Il ne veut pas non plus descendre d'eux. Il les renie. Il ne s'affirme pas comme métis, mais comme abstraction : il est un homme. II se veut fils du Néant. C'est en lui-même qu'il commence.

Le Mexique est donc une nation d'hommes seuls. Ils sont le produit d'une rupture provoquée par un grand traumatisme : le viol de la mère indienne par le père (espagnol) inconnu.

C'est la solitude des orphelins. Et c'est à travers un rationalisme, un positivisme européen, que le Mexicain, tout en abandonnant ses racines, s'est affirmé homme. L'universalité lui permet d'échapper à la spécificité. Ainsi, l'abstraction masque ainsi le visage, les traits, et la race sans identité.

Pour Octavio Paz, l'homme solitaire peut transcender sa solitude, le Mexicain, lui, ne la transcende pas. I1 s'enferme en elle. Il se referme. Mais, en même temps, il se vit comme totalité. II s'est approché de l'humanité du côté du Néant, mais se projette du côté de l'être.

Ainsi, le Mexicain trouve le salut dans la « dialectique de la solitude »comme le suggère l'auteur. La solitude «est le fond ultime de la condition humaine. Mais, la dialectique est dualité. Au terme du labyrinthe se trouve la fin de l'angoisse : la communion avec les autres solitudes ; désir et amour, peines et joies s'opposent et se complètent.

Pour relancer un dialogue

J'arrive à la fin (provisoire) de ce détour dans le territoire littéraire. Je me suis contenté de montrer ce que l'écrivain interprète et où se situe le point de contact avec les sciences sociales. Et ce mélange me semble riche et suggestif. II fait état, à la fois, des limites d'une telle entreprise et de la portée que l'histoire offre à la réflexion psychopolitique. Les limites sont effleurées dans l'écriture elle-même, car le propre du récit est de réduire le descriptif à l'interprétatif. Si le vu annule la distance entre l'observé et le réfléchi, certaines observations se transforment en hypothèses intéressantes où le scientifique social retrouve son métier. Et si pour l'écrivain les mots s'enchaînent pour produire un sens nouveau, le psychologue social peut trouver des choses auxquelles il n'avait pas songé. Enfin, même si c'est un truisme ancien, il faut reconnaître que parfois l'intuition de l'écrivain vaut largement l'acuité de l'observation scientifique. Il s'agit des mondes dont les passerelles et les codes sont devenus moins compatibles à force de ne plus se côtoyer. Or, le dialogue est indispensable entre la science et la littérature, l'introspection et l'observation, la raison et l'émotion, pour rendre compte de l'humain au sens profond et ancien du terme.

(°) Ce texte est la reprise fortement remaniée d'une conférence publiée dans les Cahiers de la MRSH-Caen. n° 9, 1996.

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